Transcription – Épisode 19 : Entretien avec Marcy Grossman

David Morrison : Marcy Grossman a commencé sa carrière dans la fonction publique en ayant un vif intérêt pour les jeunes délinquants et un désir de travailler dans les services correctionnels. Elle y a passé presque une décennie avant de migrer vers le domaine international, d’abord à Industrie Canada, puis aux Affaires étrangères. Elle a passé le plus clair de son temps à l’étranger, aux États-Unis, en tant que consule générale à Miami et à Denver, et de vice-consule générale à Los Angeles. Marcy et moi avons récemment parlé de son parcours de vie, de son audace et de comment elle fait de la visualisation lorsqu’elle veut quelque chose. Alors, Marcy, merci de ta visite.

Marcy Grossman : David, merci de m’avoir invitée. Je suis surprise d’avoir été choisie, en fait.

David Morrison : En me préparant ce matin, je pensais à la première fois que nous nous sommes rencontrés, et mon souvenir est que c’était à l’automne 2013 et que j’étais sur le point de devenir le SMA Amériques, et il y avait une réunion de tous les consuls généraux de l’ensemble du réseau de missions aux États-Unis ici à Ottawa. Et tu es venue me voir avec une bière. Que tu m’avais achetée.

Marcy Grossman : Oui, de ma poche.

David Morrison : Et tu as dit je veux que… maintenant je sais que tu te souviendras de moi parce que je suis la personne qui t’a acheté ta première bière dans ton poste de SMA. Alors, avis à tous les auditeurs des Dossiers d’AMC, c’est une stratégie qui fonctionne.

Marcy Grossman : C’est une stratégie qui fonctionne.

David Morrison : Parce que je m'en souviens. En tout état de cause, c’est là que j’ai découvert, Marcy, que tu étais un pilier de notre réseau de missions aux États-Unis. Ayant servi à Dallas et à Miami, et à Los Angeles et à Denver, quand nous nous sommes rencontrés. Depuis lors, tu as fait beaucoup de travail pour mettre en place la coopération ministérielle en lien avec Investir au Canada et tu es maintenant sur le point de repartir en tant que CDM dans une autre partie du monde. Donc, nous allons discuter de beaucoup de choses. Mais commençons là où tout a commencé, à Montréal. Parle-moi de ton enfance.

Marcy Grossman : Merci. En premier lieu, oui, je suis née à Montréal, mais dans la banlieue. Comme on dit à Montréal, dans le West Island. Dans un petit coin dans l’ouest de l’île

David Morrison : Un petit coin anglophone.

Marcy Grossman : Oui, très anglophone. Cela a vraiment été le fléau de mon existence, d'autant plus que mon père était un Français de France et ne me parlait jamais en français, je vivais à Montréal et j'avais du mal à parler français.

David Morrison : Quand est-il venu au Canada?

Marcy Grossman : Il est arrivé au Canada juste après la guerre. En fait, il a survécu à l’Holocauste et a réussi à faire immigrer sa famille au Canada. En fait, à l’âge de 17 ans, il est arrivé… en fait, il parlait allemand et français, et parle maintenant anglais sans accent. Donc, c'était un grand linguiste et malheureusement il ne m'a jamais parlé. Alors c’est la raison pour laquelle nous parlons en anglais aujourd’hui, mais je me prépare à suivre une formation afin de mieux parler en français.

David Morrison : As-tu des sœurs ou des frères?

Marcy Grossman : J'ai une sœur. Elle est un peu plus jeune que moi. Elle habite à Toronto. Elle a deux jeunes enfants et nous avons eu une très belle existence en grandissant dans l'ouest de l'île. C'était un peu comme la campagne à l'époque, il n'y avait pas beaucoup de liens avec le centre-ville. Nous n'avons pas eu d’autobus pratiquement jusqu’au jour où je conduisais déjà. Donc, nous étions un peu disloqués. Alors être dans la grande ville était une grande chose, mais c'était une sorte de belle existence pastorale dans l'ouest de l'île.

David Morrison : Et qu’est-ce qui t’a amenée à Ottawa?

Marcy Grossman : En fait, comme toutes bonnes filles juives de Montréal, je suis allée à McGill. Il n’y avait pas matière à discussion.

David Morrison : D’accord.

Marcy Grossman : Ce n'était même pas un sujet de conversation chez moi. Je n'ai même jamais demandé à haute voix « je me demande où je devrais aller à l'université », parce que tout le monde allait à McGill. Pourquoi tu n'y irais pas? Pourquoi voudrais-tu aller ailleurs si tu es de Montréal? Et j’y suis allé la première année et je ne savais pas qu’il fallait quitter la maison pour passer du bon temps. Donc, il y avait des navettes de l'ouest de l'île et...

David Morrison : Ta mère était vraiment contente.

Marcy Grossman : Pardon?

David Morrison : Ta mère était vraiment contente.

Marcy Grossman : Ma mère était très contente et son portefeuille aussi. Mais j’étais misérable.

David Morrison : D’accord.

Marcy Grossman : Et, en fait, j’avais obtenu une admission anticipée à Carleton quand j’avais 17 ans, parce qu’à Montréal, on va en 11e année.

David Morrison : Au cégep.

Marcy Grossman : Mais avant même d’aller au cégep, tu peux obtenir une admission anticipée à Carleton. Tu fais une année préqualificative et tu peux y aller à l’âge de 17 ans. Alors, j’ai pensé à l'été et à comment, pendant l’été, je n'étais pas satisfaite de ma performance et je n'étais tout simplement pas heureuse, et j'ai appelé Carleton littéralement la fin de semaine de la fête du Travail, juste avant le début des cours de deuxième année et j’ai dit : « Vous vous souvenez de moi, j'ai postulé pour être admise, j'ai été en liste d’attente, j’ai fait un an à McGill, puis-je venir à Carleton? » Et ils ont dit  : « Oui, bien sûr, présentez-vous. » À l’époque, c'est essentiellement ce que vous deviez faire.

David Morrison : Oui, d’accord.

Marcy Grossman : Et je suis venu à Ottawa et j'ai adoré. C'était vraiment une occasion de m'épanouir en tant que personne et c'était parfait parce que j’ai toujours voulu travailler dans la fonction publique. Je savais que, depuis probablement l’âge de 16 ans, je voulais être psychologue. Je voulais aider les gens. Et en fait, j'ai su très tôt que je voulais être psychologue-criminologue. Donc, mon rêve était de travailler dans le système fédéral, tu sais, dans la grande demeure, les services correctionnels.

David Morrison : Pourquoi as-tu voulu devenir psychologue-criminologue? Certains diront que c’est…

Marcy Grossman : Un peu glauque.  

David Morrison : Une bonne préparation pour Affaires mondiales Canada, mais…

Marcy Grossman : Pour le service extérieur, oui. Honnêtement, c'est seulement, c’est vraiment seulement une pensée que j’ai eue. Je veux... je veux dire que c'est un peu un cliché, qui en fait m’est venu dans un rêve où je me voyais assise à un bureau, en face de jeunes délinquants. Ce n'étaient pas vraiment des prisonniers adultes, c’étaient des jeunes, et j’ai ressenti toutes les choses qui arrivent aux enfants défavorisés, qui leur causent des problèmes dans leurs jeunes années, ce qui peut être fait pour briser ce cercle et les aider. Et je me suis vraiment engagée à faire cela et j'ai fini par obtenir une maîtrise en psychologie criminelle de Carleton.

David Morrison : Alors, tu as gradué et tu t’es jointe à Service correctionnel Canada.

Marcy Grossman : Oui, le rêve, le rêve. Beaucoup de gens me demandent si, lorsque je leur dis que je suis allé à Carleton, ils pensent que je suis allé à l'École Norman Patterson [des Affaires internationales]. J'ai dit : « Non, je n'ai pas pris services publics… je n'ai pas pris science politique. »

David Morrison : Donc, tu as travaillé dans des prisons?

Marcy Grossman : Je l’ai fait. Je l’ai fait. J'ai fait ma thèse de maîtrise. C'était un projet de recherche clinique appliquée. J'étais... J'ai développé un programme de traitement pour les jeunes contrevenants au Centre de détention d'Ottawa Carleton. Je l'ai mis en œuvre, je l'ai évalué. Et avec cela et ces qualifications, j’ai traduit cela en coopérative, pas une coopérative, en fait, une PFETE [Programme fédéral d'expérience de travail étudiant].

David Morrison : PFETE.

Marcy Grossman : Peu importe comment cela s’appelait, étranger, non, pas étranger, service fédéral…

David Morrison : Fédéral… emploi étudiant quelque chose quelque chose.

Marcy Grossman : Quelque chose, quelque chose, peu importe comme on l’appelait à l'époque. Je venais tout juste d'obtenir mon diplôme… Je venais de terminer mon mémoire de maîtrise et j'ai trouvé un emploi dans les services correctionnels fédéraux durant l'été. Et je me disais : « Je ne quitte pas cet endroit. Je me plais beaucoup ici. » C'était ma vocation.

David Morrison : Et tu as passé une décennie, presque une décennie…

Marcy Grossman : Presque une décennie. En fait, c’était près d’une décennie.

David Morrison : Et ensuite? Comme t’es-tu converti d’agente correctionnelle à…

Marcy Grossman : Eh bien, deux choses.

David Morrison : … et c’est… c’est un travail, les services correctionnels fédéraux, qui aurait pu t’envoyer n’importe où au Canada. Vraisemblablement.

Marcy Grossman : C’est exact. Donc, tout d'abord, après mon expérience en prison, je suis arrivée à la tour d'ivoire, j'ai réalisé que je n'étais pas une personne de prison. Comme mon objectif professionnel n’était pas d’être gardienne et de diriger une prison, j’avais aimé la tour d’ivoire. J'aime faire des choses, j'aime décréter des politiques, créer des programmes pour que d'autres personnes les mettent en œuvre. Mais je ne voulais pas retourner en prison. Je trouve ça très décourageant. Et j'ai été promu à plusieurs reprises au cours de ces premières années, ce qui m'a amené de plus en plus loin du contenu de ce que je faisais. Et donc c'était beaucoup plus administratif. Et puis cela a commencé à générer des occasions pour moi et des possibilités, et je me suis fait remarquer par un SMA à l'époque. J'étais en quelque sorte un officier subalterne et j'ai été choisie pour le programme d'attribution de carrière, qui à l'époque était le Can... le programme le plus ancien du gouvernement fédéral, et il s'agissait essentiellement d'un programme de formation destiné aux cadres supérieurs, une série de séances d'apprentissage et différents stages que vous feriez une année dans un ministère fédéral différent afin d’acquérir différents types d'expériences.

David Morrison : Alors, où as-tu travaillé?

Marcy Grossman : Je suis allée au Conseil du Trésor, car bien sûr, obtenir un organisme central était une grosse case à cocher. J’ai eu un poste à l’interne au service correctionnel en tant que directrice des relations fédérales-provinciales, donc j'ai eu une idée de ce à quoi ressemblait cette expérience. Je suis allé à l’École de la fonction publique du Canada, qui s'appelait à l'époque le Centre canadien de gestion, mais je sais toujours que je veux faire quelque chose à l’international. Mais j'ai toujours pensé que ce serait dans le correctionnel. J'ai toujours pensé... alors j'ai voulu essayer de transposer. Et je devais faire... et l'autre chose était que cela m'obligeait à avoir un plan quinquennal parce qu'ils ne vous laisseraient pas avancer à moins que vous ayez ce plan au sujet d’où vous vouliez être affecté et de comment vous vouliez apprendre. J'ai donc essayé pour ma cinquième mission d'essayer de la convertir en une mission internationale, qui me ferait aller en Bosnie ou dans l'un des nouveaux « stan » pour les aider à créer un système judiciaire et un système correctionnel. Ceci était comme ma grande passion et c’était vraiment le seul contenu que je connaissais. Mais je ne pouvais tout simplement pas... Je ne savais pas comment y arriver. J'étais donc un peu découragée et j'ai été aiguillée vers une femme qui était DG d’un organisme appelé Partenaires pour l'investissement au Canada, lequel était essentiellement le précurseur de ce qui est maintenant le nouvel organisme ministériel Investir au Canada. Elle était très gentille et elle semblait très sympathique et je cherchais juste un endroit chaleureux où travailler parce que j'étais un peu découragé de ne pas pouvoir réaliser mon rêve. Et c'était génial. Elle était, tu sais, c’est ce que je dis à beaucoup de gens, c'est, vous savez, que vous ne devez pas toujours aller là où le meilleur travail se trouve. Parfois, il vaut mieux aller…

David Morrison : Où se trouve le meilleur patron.

Marcy Grossman : Où est le meilleur patron. Cela ne peut jamais décevoir, même si c'est juste un point de transit pour vous, cela ne peut jamais vous décevoir. Et elle semblait géniale et elle était géniale. Et avant de m’en rendre compte, je faisais partie d’une organisation cogérée par Industrie Canada et le ministère des Affaires étrangères. Et je voyais ces messages à diffusion générale qui présentaient ces possibilités d’emplois, et finalement, au bout de quelques mois, je me disais : « Suis-je autorisée à postuler à ces postes? » Et ils ont dit : « Ouais, ouais, certainement, ouais, si tu es ici, tu peux postuler »; et c'est ce que...

David Morrison : C’étaient des occasions d’emplois temporaires ou…?

Marcy Grossman : Non. Eh bien, ils auraient pu être des ST, mais comme cette organisation était cogérée par les deux ministères, les employés de cet agent spécial, ce n'était pas une OSS, c'était juste une petite unité unique. Nous étions en mesure de postuler à des postes même si je n’étais pas permutante.

David Morrison : Alors, tu étais une CO ou tu étais…

Marcy Grossman : J’étais une EX moins un.

David Morrison : EX moins un.

Marcy Grossman : Je faisais ce dernier stage et ensuite j'allais passer mes examens de direction, et je deviendrais un cadre, je l’espérais, si je réussissais les examens.

David Morrison : Oui, c’est une chose que je viens d’apprendre de Marcy avant que nous n’entrions en ondes, que le point culminant de ce programme CAP, tu as dit, a été un processus de deux jours d’examens et, quoi? d’entrevues?

Marcy Grossman : Psychologiques, oh, mon Dieu. C’est deux jours. Vous alliez à ce qu'on appelait un centre d'évaluation psychologique. La veille de votre départ, ils vous donnaient un paquet de matériel et ils vous allouaient un personnage. Je ne dirai pas s'ils l'utilisent encore, mais j'étais directrice d'un site de Parcs Canada.

David Morrison : Et tu devais faire un jeu de rôle.

Marcy Grossman : Et j'ai dû faire un jeu de rôle pendant deux jours. Je jouais donc, je savais qui j'étais quand je suis arrivée, et puis je devais faire une énorme boîte de réception et la nettoyer, des exercices de boîte de réception. Et ensuite des acteurs commençaient à apparaître dans ma pièce où j'étais, et il y avait quelqu'un dans le coin qui prenait des notes pour évaluer mes comportements. Alors Greenpeace est venue et je suis allé à une réunion du personnel, et mon objectif était, tu sais, ils vous disaient que vous deviez passer à travers cet ordre du jour et la réunion du personnel. Et il y avait, comme, des acteurs, comme se jetant sur la table en essayant de s’entretuer, et je disais : « Oh, attendez, attendez. » Tu sais.

David Morrison : De toute façon, je pense que ce programme n’existe…

Marcy Grossman : Malheureusement, non.  

David Morrison : … plus.

Marcy Grossman : C’était fantastique.

David Morrison : Mais c’était, tu sais, évidemment pour essayer de créer un cadre de…

Marcy Grossman : C’était.

David Morrison : … gens dans l’ensemble du gouvernement qui avaient une expérience commune.

Marcy Grossman : Exact.

David Morrison : … et reconnus comme cadres à haut potentiel.

Marcy Grossman : Oui.

David Morrison : … et qui ont été testés dans…

Marcy Grossman : Exactement.

David Morrison : … le EX1.

Marcy Grossman : Oui, c’était très prudent.

David Morrison : Très prudent...

Marcy Grossman : Sélectif.

David Morrison : … cultivant le talent. Et tu t’es retrouvée à Dallas.

Marcy Grossman : Oui. Alors, une fois que je... alors, mon mari avait une sœur à Dallas et il a toujours voulu vivre à Dallas. Et quand vous travaillez dans les services correctionnels, vous ne pouvez jamais vivre à Dallas, car Dallas est l'antithèse de ce que faisait le Canada. J'étais... J'ai adoré le Service correctionnel du Canada à l'époque, comme la réadaptation consistait d’abord et avant tout à ramener les gens dans les collectivités et, tu sais, à réduire le taux de retour. C'était une grande priorité. Ils ne font pas ça à Dallas. J'ai dit que nous n'irions jamais à Dallas. Je ne pouvais pas demander au sous-ministre des services correctionnels, le commissaire, d’aller en affectation à Dallas. Ce ne serait jamais autorisé.

David Morrison : La philosophie américaine était tout simplement si différente.

Marcy Grossman : Oui, surtout là où ils privatisaient tout. Il avait toujours voulu aller à Dallas et cette unité dans laquelle je travaillais avait un projet pilote à Dallas, et j'étais comme, oh, peut-être que si je m'alignais sur ce projet, quelque chose pourrait arriver. Je faisais donc partie de ce projet pilote. Nous faisions des tests, c’était une marque. Nous avons essentiellement examiné, interviewé des PDG sur le marché pour voir ce qu'ils pensaient du Canada, s'ils investiraient au Canada, ce genre de choses. Et j'ai trouvé le travail fascinant et j'ai commencé à développer de nouveaux contenus et une occasion de mission temporaire s'est présentée. Le premier ministre Chrétien dirigeait la dernière Équipe Canada Ouest et la dernière mission Équipe Canada de ce jour à Dallas et à Los Angeles, et le poste d'agent des investissements était vacant. La femme était soudainement partie au milieu de l’affectation. C'était au début de son affectation, c'était en novembre, ils n'avaient personne à cette place et quelqu'un devait produire une table ronde sur l'investissement. Donc, ils avaient besoin de quelqu'un pour aller à Dallas pendant deux semaines pour faire ça. J’ai dit : « Eh bien, tu sais, prenez-moi. »

David Morrison : Alors, pour commencer, juste pour expliquer un peu à nos auditeurs plus jeunes.

Marcy Grossman : Oui!

David Morrison : Dis-nous en 30 secondes de ce qu’était Équipe Canada. Quelle était cette approche?

Marcy Grossman : Oui, il s'agissait donc d'Équipe Canada Ouest, alors cela ne concernait que les premiers ministres provinciaux de l'Ouest et possib… probablement des territoires. Mais dans une Équipe Canada complète, le premier ministre irait avec chacun des ministres de chacun des pays et un...

David Morrison : Chacune des provinces.

Marcy Grossman : Désolée, excusez-moi. J’ai vécu trop longtemps aux États-Unis. Je ne distingue pas les provinces des territoires et des pays. Chacune des provinces. Donc, les premiers ministres de chaque province et des délégations commerciales, et ils se sont tous retrouvés à un endroit. Habituellement en Europe, en Chine ou ailleurs, et ils avaient pour objectif de promouvoir le Canada, de promouvoir la marque Canada, de signer des accords, tu sais, des PE ou des accords ou de nouveaux accords commerciaux.

David Morrison : C’étaient de massives…

Marcy Grossman : Des productions massives.

David Morrison : … de promotion du commerce et d’attraction des investissements.

Marcy Grossman : Exactement, oui. Essayer de signer des ententes…

David Morrison : Des engagements.

Marcy Grossman : Oui. Et les premiers ministres faisaient la promotion de leurs provinces respectives. Et bien sûr, à l’époque, Gary Doer était le premier ministre du Manitoba et il faisait la promotion de la couronne royale, comme il l’a fait en tant qu’ambassadeur, n’est-ce pas, auprès des États-Unis, ambassadeur canadien. Mais alors oui, c'était énorme et tout le monde chantait et dansait et il n'y avait personne pour accomplir une tâche importante.

David Morrison : D’accord.

Marcy Grossman : Alors j'ai dit, eh bien, je vais y aller. J'étais flexible. Je suis allée, j’ai appelé directement au bureau de Michael Dell. Tu sais, peu importe qui, je n'avais pas, je n’avais aucune idée de ce que je faisais, mais finalement…

David Morrison : Pour les auditeurs qui ne l'ont pas encore compris, Marcy n'a peur de rien. Elle saute sur tout à pieds joints. Tu as donc relevé ce défi.

Marcy Grossman : J’ai réussi au bout des deux semaines, la table ronde sur les investissements a été couronnée de succès et, à la fin des deux semaines, je suis allée voir le chef de mission et j'ai dit : « Vous savez, je sais que votre responsable des investissements est parti. Vous n’aurez personne avant la rotation estivale, c'est le 1er décembre maintenant, la mission est terminée. » J'ai dit : « J'adorerais revenir et remplir ce poste pour vous. Je pourrais venir immédiatement, mes enfants sont mobiles, mon mari est mobile. » Et bien sûr, j'ai reçu comme réponse : « Eh bien, vous savez, vous n'êtes pas vraiment d'ici. Vous êtes vraiment, vous savez, vous êtes nouvelle. » J'ai dit : « Eh bien, avec tout le respect que je vous dois, Monsieur, je suis meilleure que personne. Je vous l'ai prouvé. Je peux faire quelque chose. » Et bien sûr, le 16 février, nous sommes le 1er décembre, et le 16 février, je me suis présentée à Dallas, au Texas, à titre d’agente des investissements, deux enfants en remorque, inscrits à l’école, la maison vendue, boom.

David Morrison : Chutzpah.

Marcy Grossman : Chutzpah, chutzpah, certainement.

David Morrison : Il y a... Je pense qu'il y a un thème qui va revenir dans cette conversation. Mais quoi qu'il en soit, tu as réussi à faire de cette expérience une expérience remarquable au sein du réseau américain. Donc, de ce poste en investissement à Dallas à celui en règle de CDM consul général à Miami, avec une accréditation auprès de Porto Rico.

Marcy Grossman : Les îles Vierges américaines.

David Morrison : Et d’autres endroits.

Marcy Grossman : C’est un poste difficile.

David Morrison : Ouais. Ensuite, tu es allé à Los Angeles. Et les auditeurs devraient savoir que ces affectations aux États-Unis durent normalement quatre ans et parfois cinq ans. Quoi qu'il en soit, quand Marcy m'a acheté cette fameuse bière au centre-ville d'Ottawa, la seule autre chose que je savais d'elle, c'était qu'elle n'était pas revenue à Ottawa depuis plus de 10 ans, ce qui m'a fait apprécier encore plus sa chutzpah. Parle-nous, Marcy, de cette course et de pourquoi, tu sais, lorsque tu t’es jointe au service extérieur ou lorsque les gens pensent à ce ministère, ils ne pensent pas nécessairement à être affectés aux États-Unis.

Marcy Grossman : D’accord.

David Morrison : Tu sais, nous avons des consulats à Minneapolis et à Détroit. À…

Marcy Grossman : 12 consuls généraux.

David Morrison : … évidemment Denver et d’autres places. Mais qu’est-ce que c’est d’être un agent du service extérieur aux États-Unis?

Marcy Grossman : C’est vraiment incroyable. Eh bien, premièrement. C’est incroyable pour quelques raisons. Une des raisons est que personne ne souhaite les États-Unis.

David Morrison : Exact.

Marcy Grossman : Ils, ce n’est pas… la plupart de gens… Comme moi, je ne viens pas du service extérieur, n’est-ce pas. Je travaillais en prison. N’importe quoi semble mieux que la prison. Mais quand la plupart des gens se joignent au service extérieur, ils veulent avoir une véritable expérience à l’étranger. Ils veulent aller dans des villes comme Beijing, Paris et Londres, et ils veulent avoir des affectations difficiles, et les gens de l’ACDI veulent, tu sais, aller aussi loin et se salir autant qu’ils le peuvent. Et les anciens de l’ACDI, excusez-moi. Et les conseillers politiques veulent aller à Genève et etc., etc. Personne ne souhaite les États-Unis, alors c’était parfait pour moi. Je me suis dit que c’était des occasions parfaites.

David Morrison : Mais, tu sais, tu es une diplomate dans une ville…

Marcy Grossman : Oui.

David Morrison : … sans diplomates.

Marcy Grossman : Oui. Raison de plus pour que tu puisses posséder une ville, par ce que tu es comme une singularité. Pour certains, je dirais qu’à Los Angeles et à Miami une grande portion du personnel consulaire savait ce qu’est un diplomate, ils savaient ce qui constituait ton emploi, ils savaient que tu avais une plaque d’immatriculation différente. Je dois dire qu’à Denver il n’y avait pas un grand noyau consulaire, et même à Dallas, c’était un peu singulier. Mais ce que les gens ne se rendent pas compte des États-Unis, c’est que ce n’est pas un seul marché. C’est 50 marchés. Chaque État est différent. Je veux dire que si la Californie était un pays, je pense qu’il serait maintenant la septième économie en importance dans le monde. Texas, le PIB du Texas est probablement plus élevé que celui du Canada. Je sais que la Californie a dépassé le Canada. Et que les philosophies et les cultures de chacune de ces régions sont tellement différentes. Et que même dans un territoire comme le Texas où je rajoute l’Arkansas, l’Oklahoma et le Nouveau-Mexique, vraiment tout est différent. Alors ils sont tous vraiment uniques. Je veux dire : tu es plus proche, Toronto est plus proche de New York que Dallas ne l’est, tu sais. Alors ils sont vraiment des pays et des territoires en eux-mêmes, et vraiment, vraiment intéressants. Alors bien sûr, et si tu as travaillé aux États-Unis, tu répètes la même chose pendant, tu sais, 20 ans. Les États-Unis est le marché primordial, et il n’y a pas plus évident que ça que c’est la vérité d’aujourd’hui.

David Morrison : Oui.

Marcy Grossman : En ce jour.

David Morrison : Quand j’étais sous-ministre adjoint pour les Amériques, je devais vivre ceci…

Marcy Grossman : Exact.

David Morrison : … sur une base quotidienne, premièrement en expliquant un peu doucement que, tu sais, nous vendons à peu près les trois quarts de tout ce que nous manufacturons aux États-Unis, alors notre présence là-bas est très importante. Et puis, bien sûr, depuis novembre 2016 et l’élection du président Trump, c’est devenu, tu n’as plus besoin de présenter cet argument.

Marcy Grossman : Non et ce n’est pas que le commerce.

David Morrison : Mais c’est aussi. Eh bien, ce n’est pas que le commerce, bien sûr, mais le rôle des diplomates canadiens aux États-Unis a dû changer, n’est-ce pas? Tu… c’était surtout…

Marcy Grossman : Je pense que j’ai quitté la scène juste au bon moment.

David Morrison : Bien, je veux dire…

Marcy Grossman : Je travaillerais d’arrache-pied maintenant plus que jamais par ce que c’est tellement important.

David Morrison : Oui, mais aussi tu ne serais pas… le cœur de ton travail quand tu étais à Denver…

Marcy Grossman : Exact.

David Morrison : … était la promotion du commerce.

Marcy Grossman : Exact, vendre des choses.

David Morrison : Oui… vendre des choses… et attirer l’investissement au Canada…

Marcy Grossman : Oui.

David Morrison : Et il y avait… tu avais besoin de contacts.

Marcy Grossman : Exact.

David Morrison : Tu avais besoin de connaître le gouverneur, tu avais besoin de… NORAD était là, c’est une institution importante, le gouverneur général…

Marcy Grossman : S’est rendu là.

David Morrison : … s’est rendu là quand tu étais encore là.

Marcy Grossman : Absolument!

David Morrison : Alors il y a une apparence de travail diplomatique traditionnel. Mais notre présence là-bas concernait vraiment les liens économiques entre le Canada et les États-Unis. Ceci demeure bien sûr le cas, mais nous avons un réseau là-bas, et le personnel a attiré énormément d’intérêt nouveau et d’attention en faisant du travail de représentation.

Marcy Grossman : Absolument.

David Morrison : Premièrement, dans les six premiers mois de l’administration Trump, il s’agit simplement de rappeler aux Américains qui ne sont pas de Washington, au niveau d’un État, au niveau municipal, que le Canada est souvent le principal partenaire commercial de cet État ou de ce territoire. La relation est excellente et ainsi de suite. Maintenant, en pleine phase critique d’une négociation de l’ALENA, cette présence se fait sentir encore plus.

Marcy Grossman : Absolument.

David Morrison : Alors tu peux avoir quitté la scène à un moment où, comme tu as dit, tu aurais dû travailler très fort.

Marcy Grossman : J’aurais travaillé deux fois plus fort, certainement. Parce que je vois ce que mes collègues font en ce moment et c’est incroyable. Convertir cette sorte de relation traditionnelle en une attitude très différente et une approche très différente. Et tu connais la fameuse citation de Tip O’Neill : « La politique est une affaire locale. » Et alors c’est là que le travail important doit se faire — avec vos gouverneurs, avec votre délégation du Congrès, avec vos sénateurs dans le marché — ce sont les gens qui votent sur les enjeux qui sont importants pour le Canada. Et tu dois, c’est ta priorité, les faire monter à bord et ce n’est pas plus important que maintenant.

David Morrison : Et ces gens sont souvent beaucoup plus accessibles…

Marcy Grossman : Absolument.

David Morrison : … dans leurs districts qu’ils le sont à Washington.

Marcy Grossman : Absolument. Le gouverneur du Colorado, John Hickenlooper, je pouvais l’appeler et aller à son bureau n’importe quand. Je le voyais dans la rue. Nous, tu sais, j’allais aux événements et le voyais tout le temps. Nous étions très amicaux.

David Morrison : Il sera au Canada bientôt. Et pour les auditeurs qui ne le savent pas, il est fréquemment évoqué comme un candidat démocrate à la présidence.

Marcy Grossman : Absolument, absolument.

David Morrison : Alors nous savons que ce sont les prochains…

Marcy Grossman : Oui, alors ce sont les prochains présidents.

David Morrison : Exact. Et, tu sais, je dirais que d’un point de vue ministériel nous n’avons plus besoin d’expliquer pourquoi notre présence dans l’ensemble des États-Unis est utile.

Marcy Grossman : Exact.

David Morrison : Par ce que je pense que c’est ce que l’on voit depuis novembre 2016. Revenons à ton parcours. Tu es revenue des États-Unis parce qu’au fond, on t’a fait revenir.

Marcy Grossman : Tu m’as fait, David.

David Morrison : Marcy était excellente dans les discussions sur le rendement, que nous avions au téléphone quelques fois par année, elle et moi. Comment vont les choses, quels sont tes objectifs, qu’est-ce que tu as fait pour moi récemment. Et ceci est j’espère un message qui s’applique de façon générale aux auditeurs. J’ai toujours apprécié que Marcy ait été exceptionnellement claire avec moi, en tant que son superviseur, quant à ce qu’elle voulait comme prochaine étape dans sa carrière, comme prochaine affectation, et comme but ultime. Parce qu’elle n’obtenait pas toujours ce qu’elle voulait, mais au moins, j’étais capable de dire, quand le nom de Marcy apparaissait, quand on discutait d’affectations : « Oh, Marcy est aux États-Unis depuis longtemps. Voici comment elle voit sa carrière évoluer et voici son but ultime. » Ceci était une chose très utile à savoir en tant que superviseur. Alors j’encourage tous ceux qui sont en train d’avoir des discussions sur le rendement avec leur superviseur à réfléchir à l’avance à ce qu’ils veulent. Parle-moi un peu de, je veux dire chutzpah est déjà quelque chose qui a été soulevé.

Marcy Grossman : Exact.

David Morrison : Marcy en a beaucoup dans son assiette. Mais, dis-moi, comment ceci a fonctionné pour toi?

Marcy Grossman : Alors c’est comme un processus double. Premièrement, être dans le programme CAP m’a en fait forcée à établir un plan quinquennal. Je pense que tout le monde devrait avoir un plan quinquennal, parce que si tu n’as pas de plan sur cinq ans, tu ne sais pas où tu t’en vas. Beaucoup de gens disent : « Bon, je me laisse porter par le courant, les choses surviennent, peu importe. » Ceci est probablement une fabuleuse façon de diriger l’univers. Ce n’est juste pas ma façon. Et c’est ce qui m’a vraiment aidé. Alors j’ai en fait dû dire, cette première année, où j’allais être pour les cinq prochaines années parce que je changeais d’emploi chaque année. Je savais que je voulais finir à l’internationale. Et l’autre part de l’équation est que là, eh bien, tu dois communiquer ceci aux supérieurs, à l’univers. Et tu dois réellement y mettre un peu du tien. Alors je sais que si je veux avoir une affectation quelque part à l’international, dans ma cinquième affectation pour le programme CAP, alors je dois m’aligner sur les gens qui font des choses à l’international, je dois apprendre quelque chose à propos de l’international. Je dois le faire. Et si quelque chose d’autre survient, quelqu’un m’offre une autre occasion, je dis non parce que je sais ce qu’est mon but. Mais l’autre chose intéressante qui est m’arrivée est que j’ai réellement commencé à le visualiser et le ressentir, et à saisir à quoi ça ressemble. Et alors, quand je suis arrivée à Dallas, j’étais quand même une EX moins un. J’étais, pratiquement, mon poste était à Industrie Canada, mais je savais que je ne voulais pas quitter les Affaires étrangères, et j’ai commencé à imaginer comment je pourrais transposer ceci en une carrière aux Affaires étrangères parce que j’étais en détachement lorsque je suis allée à Dallas pour cette affectation. Et j’ai obtenu mon diplôme de cadre EX, mais comme après je suis arrivée à Dallas, et là j’ai commencé… et je m’amusais bien comme agent des investissements. J’ai commencé à m’intéresser à l’emploi de mon patron, délégué commercial principal, et je me suis dit : « Ceci semble bien. »

David Morrison : « Oui, je pourrais faire ça. »

Marcy Grossman : Je pouvais me voir faire ça. Et bien sûr, et j’ai dit : « Je pense que je pourrais le faire mieux que lui aussi. » Et bien sûr…

David Morrison : Ce sentiment est répandu… répandu dans ce ministère.

Marcy Grossman : Exactement. Probablement tout le monde pense cela et j’ai juste commencé à m’imaginer ce que je ferais si j’étais déléguée commerciale principale. Bien sûr, pas de mensonge, le délégué commercial principal est disparu dans le milieu de la nuit, à la mi-affectation, pour ne plus jamais être revu. Et j’ai un an d’expérience en investissement et je retourne voir le chef de mission à la mission. Je dis : « Tu sais, j’aime beaucoup ça ici. Je pense que tu peux voir que je fais du très bon travail. Vraiment, je, tu sais, regarde le poste de délégué commercial principal, je pense que je pourrais le faire. » Il dit : « Bien, tu sais, tu seulement, tu es en détachement, tu es quand même un EX moins un, c’est n’importe quelle position EX1. » J’ai dit : « Tu sais c’est février. Comme tu ne vas pas trouver quelqu’un avant une affectation d’été. » J’ai dit : « Je suis meilleure que personne. » Et il y a pensé pendant quelques jours et il m’est revenu, il a dit : « D’accord, tu peux l’avoir. » Bien, en même temps, j’ai fini mon…

David Morrison : Tu as eu ton EX1.

Marcy Grossman : … exécutif. Maintenant, je suis un EX1 à Industrie Canada, et j’y pense, et je suis une déléguée commerciale principale et je suis comme, ça prend de plus en plus d’ampleur, n’est-ce pas? Je suis dans ma deuxième année. Tu sais, je suis quand même une étrangère, comme je viens toujours d’Industrie Canada. Un matin, je me réveille en 2003 et je découvre que toutes les ressources de Partenaires pour l’investissement au Canada ainsi que les autres employés d’Industrie Canada sont transférés…

David Morrison : Aux Affaires étrangères.

Marcy Grossman : Aux Affaires étrangères. Maintenant je suis une EX1 permutante au ministère des Affaires étrangères et du Commerce international. J’étais au septième ciel.

David Morrison : Exact.

Marcy Grossman : Et puis après un an j’ai commencé, et je sais qu’il y a de grands élans encore, des succès, des renforcements positifs, des visions. J’étais comme, je voulais être dans la course pour quelque chose de plus gros. Mon patron m’a offert une extension parce que je suis arrivée dans une demi-année. Il a dit : « Tu sais, tu veux rester une autre année parce que tu quitteras à trois ans et demi au lieu de quatre… quatre, tu sais, quatre et demi. » J’ai dit : « Tu sais, j’apprécie beaucoup ton offre, j’ai dit, mais je vais être dans la course pour un poste de chef de mission. »

David Morrison : Pour Miami.

Marcy Grossman : Pour être chef de mission.

David Morrison : Ce qui était…

Marcy Grossman : Miami.

David Morrison : … ce qui était probablement un EX2.

Marcy Grossman : C’était un EX2, oui. Et il a dit « Chère… », Dieu le bénisse, il était un homme agréable, il m’a donné beaucoup de bons conseils. Il dit : « Ça ne va pas arriver chaque année. Tu viens juste d’arriver. Tu as été promu par cycle. Tu viens juste de devenir une EX1, tu viens juste de te joindre au personnel permutant du service extérieur. Comme ce n’est pas la façon que ça fonctionne ici. » J’ai dit : « Peu importe. Je m’en remets à l’univers. » Encore, pour le chef de mission, avec ces emplois tu dois mettre cinq emplois que tu peux t’imaginer faire et j’ai pensé « je veux aller à Miami ». C’est là que mes gens sont. C’est là que sont mes expatriés canadiens. C’est là que la plus grande diaspora juive est et la diaspora canadienne juive. Ce sont mes gens. Je peux m’imaginer là-bas. Et bien sûr, l’univers a répondu, et j’ai été probablement la dernière à savoir que j’avais eu le poste de chef de mission.

David Morrison : Alors simplement pour des raisons de temps, nous devrons passer Los Angeles et Denver. Nous en avons déjà parlé. Je veux te parler un peu de ce que tu as essayé d’accomplir pour les ERP [employés recrutés sur place] aux États-Unis. Quand nous nous sommes rencontrés, tu étais la championne formelle ou informelle des enjeux des ERP pour l’ensemble du réseau…

Marcy Grossman : Exact.

David Morrison : … ce qui représente 13 ou 14 missions.

Marcy Grossman : Exact.

David Morrison : Les ERP aux États-Unis représentent 10 % des ERP dans le monde. Et ils tendent à être de niveau très supérieur.

Marcy Grossman : Absolument.

David Morrison : Ils publient une série de coupures. Il y a beaucoup de ERP9 qui sont des délégués commerciaux principaux, des spécialistes sectoriels. Parle-nous un peu à ce sujet et de, tu sais, la rentrée dans ce type d’informelle…

Marcy Grossman : Arène.

David Morrison : Bien, arène, mais aussi pour toi un vrai leadership.

Marcy Grossman : Oh oui, c’est devenu cela. Cela a commencé comme une idée folle. Alors je pense que c’était cette réunion où je t’ai rencontré. Je n’étais pas vraiment encore la confirmation pour Denver. Je pense que j’étais encore assise à Los Angeles, et parce que j’étais l’adjointe là-bas, j’ai juste, j’ai été autorisée à aller à cette réunion. Et nous avons eu un breffage à cette réunion, dans la grande salle de réunion en bas, et les RH ont commencé à parler de tout ce qui serait déployé pour les ERP, dont le Conseil du Trésor avait transféré les pouvoirs au ministère ou à un échelon supérieur. Que nous allions regarder les pensions et les bénéfices et qu’il y aurait une grande revue salariale cette année-là. Et après avoir travaillé aux États-Unis côte à côte avec des employés recrutés sur place pendant, tu sais, à ce point probablement 12 ans. Je connaissais l’importance de cette main-d’œuvre. Comme tu as dit ces… ceci est comme le cœur.

David Morrison : C’est le cœur et l’âme de…

Marcy Grossman : Le cœur et l’âme, spécialement aux États-Unis.

David Morrison : Certains sont des Canadiens.

Marcy Grossman : Certains sont des Canadiens.

David Morrison : Beaucoup sont des Américains.

Marcy Grossman : Certains ne sont pas des Canadiens, mais ils jouent un très bon Canadien à la télé. Comme, parce qu’ils sont si passionnés par ce qu’ils font, ils sont si engagés à ce qu’ils font. Ils ne font pas, tu sais, il n’y a aucune différenciation. Dans d’autres pays, je pense qu’il y a ces raisons formelles ou informelles ou pour lesquelles tu dois avoir ces séparations entre le personnel recruté sur place et le personnel canadien. Mais je ne les ai jamais faites. Si je voyais un emploi qui pouvait être fait aussi bien par du personnel local que le personnel canadien, je le faisais. En fait, ma directrice du SPED à Denver était l’employée recrutée sur place. Elle est probablement la meilleure directrice du SPED dans le réseau. Mais elle était comme un paria la première année. Ils ne voulaient même pas la laisser venir à la réunion.

David Morrison : Parce qu’elle était Américaine.

Marcy Grossman : Oui. Alors je me sentais aussi très passionnée par… Je pouvais voir ce qui s’en venait et je pensais qu’il y avait là une occasion d’apporter un grand changement dans la main-d’œuvre, dans l’ensemble de l’effectif. Au lieu de la mort à petit feu, ce que je pouvais voir arriver, nous avions une possibilité de transformer la main-d’œuvre en quelque chose de plus important. Nous avions une occasion de moderniser cette main-d’œuvre et de commencer à y travailler, si nous devions commencer à enlever de l’argent aux gens, ou des bénéfices, ou des niveaux ou peu importe, nous devions leur offrir une main-d’œuvre flexible. Nous devions leur offrir des emplois plus intéressants. Nous devions leur offrir des occasions de se développer beaucoup plus horizontalement, d’apprendre davantage. C’étaient toutes des choses qui étaient complètement sous notre contrôle.

David Morrison : Bien, c’est pourquoi j’ai soulevé ceci. Parce que tu as vu un problème qui avait besoin d’être réglé. Personne ne t’avait demandé de le faire. Tu savais que c’était important et tu as fait le premier pas, et d’autres ont suivi ou se sont joints à toi. Je pensais juste que c’était…

Marcy Grossman : Ou pas.

David Morrison : Ou pas. Mais c’était un exemple remarquable, à mon avis, de leadership informel. Tu ne l’as pas, tu n’étais pas la patronne de…

Marcy Grossman : Non.

David Morrison : … des gens que tu essayais de convaincre de te suivre.

Marcy Grossman : Exact.

David Morrison : Mais tu as déployé des aptitudes à influencer remarquables. Je me rappelle une soirée à Washington où tu as déployé beaucoup de vin.

Marcy Grossman : Oh, mon Dieu, oui, je devais « travailler » le groupe pour obtenir l’approbation, mais peu importe…

David Morrison : Mais tu as repoussé les limites.

Marcy Grossman : Je l’ai fait. Merci, merci.

David Morrison : Et je pense que tu devrais être fière de ce que tu as pu accomplir, au nom de ces précieux collègues, dont bon nombre ont vu le personnel canadien arriver et partir fréquemment. Mais ils fournissent la continuité et le ballast, et la représentation continuelle du Canada dans l’ensemble des États-Unis, et comme tu l’as dit, ceci n’a jamais été plus important qu’aujourd’hui, que ça l’est maintenant. Je pense que nous n’avons plus de temps.

Marcy Grossman : D’accord.

David Morrison : Je vais te souhaiter le meilleur.

Marcy Grossman : Oui, merci.

David Morrison : Et par le temps que ce balado sera diffusé, l’endroit où tu t’en iras sera probablement connu publiquement, et je ne pourrais pas être plus ravi pour toi et ta famille. Et nous allons avoir hâte d’entendre parler des choses géniales que tu vas accomplir dans ton nouveau chapitre.

Marcy Grossman : Merci, David, c’était un véritable honneur et d’être capable de raconter certaines de mes histoires aujourd’hui. Et tu sais, je veux juste finir en disant que j’ai toujours su que je voulais travailler dans le service public parce que j’ai toujours su que j’étais appelée à servir. Et c’est pourquoi j’ai commencé dans les services correctionnels, et c’est pourquoi je continue dans ma carrière au sein de la fonction publique. Et je veux juste dire à quel point je suis fière d’avoir été dans ce ministère et d’avoir servi les intérêts des Canadiens à l’étranger, et je vais continuer à faire ceci. Et j’apprécie les occasions que vous m’avez données.

David Morrison : D’accord. Bien, tu t’es donné beaucoup de ces occasions, comme nous avons découvert dans ce balado. Alors, merci beaucoup et bonne chance.

Marcy Grossman : Merci.

Date de modification: