Transcription – Épisode 16 : Entretien avec Peter Boehm
David Morrison : Peter, je suis heureux de vous revoir, cette fois devant un public. La dernière fois que nous avons tenu une séance des Dossiers d’AMC, vous vous apprêtiez à participer au Sommet du G7, et quel Sommet du G7 ce fut! Nous en parlerons dans un moment j’espère, mais cette fois, vous vous apprêtez à participer à un autre événement, peut-être encore plus important pour vous sur le plan personnel, c’est-à-dire votre retraite dans 30 ou 20... 48 heures environ. Après une brillante carrière de 37 ans dans la fonction publique. Nous croyons qu’il serait approprié, avant que nous soulignions votre retraite de façon formelle, ici, à l'administration centrale d’Affaires mondiales Canada, de vous demander de prendre quelques minutes pour réfléchir à votre carrière et plus particulièrement aux messages que vous souhaiteriez transmettre à vos collègues plus jeunes ou, devrais-je dire, vos collègues comptant moins d’ancienneté. En fait, à tous vos collègues alors qu’ils naviguent dans les eaux de la vie professionnelle et personnelle. Alors, j’ai examiné la transcription de notre première séance, qui a eu lieu, je crois, en mai ou en juin, et vous m’aviez dit que votre carrière n’était pas planifiée et que vous n’aviez pas de plan de carrière, mais vous aviez dit ensuite que les gens avaient toujours pensé que vous vouliez devenir ambassadeur de l’Allemagne. Lequel de ces énoncés est vrai?
Peter Boehm : « [Salutation en allemand] » Merci David, et merci de m’avoir réinvité. Je crois vraiment que ces Dossiers d’AMC sont une bonne chose. Nous sommes là à démontrer que nous sommes contemporains et que nous réfléchissons aux expériences des gens et à la mesure dans laquelle les collègues et autres personnes écouteront. Je crois que c’est une excellente façon de démystifier ce que nous faisons et de communiquer le message selon lequel ce que nous faisons est très intéressant. Ai-je planifié ma carrière? Non. J’ai passé la première partie de ma carrière en tant que latino-américaniste, et j’ai beaucoup aimé et cela a été extraordinaire. Nous avions également de jeunes enfants à l’époque et pour les enfants, le fait de vivre à La Havane et de parcourir les plages était fabuleux, tout comme au Costa Rica plus tard. Donc, j’étais très emballé par l’Allemagne. Mais je savais que les gens qui étaient sélectionnés pour aller à cet endroit étaient ceux ayant le plus d’ancienneté au sein du Ministère, et je n’avais jamais eu comme objectif d’y aller, mais j’y pensais. Je me disais que cela pourrait être bien, et cela a été Bonn. Et le fait que ce soit à Berlin, c’était encore plus fascinant.
David Morrison : Vous vous demandiez si vous deviez planifier de façon délibérée et vous fixer des objectifs ou être ouvert et suivre la vague. Là encore, lorsque nous avons enregistré les Dossiers d’AMC pour la première fois, vous avez conseillé aux jeunes de ne pas avoir peur, de poser des questions et d’anticiper les choses. C’est encore la façon dont vous procéderiez?
Peter Boehm : Je pense bien.
David Morrison : Je pensais à la carrière d’une personne. Je passe actuellement beaucoup de temps avec des gens, dont beaucoup tentent de devenir CDM [chef de mission] pour la première fois. Alors, comment avez-vous géré la situation?
Peter Boehm : Lorsque j’ai commencé, une grande partie du cheminement était fait pour nous. Cela était fait parce que nous étions un groupe très fermé. C’était principalement tous les FS [agents du service extérieur] dans la catégorie. On avait un agent des affectations. J’ai déjà été agent des affectations à qui on confiait le bien-être des potentielles affectations et des éléments semblables pour votre carrière. Les concours étaient en groupes ou en lots et ne comportaient jamais d’entrevue. Il y avait un groupe qui se réunissait et qui passait en revue tous les rapports d’évaluation. Si vous aviez un superviseur qui rédigeait correctement et remplissait les marges avec des platitudes à votre sujet alors vous aviez de bonnes chances. Bref, beaucoup de choses étaient automatiques. C’est très différent aujourd’hui parce que nous sommes une entité considérablement plus grande. Nous avons fusionné, par conséquent, nous avons amené différents aspects et différentes contraintes. Lorsque je me suis joint au Service des délégués commerciaux du Canada, l’intégration était quelque chose de relativement nouveau qui a pris environ une génération pour devenir efficace, à mon avis. Par conséquent, je crois que le défi des nouvelles personnes du Ministère est : quelle est ma place dans une entité fusionnée lorsque je n’ai pas d’agent qui s’occupe de mon propre bien-être et lorsque je dois fondamentalement mener mes activités dans un marché libre? C’est donc pourquoi j’ai dit dans mon message d’adieu et également dans le cadre de ce programme qu’il faut prendre certains risques. Vous devez vous faire connaître et vous devez être disposé à considérer différents aspects. Et franchement, faites également preuve de sérénité.
David Morrison : Je me suis aperçu que, à ce propos, le principal ingrédient manquant lorsque nous songeons à des affectations est en fait ce que la personne veut faire, où elle en est rendue dans son cheminement de carrière et quelles sont ses aspirations professionnelles. C’était probablement ce à quoi servaient, entre autres, les conversations avec un agent des affectations. Maintenant, dans un système de marché libre, il appartient vraiment au candidat de se faire connaître, de divulguer l’information qu’il veut faire connaître. C’est peut-être ce à quoi vous faites référence lorsque vous dites de ne pas avoir peur... de ne pas hésiter. Peut-être qu’on peut changer maintenant et parler un petit peu d’équilibre entre travail et vie personnelle. Vous avez toujours été connu, du moins depuis que nous nous connaissons, comme une personne qui, je ne veux pas dire qui ne prend pas le travail au sérieux, mais une personne qui a réussi à trouver cet équilibre. La première fois que vous avez participé à une séance des Dossiers d’AMC, vous avez parlé du fait d’avoir un enfant ayant des besoins spéciaux. Vous avez mentionné être fier d’avoir été l’un des premiers SMA [sous-ministres adjoints] en ville à prendre le congé parental en entier.
Peter Boehm : SMA masculin.
David Morrison : SMA masculin. À votre avis, d’où vient cette idée? Bien que cela soit sain, vos choix étaient-ils délibérés? Et encore une fois, quel conseil donneriez-vous aux personnes présentes dans la salle et aux personnes qui écouteront cet épisode?
Peter Boehm : Merci pour cette question David. Je crois que l’équilibre entre la vie personnelle et le travail c’est le défi le plus grand que nous avons ici. Ce n’est pas seulement avec les affectations, mais avec les thèmes, les dossiers que nous menons sont très difficiles, très durs de temps en temps et on doit travailler tout le temps. Donc, à mon avis, il est difficile de parvenir à cet équilibre. Vous devez déterminer si c’est le cas et cela dépend entièrement de vous, dépend en grande partie du type d’unité familiale ou d’unité conjointe que vous avez, ou de si vous êtes seul. C’est aussi important que...également, l’atteinte de l’équilibre signifie que vous devez expliquer ce que vous faites à la maison et pourquoi vous le faites et savoir que vous devez passer certaines nuits blanches. Je me rappelle avoir présidé le groupe de travail sur l’évacuation du Liban en juillet 2006. Nous étions ici tout le temps. Et le ministre MacKay est arrivé à trois heures du matin en apportant de la pizza pour tout le monde. Vous devez alors établir un équilibre en vous disant que vous venez de réaliser quelque chose de vraiment important et que vous avez besoin de vous détendre. Et le volet détente est vraiment important. C’est ce que j’ai dit aux gens après l’événement de Charlevoix. J’ai envoyé une note par le biais de mon nouveau iPhone. Je n’avais pas remarqué qu’une erreur s’était glissée par la fonction de remplacement automatique, au lieu de « décompresser au lac » on lisait plutôt « décomposer au lac », par conséquent, certaines personnes étaient vraiment inquiètes à mon sujet. Dans l’univers de la retraite anticipée.
David Morrison : À votre avis, ces difficultés sont-elles plus prononcées ou moins prononcées dans les missions?
Peter Boehm : C’est différent.
David Morrison : Ou est-ce possible de généraliser?
Peter Boehm : C’est une très bonne question David, parce qu’elles peuvent être plus prononcées, en un sens, en affectation, parce que l’on se trouve dans une bulle beaucoup plus petite, par conséquent on perd son anonymat. Et si vous éprouvez certaines difficultés qui vont des conflits dans vos relations personnelles à un épuisement sur le plan de votre santé mentale, les gens le remarqueront. D’autre part, en affectation, cela dépend de l’endroit où vous vous trouvez, car vous pouvez avoir un réseau de soutien plus étroit, parce que les gens le remarqueront. À l’administration centrale, vous auriez encore une fois si vous êtes dans une situation où vous avez besoin de conseils, accès à des conseillers sans les contraintes de plusieurs fuseaux horaires, par exemple. Donc, je crois que c’est une combinaison d’éléments. Ça dépend vraiment de la situation.
David Morrison : Vous faites mention de la santé mentale, et lorsque je pensais à cette conversation aujourd’hui et à votre héritage au sein du Ministère, je me disais que ce doit être un des principaux éléments, sinon le principal. Le travail que vous avez accompli comme champion, non seulement dans cette organisation, mais également, à mon avis, en ville, comme champion des questions de santé mentale en milieu de travail. À votre avis, quels sont les progrès réalisés et qu’est-ce qui reste à faire?
Peter Boehm : Je crois que nous avons fait beaucoup de chemin concernant les problèmes de santé mentale. Durant mes jeunes années dans cette organisation, si vous démontriez toute faiblesse ou pensiez le faire, vous pensiez que vous étiez cuit. Vous deviez démontrer que vous étiez fort tout en restant courageux face à l’adversité, et c’est la raison pour laquelle les gens restaient au bureau très tard. Par la suite, bien sûr, vous aviez en main votre BlackBerry en tout temps et vous n’aviez pas vraiment besoin d’être au bureau. Mais dans le fond, c’était la même chose que vous deviez démontrer. À mon avis, nous avons fait du chemin en déstigmatisant. Je me souviens que, quand j’ai rédigé mon premier blogue sur l’importance de la santé mentale, beaucoup de gens sont venus à moi pour me dire qu’ils éprouvaient des problèmes. Certains d’entre eux présentaient des problèmes de type limite. Je n’ai pas obtenu la promotion ou je n’ai pas obtenu l’affectation que je voulais, ce genre de chose. Et cela affecte ma santé mentale. C’est correct. Mais d’autres personnes présentaient des problèmes beaucoup plus sérieux. Mon patron est violent. Je suis victime de harcèlement. Je ne sais pas si je peux composer avec le fait d’être dans une mission difficile de niveau cinq. Cette situation met en jeu mon mariage... ce genre de choses. Certaines personnes prenaient les devants, en collaboration avec le greffier. La greffière, Janice Charette, et puis le greffier Michael Wernick, ont continué à réunir un très petit groupe du secteur privé et quelques SM [sous-ministres]. Je faisais partie de ce groupe, et nous avons commencé à préciser comment nous pouvions nous pencher sur cette question sur le plan de nos processus de RH. Nous avons beaucoup insisté sur l’examen de la formation dans l’avenir, et c’est pourquoi, à mon avis, il est vraiment important que tous les gestionnaires de niveau intermédiaire et supérieur, et tous les chefs de mission suivent un cours sur la santé mentale avant d’assumer leurs fonctions. Je pense que ce cours devrait être obligatoire. Je ne crois pas que ce soit encore obligatoire, mais je crois que nous allons dans cette direction. Et que pour nos cadres supérieurs, et même les gestionnaires qui sont encore au niveau intermédiaire, une partie de leur évaluation, une partie de leur PGR [plan de gestion du rendement] ou de leur EGR [entente de gestion du rendement] devrait traiter de la façon dont nous gérons la santé mentale. Et je crois que cela nous permettra de faire preuve de plus de sensibilité et de déstigmatiser toute cette affaire.
David Morrison : Je suis d’accord. Je vous donne l’opinion que je me suis forgée à ce sujet depuis que j’occupe votre ancien poste de SMA [sous-ministre délégué des Affaires étrangères]. La majorité des conversations tournent désormais principalement autour des problèmes de harcèlement et de bien-être en milieu de travail. Je crois que ces conversations sont intimement liées. Je crois que certains cas de harcèlement que j’ai observés depuis la prise en charge de mes nouvelles responsabilités ont des attributs semblables à certains problèmes de santé mentale connus de votre organisation. Évidemment, ces problèmes peuvent être aggravés dans les milieux de travail qui ne sont pas sains.
Peter Boehm : À ce sujet, j’ajouterais que, puisque les problèmes de santé mentale sont graduellement déstigmatisés, de plus en plus de gens en sont conscients. Cela signifie aussi que nous avons besoin de plus de ressources.
David Morrison : Oui, c’est vrai.
Peter Boehm : De toute évidence, c’est un défi pour tous les ministères; mais cela signifie que nous avons besoin d’un plus grand nombre de conseillers et de plus d’argent pour la formation. Et de tout ce qui vient d’être mentionné. C’est là que nous ne pouvons pas nous permettre de traîner.
David Morrison : Parlons maintenant de comment le ministère a évolué pendant les 37 ans. Au cours de votre carrière, comment le ministère a-t-il évolué pour le meilleur et pour le pire?
Peter Boehm : Bon merci, j’ai parlé du… j’ai écrit quelque chose sur l’évolution de ce ministère dans le contexte où nous n’avions pas d’ordinateurs, avant, tout le monde fumait dans les bureaux, ils buvaient beaucoup trop, pendant des réunions aussi.
David Morrison : Ce n’est pas tout ce qu’ils ont fait.
Peter Boehm : J’allais aux réunions, j’entrais dans nos salles numéro 500 [salles de conférence] sur les différents étages, et les gens fumaient. J’assistais aux longues réunions sur les MC [mémoires au Cabinet], par exemple, pendant quelques heures. À la fin de ces réunions, mes yeux étaient en feu et je devais amener mes affaires chez le nettoyeur. Je crois que nous avons beaucoup évolué. Nous avons évolué grâce à notre nouveau cycle de nouvelles 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Nos maîtres politiques doivent être sensibles à cela. Tout doit bouger très rapidement. Cela, et la communication professionnelle que nous entreprenons. Lors de mon premier poste à Cuba, nous faisions des dépêches. Les dépêches étaient mises dans la valise puisqu’elles étaient des analyses. Le télex était utilisé pour un rapport qui était un peu plus actuel. Parfois, les dépêches arrivaient à Ottawa en une semaine ou deux, selon le moment auquel la valise était transportée. Puis, le chargé de dossier les lisait et les passait ensuite à la lame circulaire, la déchiqueteuse. Puis, s’il y avait quelque chose sur le BICO, on le prenait et on le mettait sur...
David Morrison : Combien de personnes savent ce qu’est un BICO?
Peter Boehm : Toutes les personnes d’un certain âge.
David Morrison : La première rangée ne compte pas.
Peter Boehm : Vous avez manqué le BICO. Les BICO étaient des registres. Ils gardaient les dossiers papier sur tout.
David Morrison : Mais dans le... c’est-à-dire que j’y pense beaucoup, moi aussi. J’ai été en poste à La Havane après Peter, et nous avions le même système.
Peter Boehm : Vous aviez le même coordonnateur.
David Morrison : Oui, c’est vrai. Nous avions le même système, car la plupart de nos rapports étaient placés dans une valise diplomatique. J’aimerais être plus convaincu que la pratique de la diplomatie est infiniment meilleure, car nous pouvons envoyer des rapports instantanés sur tout. Comme j’ai dû le faire à titre de troisième secrétaire, j’ai nettoyé les archives de l’ambassade à La Havane. J’ai vu ces belles lettres numérotées.
Peter Boehm : Mes rapports.
David Morrison : Bien joué. Mais il y avait d’excellentes analyses à plusieurs mois d’intervalles. Cinq ou six pages que vous ne trouveriez nulle part ailleurs de toute façon. Il existe une thèse de doctorat quelque part sur l’incidence de la technologie sur nos actions. Je ne veux pas vous laisser partir avant que vous nous ayez parlé un peu de vos regrets, si vous en avez.
Peter Boehm : Eh bien, David, j’ai envoyé un message au ministère dans lequel je disais n’avoir « aucun regret ». Vous me demandez donc de faire un Frank Sinatra de moi-même.
David Morrison : Non, mais allez, allez. Oui, oui, oui.
Peter Boehm : Des regrets, j’en ai eu quelques-uns. J’aurais aimé rester en développement plus longtemps; deux ans, ce n’était pas assez. Faire le sherpa juste comme ça, alors que j’étais en développement, ne m’a pas permis d’y consacrer autant de temps que j’aurais voulu. D’un autre côté, je n’aurais pas été en mesure de faire ce que je viens de faire, de travailler sur le sommet et en étroite collaboration avec le premier ministre. Alors, vous savez... il faut trouver un équilibre. Je regrette de ne pas avoir été affecté en Afrique. Je pense que ça aurait été fascinant, mais j’ai eu d’excellents postes. Alors c’est toujours une question d’équilibre.
David Morrison : Est-ce que certains postes se sont démarqués parce qu’ils étaient particulièrement intéressants sur le plan familial ou personnel?
Peter Boehm : Vous savez... je pense qu’ils étaient tous formidables. Je pensais à cela quand j’écrivais mes adieux. J’ai pleuré en quittant chacun de mes postes. S’il y a une chose que nous ne reconnaissons pas toujours dans le service extérieur, c’est qu’il y a des personnes merveilleuses recrutées sur place aux quatre coins du monde, qui attendent la prochaine cuvée de Canadiens, et...
David Morrison : Nous levons les yeux au ciel.
Peter Boehm : Deux ou trois semaines avant que ce soit comme ci ou comme ça, que vous sachiez si ça va ou non. Puis, vous avez des postes à différents moments de votre carrière, et si vous êtes chanceux comme je l’ai été et vous atteignez des niveaux de responsabilité supérieurs, le poste est différent et vous le voyez différemment. Le rôle de chef de mission peut causer une grande solitude. Vous devez vous débrouiller. Vous ne pouvez pas envoyer un message ou appeler à Ottawa lorsque vous vous demandez comment gérer une situation précise. Ai-je vraiment besoin de conseils? Peut-être pas. D’un autre côté, c’est différent lorsque vous débutez. Vous observez les autres de très près, y compris ceux des autres missions, ou même de la vôtre, et vous tentez de découvrir quelles sont les meilleures pratiques. Comment puis-je apprendre? Si vous êtes en pleine mission, ou quelque part dans une division avec un groupe de personnes, vous n’apprendrez pas grand-chose. Désolé, mais je suis plutôt franc. Je m’en vais bientôt.
David Morrison : Vous avez le droit d’être franc trois jours avant votre départ. Vous ne vous rappellerez pas de cela Peter, mais moi oui. Peter était mon patron en 1995, la première fois que j’étais au Ministère. Et en passant, il est un excellent patron. Il était directeur des sommets du G7 et j’étais chargé de dossier. J’ai ensuite quitté le Ministère pour me retrouver à un endroit où j’ai immédiatement commencé à diriger une équipe de dix, qui s’est ensuite agrandie assez vite. Puis, comme Peter l’a dit, vous vous retrouvez souvent dans des situations où vous devez gérer des employés, des ressources humaines, mais vous ne l’avez jamais fait auparavant. On me l’a vite imposé, et je me disais toujours « Qu’est-ce que Peter ferait? ». C’était ce que je me disais constamment. D’une certaine manière, je me le demande encore lorsque je fais face à de gros problèmes de gestion. C’est en quelque sorte ce que Peter m’a légué. Je sais que je ne suis pas le seul que vous avez inspiré et guidé. Je sais que je parle au nom de tous lorsque je dis combien vous allez nous manquer et que nous vous souhaitons tous nos vœux de réussite pour votre nouveau chapitre.
Peter Boehm : Eh bien, merci beaucoup David. Je vous remercie de votre gentillesse. J’ai certainement reçu beaucoup de messages en réponse à mon annonce que j’allais passer à autre chose. Toutefois, je prévois rester à Ottawa, et je ne vis pas si loin du Ministère. Je pourrai voir qui fait de bonnes et de moins bonnes journées, assis sur mon balcon, une bière à la main.
David Morrison : Vers midi. Alors, merci Peter, merci à tout le monde.
Peter Boehm : Merci David