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Bons baisers d’Irak

Des résidents de Banmil participent à une séance de formation en gestion de conflits. En ayant suivi cette formation, Mohammed a pu rapprocher trois tribus en conflit.

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En 2004, un conflit territorial a tendu les relations entre les trois principales tribus d’une communauté dans le nord du gouvernorat de Diyala. Plus de dix ans plus tard, le travail de médiateur de Mohammed a rapproché les tribus, au point où leurs membres se saluent maintenant en se faisant la bise.

Les divisions ethniques, sectaires et tribales sont profondément ancrées dans le tissu social irakien. En 2014, la guerre contre Daech a amplifié les tensions dans ce quartier à prédominance kurde chiite. Quand une vague de familles ayant fui leurs maisons est arrivée, les résidents de la région composaient déjà avec des tensions depuis des années, et les trois tribus chiites du quartier se côtoyaient très peu.

C’est dans cet environnement tendu que vit Mohammed, un fonctionnaire dans la fin de la cinquantaine. En tant que Kurde sunnite ne faisant pas partie d’une des trois tribus, il est perçu par ces dernières comme une partie neutre. Au fil des ans, Mohammed a utilisé son impartialité pour régler avec succès divers petits différends au sein de la communauté, comme des désaccords entre familles. Inspiré par ces succès, il a décidé de s’attaquer à un problème plus important : les tensions entre les trois groupes.

« J’ai essayé d’aborder cette question à la manière des tribus, explique Mohammed. J’ai rassemblé les chefs tribaux pour un grand repas en espérant que cette rencontre suffirait à apaiser les tensions. »

Malgré tous ses efforts, les tensions entre les tribus étaient trop grandes pour que cette approche fonctionne.

Grâce au partenaire local de Mercy Corps, le Centre irakien pour les compétences de négociation et la gestion des conflits, Mohammed a suivi une formation en gestion des conflits visant à transmettre de nouvelles compétences et techniques à des personnes qui, comme lui, agissaient déjà comme médiateurs dans les conflits locaux.

Avec ses nouvelles connaissances et ses compétences de négociation aiguisées, Mohammed a décidé de rencontrer à nouveau les dirigeants de chacune des trois tribus dans l’espoir de réussir enfin à apaiser les relations entre eux. « J’ai commencé par rencontrer séparément les chefs tribaux pour entendre leurs histoires, se souvient-il. Ma formation de médiateur m’avait appris qu’il est important de donner à chaque partie une chance d’exprimer ses préoccupations individuellement. »

La prochaine étape pour Mohammed était de cerner et de miser sur les intérêts mutuels ou les points communs des parties. À cette époque, l’Achoura, un important jour de deuil des musulmans chiites, approchait. Pendant ce congé, les communautés se réunissent généralement pour commémorer le martyre d’Hussein, un petit-fils du prophète Mahomet. Les trois tribus ne s’étaient pas réunies pour cette occasion depuis 2004. Mohammed voulait avoir le soutien d’un allié solide et respecté pour résoudre ce problème. Il a choisi un imam de la ville sainte chiite de Nadjaf, qui se trouvait dans la région pour l’Achoura.

Toutes les parties se sont rassemblées dans un endroit neutre : une mosquée. Mohammed a facilité cette première discussion avec l’aide de l’imam. Dès le début, les chefs tribaux voulaient parler de l’Achoura et de leurs plans à eux, mais l’imam  a tôt fait de leur exposer sa vision de cette célébration : il s’agissait d’« un moment pour se concentrer sur les liens qui unissent, plutôt que sur les points de moindre importance qui divisent ». Les dirigeants ont compris qu’ils avaient le choix de changer leur façon d’agir et ont enfin accepté de mettre de côté les vieux conflits territoriaux pendant l’Achoura.

En 2016, pour la première fois en plus de dix ans, les membres de la communauté ont observé l’Achoura ensemble. Les trois tribus ont marché en groupe, avec l’imam et Mohammed, pour se joindre à la grande cérémonie régionale tenue à la mosquée principale de la région.

Un an plus tard, le conflit territorial perdurait devant les tribunaux, mais les tribus étaient mieux placées pour résoudre d’autres conflits mineurs. Mohammed demeure optimiste : les effets de sa médiation continuent de se faire sentir dans la communauté, au-delà des célébrations de l’Achoura.

« Auparavant, les gens des différentes tribus se saluaient d’un signe le plus discret possible. Aujourd’hui, ils se saluent chaleureusement en se serrant la main et en se faisant la bise. »

Mohammed

Promouvoir la cohésion sociale en Irak

Depuis le début de la guerre en Irak, en 2014, plus de trois millions de personnes – près d’un Irakien sur dix – ont été contraintes de quitter leur foyer et sont devenues des personnes déplacées à l’intérieur de leur pays. En réaction à cette crise, le Canada fournit à l’Irak une aide humanitaire, du soutien dans le cadre des efforts de stabilisation et de développement et une aide diplomatique, dans le cadre de la Stratégie du Canada au Moyen-Orient.

Un élément important de cette stratégie a été le projet de promotion de la cohésion sociale en Irak. Dans le cadre de cette initiative, le Canada a versé 4,5 millions de dollars à Mercy Corps pour atténuer les tensions entre les familles forcées de fuir leurs villes et villages et les communautés où elles se sont réinstallées. Mercy Corps est une organisation humanitaire mondiale qui donne aux gens les moyens de se remettre d’une crise, d’améliorer leur vie et d’apporter des changements positifs à leur communauté.

Entre avril 2015 et août 2017, plus de 20 000 femmes, filles, hommes et garçons des gouvernorats irakiens de Diyala et de Souleimaniye ont bénéficié de plus de 100 projets communautaires rendus possibles grâce à ce financement. Pour en savoir plus, visitez la page Promouvoir la cohésion sociale en Irak.


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