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Le commerce international du Canada: Le point sur le commerce et l'investissement – 2012

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I. La performance de l’économie mondiale1

Aperçu et perspectives globales

En 2011, soit trois ans après le début de la Grande Récession — la première d’envergure véritablement mondiale — une reprise soutenue permettant d’effacer les pertes subies n’est pas encore fermement engagée. La croissance a redémarré en 2009 et la reconstitution des stocks est venue donner une impulsion supplémentaire au début de 2010. Mais les événements défavorables des dernières années ont constamment retardé et freiné le progrès de la reprise économique tant dans le monde développé que dans le monde en développement. Certains de ces événements étaient imprévisibles, comme les catastrophes naturelles, tandis que d’autres découlent de profils d’activité antérieurs à la récession qui ne sont pas viables dans le contexte actuel, et que d’autres encore ont été causés par les mêmes forces qui ont causé la récession et auxquelles nous n’avons pas encore trouvé de solutions appropriées. Si elle est techniquement terminée, la Grande Récession de 2008-2009 se manifeste encore par un chômage élevé, un climat d’investissement incertain parmi les entreprises, la fragilité de la confiance des consommateurs et des mesures d’austérité budgétaire continues.

Après un rebond cyclique de la production industrielle et du commerce dans le monde en 2010, on s’attendait déjà à ce que l’activité économique ralentisse en 2011. Cependant, lorsque les mesures de relance économique mises en place par les gouvernements dans les pays développés ont pris fin et qu’un contexte politique favorable à d’autres mesures de stimulation ne s’est pas matérialisé, la demande privée n’a pas pris la relève tel qu’attendu. Tout au long de 2011, les problèmes liés à l’endettement souverain dans la zone euro ont persisté face aux demimesures adoptées. L’impasse économique aux États-Unis, qui s’est manifestée lors de la crise du plafond de l’endettement, a inquiété les investisseurs au point où la cote de crédit triple A des États-Unis a été abaissée. Dans l’intervalle, les désordres civils qui ont sévi dans plusieurs pays d’Afrique du Nord ont accru l’incertitude dans le monde, tandis que la guerre civile en Libye a perturbé les cours pétroliers. En outre, les catastrophes naturelles et leurs séquelles qui ont frappé le Japon ont perturbé les réseaux des chaînes de valeur mondiales en Asie du Sud-Est et, jusqu’à un certain point, ailleurs dans le monde. L’impact de ces événements s’est principalement fait sentir au deuxième et au quatrième trimestre et, en conséquence, la croissance mondiale a évolué en dents de scie tout au long de l’année. Les catastrophes survenues au Japon et la guerre civile en Libye se sont répercutées fortement sur la production au deuxième trimestre, tandis que les perspectives de la zone euro se sont assombries en fin d’année, réduisant la croissance économique au quatrième trimestre. La Thaïlande a par ailleurs été aux prises avec des inondations dévastatrices au cours du dernier trimestre.

La croissance du PIB réel mondial a ralenti, passant de 5,3 p. 100 en 2010 à 3,9 p. 100 en 2011, et elle devrait encore décélérer pour s’établir à 3,5 p. 100 en 2012. Le rebond a été plus marqué que lors de plusieurs récessions antérieures; on peut consommation et de l’investissement. Du côté négatif du bilan, les niveaux de chômage sont demeurés plus élevés dans les économies ayant participé à la reprise que ce n’est le cas habituellement, et une partie de la reprise a été facilitée par les importantes mesures de stimulation macroéconomiques adoptées un peu partout dans le monde. Mais la vigueur de la croissance du PIB masque le profil très inégal de la reprise dans les pays développés et en développement.

La croissance a ralenti dans les principales économies avancées, passant de 3,2 p. 100 en 2010 à 1,6 p. 100 en 2011. Ce ralentissement a été causé en bonne partie par les événements survenus dans la zone euro. Les tensions budgétaires croissantes et l’incertitude de plus en plus grande au sujet de l’avenir de l’Union monétaire européenne ont provoqué une contraction de la production dans la zone euro au quatrième trimestre. Cependant, des facteurs plus fondamentaux sont à l’origine de la faiblesse de la reprise, tant dans l’Union européenne qu’ailleurs dans le monde développé.

Il est bien établi que les reprises sont plus faibles et durent plus longtemps au lendemain d’une crise financière. Le processus de désendettement dans le secteur financier et celui des ménages allonge la période de reprise, tandis que le climat de stagnation que l’on observe sur les marchés du crédit et du logement contribue à aggraver le problème. Jusqu’à ce que ce processus ait suivi son cours normal, la croissance de la consommation et de l’investissement sur le marché intérieur sera anémique et le chômage élevé persistera dans les pays développés. Le ralentissement prolongé de la croissance en Europe et les efforts de réduction des déficits budgétaires ont nui à la reprise, tandis que le climat d’austérité budgétaire qui prévalait dans le monde développé en 2011 a empêché les gouvernements de prendre des mesures de stimulation supplémentaires, tout en limitant les options qui s’offraient pour réduire le chômage.

robuste dans le monde en développement, ce qui a contribué à relever la moyenne mondiale et fait en sorte que la reprise globale a été aussi robuste que lors de toutes les reprises récentes. Les économies émergentes et en développement ont progressé de 6,2 p. 100 en 2011, aidées par de solides conditions macroéconomiques, des réformes structurelles et l’expansion de la demande intérieure. Les économies en développement d’Asie ont été le moteur de cette croissance, avec en tête la Chine et l’Inde, suivies par les pays émergents d’Europe et d’Amérique latine et des Caraïbes. Néanmoins, la croissance dans le monde en développement a ralenti quelque peu par rapport au taux de 7,5 p. 100 enregistré en 2010. Ce ralentissement s’est poursuivi tout au long de l’année, chaque trimestre successif amenant des résultats plus faibles. Le ralentissement des économies de la Chine et de plusieurs pays asiatiques est le fruit de politiques de resserrement délibérées, tandis que les inondations survenues en Thaïlande ont perturbé les économies de la région au quatrième trimestre; par ailleurs, l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient ont été le théâtre d’une agitation politique considérable tout au long de l’an dernier.

Les prévisions à court terme laissent entrevoir une croissance plus faible de la production réelle en 2012, soit 3,5 p. 100, les économies développées ne progressant que de 1,4 p. 100, tandis que les économies en développement avanceront de 5,7 p. 100. En supposant une amélioration de la situation financière, le maintien des mesures de stimulation monétaire et un règlement acceptable des difficultés budgétaires, la croissance devrait s’accélérer en 2013 pour atteindre 4,1 p. 100. Il y a toutefois des risques à la baisse associés à ces facteurs, auxquels s’ajoutent la possibilité d’une aggravation de la situation en Europe, une plus grande incertitude géopolitique et des mouvements brusques des prix des produits de base. Tous ces facteurs contribuent à maintenir la conjoncture mondiale dans un état de fragilité plus grand qu’à l’habitude. Un règlement satisfaisant de la crise européenne dans des conditions favorisant la prospérité économique des pays concernés demeure l’un des principaux atouts qui pourraient soutenir la reprise économique dans le monde. Parmi les autres facteurs susceptibles d’avoir un effet favorable, il y a la préservation de la stabilité sociale et politique dans les économies asiatiques en développement qui procèdent à une décélération contrôlée, ainsi qu’une reprise soutenue de la croissance, de l’emploi et de la confiance des consommateurs aux États-Unis.

Tableau 1-1
Croissance du PIB réel (%) dans certaines économies
(2008-2011 et prévisions pour 2012-2013)
 200820092010201120122013
Source : FMI, base de données de Perspectives de l’économie mondiale, avril 2012
Monde2,8-0,65,33,93,54,1
Économies avancées0,0-3,63,21,61,42,0
Canada0,7-2,83,22,52,12,2
États-Unis-0,3-3,53,01,72,12,4
Royaume-Uni-1,1-4,42,10,70,82,0
Japon-1,0-5,54,4-0,72,01,7
Zone euro0,4-4,31,91,4-0,30,9
dont la France-0,2-2,61,41,70,51,0
dont l’Allemagne0,8-5,13,63,10,61,5
dont l’Italie-1,2-5,51,80,4-1,90,3
NEI1,8-0,78,54,03,44,2
Hong Kong2,3-2,67,05,02,64,2
Corée du Sud2,30,36,33,63,54,0
Singapour1,7-1,014,84,92,73,9
Taïwan0,7-1,810,74,03,64,7
Économies en développement6,02,87,56,25,76,0
Asie en développement7,87,19,77,87,37,9
dont la chine9,69,210,49,28,28,8
dont l’Inde6,26,610,67,26,97,3
dont l’ANASE-54,81,77,04,55,46,2
Indonésie6,04,66,26,56,16,6
Malaisie4,8-1,67,25,14,44,7
Philippines4,21,17,63,74,24,7
Thaïlande2,6-2,37,80,15,57,5
Vietnam6,35,36,85,95,66,3
CEI5,4-6,44,84,94,24,1
dont la Russie5,2-7,84,34,34,03,9
Pays émergents d’Europe3,2-3,64,55,31,92,9
Amérique latine et Caraïbes4,21,66,24,53,74,1
dont le Brésil5,2-0,37,52,73,04,2
dont le Mexique1,2-6,35,54,03,63,7
Moyen-Orient et Afrique du Nord4,72,74,93,54,23,7
Afrique subsaharienne5,62,85,35,15,45,3

Les États-Unis

Après une solide performance au début de 2010, en partie fondée sur la reconstitution des stocks, la croissance a perdu de la vigueur pour presque disparaître aux États-Unis au premier trimestre de 2011. Après ce médiocre coup de départ, l’économie a ensuite repris de la vigueur et est parvenue à afficher une croissance de 1,7 p. 100 pour l’ensemble de l’année, ce qui est néanmoins inférieur au taux de 3,0 p. 100 observé en 2010. Le gain est principalement imputable à la vigueur de dépenses des consommateurs. Une réduction marquée de la croissance des importations a levé le frein qu’exerçait sur l’économie le solde net des exportations, mais la réduction des dépenses publiques à tous les niveaux a néanmoins ralenti la croissance économique.

Les dépenses des consommateurs ont progressé de 2,2 p. 100 en 2011 (4,7 p. 100 en termes nominaux), ajoutant 1,53 point de pourcentage à la croissance du PIB réel. Cela représente une légère augmentation par rapport à 2010 (1,44 point de pourcentage). En 2011, l’augmentation la plus importante des dépenses des consommateurs a été observée dans le sous-secteur des services, qui a crû de 1,4 p. 100 et ajouté 0,66 point de pourcentage au PIB réel, tandis que les dépenses en biens durables suivaient au second rang avec un gain de 8,1 p. 100 sur l’année, faisant une contribution de 0,60 point de pourcentage à la croissance. L’effet de la hausse des dépenses dans ces domaines a toutefois été atténué par un fléchissement de la croissance des dépenses des consommateurs en biens non durables, qui ont progressé d’un maigre 1,7 p. 100 et dont la contribution à la croissance du PIB réel n’a été que de 0,28 point de pourcentage.

La cadence de l’investissement fixe non résidentiel s’est accélérée en 2011, ajoutant 0,82 point de pourcentage à la croissance du PIB, soit près du double de sa contribution de l’année précédente. Cela est attribuable au renversement de la tendance négative de l’investissement en structures, qui a pesé sur l’économie jusqu’en 2010. La croissance de l’investissement en matériels et logiciels a ralenti, mais a fait néanmoins un apport de 0,71 point de pourcentage à la croissance du PIB réel, représentant une progression de 10,3 p. 100 sur l’année.

L’investissement fixe résidentiel s’est contracté de 1,4 p. 100 en termes réels en 2011, un recul inférieur à celui des années précédentes, ce qui a retranché 0,03 point de pourcentage à la croissance en comparaison d’une ponction de 0,11 point de pourcentage en 2010. La construction de structures unifamiliales a continué de ralentir, tandis que la construction de structures multifamiliales diminuait moins rapidement et que celle des « autres » structures augmentait.

L’investissement dans les stocks, qui avait fait l’une des plus importantes contributions à la reprise économique en 2010 (1,64 point de pourcentage), a eu l’effet inverse sur le PIB réel en 2011, soustrayant 0,20 point de pourcentage à la croissance. Les exportations nettes ont ajouté 0,05 point de pourcentage à la croissance du PIB en 2011, après en avoir retiré 0,51 point de pourcentage l’année précédente. La forte baisse de la croissance des importations est à l’origine de ce changement et a compensé le ralentissement observé de la croissance des exportations.

Les dépenses gouvernementales ont reculé de 2,1 p. 100 en termes réels, la contraction la plus importante en 40 ans. La baisse généralisée des dépenses aux niveaux fédéral, des États et des administrations locales s’est répercutée à la fois sur les dépenses dans le secteur de la défense et les autres secteurs, privant la croissance du PIB réel de 0,45 point de pourcentage. La diminution de 2,1 p. 100 des dépenses des gouvernements des États et des administrations locales est la plus importante depuis la Deuxième guerre mondiale.

La situation du marché du travail aux États-Unis a montré des signes d’amélioration l’an dernier, mais le taux de création d’emploi est demeuré trop faible pour permettre d’effacer dans un délai raisonnable les pertes subies au cours de la récession. Le taux de chômage a atteint 10,0 p. 100 en octobre 2009 et se trouvait encore à 9,1 p. 100 en janvier 2011. Il a langui à ce niveau pendant la plus grande partie de l’année, sans amélioration durable avant le quatrième trimestre, alors qu’a débuté une série de mois positifs sur le plan de la création d’emploi qui ont contribué à ramener le taux de chômage à 8,5 p. 100 en décembre 2011. Le taux de participation est demeuré stable autour de 64 p. 100, soit environ 2 points de pourcentage sous la tendance historique à long terme, ce qui témoigne du grand nombre de travailleurs découragés qui ont cessé de chercher un emploi2. Entre le sommet de l’emploi atteint en janvier 2008 et la situation observée en décembre 2010, 7,7 millions d’emplois ont disparu aux États-Unis; à la fin de 2011, 1,8 million d’emplois seulement étaient réapparus — pas très éloigné du taux de croissance démographique. En outre, la croissance des salaires réels a été négative au cours des deux dernières années, ce qui vient souligner encore davantage les défis liés à la croissance des dépenses des consommateurs aux États-Unis.

Selon les prévisions, l’économie américaine devrait croître de 2,1 p. 100 en 2012 et de 2,4 p. 100 en 2013. La faiblesse persistante du secteur du logement et du marché du travail, conjuguée au processus de désendettement, devrait confiner la reprise à un bas niveau. Étant donné le rôle dominant que jouent les facteurs intérieurs dans la conjoncture économique aux États-Unis, on ne prévoit qu’une amélioration modeste du taux de chômage (8,2 p. 100), un niveau déjà atteint en mars 2012. L’écart de production persistera, ce qui devrait maintenir l’inflation tendancielle à un bas niveau dans l’avenir immédiat, tandis que l’on s’attend à ce que la politique d’assouplissement monétaire se poursuive.

Les risques à la baisse demeurent importants. De nombreuses dispositions fiscales, dont les réductions d’impôt adoptées durant le mandat présidentiel précédent, arrivent à terme en 2013. Si les difficultés et l’impasse politiques devaient persister aux États-Unis jusqu’à ce moment, l’incapacité de renégocier ces mesures parallèlement à l’entrée en vigueur automatique des mesures de réduction des dépenses pourraient avoir des répercussions négatives sur la croissance économique. La crise de l’endettement souverain en Europe est la principale source d’influence étrangère, principalement par le biais des retombées potentiellement négatives sur la confiance et l’investissement des entreprises aux États- Unis. Le secteur du logement détiendra encore la clé de la reprise, et les mesures visant les refinancements hypothécaires, généralement favorables aux consommateurs, devraient aider à éponger l’excédent des reprises de finance et des prêts hypothécaires improductifs tout en relançant la croissance qui fait cruellement défaut dans ce secteur.

Le Japon

L’économie japonaise, durement éprouvée, a néanmoins réussi à inscrire un taux de croissance de 4,4 p. 100 en 2010, le taux le plus élevé parmi les majeurs pays cette année-là et la meilleure performance du pays en une génération. Malheureusement, la réussite du Japon s’est trouvée brusquement interrompue en 2011 par le tremblement de terre catastrophique qui a secoué l’Est du pays. Outre la destruction massive causée par le séisme lui-même, les dommages ont été aggravés considérablement par le tsunami et les incendies qui ont suivi, tandis que les problèmes de radioactivité de long terme à la centrale nucléaire de Fukushima pourraient éventuellement devenir la source la plus sérieuse de dommages. En considérant l’ampleur de ces catastrophes, l’économie du Japon a fait preuve d’une grande résilience en enregistrant une contraction de seulement 0,7 p. 100 en 2011. Le PIB réel a reculé de 7,9 p. 100 au premier trimestre, de 1,2 p. 100 au second et il a ensuite rebondi à 7,6 p. 100 au troisième trimestre, un niveau plus élevé que prévu. Par ailleurs, les inondations survenues en Thaïlande au quatrième trimestre ont infligé des chocs supplémentaires à l’économie nippone de l’ordre de 0,1 p. 100, tandis que la croissance moyenne pour l’ensemble de l’année 2011 sera négative, à 0,7 p. 100 (tous les taux sont annualisés).

Le commerce est le principal facteur ayant influé sur le PIB du Japon en 2011. La contribution de 3,1 points de pourcentage des exportations au PIB réel en 2010 a fondu en 2011, tandis que la résistance exercée par les importations a légèrement diminué, passant de 1,4 point de pourcentage à 0,8 point de pourcentage, les importations n’ayant progressé que de 5,8 p. 100 en termes réels. Le solde net des exportations a soustrait 0,8 p. 100 point de pourcentage de la croissance du PIB.

La hausse de la consommation privée s’est élevée à 0,1 p. 100 en 2011 et de façon équivalente, a contribué pour 0,1 p. 100 à la croissance du PIB. L’augmentation de 0,4 point de pourcentage de la consommation gouvernementale (2,0 p. 100 en termes réels) a été compensée par une diminution de 0,5 point de pourcentage des stocks privés et une baisse de 0,2 point de pourcentage de l’investissement public (qui a fléchi de 3,6 p. 100 en termes réels). L’investissement privé résidentiel et non résidentiel est demeuré faible, ces deux postes ne contribuant que 0,1 point de pourcentage à la croissance du PIB réel en 2011.

Le taux de chômage a atteint 4,6 p. 100 en décembre 2011, un niveau passablement élevé pour le Japon. Le taux de chômage était deux fois plus élevé parmi les personnes âgées de 15 à 24 ans. Les difficultés du marché de l’emploi sont en partie imputables aux catastrophes récentes et des signes d’amélioration sont depuis apparus. La production industrielle et l’économie en général ont repris lentement, mais les exportations et les bénéfices des entreprises demeurent anémiques et les risques de déflation sont toujours présents. Les problèmes tenaces que connaît l’économie japonaise et qui ont limité sa croissance depuis deux décennies n’ont pas disparu, et le gouvernement japonais garde le cap sur des mesures destinées à combattre la déflation et l’appréciation du yen, une combinaison qui pourrait engendrer un cycle défavorable pour les producteurs japonais.

Les perspectives du Japon subissent l’influence positive des dépenses de reconstruction; le PIB réel devrait croître de 2,0 p. 100 en 2012 pour ensuite retomber à 1,7 p. 100 en 2013 à mesure que ces dépenses seront complétées. Les risques à la baisse sont très importants et le Japon est vulnérable à une intensification possible de la crise de la dette en Europe; ses pertes éventuelles pourraient équivaloir à la croissance réelle projetée de la production dans le scénario défavorable d’une baisse de la demande extérieure. Le Japon est aussi vulnérable à d’éventuels problèmes d’approvisionnement énergétique, par exemple une spirale des prix pétroliers provoquée par des tensions politiques ou un ralentissement de l’activité économique en Chine.

La zone euro

Les braises de la crise européenne ont continué de couver en 2011, déclenchant périodiquement des flambées et nourrissant l’incertitude dans l’ensemble de l’économie mondiale. Cette incertitude a été l’élément dominant de la conjoncture économique internationale l’an dernier, et elle persistera vraisemblablement à court et à moyen terme. Il en est ainsi parce que le règlement de la crise de la dette souveraine dans les pays touchés pourrait prendre diverses formes et nécessiter plusieurs années avant d’être complété. Cela pourrait aller d’une union fiscale à un démantèlement partiel ou complet de la zone monétaire commune, et jusqu’à une disparition complète des déséquilibres par le jeu de l’inflation dans le Nord et de la déflation dans le Sud, ou une combinaison de ces solutions et d’autres.

Essentiellement en réaction à cette incertitude, la croissance dans la zone euro a décéléré, passant de 1,9 p. 100 en 2010 à 1,4 p. 100 en 2011; les dépenses des consommateurs n’ont progressé que de 0,2 p. 100 en 2011, alors que celles des gouvernements sont demeurées stationnaires. En conséquence, la contribution de la consommation privée au PIB a été minime, à 0,1 point de pourcentage, et elle a été nulle dans le cas des dépenses gouvernementales. La formation brute de capital fixe a ajouté 0,2 point de pourcentage à la croissance du PIB tandis que les variations des stocks ont fourni un autre 0,1 point de pourcentage. Les exportations nettes ont été le plus important facteur positif, avec une contribution de 1,0 point de pourcentage à la croissance du PIB réel.

Le PIB réel de l’Allemagne a augmenté de 3,1 p. 100, celui de la France de 1,7 p. 100, tandis que celui de l’Italie affichait la progression la plus modeste, soit 0,4 p. 100. La crainte d’une escalade de la crise de la dette souveraine a fortement pesé sur la croissance au quatrième trimestre et fait basculer la région en récession. Alors qu’une grande partie de la dette souveraine du Portugal, de l’Espagne et de l’Italie est détenue par les banques, les doutes ravivés au sujet de la solvabilité de ces pays ont ébranlé la confiance à l’égard du secteur bancaire et fait grimper les risques liés au financement, ce qui a contribué à déprimer encore davantage ces économies dans le sillage des restrictions imposées au crédit dans le secteur privé. Les contraintes de financement se sont atténuées quelque peu à la fin de 2011 en raison des opérations de refinancement à long terme de la Banque centrale européenne, lesquelles ont stabilisé l’humeur des marchés et réduit l’incertitude. La volatilité et les écarts de rendement des obligations souveraines ont diminué dans plusieurs économies, mais non dans celles qui sont directement touchées par la crise — où l’on s’attendait à ce qu’ils se normalisent davantage, mais demeurent encore vulnérables aux répercussions de chocs inattendus.

Même si la récession de la fin de 2011 devrait être de courte durée, on prévoit une contraction du PIB réel de 0,3 p. 100 dans la zone euro en 2012 suivie d’une faible reprise de 0,9 p. 100 en 2013. L’Italie, directement touchée par le risque souverain, devrait subir une contraction de 1,9 p. 100 en 2012 et une autre de 0,3 p. 100 en 2013. Dans le cas de la France, les prévisions montrent une croissance de 0,5 p. 100 en 2012 et de 1,0 p. 100 en 2013, tandis qu’en Allemagne, la croissance devrait atteindre 0,6 p. 100 en 2012 et 1,5 p. 100 en 2013. Cependant, le degré d’incertitude inhérent à ces prévisions est exceptionnellement élevé. Des progrès continus dans la gestion de la crise et son règlement, sur lesquels reposent ces projections, ne se sont pas matérialisés jusqu’à maintenant dans la zone euro. Tant qu’on ne s’attaquera pas aux problèmes sous-jacents de façon décisive, une nouvelle escalade de la crise dans la zone euro demeure un important risque baissier. C’est également le principal facteur de risque pour la reprise mondiale, étant donné les liens financiers et commerciaux étroits de la zone euro avec les autres régions. L’avènement d’un autre épisode de cette crise pourrait avoir des répercussions sur l’économie mondiale par le biais d’un resserrement du crédit, d’une plus grande incertitude, d’une contraction des échanges commerciaux et d’une baisse des prix des produits de base.

Le Royaume-Uni

Le Royaume-Uni a été durement touché par la Grande Récession, alors que le secteur financier, qui occupe une place traditionnellement importante dans l’économie, a été frappé de plein fouet par la crise financière qui a précédé la récession. La production a reculé de 4,4 p. 100 en 2009, avant de reprendre à un taux de seulement 2,1 p. 100 en 2010. D’autres difficultés attendaient l’économie britannique en 2011 et la croissance n’a été que de 0,7 p. 100 pour l’ensemble de l’année. Quatre des six derniers trimestres (se terminant au premier trimestre de 2012) ont été marqués par une contraction de la production. Le PIB réel au dernier trimestre de 2011 n’était pas plus élevé qu’au troisième trimestre de 2010. Le PIB des industries productives a reculé de 1,2 p. 100 en 2011, tandis que la production des industries de services progressait de 1,6 p. 100.

La consommation finale des ménages a fléchi de 1,2 p. 100 en 2011, ce qui s’est traduit par une ponction de 0,7 point de pourcentage sur le PIB réel, alors qu’elle avait fait une contribution positive de 0,8 point de pourcentage en 2010. Les dépenses de consommation finale des gouvernements sont demeurées stationnaires sur l’année, ce qui représente une baisse par rapport à la contribution de 0,3 point de pourcentage de ce secteur en 2010. La formation brute de capital fixe a reculé de 1,2 p. 100 en 2011, ce qui a ralenti la croissance du PIB de 0,2 point de pourcentage, en baisse par rapport à la diminution de 0,5 point de pourcentage observée en 2010.

La seule contribution positive au PIB est venue du solde net des exportations, qui a fourni 1,0 point de pourcentage à la croissance. Il y a eu décélération des exportations, qui avaient fait une contribution de 2,1 points de pourcentage en 2010 et de 1,3 point de pourcentage en 2011; par contre, les importations ont fléchi beaucoup plus rapidement, passant d’une ponction de 2,5 points de pourcentage sur la croissance du PIB en 2010 à seulement 0,4 point de pourcentage en 2011.

En termes de croissance réelle, les exportations totales du Royaume-Uni ont avancé de 4,6 p. 100 en 2011. Les exportations de biens ont progressé de 5,1 p. 100, tandis que les exportations de services augmentaient de 3,9 p. 100. Du côté des importations, la croissance a été modeste, soit 1,2 p. 100 au total; les importations de biens étaient en hausse de 1,5 p. 100, tandis que les exportations de services avançaient de 0,2 p. 100.

Le Royaume-Uni n’est pas touché par les problèmes d’endettement souverain qui sévissent dans la zone euro parce qu’il a conservé la souveraineté entière sur sa monnaie et le contrôle absolu de sa politique monétaire, qui est demeurée très accommodante. Cependant, la proximité de la zone euro et les liens commerciaux étroits qu’il a tissés avec celle-ci exposent le Royaume-Uni à un risque de contagion, alors même que les politiques de consolidation budgétaire continuent à peser sur son économie. La reprise au Royaume-Uni a été plus lente qu’au cours de toute récession antérieure — plus lente que lors de la Crise de 1929. Le taux de croissance de 0,8 p. 100 prévu pour le Royaume-Uni en 2012 est semblable à celui de 2011, mais on s’attend à ce que la croissance s’accélère par la suite pour atteindre 2,0 p. 100 en 2013.

Les économies émergentes

Les économies émergentes d’Asie

En 2011, les économies émergentes d’Asie ont enregistré le taux de croissance du PIB réel le plus élevé de l’ensemble des régions, soit 7,8 p. 100. Cela représente une baisse par rapport au taux de 9,7 p. 100 enregistré en 2010, reflétant en partie le processus de décélération délibéré de l’économie chinoise, et en partie les répercussions des perturbations survenues dans les chaînes d’approvisionnement de la région suite aux catastrophes naturelles qui ont frappé le Japon au premier trimestre et aux inondations en Thaïlande au quatrième trimestre. La faiblesse accrue de la demande externe a aussi joué un rôle dans ce ralentissement, qui s’est manifesté progressivement tout au long de l’année. La croissance a été dominée par la Chine (9,2 p. 100, ce qui est inférieur au taux de 10,4 p. 100 de 2010) et l’Inde (7,2 p. 100, en baisse également par rapport au taux de 10,6 p. 100 observé en 2010). Le PIB réel des pays de l’ANASE-53 a progressé de 4,5 p. 100 l’an dernier, avec en tête l’Indonésie qui a enregistré un taux de croissance de 6,5 p. 100. Selon les estimations, les inondations de 2011 ont entraîné une perte de croissance du PIB réel en Thaïlande de 2 points de pourcentage, ne laissant qu’une croissance marginale de 0,1 p. 100 pour l’ensemble de l’année.

Les contrecoups de la crise qui sévit dans la zone euro ont affecté la région, qui a noué des liens commerciaux étroits avec l’Europe, en tempérant la demande pour les exportations asiatiques. Des facteurs internes ont aussi joué en Inde, où l’investissement est en perte de vitesse et où les coûts d’emprunt sont en hausse par suite d’un resserrement de la politique monétaire visant à juguler l’inflation. Cependant, la solide performance des bénéfices des entreprises et des revenus des ménages en Chine a aidé à stabiliser la consommation et l’investissement dans ce pays, favorisant le scénario d’un « atterrissage en douceur ». Les répercussions financières de la crise européenne ont été limitées et contenues. Les banques asiatiques ont, pour la plupart, terminé l’année en excellente position et avec une capacité de prêt excédentaire suffisante.

La région s’est remise plus rapidement que prévu des effets du tremblement de terre et du tsunami qui ont frappé le Japon au début de 2011, ce qui témoigne de la résilience de la demande intérieure, d’institutions robustes et bien gérées, et de l’existence d’une marge de manoeuvre adéquate pour permettre un assouplissement de la politique. En supposant que ces facteurs se maintiennent, les projections montrent un ralentissement ordonné en Chine malgré l’affaiblissement de la demande extérieure. La croissance devrait atteindre un rythme plus modéré de 8,2 p. 100 en 2012, puis remonter légèrement à 8,8 p. 100 en 2013. Une incertitude un peu plus grande est associée à l’Inde, où les taux d’intérêt plus élevés devraient contribuer à ramener l’économie à un taux de croissance de 6,9 p. 100 en 2012, puis de 7,3 p. 100 en 2013. De façon similaire, la croissance dans les quatre NEI asiatiques devrait ralentir en 2012 (notamment à Hong Kong, où elle tombera à 2,6 p. 100), avant de retrouver un rythme de croissance plus rapide en 2013. Les pays de l’ANASE-5 devraient toutefois faire exception puisqu’on prévoit une reprise robuste en Thaïlande et aux Philippines, conjuguée à une forte demande intérieure en Indonésie et à une accélération prévue de la croissance économique à 5,4 p. 100 en 2012 et à 6,2 p. 100 en 2013 dans l’ensemble des pays du groupe. Globalement, les autres pays asiatiques en développement devraient afficher une croissance de 5,0 p. 100 en 2012 et en 2013.

Les pays émergents d’Asie sont exposés à d’importants risques à la baisse. Tout d’abord, l’escalade de la crise dans la zone euro pourrait retrancher plus d’un point de pourcentage de la prévision de croissance pour les pays émergents d’Asie. Une contagion par le biais des systèmes bancaires est aussi possible, ce qui engendrerait des risques et une incertitude accrus. Les tensions dans les pays producteurs de pétrole pourraient déclencher une autre spirale des cours pétroliers, ce qui aurait des conséquences négatives pour cette région. Du côté positif du bilan, les efforts axés vers un renforcement de la demande intérieure pourraient contribuer à raffermir la croissance économique dans la région en s’appuyant sur une consommation intérieure accrue.

Les pays émergents d’Europe

Les pays émergents d’Europe ont affiché une robuste croissance du PIB réel en 2011, soit 5,3 p. 100. Cependant, cette performance est avant tout imputable à la Turquie, où le taux de croissance a atteint 8,5 p. 100, et elle n’est pas largement représentative de la région. La Lituanie (5,9 p. 100), la Lettonie (5,5 p. 100) et la Pologne (4,4 p. 100) ont aussi bénéficié d’une robuste croissance, tandis que le PIB réel progressait à un taux inférieur à 2 p. 100 en Hongrie, en Bulgarie et en Serbie, et que la croissance a été nulle en Croatie en 2011.

La crise de la zone euro, qui a connu une autre flambée à la fin de 2011, se répercute sur cette région principalement par le biais des liens financiers étroits qu’elle a développés avec l’Europe, mais aussi par le biais des liens établis au niveau de la production. Le secteur financier des pays émergents d’Europe est aujourd’hui étroitement intégré au réseau bancaire de l’Europe de l’Ouest. Plusieurs établissements financiers actifs en Europe de l’Est sont des filiales de banques dont les sièges sociaux se trouvent en Autriche, en France et en Italie. Cependant, jusqu’à l’automne de 2011, les chocs au niveau de l’offre de crédit provoqués par chaque augmentation du risque lié à l’endettement souverain en Europe de l’Ouest n’ont pas été ressenti dans les pays émergents d’Europe, et les écarts de rendement sur les swaps de défaillance de crédit (CDS) sont demeurés stables alors que la région se relevait de la Grande Récession. À la fin de 2011, les contraintes de financement qui s’exerçaient sur les principales banques d’Europe de l’Ouest les ont incitées à amorcer une autre ronde de désendettement, ce qui a entraîné une réduction importante de leurs actifs en Europe de l’Est. Les restrictions imposées au financement provenant de ces sources signifient que la croissance devient davantage tributaire des sources intérieures de financement et de la présence de liquidités adéquates dans le secteur bancaire.

L’intégration commerciale de l’Europe de l’Est et de l’Europe de l’Ouest a aussi augmenté considérablement. L’Europe de l’Ouest est le principal marché d’exportation de l’Europe de l’Est, tandis que l’Europe de l’Est est la destination des exportations ouesteuropéennes qui enregistre la croissance la plus rapide. Les chaînes de production entre régions se sont développées et l’Europe de l’Est est devenue un centre de montage, notamment pour les entreprises allemandes. Par conséquent, les estimations montrent qu’un choc touchant la croissance en Europe de l’Ouest aurait un effet équivalent sur la croissance en Europe de l’Est.

Étant donné ces liens étroits, les perspectives des pays émergents d’Europe sont fortement tributaires des événements qui surviennent dans la zone euro, laquelle était retombée en récession à la fin de l’année. Par conséquent, la croissance des pays émergents d’Europe devrait ralentir à 1,9 p. 100 en 2012; la décélération sera particulièrement marquée en Turquie (où le taux de croissance passera de 8,5 p. 100 en 2011 à 2,3 p. 100 en 2012). La Hongrie devrait voir son économie stagner, tandis que la Croatie affichera une croissance négative de 0,5 p. 100 en 2012. La croissance dans la région s’améliorera globalement pour atteindre 3,9 p. 100 en 2013, la Turquie et la Pologne progressant de 3,2 p. 100, la Roumanie et la Serbie, de 3,0 p. 100, la Hongrie, de 1,8 p. 100, et la Croatie, de 1,0 p. 100.

L’Amérique latine et les Caraïbes (ALC)

La vigueur des prix des produits de base en 2011 a dynamisé les économies de la région de l’ALC et favorisé une croissance robuste. Les pays de l’ALC ont progressé à un taux moyen de 4,5 p. 100 avec, en tête, l’Argentine qui a enregistré une croissance de 8,9 p. 1004. L’Équateur a aussi bénéficié d’une forte croissance, soit 7,8 p. 100, à l’instar du Pérou, où la croissance a atteint 6,9 p. 100. Au Mexique, la croissance a été plus lente, à 4,0 p. 100, bien que ce taux ait été plus élevé que les prévisions, tandis que la croissance au Brésil a décéléré pour s’établir à 2,7 p. 100.

Les impératifs économiques de la région de l’ALC diffèrent de ceux de la plupart des pays du reste du monde. Dans un contexte de ralentissement généralisé de la production et des exportations dans le monde, la surchauffe des économies était la principale préoccupation dans cette région en 2011. Plusieurs monnaies de la région se sont appréciées sensiblement, au premier chef le réal brésilien dont la valeur était 45 p. 100 plus élevée qu’en janvier 2009 à un certain moment durant l’année. Les perspectives peu reluisantes que laissent entrevoir d’autres régions, conjuguées à une politique monétaire extrêmement souple dans les pays développés ont fait du Brésil une destination relativement attrayante pour l’investissement et il s’en est suivi d’importantes entrées de capitaux. Cependant, cette situation a nui aux exportateurs et aux fabricants brésiliens et forcé le gouvernement à mettre en place des mesures de contrôle pour limiter les entrées de capitaux au pays. Cette tendance est disparue à la fin de 2011, levant une partie des pressions qui s’exerçaient sur la monnaie, mais l’on craignait que les rentrées de capitaux ne reprennent en 2012. L’inflation demeure donc une préoccupation en Amérique du Sud.

Les perspectives à court terme de la région sont modérément positives, avec une croissance de 3,7 p. 100 prévue en 2012, qui devrait passer à 4,1 p. 100 en 2013. Les prévisions indiquent que le Mexique verra sa croissance ralentir à 3,6 p. 100 en 2012 et à 3,7 p. 100 en 2013, étant donné que ses perspectives sont étroitement liées à la performance économique des États-Unis. La croissance au Brésil, qui a été de 2,7 p. 100 en 2011, devrait remonter à 3,0 p. 100 en 2012 et à 4,2 p. 100 en 2013 à mesure que s’estompent les risques de surchauffe. L’Argentine devrait voir sa croissance ralentir à 4,2 p. 100 en 2012 et à 4,0 p. 100 en 2013. La croissance en Amérique centrale devrait atteindre 4,0 p. 100 au cours des deux années. Les pays des Caraïbes continuent de ressentir les effets d’un endettement public élevé et de la faiblesse des rentrées de fonds et des recettes du tourisme; la croissance dans cette sous-région devrait reprendre lentement pour atteindre 3,5 p. 100 en 2012 et 3,6 p. 100 en 2013.

La région de l’ALC demeure assez bien isolée des répercussions des crises et des problèmes qui surgissent dans les pays développés. Les prix des produits de base exercent une forte influence sur l’économie régionale et, par le jeu des canaux commerciaux, ces prix relient les perspectives économiques de l’ALC au rythme de la croissance en Asie. Les rapports financiers avec les banques européennes sont aussi développés et pourraient éventuellement contribuer à propager les problèmes de l’Europe aux marchés financiers de l’ALC. Cependant, il n’y a pas eu jusqu’ici de renversement des flux de capitaux en réaction aux soubresauts du crédit en Europe, peut-être parce que les filiales européennes présentes dans la région de l’ALC sont principalement financées par des dépôts locaux et que l’on s’attend à ce que l’immunité relative de la région par rapport aux répercussions financières de la crise de l’endettement souverain dans la zone euro se poursuive dans l’avenir immédiat.

Les économies du Commonwealth des États indépendants (CEI)

La croissance a été forte dans la région du CEI tout au long de 2011, se soldant par un taux de croissance de 4,9 p. 100. Plusieurs facteurs se sont conjugués pour soutenir cette solide performance : la remontée du prix du pétrole et des produits de base, le rebond de la production agricole et une forte demande intérieure. La Russie a enregistré une croissance de 4,3 p. 100, le Kazakhstan, de 7,5 p. 100, l’Ukraine, de 5,2 p. 100, et le Bélarus, de 5,3 p. 100.

Cependant, la crise qui sévit dans la zone euro a eu de profondes répercussions dans cette région. À l’instar des pays émergents d’Europe, le secteur financier de cette région dépend largement des banques d’Europe de l’Ouest. Il y a eu d’importantes sorties de capitaux en Russie en réaction à la dernière escalade de la crise dans la zone euro; le rouble russe s’est déprécié tandis que les écarts de rendement sur les CDS, particulièrement en Ukraine, se sont élargis. La contagion s’est transmise par le biais des liens commerciaux avec l’Europe de l’Ouest, alors que les exportations du CEI se sont affaiblies et que la production industrielle a ralenti.

En dépit des attentes qui misent sur des prix pétroliers relativement élevés, les perspectives laissent entrevoir un affaiblissement de la croissance dans la région du CEI au cours des prochaines années — 4,2 p. 100 en 2012 et 4,1 p. 100 en 2013. La croissance en Russie reculera à 4,0 p. 100 en 2012 et à 3,9 p. 100 en 2013. Les autres exportateurs de produits énergétiques de la région connaîtront une performance relativement bonne : la robustesse des prix pétroliers et les investissements en infrastructure devraient permettre au Kazakhstan d’enregistrer un taux de croissance de 5,9 p. 100 en 2012 et de 6,0 p. 100 en 2013, tandis que la croissance devrait ralentir à 7,0 p. 100 en 2012 et à 6,5 p. 100 en 2013 en Ouzbékistan. Enfin, le Turkménistan devrait croître de 7,0 p. 100 en 2012 et de 6,7 p. 100 en 2013.

Les pays importateurs d’énergie du CEI croîtront plus lentement en raison de la faiblesse de la demande pour leurs exportations, des répercussions de la crise financière et d’un contexte monétaire et budgétaire plus rigoureux. La croissance du PIB réel en Ukraine devrait se situer à 3,0 p. 100 en 2012 et atteindre 3,5 p. 100 en 2013. Le Bélarus devrait pour sa part enregistrer un taux de croissance de 3,0 p. 100 en 2012, puis de 3,3 p. 100 en 2013.

On s’attend à ce que l’inflation demeure modérée dans la plupart des pays de la région en raison du ralentissement de l’activité économique et de l’amélioration de la production agricole, bien que le Bélarus éprouve toujours des tensions inflationnistes causées par la dépréciation de la monnaie, malgré les mesures de resserrement monétaire et budgétaire. Les répercussions possibles des événements qui secouent la zone euro — par le biais des liens financiers et commerciaux — demeure un important facteur de risque dans cette région. La bonne santé de l’économie russe demeure essentielle pour le reste de la région, parce que ce pays est une importante source de rentrées et d’investissement étranger pour la plupart des pays du CEI.

Le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord

La croissance au Moyen-Orient et en Afrique du Nord n’a été que 3,5 p. 100 en 2011, reflétant un certain nombre de difficultés internes sur ce plan. Après une performance relativement bonne durant la Grande Récession, la région est aujourd’hui le théâtre d’une turbulence imprévue. Les troubles politiques et sociaux qui ont entraîné la chute de plusieurs gouvernements et, dans les cas extrêmes (comme en Libye), une guerre civile, ont freiné la croissance économique interne et perturbé les importants liens de la région avec l’Europe au chapitre du commerce, des rentrées de fonds et des voyages. En outre, les problèmes structurels qui se posent de longue date dans ces économies nécessiteront des réformes en profondeur pour relancer la croissance à long terme.

Grâce à la vigueur des prix pétroliers, les économies des pays exportateurs de pétrole ont connu globalement une croissance de 4,0 p. 100 l’an dernier. La croissance en Iran n’a été que de 2,0 p. 100, ce qui reflète les problèmes associés à la réforme des récoltes et des subventions. La croissance en Arabie Saoudite a atteint 6,8 p. 100, tandis qu’elle a été de 2,5 p. 100 en Algérie et de 4,9 p. 100 dans les Émirats arabes unis. La contraction économique s’est poursuivie au Soudan, à un rythme de 3,9 p. 100. Les pays importateurs de pétrole ont moins bien fait, avec une croissance de 2,0 p. 100, hypothéqués par l’agitation qui a sévi en Égypte (où la croissance n’a été que de 1,8 p. 100) et en Tunisie (baisse de 0,8 p. 100). Israël a enregistré un taux de croissance de 4,7 p. 100 pour l’année.

Les perspectives des pays exportateurs de pétrole diffèrent sensiblement de celles des pays qui doivent importer cette ressource. Les premiers ont été en mesure de renforcer leurs soldes budgétaires, tandis que les niveaux d’endettement ont poursuivi leur ascension au sein du second groupe. D’un côté, les transferts sociaux ont augmenté considérablement dans les pays exportateurs de pétrole, ce qui a accru leur dépendance à l’égard de cours pétroliers élevés. La faiblesse continue de l’économie européenne nuit au tourisme et aux flux commerciaux, ainsi qu’aux rentrées de fonds et aux dépenses de voyage, ce qui limite les perspectives de croissance de la région à court terme. Les prix pétroliers demeurent la principale source d’influence sur les attentes pour cette région; ils pourraient être poussés à la baisse par la faiblesse prolongée de l’économie européenne, ou encore entraînés à la hausse si les approvisionnements pétroliers sont perturbés par les tensions géopolitiques continues que connaît la région et, en particulier, si un conflit armé surgissait.

Les économies exportatrices de pétrole devraient enregistrer une croissance de 4,8 p. 100 en 2012 et de 3,7 p. 100 en 2013. L’économie de l’Iran ralentira à 0,4 p. 100 seulement en 2012 et croîtra de 1,3 p. 100 en 2013. L’Arabie saoudite devrait profiter d’une croissance de 6,0 p. 100 en 2012 et de 4,1 p. 100 en 2013, tandis que l’Algérie verra sa croissance s’accélérer pour atteindre 3,1 p. 100 et 3,4 p. 100 au cours des deux prochaines années. Une importante récession sévit au Soudan, où l’on prévoit que le PIB reculera de 7,3 p. 100 en 2012 et de 1,5 p. 100 en 2013. Dans l’intervalle, les pays importateurs de pétrole verront leur croissance augmenter à 2,2 p. 100 en 2012 et ils réussiront presque à rattraper les pays exportateurs de pétrole avec une croissance prévue de 3,6 p. 100 en 2013. Une lente reprise est prévue en Égypte où la croissance atteindra 1,5 p. 100 en 2012 et 3,3 p. 100 en 2013; l’économie tunisienne devrait rebondir pour croître de 2,2 p. 100 en 2012 et de 3,5 p. 100 en 2013; enfin, la croissance en Israël ralentira à 2,7 p. 100 en 2012 avant de remonter à 3,8 p. 100 en 2013. Pour l’ensemble de la région, il est prévu que la croissance atteindra 4,2 p. 100 en 2012 et 3,7 p. 100 en 2013.

L’Afrique subsaharienne

L’Afrique, l’une des régions ayant connu la meilleure performance au cours de la récession mondiale, a enregistré une autre année de forte croissance et est demeurée relativement à l’abri des aléas des marchés financiers et de l’assombrissement de la conjoncture mondiale à la fin de 2011. La croissance de cette région a atteint 5,1 p. 100, les pays exportateurs de pétrole profitant d’une expansion plus rapide, soit 6,2 p. 100, tandis que les pays à revenu intermédiaire enregistraient la croissance la plus lente, à 3,9 p. 100 (dont l’Afrique du Sud avec une croissance de 3,1 p. 100); les pays les plus pauvres s’en sont tirés relativement bien avec une croissance moyenne de 5,8 p. 100. La première année de production pétrolière au Ghana s’est traduite par une croissance de 13,6 p. 100 de l’économie du pays. Le Nigéria a aussi enregistré une bonne performance, avec une croissance de 7,2 p. 100 en 2011, comme ce fut le cas de l’Éthiopie, où la croissance a atteint 7,5 p. 100, et de la République démocratique du Congo, en expansion de 6,9 p. 100.

Les prix élevés des produits de base ont favorisé une croissance stable en 2011. Les liens financiers limités avec l’Europe ont isolé la région de la plus grande partie des événements défavorables survenus en cours d’année — à l’exception de l’Afrique du Sud, dont le système financier a souffert de la volatilité et de la dépréciation du rand. À la faveur d’une diversification vers les marchés émergents en croissance rapide, les liens commerciaux avec l’Europe se sont affaiblis au cours des dernières décennies, conférant à la région une certaine protection contre la propagation éventuelle des effets de la crise de la zone euro. La robustesse des investissements dans le secteur de l’extraction des ressources naturelles s’est par ailleurs poursuivie.

La croissance en Afrique du Sud a décéléré rapidement, reflétant les liens financiers et commerciaux étroits entre cette économie relativement avancée et l’Europe. Le taux de chômage demeure élevé et il est prévu que la croissance ralentira encore dans la plus grande économie de la région, pour s’établir à 2,7 p. 100 en 2012, ce qui sera suivi d’une amélioration en 2013 avec un taux de croissance de 3,4 p. 100. Le ralentissement de la demande mondiale de diamants devrait entraîner la croissance de l’économie du Botswana sur la même trajectoire : selon les projections, la croissance dans ce pays chutera à 3,3 p. 100 en 2012 avant de remonter à 4,6 p. 100 en 2013. La croissance au Ghana ralentira un peu pour s’établir à 8,8 p. 100 en 2012 et à 7,4 p. 100 en 2013. Les politiques budgétaires et monétaires plus rigoureuses feront sentir leurs effets sur la croissance du secteur non-pétrolier au Nigeria, mais l’augmentation de la production pétrolière devrait faire contrepoids, entraînant une robuste croissance de 7,1 p. 100 en 2012 et de 6,6 p. 100 en 2013. Les nouvelles réserves pétrolières arrivant en exploitation en Angola accéléreront la croissance dans ce pays à 9,7 p. 100 en 2012, laquelle devrait modérer par la suite à 6,8 p. 100 en 2013.

L’Afrique subsaharienne demeure largement isolée de la crise européenne, sauf l’Afrique du Sud qui pourrait relayer les chocs négatifs au reste de la région. Les risques associés à l’inflation et aux déficits budgétaires persistent, et les perspectives à cet égard sont largement tributaires des cours mondiaux des aliments et des produits de base, respectivement.

Hypothèses et risques

Tel qu’indiqué précédemment, toutes les projections présentées dans ce chapitre reposent sur les Perspectives de l’économie mondiale d’avril 2012, du FMI. En faisant ces projections, le FMI a adopté un certain nombre d’hypothèses techniques qui sous-tendent ses estimations. Voici certaines des plus importantes : 1) dans les économies avancées, les taux de change effectifs réels demeureront constants à leurs niveaux moyens de la période du 13 février au 12 mars 2012, sauf pour les monnaies participant au mécanisme de change européen II (MCE II) qui, selon les hypothèses retenues, devraient demeurer constantes en termes nominaux par rapport à l’euro; 2) les politiques budgétaires et monétaires mises en place par les autorités nationales seront maintenues; 3) le prix moyen du baril de pétrole sera de 114,71 $US en 2012 et de 110,00 $US en 2013, et il demeurera inchangé en termes réels à moyen terme. Les Perspectives proposent également un certain nombre d’hypothèses de travail portant sur les niveaux des divers taux de dépôt sur les marchés financiers mondiaux. Les lecteurs intéressés devraient consulter les Perspectives de l’économie mondiale pour plus de détails sur ces hypothèses techniques et d’autres.

Pour la plupart, les hypothèses adoptées par les modélisateurs du FMI sont fondées sur les budgets officiels annoncés, avec des rajustements pour tenir compte des différences entre les autorités nationales et le FMI quant aux hypothèses macroéconomiques et aux résultats budgétaires prévus, et sur les projections à moyen terme incorporant les mesures de politiques qui seront vraisemblablement mises en oeuvre. De façon similaire, les hypothèses concernant la politique monétaire s’appuient sur le cadre de politique établi dans chaque pays.

L’un des principaux facteurs déterminants de la conjoncture économique mondiale est le prix du pétrole. Même si l’hypothèse retenue est que les prix pétroliers se situeront autour de 110 $ le baril, le FMI a examiné le scénario d’un choc externe pouvant perturber les approvisionnements pétroliers. Dans l’hypothèse où les exportations de pétrole de l’Iran vers les pays de l’OCDE cesseraient soudainement et ne seraient pas comblées par une hausse de la production ailleurs, le prix du pétrole pourrait initialement augmenter de 20 à 30 p. 100; l’incertitude accrue au sujet des perturbations possibles de l’offre de pétrole ferait grimper encore davantage les cours pétroliers — pour atteindre en moyenne un niveau 50 p. 100 plus élevé que celui projeté pour les deux prochaines années. Un tel scénario aurait pour effet de freiner la reprise de la croissance de la consommation privée et de l’investissement dans le monde, sauf dans les pays qui sont des exportateurs nets de pétrole. La production mondiale reculerait de plus de 1 p. 100 et les conséquences collatérales, par exemple une baisse de la confiance sur les marchés financiers, pourraient contribuer à aggraver les dommages.

L’autre facteur de risque est qu’une éventuelle escalade de la crise dans la zone euro ne vienne accentuer les tensions dans le système bancaire et sur le marché des titres souverains, en se répercutant sur d’autres régions en proportion de leurs engagements commerciaux et financiers avec l’Europe de l’Ouest. Les régions les plus touchées seraient le CEI et les pays émergents d’Europe; l’Amérique du Nord serait également exposée en raison de ses liens financiers avec l’Europe, de même que l’Asie, par le biais de ses liens commerciaux. Parmi les autres risques, il y a les pressions déflationnistes à l’oeuvre dans certaines parties de la zone euro, les déficits budgétaires élevés aux États-Unis et au Japon, et le dégonflement des bulles de crédit dans certaines économies de marché émergentes. Parmi les facteurs positifs, il y a une reprise plus forte que prévue aux États-Unis et dans la zone euro, un apaisement des tensions géopolitiques et l’assouplissement connexe du prix du pétrole.

Globalement, même si l’économie mondiale demeure exceptionnellement fragile, les risques pour la croissance sont aujourd’hui légèrement moins menaçants qu’à la fin de 2011. Cela traduit la dispersion plus limitée des attentes relatives aux cours pétroliers, aux écarts de rendement sur les diverses échéances et de la volatilité en général. Selon le FMI, le risque d’un ralentissement grave de l’économie mondiale en 2012 est maintenant très limité (autour de 1 p. 100).


1 Les statistiques, les estimations et les projections présentées dans ce chapitre proviennent de Perspectives de l’économie mondiale, Fonds monétaire international, avril 2012, auxquelles s’ajoutent des statistiques du U.S. Bureau of Economic Analysis, de Statistique Canada, du Japan Cabinet Office, de la Banque centrale européenne, du U.K. Office for National Statistics et de la base de données de Perspectives de l’économie mondiale, d’avril 2012.

2 Le taux de chômage a diminué à 8,2 p. 100 en mars 2012, ce qui est notamment attribuable à une autre baisse du taux de participation, qui a atteint 63,8 p. 100 durant ce mois, un niveau qui n’a pas été observé depuis 1983.

3 Le FMI définit les 5 principaux membres de L’Association des nations de l’Asie du Sud-est (ANASE) comme étant l’ANASE-5, comprenant l’Indonésie, la Malaisie, les Philippines, la Thaïlande et le Vietnam.

4 Sur la base des données officielles du PIB et de l’indice des prix à la consommation de l’Argentine. Selon le FMI, ces chiffres pourraient surévaluer la croissance du PIB réel du pays.

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