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En quoi le Canada est un partenaire clé pour la France

Allocution prononcée devant l’Institut de Recherche et de Communication sur l’Europe par l’honorable Stéphane Dion, Ambassadeur du Canada en France et à Monaco et Envoyé spécial auprès de l’Union européenne et de l’Europe

16 février 2024 - Restaurant des Sénateurs, Paris, France

Monsieur le Sénateur Yan Chantrel, cher Yan,

Madame la Députée européenne, chère Stéphanie Yon-Courtin,

À titre d’ambassadeur du Canada en France et à Monaco et d’Envoyé spécial du Premier ministre Justin Trudeau auprès de l’Union européenne et de l’Europe, il me fait plaisir d’être invité par le Président de l’Institut de Recherche et de Communication sur l’Europe, Monsieur François Charles, afin de vous parler de la politique extérieure bilatérale, européenne et internationale du Canada. Comme il s’agit d’un sujet sur lequel je pourrais m’étendre longuement, bien au-delà des 25 minutes conventionnelles, je vais, si vous le permettez, resserrer le sujet, d’une façon qui je pense vous concernera directement, en répondant à la question : en quoi le Canada est-il un partenaire clé pour la France ?

Bien sûr, le Canada n’a pas la prétention de représenter pour la France la même importance que les États-Unis. Le Canada n’est pas non plus une source de préoccupation constante comme le sont la Russie, la Chine ou les zones instables et conflictuelles du monde. Dieu merci, personne en France ne se lève le matin en se demandant : mais bon sang, qu’est-ce qui se passe au Canada ? Mais je vais faire valoir, dans mon exposé, que lorsque Paris appelle Washington, Berlin ou Londres, il importe qu’Ottawa soit aussi « dans la boucle ».

Les Français aiment le Canada. Ils ressentent pour lui un véritable engouement. Comme ambassadeur, je rencontre tous les jours des Français qui ont vécu au Canada, qui ont des membres de leur famille qui s’y sont installés, ou qui veulent y venir. Quand je poursuivais mes études de doctorat à Sciences Po au début des années 1980, je croisais régulièrement des étudiants canadiens, surtout québécois, à Paris, mais il y avait alors assez peu d’étudiants français sur les campus canadiens. Aujourd’hui, pour un étudiant canadien en France, on compte dix étudiants français au Canada.

Au 18ème siècle, la France n’est jamais parvenue à peupler suffisamment l’immense territoire nord-américain que recouvrait la Nouvelle-France. Aujourd’hui, il y a tout un quartier de Montréal où l’on entend partout parler le français à la française, le parler pointu comme on dit au Québec !

Il est impossible de ne pas noter l’engouement des Français pour les expressions artistiques canadiennes, qu’elles soient francophones, anglophones ou autochtones, qui s’est encore vérifié le mois dernier alors que le festival international de la Bande dessinée d’Angoulême – le plus grand festival de bandes dessinées au monde – a mis le 9e art canadien à l’honneur.

Donc oui, la France aime le Canada. La question maintenant est de savoir en quoi elle en a besoin. Il y a à cette question des éléments de réponse structuraux, immuables dans le temps, et d’autres qui sont davantage mis en relief par le contexte international dans lequel nous vivons présentement. Je vais les passer en revue, en insistant particulièrement sur un enjeu énorme pour lequel le Canada a un rôle crucial à jouer : la transition énergétique vers une économie décarbonée.

Les atouts fondamentaux du Canada

Commençons par les éléments structuraux. Le Canada est un semi continent, optimalement situé sur le plan géographique, à six heures de Paris, voisin de la puissance états-unienne, fenêtre sur l’indopacifique, dépositaire du quart de l’Arctique dont l’importance écologique et géostratégique ne cesse de croître, fort de peuples autochtones enracinés dans le territoire. C’est un pays doté d’une population multiculturelle venue de tous les continents, mais gardant ses racines européennes. Non seulement en raison de son histoire, de son rôle glorieux sur le théâtre européen lors des deux Guerres mondiales, mais aussi du fait de ses politiques économiques, sociales et sanitaires et de sa culture civique de solidarité plus similaires aux vôtres qu’à celles de son voisin du sud, le Canada, oui, mérite le titre de plus européen des pays non européens.

Les deux langues officielles du Canada sont des langues européennes de portée internationale : le français, seule langue officielle du Québec, l’une des deux langues officielles du Nouveau-Brunswick et qui est aussi présente ailleurs au pays, et l’anglais, langue qui vous est familière.

Le Canada a été, comme la France et à ses côtés, un architecte des institutions multilatérales dont le monde s’est doté à la suite de la deuxième Guerre mondiale. Il serait intéressant de retracer les rôles essentiels que nos deux pays ont joué dans l’édification du multilatéralisme contemporain, mais contentons-nous de se rappeler que les deux grands rédacteurs de la Déclaration universelle des Droits de l’homme ont été le Français René Cassin et le Canadien John Humphrey.

Le Canada est doté d’un corps diplomatique expérimenté présent dans presque tous les forums internationaux, dont le G7, le G20 et l’Organisation internationale de la Francophonie. Le rayonnement du français dans le monde et l’enjeu crucial de l’enseignement du français amènent la France et le Canada à coopérer étroitement ensemble, comme on le constatera encore en octobre prochain lors du sommet de la Francophonie à Villers-Cotterêts.

Le Canada est une démocratie stable et fiable, un ami proche, un allié indéfectible au sein de l’OTAN. L’un des rôles essentiels que le Canada joue au sein de l’équipe des pays démocratiques que nous formons, c’est d’être l’interlocuteur par excellence des États-Unis, encourageant cette superpuissance à agir de façon multilatérale avec ses alliés, plutôt que de façon unilatérale ou isolationniste. Le Canada est bien placé pour jouer ce rôle essentiel, ayant une profonde connaissance de la civilisation américaine, de son monde politique (la Maison Blanche, le Congrès, les États, les villes), mais aussi de son univers économique, de son incomparable réseau d’universités et de sa vitalité culturelle et sportive. Nous Canadiens disons à la blague que les Américains sont nos meilleurs amis… que cela nous plaise ou non !

On dit aussi que l’un des principaux rôles du premier ministre canadien est de veiller à garder ouverte la frontière avec les États-Unis. Nous sommes un allié essentiel pour tous les pays, dont la France, qui veulent abaisser autant que possible les barrières protectionnistes américaines.

Car le Canada est une nation commerçante, avec 15 accords de libre-échange, qui donnent un accès préférentiel à un marché mondial dont le PIB combiné représente 60 pour cent de la production mondiale de biens et de services, où vivent 1,5 milliard de consommateurs, selon le FMI. À lui seul, l’Accord Canada-États-Unis-Mexique offre, y compris aux investisseurs français installés au Canada, un accès pratiquement en franchise de droits aux marchés américain et mexicain.

Le Canada est un partenaire économique idéal pour la France, tant sur le plan bilatéral que dans les grands forums internationaux tels l’OCDE, l’OMC ou la Banque mondiale. Avec sa main-d’œuvre hautement scolarisée et compétitive, la plus instruite de l’OCDE (60 % de sa population âgée de 25 à 64 ans a fait des études supérieures), l’excellence de ses universités, sa classe d’affaires aguerrie, le deuxième système bancaire le plus solide du G20 et le sixième parmi 141 pays selon le FMI, il n’est pas difficile pour le Canada d’offrir à la France de solides partenaires économiques, scientifiques ou technologiques.

Les échanges franco-canadiens, tant de biens que de services, sont à un niveau record. Le stock des investissements canadiens en France et français au Canada est aussi à son plus haut niveau et en forte croissance. Je ne peux m’empêcher d’associer ces résultats plus qu’encourageants à l’entrée en vigueur, il y a 6 ans, de l’Accord économique et commercial global entre le Canada et l’Union Européenne, plus connu sous l’acronyme CETA.

Le CETA est un atout commercial majeur. C’est un levier économique que nous devons encore mieux exploiter et, bien sûr, qu’il serait souhaitable que la France ratifie. Les bonnes raisons de le faire sont nombreuses, avec des résultats très positifs, y compris pour l’agriculture française qui a significativement augmenté chez nous ses exportations. Puisque nous sommes au restaurant du Sénat, je rappelle que la ratification du CETA, entérinée par l’Assemblée nationale, doit encore être votée par le Sénat. Le moment venu, les Sénateurs français auront l’occasion de montrer combien ils ont confiance dans la force combinée de nos deux économies.

Les atouts du Canada dans le contexte international actuel

J’en viens aux éléments de contexte international qui incitent nos deux pays à se rapprocher encore davantage. D’abord, sur le strict plan politique, bien que le partenariat entre nos deux pays aille bien au-delà des agencements partisans et des aléas politiques du moment, il reste que certaines combinaisons sont encore plus propices à la coopération que d’autres. Nous avons depuis quelques années deux leaders, Emmanuel Macron et Justin Trudeau, qui sont de la même génération et d’orientation centriste : les deux recherchent le centre large et se méfient des extrêmes.

Partout dans le monde, avec leurs styles et leurs sensibilités propres, nos deux gouvernements poussent dans la même direction, y compris dans les théâtres les plus chauds du globe, tels Gaza ou l’Ukraine. Touchant l’Ukraine, il est primordial que nos deux gouvernements, nos deux diplomaties, continuent de travailler de concert pour que l’appui à ce pays demeure résolu et indéfectible, tant aux États-Unis qu’en Europe. Alors que la guerre se prolonge, il fallait s’attendre à ce que le soutien de l’opinion publique dans plusieurs pays alliés faiblisse et que dans certains d’entre eux, l’appui à l’Ukraine cesse de faire consensus voire devienne un enjeu partisan.

Nous devons maintenir notre soutien résolu à l’Ukraine. Il faut appuyer l’Ukraine pour elle-même, mais aussi pour le monde entier. La preuve doit être faite une fois pour toute qu’un pays ne gagne rien à tenter d’envahir son voisin. Il est de la première importance de démontrer, à la face du monde, que le crime d’invasion ne paie pas. Il s’agit là d’un test d’une portée universelle qui dépasse le cadre européen, mais que l’Europe doit réussir, avec le soutien indéfectible de ses alliés atlantiques : les États-Unis et le Canada.

On ne sait pas ce qui donneront les élections américaines du 5 novembre 2024. C’est là une raison additionnelle pour que nous trouvions ensemble la façon appropriée de favoriser, quoi qu’il arrive, une politique étrangère américaine multilatérale et cohérente plutôt qu’isolationniste. Le Canada sait qu’il a un rôle clé à jouer sur ce plan et se prépare à tous les scénarios.

Tant le gouvernement français que celui du Canada sont résolument pro-Union européenne. Le gouvernement du Canada voit dans l’Union européenne rien de moins qu’une superbe réussite pour l’humanité, un allié crucial, un instrument essentiel pour la paix et la démocratie dans le monde. Idéalement, nous voudrions que le plus rapidement possible, l’Ukraine, la Géorgie, la Moldavie, tous les Balkans, rejoignent l’Union européenne. Cela encouragerait le progrès économique et les avancées démocratiques dans ces pays en plus de mieux les prémunir des influences russe et chinoise.

Mais d’un autre côté, le Canada comprend la prudence de la France et de l’Union européenne à s’assurer au préalable que tous ces pays, une fois acceptés dans l’Union, feront partie de la solution plutôt que d’ajouter aux problèmes de cohésion en termes de respect de la démocratie, de primauté du droit et de ferme appui à l’OTAN.

Le Canada a besoin d’une Union européenne fonctionnelle et efficace, appuyant partout la démocratie et l’État de droit. Nous intensifions nos efforts avec la France et les autres démocraties bien établies pour aider ces pays qui frappent à la porte de l’Union européenne à améliorer leurs pratiques démocratiques, de bonne gouvernance, de respect de l’État de droit et de promotion du droit des femmes et des minorités. Le sort des démocraties fragiles, en Europe comme sur les autres continents, qui ne doivent pas basculer dans l’autocratisme, est un enjeu-clé qui exige une concertation accrue entre la France et le Canada.

Le Canada souhaite également que le marché européen reste ouvert aux échanges et à l’innovation. En réponse au protectionnisme des États-Unis et pour se prémunir de la concurrence chinoise, l’Union européenne a tendance à adopter des politiques frontalières et fiscales protectrices qui risquent de faire du Canada une victime collatérale. D’où notre intérêt à maintenir une Union européenne cohérente, fonctionnelle et ouverte à nos arguments en faveur d’un commerce inclusif qui est la marque de fabrique de notre pays, et non une Europe incohérente et fragmentée par des nationalismes autocentrés.

L’une des mesures protectrices que l’Union européenne est en train de mettre en place est un mécanisme de tarification du carbone qu’elle imposera à sa frontière à l’encontre des pays qui n’appliquent pas de tarification du carbone chez eux. Le Canada fait valoir, jusqu’ici avec succès, à Bruxelles, à Paris, dans les autres capitales européennes, encore lors du dernier sommet Canada-UE tenu en novembre dernier à St. John’s, Terre-Neuve, que puisque nous avons mis en place notre propre système de tarification du carbone, les produits canadiens doivent entrer sur le marché européen sans obstacles liés à ce nouveau mécanisme.

Le rôle crucial du Canada dans la transition énergétique vers une économie décarbonée

Cette question cruciale de la tarification du carbone m’amène à aborder l’une des raisons principales pour lesquelles la France a tout intérêt à renforcer maintenant les liens déjà forts qui la rattachent au Canada.

Il se trouve que le Canada joue un rôle crucial sur le plan de la transition vers une économie décarbonée, étant l’un des rares pays qui combine à la fois une économie avancée et un sol gorgé de ressources naturelles. Parmi ses ressources naturelles, il y a celles qui sont indispensables pour alimenter la transition mondiale vers une économie décarbonée et digitale : les terres rares, le cobalt, le lithium, le nickel, le graphite, le cuivre, etc. Il s’agit d’amener au marché français et international les minéraux et les métaux critiques qui sont essentiels pour tout, des batteries aux voitures électriques.

Le Canada produit actuellement 22 des 31 minéraux critiques qu’il juge prioritaire, avec des dizaines de projets en cours de développement et de nombreux autres en exploration active. Plus spécifiquement, il se classe parmi les plus grands producteurs mondiaux de palladium, de titane, de platine et de nickel. Il est également le deuxième producteur d’uranium au monde, une ressource hautement stratégique et essentielle pour alimenter les centrales nucléaires françaises.

La France et les autres pays européens entendent accélérer le développement des énergies renouvelables et de l'hydrogène propre, perçu désormais non seulement comme une nécessité écologique, mais aussi comme un atout stratégique et une politique de sécurité. Cela va bien sûr intensifier les besoins urgents de l'UE en matériaux critiques. La demande de la France et de l’Europe pour le lithium sera multipliée par onze d’ici à 2030 ; pour les terres rares, la demande devrait plus que quadrupler.

À ce jour, l’extraction, le traitement et la transformation de ces minéraux et métaux stratégiques sont trop souvent concentrés dans les mains de quelques États autocratiques.

On pense en particulier à la Chine, qui contrôle la quasi-totalité de l’approvisionnement mondial de certains métaux, comme le gallium et le germanium, indispensables à la fabrication de semi-conducteurs, et choisit désormais d’en restreindre les exportations à des fins géopolitiques. C’est donc une bonne chose qu’un pays démocratique comme le Canada offre une autre source d’approvisionnement, pour éviter une trop grande dépendance envers un régime non-démocratique.

Le Canada dispose d'une grande expertise mondiale en matière d'exploitation minière. Près de la moitié des sociétés minières et d'exploration cotées en bourse dans le monde sont enregistrées au Canada. Le gouvernement du Canada se positionne comme un leader mondial du développement durable à tous les stades de la chaîne d'approvisionnement en matériaux essentiels. C'est précisément ce que l'Agence internationale de l'énergie demande au Canada de faire : s'affirmer de plus en plus comme la première nation minière pour le développement durable et responsable des minéraux.

Cependant, le fait est que le Canada aura besoin d’investissements énormes pour répondre à la demande mondiale de plus en plus pressante pour ces ressources critiques. Les Américains, les Japonais, les Allemands investissent de plus en plus au Canada. Le Canada est d’ailleurs devenu en 2023, selon l’OCDE, le troisième pays le plus bénéficiaire d’apports d’investissement direct étranger. Les Français doivent s’y mettre aussi, résolument et sans tarder. Il y a Thales au Nouveau-Brunswick ; Air Liquide pour la production d’hydrogène au Québec ; Stellantis dans la production de batteries en Ontario ; Roquette pour les protéines végétales au Manitoba ; Orano pour l’uranium en Saskatchewan ; et de multiples projets français d’énergie renouvelable en Alberta et à travers le pays.

L’humanité doit, en quelques décennies, changer rien de moins que la base matérielle de sa civilisation industrielle : passer de l’organique (les hydrocarbures : pétrole, gaz et charbon) au minéral (les matériaux critiques). La contribution du Canada sera essentielle pour que cette transition énergétique s’accomplisse. Le leadership de pays aussi technologiquement avancés que la France et le Canada est nécessaire pour freiner le réchauffement climatique et la perte de biodiversité de sorte que l’humanité se réconcilie avec la planète. Eh bien, pour cela, il faudra beaucoup d’investissements français au Canada, beaucoup de présence canadienne en France, une coopération intense entre nos deux pays, au sein de nos économies respectives et à travers le monde, dans tous les forums où la lutte pour le développement durable est en jeu. En somme, pour réussir la transition énergétique, la France et le Canada ont impérieusement besoin l’un de l’autre.

Conclusion : l’amitié franco-canadienne comme modèle pour le monde

Il y a bien d’autres sujets dont nous pourrions discuter, y compris les stratégies indopacifiques que nos deux pays viennent d’adopter et qui ne sont pas sans similitudes ; elles nous convient à mieux coopérer dans cette région du monde en plein essor. Mais il me faut conclure si je veux respecter mon engagement à m’en tenir aux 25 minutes que vous m’avez accordées.

J’attire l’attention sur le fait que cette année, le Canada va tenir le premier conseil des ministres conjoint de son histoire. Et avec quel pays le tiendra-t-il ? Oui, avec la France ! Il faut y voir un signe des temps. Pour tous les enjeux que je viens de soulever avec vous, de la transition énergétique à l’essor de la langue française, la France et le Canada sont des acteurs-clés. La coopération accrue entre la France et le Canada est un enjeu crucial pour nos deux pays, mais aussi, ne craignons pas de le dire, pour le monde.

Imaginons un monde où tous les pays de la terre jouiraient d’une amitié aussi profonde et fructueuse que celle qui lie la France et le Canada. Peut-on rêver d’un tel monde ? En tout cas, la France et le Canada doivent y travailler plus fort que jamais, épaule contre épaule, car c’est l’un des plus beaux idéaux que l’on puisse se donner.

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