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Vaincre la peur par l’apprentissage des langues en Irak

Les cours de langue ont aidé à combler le fossé entre les femmes arabes et celles kurdes du quartier Raparin, à Chamchamal.

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Samira Muhammed Ali est une mère kurde qui vit à Raparin, un quartier majoritairement kurde de Chamchamal. Lorsque des familles arabes sunnites ont déménagé près de chez elle, elle a affronté la peur qu’elle ressentait depuis des années envers cette communauté en utilisant un moyen efficace : les cours de langue.

En 1987, Samira est allée rendre visite à la famille de son nouveau mari à Chamchamal. Au même moment, Saddam Hussein a lancé sa brutale campagne Anfal, qui a mené au massacre de 50 000 à 100 000 Kurdes et forcé la réinstallation de milliers d’autres. Environ 35 membres de la famille du mari de Samira ont été tués. Samira et son mari ont fui à Souleimaniye, mais comme beaucoup de Kurdes qui ont grandi à cette époque, sa perception des Arabes sunnites a été façonnée par les horreurs dont elle a été témoin.

Après la chute de Saddam, Samira et sa famille ont déménagé dans le quartier Raparin, à Chamchamal, une zone presque entièrement kurde où la plupart des résidents gardaient des souvenirs traumatisants similaires de la campagne Anfal. La famille a vécu une existence relativement paisible pendant des années, jusqu’à ce que Daech commence à conquérir certains territoires en Irak, en 2014. Des milliers de personnes, pour la plupart des Arabes sunnites, ont fui les zones contrôlées par Daech. Elles se sont établies dans d’autres régions, notamment à Chamchamal, et sont devenues des personnes déplacées à l’intérieur de leur pays.

L’arrivée des Arabes sunnites près de chez elle a été un choc pour Samira. À cause de son passé, la seule présence d’une famille arabe dans son quartier suffisait à l’effrayer. Elle a commencé à verrouiller ses portes et hésitait à laisser ses enfants seuls à la maison. « Ils me faisaient peur, dit-elle, parce que je ne savais pas quelles étaient leurs intentions. »

Samira a toujours été active dans sa communauté. Elle travaille à l’Union des femmes du gouvernement, qui organise des séances de formation professionnelle et d’autres activités pour les femmes de la région. Quand elle a entendu parler du projet de promotion de la cohésion sociale pour la première fois, elle a voulu faire partie du comité des femmes qui avait été formé à Raparin. Il n’y avait qu’un problème : le comité ne comprenait pas que des femmes kurdes; il comprenait aussi des femmes arabes qui avaient récemment trouvé refuge dans le quartier. Mais étant donné le rôle important du comité dans les efforts visant à aider les femmes de la région à développer leurs compétences et à faire entendre leur voix, Samira a senti qu’il était son devoir de participer.

Malgré ses appréhensions au sujet des femmes arabes du groupe, Samira a participé activement à l’organisation d’un projet dirigé par le comité des femmes, qui visait à offrir des cours de langue kurde et arabe. Le programme, conçu pour combler le fossé linguistique entre les Arabes réinstallés et la communauté kurde, a permis aux femmes des deux groupes de pratiquer ensemble la langue de l’autre et, ce faisant, de nouer des relations.

Samira a finalement décidé de suivre un cours de langue arabe. En plus d’acquérir des compétences linguistiques de base, elle a eu des interactions personnelles avec les femmes arabes de sa classe. Elle a alors réalisé que ces femmes n’étaient pas du tout comme elle les imaginait. Ses craintes ont progressivement disparu, et elle a noué de véritables amitiés avec ses camarades de classe arabes. Mais surtout, elle a appris à faire la différence entre le régime de Saddam Hussein et les Arabes sunnites, qui ont également subi leur propre lot de souffrances.

Samira ne s’inquiète plus pour sa sécurité ou celle de sa famille; elle est même ouverte à l’idée que ses enfants nouent des amitiés avec leurs nouveaux voisins arabes.

« Avant, les Arabes me faisaient peur. Aujourd’hui, cette peur n’existe plus. »

Samira Muhammed Ali

Promouvoir la cohésion sociale en Irak

Depuis le début de la guerre en Irak, en 2014, plus de trois millions de personnes – près d’un Irakien sur dix – ont été contraintes de quitter leur foyer et sont devenues des personnes déplacées à l’intérieur de leur pays. En réaction à cette crise, le Canada fournit à l’Irak une aide humanitaire, du soutien dans le cadre des efforts de stabilisation et de développement et une aide diplomatique, dans le cadre de la Stratégie du Canada au Moyen-Orient.

Un élément important de cette stratégie a été le projet de promotion de la cohésion sociale en Irak. Dans le cadre de cette initiative, le Canada a versé 4,5 millions de dollars à Mercy Corps pour atténuer les tensions entre les familles forcées de fuir leurs villes et villages et les communautés où elles se sont réinstallées. Mercy Corps est une organisation humanitaire mondiale qui donne aux gens les moyens de se remettre d’une crise, d’améliorer leur vie et d’apporter des changements positifs à leur communauté.

Entre avril 2015 et août 2017, plus de 20 000 femmes, filles, hommes et garçons des gouvernorats irakiens de Diyala et de Souleimaniye ont bénéficié de plus de 100 projets communautaires rendus possibles grâce à ce financement. Pour en savoir plus, visitez la page Promouvoir la cohésion sociale en Irak.

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