Transcription – Épisode 27 : Entretien entre le sous-ministre John Hannaford et les animateurs invités Cassandra Morin et Brandon Cove
Brandon Cove : Allô, nous sommes Brandon Cove.
Cassandra Morin : Et Cassandra Morin.
Brandon Cove : Nous sommes ici aujourd’hui pour le Réseau des jeunes professionnels d’Affaires mondiales Canada et nous faisons un balado inversé aux Dossiers d’AMC durant lequel nous allons interviewer le sous-ministre du Commerce international, John Hannaford. Mais tout d’abord, nous allons nous présenter. Donc je m’appelle Brandon, je suis chargé de dossier au sein de la Direction des relations avec l’Afrique australe et de l’Est. Je suis arrivé à AMC [Affaires mondiales Canada] il y a un peu plus de deux ans, après un stage COOP [programme d’alternance travail-études] au sein du Bureau de l’économiste en chef, alors que je terminais ma maîtrise en politique de développement international à la Norman Patterson School of International Affairs [NPSIA] de l’Université Carleton. Auparavant, j’ai grandi à Vancouver, où j’ai obtenu un baccalauréat en administration des affaires de l’Université Simon Fraser.
Cassandra Morin : Alors, bonjour, Monsieur le Sous-ministre, et merci encore d’avoir pris le temps de vous joindre à nous pour ce balado inversé. Je m’appelle Cassandra Morin et je travaille au Bureau des droits de la personne, des libertés et de l’inclusion comme conseillère principale. Je travaille au sein du Ministère depuis environ quatre ans. J’ai débuté comme étudiante COOP comme Brandon en 2016. J’ai commencé ma carrière à la Mission permanente auprès des Nations Unies à New York, après quoi j’ai travaillé au Secrétariat des services intégrés pendant trois ans. Je suis originaire de Montréal, où j’ai étudié à l’Université McGill en sciences politiques et en études du développement international. Puis, j’ai déménagé à Ottawa pour faire ma maîtrise à l’École supérieure d’affaires publiques et internationales de l’Université d’Ottawa.
John Hannaford : Excellent, c’est un plaisir énorme.
Cassandra Morin : Merci [rires].
Brandon Cove : Et pour les auditeurs qui ne le savent pas, le Réseau des jeunes professionnels, ou RJP, a été créé récemment vers février 2019 à la suite de la fusion de quelques groupes de jeunes différents au sein du Ministère. Nous sommes un réseau inclusif en évolution de jeunes et de nouveaux employés du Ministère, alors nous organisons des activités de perfectionnement professionnel et d’apprentissage, comme des ateliers non officiels de perfectionnement. Nous organisons aussi bien sûr des activités sociales et de réseautage pour nos membres, ainsi que des rencontres casse-croûte auxquelles vous, Monsieur le Sous-ministre, avez été invité à quelques reprises et, finalement, nous soutenons les causes importantes aux yeux des jeunes professionnels ici à AMC.
Cassandra Morin : Donc, aujourd’hui, aux Dossiers d’AMC, nous renversons les rôles en accueillant le sous-ministre du Commerce international, John Hannaford, comme invité. Nous sommes heureux d’avoir une première discussion avec vous, Monsieur le Sous-ministre, sur votre carrière et votre expérience au Ministère, ainsi que les questions qui intéressent les jeunes professionnels ici au Ministère. Nous avons demandé à nos membres de soumettre des questions qu’ils voulaient vous poser, et la plupart des questions que nous vous poserons viennent directement d’eux.
John Hannaford : Excellent.
Cassandra Morin : Tout d’abord, j’aimerais présenter notre invité. Le sous-ministre John Hannaford est revenu à AMC en janvier 2019 après avoir été conseiller en matière de politique étrangère et de défense auprès du premier ministre. Avant d’être nommé conseiller, le sous-ministre a eu une carrière distinguée dans le service extérieur. Il a été ambassadeur en Norvège de 2009 à 2011, après avoir occupé divers postes dans plusieurs directions au Ministère et à l’ambassade du Canada à Washington. Le sous-ministre est titulaire d’un baccalauréat ès arts (avec mention très honorable) en histoire de l’Université Queen’s et d’une maîtrise ès arts en relations internationales de la London School of Economics. Après sa maîtrise, il a obtenu un baccalauréat en droit de l’Université de Toronto et a été admis au Barreau de l’Ontario en 1995. En plus de son travail de fonctionnaire, il a été professeur auxiliaire à la Faculté de droit et à l’École supérieure d’affaires publiques et internationales de l’Université d’Ottawa. Cela étant dit, passons à notre première question.
John Hannaford : Excellent.
Cassandra Morin : Donc, nous allons commencer avec une question qui est, je pense, assez simple. Nous vous connaissons en tant que sous-ministre ici à AMC, mais je pense que nos auditeurs seraient plutôt intéressés à savoir comment vous êtes arrivés ici. Pouvez-vous nous décrire plus en détail votre cheminement de carrière?
John Hannaford : Absolument. Je suis né à Toronto, Scarborough, et comme vous l’avez expliqué, j’ai commencé ma carrière comme avocat. Ça c’était mon éducation et c’est l’une des raisons pour lesquelles je suis ici en fait, parce que j’étais assez attiré par le droit international. Pour quelqu’un comme moi, il n’y avait qu’un seul choix à faire pour pratiquer ce type de droit, et c’est la principale raison pour laquelle j’étais étudiant ici, premièrement, et ensuite agent du service extérieur. Alors j’ai passé quelques années comme avocat et ensuite j’ai passé une période comme agent du service extérieur concernant les politiques de commerce international, et ça c’était mon poste à Washington, par exemple, et ensuite, j’ai simplement été gestionnaire dans un certain nombre de contextes.
Cassandra Morin : Simplement… [rires]
John Hannaford : Alors, c’était une carrière assez intéressante. J’ai grandi dans un environnement où travailler pour le gouvernement fédéral n’était pas une chose qui m’a vraiment traversé l’esprit. Quand j’ai obtenu mon diplôme universitaire, j’ai pensé à un moment donné devenir un universitaire. Je me disais, à l’école que j’ai fréquentée, beaucoup de gens ont fini par aller travailler dans des cabinets privés. C’était relativement inhabituel d’aller travailler pour le gouvernement. Ma femme et moi étions parmi les rares personnes qui ont déménagé à Ottawa et qui ont commencé à travailler pour le gouvernement fédéral, et je pense que nous étions trois de notre classe sur environ 150 personnes. Vous savez, je me suis retrouvé ici vraiment en raison du domaine et d’une purge importante. Comme je l’ai dit, le droit international était un domaine qui m’attirait beaucoup, mais je connaissais aussi, dans la famille de ma femme, plusieurs personnes qui, à mes yeux, étaient très impressionnantes, et qui avaient fait carrière dans la fonction publique et avaient vécu des expériences très intéressantes, et c’est ce qui m’a attiré ici. Alors ça c’était le cheminement de ma carrière.
Tous : [Rires]
Cassandra Morin : Alors nous avons mentionné que vous avez travaillé au BCP [Bureau du Conseil privé] avec le premier ministre, et compte tenu de votre carrière à différents postes, que ce soit dans ce ministère ou au Conseil privé, dans quelle mesure pensez-vous qu’il est important pour les employés et les jeunes professionnels en particulier d’acquérir de l’expérience dans d’autres ministères? Comme vous le savez, les employés et les jeunes professionnels de ce service réfléchissent à la prochaine étape et à l’expérience qu’ils pourraient acquérir pour faire avancer leur carrière. Que pensez-vous d’acquérir une expérience à l’extérieur de ce ministère?
John Hannaford : Écoutez, j’ai eu une expérience formidable au Bureau du Conseil privé. En fait, lorsque j’ai quitté la Norvège pour entrer au BCP, je pensais que c’était pour un an et demi, peut-être deux ans, et que j’allais revenir ici, mais sept ans ont passé, et je pense que l’une des leçons que j’ai tirées de cela et d’autres aspects de ma carrière, c’est qu’il peut être très avantageux de s’ouvrir aux possibilités plutôt que d’avoir une idée précise de ce que vous devez faire pour que votre carrière avance de la façon dont vous le désirez. Il vaut mieux se concentrer sur le travail que vous faites et vous ouvrir aux possibilités qui se présentent. C’est un peu ce qui m’a amené au BCP et c’est une longue réponse à votre question, mais je pense que pour quiconque dans sa carrière, s’il y a des possibilités d’aller travailler dans un organisme central ou dans un autre ministère qui peuvent être vraiment intéressantes, alors vous devez y réfléchir sérieusement. Mais en même temps, je pense que les gens ont eu des carrières formidables en restant ici, et l’un des plus grands avantages de ce ministère est qu’il offre un choix de carrières très varié, tout simplement en travaillant dans divers services au sein de ce ministère. Et donc, je ne pense pas que ce soit une condition Seni Qua Non [latin] pour avoir une carrière réussie ici. Je pense plutôt que c’est un avantage. Et je pense qu’il y a des possibilités très intéressantes.
Brandon Cove : C’est un excellent conseil, mais nous sommes heureux que vous soyez de retour à Affaires mondiales. Et depuis que vous êtes de retour dans votre rôle de sous-ministre du Commerce international, vous avez accordé votre soutien au Réseau des jeunes professionnels. Et comme vous le savez peut-être, le premier ministre Trudeau, à titre de ministre de la Jeunesse, a dit que la priorité est d’intégrer les jeunes à la prise de décisions, notamment par le lancement récent de la politique jeunesse du Canada, qui doit maintenant être mise en œuvre à l’échelle du gouvernement fédéral. Dans ce contexte et dans le cadre de l’engagement d’accroître la participation et l’inclusion des jeunes, dans quelle mesure pensez-vous qu’il est essentiel pour les jeunes professionnels d’avoir une voix à Affaires mondiales et comment pensez-vous que le Ministère peut mieux exploiter le dynamisme de la prochaine génération ici?
John Hannaford : C’est une excellente question. Je pense que c’est incroyablement important. C’est l’une des raisons pour lesquelles je pense que c’est une excellente occasion, puisque j’ai la chance de discuter avec vous. Mais comme vous l’avez mentionné plus tôt, j’ai essayé de faire moi-même de la sensibilisation sur le genre de structures qui existent pour accroître la participation des jeunes et vous savez, deux choses me viennent en tête. L’une d’entre elles est que je trouve formidable que les jeunes aient créé, de leur propre chef, des réseaux. C’est beaucoup plus, eh bien je suis sûr que c’est beaucoup plus gratifiant en ce sens que vous adaptiez ces activités à vos besoins au lieu que ce soit les activités qui deviennent une structure imposée avec un jeune, et c’est une chose qui me semble appropriée. Ce ne serait probablement pas très significatif pour vous. Donc, le fait que vous ayez créé ces réseaux, que vous vous soyez rassemblés et que vous ayez mis sur pied les programmes que vous jugez importants est essentiel à la légitimité de l’exercice, à mon avis. Je pense qu’il est très important que des gens comme moi vous parlent et s’assurent qu’il y a une porte ouverte et qu’il y a un bon lien entre tous les secteurs de ce ministère, et je pense que j’ai déjà rencontré assez récemment certains des champions pour discuter de diverses questions d’équité en matière d’emploi. Et c’est tellement important que nous ayons ce genre d’activités, ce ne sont pas des activités de bénévolat, mais des activités qui ne font pas partie du cours normal du travail parce qu’elles contribuent tout simplement à la force globale de l’organisation. Et je pense, la réponse courte est, je pense qu’il est essentiel que nous ayons ces dialogues, et vous savez, je pense que le dynamisme qui fera l’avenir de ce ministère vient des gens qui font précisément ce que vous faites en ce moment.
Brandon Cove : Je vous remercie. Poursuivons.
Tous : [Rires]
John Hannaford : Exactement.
Cassandra Morin : Comme vous l’avez mentionné, nous avons donc lancé un appel à nos membres au sujet des types de questions qu’ils voudraient vous poser. Et la question la plus populaire était : qu’est-ce que vous auriez aimé savoir quand vous avez commencé à travailler dans la fonction publique et quels conseils vous donneriez ensuite à votre moi plus jeune s’il était ici?
John Hannaford : Être plus calme, honnêtement. Comme débutant, j’étais assez nerveux et je n’étais pas confiant. Et ça, ce n’est pas rare; c’est une expérience assez commune. Mais pour moi c’était un vrai défi. Et j’aurais aimé pouvoir suivre le conseil que je vous ai donné il y a quelques minutes, de ne pas trop vous inquiéter de ce qui s’en vient.
Cassandra Morin : D’être présent…
John Hannaford : D’être présent et d’apprécier le genre de travail que nous avons l’occasion de faire. Et je ne veux pas l’amplifier, car lorsque ma carrière a commencé, je me sentais extraordinairement privilégié d’être ici et je me sentais tout simplement extraordinairement privilégié d’avoir l’occasion de travailler à certains des dossiers qui m’ont été confiés. Je me suis occupé de litiges à la Cour internationale de Justice en tant qu’avocat de première année, ce qui a été une expérience incroyable. Et j’en ai pris conscience. Mais j’ai aussi passé de nombreuses nuits blanches et je me suis beaucoup inquiété. Et je pense que c’était évidemment une façon de penser. Mais je pense que c’est aussi une période de la vie. Et je m’inquiétais de ce qui allait se passer. Et quand j’y repense, à mon âge, on peut en quelque sorte voir qu’il y a une logique dans ma carrière, mais ce n’est pas une carrière que j’aurais pu prévoir. Je n’ai jamais pensé que j’allais faire ce travail, alors je pense que ce que j’en ai tiré, c’est que j’aurais préféré ne pas trop m’en faire. J’avais tendance à me tracasser.
Cassandra Morin : Tout ira, tout ira bien.
John Hannaford : C’est certain, et plus exactement, ce que je veux dire, c’est que vous ne pouvez tout simplement pas prévoir, que vous ne savez pas, et le fait de s’inquiéter ne va pas beaucoup vous aider, alors laissez seulement les choses venir.
Brandon Cove : C’est génial. Je pense qu’il est important de se concentrer sur le présent parce qu’en tant que jeunes professionnels également, selon moi, nous pensons toujours à la prochaine étape.
Cassandra Morin : Et comment y arriver, ce qui nous empêche de plonger le plus possible dans le travail que nous faisons et d’en apprendre le plus possible. Oui, je pense que c’est très important.
Brandon Cove : Alors, en tant que jeunes professionnels, si l’on pense à la prochaine étape, nous pensons toujours aux compétences à acquérir pour progresser dans notre cheminement de carrière. Alors, nous sommes curieux de savoir, je pense, quelles sont les qualités les plus importantes que vous voyez chez un bon employé?
John Hannaford : Oui, c’est une autre bonne question. L’une des choses dont je suis fier dans ma carrière, c’est l’équipe avec laquelle je travaillais dans mon ancien poste parce que j’y suis resté assez longtemps pour voir les choses évoluer et j’étais très fier du fait que nous ayons recruté des gens intelligents, qui ont aussi un excellent esprit d’équipe. Au cours de mon séjour au BCP, j’ai eu beaucoup de chance d’avoir un groupe de personnes qui désiraient être là et avec qui il était très agréable de travailler. Et je pense que le travail au gouvernement en général, c’est un sport d’équipe. Vous n’êtes pas seul, vous savez, personne n’exerce seul au gouvernement parce qu’il n’y a aucune question de politique qui ne touche pas un certain nombre de secteurs d’activités différents. Tous les services que nous fournissons nécessitent en quelque sorte un réseau plus large au sein du gouvernement. Et tous les programmes que nous offrons touchent d’une manière ou d’une autre de multiples personnes, alors ici, la capacité à travailler avec les autres est essentielle pour moi. Donc à mon avis, l’esprit d’équipe est en quelque sorte une condition Sine Qua Non [latin] pour nous. En plus d’avoir une bonne connaissance de vos dossiers et de pouvoir faire bouger les choses. Donc, c’est aussi l’une des choses qui me rendent très fier dans ce ministère, parce que je pense que j’ai été vraiment frappé par le mutualisme des gens avec qui j’ai échangé, le sentiment qu’ils ont une mission de sorte que vous savez que les gens sont ici parce qu’ils veulent faire ces choses. On a de la chance de faire ce travail. Et je pense que c’est quelque chose que vous ressentez et c’est très important.
Brandon Cove : On a beaucoup de chance.
Cassandra Morin : Je pense que oui. En ce qui concerne la fierté et les réalisations, pourriez-vous nous parler de certaines des réalisations dont vous êtes le plus fier ou des expériences les plus mémorables au cours de votre carrière? Je suis sûre qu’il y a beaucoup d’histoires que vous pouvez partager avec nous aujourd’hui, ou peut-être pas.
John Hannaford : Ou peut-être pas [rires]. Je suis chanceux. Vous savez que j’ai eu une chance extraordinaire, et j’ai mentionné que je trouve que le fait de faire partie d’une équipe est quelque chose d’incroyablement gratifiant. Si l’on parle de dossiers distincts, j’ai eu la chance incroyable de travailler au moins en partie à certains dossiers vraiment intéressants qui ont été importants pour notre pays. Je pense que dans ma carrière précédente, j’ai aussi été brièvement avocat spécialisé dans les droits de la personne et que j’ai eu l’occasion de mener les négociations pour la Convention de l’ONU sur les droits des personnes handicapées, qui, selon moi, est un instrument très important. J’ai aussi eu la chance de mener à terme quelque chose, c’est énorme. Et ce fut une expérience très enrichissante. Alors, avoir eu l’occasion de travailler pour deux premiers ministres et de voir ces dossiers évoluer à ce niveau a été un privilège absolument extraordinaire. Donc comme je l’ai dit, je suis très chanceux, et oui.
Cassandra Morin : Merci.
Brandon Cove : Nous étions heureux de nous occuper de certaines de ces expériences mémorables, vous savez, de grandes réalisations, mais peut-être que les auditeurs souhaiteraient savoir s’il existe un fait peu connu à votre sujet, quelque chose que vous pourriez partager?
Cassandra Morin : Peut-être le fait le plus surprenant?
John Hannaford : Je ne sais pas si c’est si surprenant… Vous savez que je suis un cuisinier passionné, entre autres, alors c’est quelque chose que j’ai toujours aimé. Pour ceux d’entre vous qui ne peuvent pas me voir, vous n’êtes peut-être pas là [rires], je suis quelqu’un d’assez grand, alors…
Brandon Cove : Donc vous avez le temps de cuisiner?
John Hannaford : Oh, j’adore cuisiner. C’est vraiment l’un de mes principaux passe-temps et un moment de détente. Et c’est l’une de mes activités principales à l’extérieur du bureau. J’ai deux bassets. Je ne sais pas s’il y a beaucoup d’autres choses surprenantes chez moi. Plutôt ordinaire.
Brandon Cove : Eh bien, c’est intéressant parce que nous voulions vous poser quelques questions sur la santé mentale et le mieux-être et nous étions curieux de savoir comment vous réussissez à maintenir un équilibre travail-vie personnelle avec un emploi aussi exigeant. Je pense que parfois, même en tant que jeunes et nouveaux employés, nous avons de la difficulté à maintenir cet équilibre, nous faisons des heures supplémentaires ou essayons de faire nos preuves.
Cassandra Morin : Exactement. Et vous savez, c’est parfois un peu difficile de se sortir de cette situation et de mettre l’accent sur soi ou sur autre chose. Donc oui, nous serions curieux de vous entendre.
John Hannaford : Ouais, comme je l’ai dit, je sais que j’ai moi-même eu du mal avec ça et je ne peux pas dire que j’y arrive maintenant non plus. Personnellement, ma propre expérience, c’est que je me suis calmé en vieillissant. Et je ne pense pas que ce soit une expérience si inhabituelle, mais c’est tout simplement vrai. Personnellement, je pense que vous devez mettre les choses qui vous préoccupent en perspective. Cela m’a beaucoup aidé. Mais vous savez que j’ai de nombreux intérêts à l’extérieur du bureau qu’il est important de maintenir aussi, et j’ai mentionné la cuisine et mes chiens. Ma famille est évidemment très importante pour moi et quand je ne suis pas au bureau, j’essaie de me concentrer sur les choses que je fais, et comme je l’ai dit, je n’y arrive pas toujours. Mais une autre des réalités de la vie est que, dans le monde, il se passe toujours quelque chose, 24 heures sur 24, et donc vous pouvez toujours vous y plonger, avec la joie des télécommunications, vous pouvez aussi vous engager. Alors, vous assurer de créer l’espace dont vous avez besoin pour faire autre chose et ne pas penser à votre vie ici au travail demandent un effort constant. Et je ne peux pas dire que je l’ai vraiment maîtrisé encore même en faisant preuve de beaucoup d’imagination, mais c’est une chose dont je suis conscient. Et j’essaie.
Cassandra Morin : Et j’imagine qu’avoir l’intention est déjà un premier pas dans la bonne direction.
John Hannaford : Je l’espère, et oui, je veux dire, c’est... et évidemment tu sais qu’il y a des moments où tu vas être plus occupé et des moments où tu ne l’es pas. Et je pense que ça fait partie des leçons de la vie pour moi aussi, quand vous n’êtes pas occupés, ne cherchez pas quelque chose pour vous occuper.
Cassandra Morin : Ne vous sentez pas coupable.
John Hannaford : Oui, vous pouvez prendre un peu de temps pour vous reconstruire, par exemple. Mais quand vous devez vous lancer dans quelque chose, faites-le!
Brandon Cove : Et je suppose qu’il s’agit d’être présent non seulement dans votre carrière et votre travail, mais aussi lorsque vous êtes loin de ce travail et que vous êtes à la maison.
John Hannaford : C’est tout à fait vrai, très vrai.
Cassandra Morin : Puisque nous, les jeunes professionnels, espérons occuper éventuellement des postes de direction en tant que cadre supérieur dans ce ministère et comme vous avez occupé différents postes de direction et tenu d’autres rôles, dites-nous quelle caractéristique, selon vous, un dirigeant doit-il intégrer ou imiter, selon ce que vous avez pu observer chez les autres dirigeants avec qui vous avez travaillé ou chez vous-même?
John Hannaford : Je pense qu’il est difficile d’en trouver une seule, mais je pense…
Cassandra Morin : Ou quelques-unes.
John Hannaford : Je pense qu’il est extrêmement important d’être engagé avec votre équipe. Je crois qu’avoir de la compassion et de l’empathie pour les gens avec qui vous travaillez est incroyablement important. À mon avis, il est aussi extrêmement important d’avoir une idée de l’orientation que cette équipe doit prendre à ce moment-là et de pouvoir ensuite créer les conditions nécessaires à la réalisation de ces objectifs, quels qu’ils soient. Ce sont donc des choses sur lesquelles j’ai essayé de mettre l’accent au cours de ma carrière, et je pense que les choses qui comptent dans toute organisation peuvent contribuer de façon idéale à la santé de l’organisation et à son efficacité.
Brandon Cove : Avez-vous eu de nombreux mentors au cours de votre carrière?
John Hannaford : Beaucoup, beaucoup de mentors.
Brandon Cove : Beaucoup, beaucoup?
Cassandra Morin : Y en a-t-il un qui se démarque et qui, selon vous, a eu le plus d’incidence?
John Hannaford : J’ai eu beaucoup de chance de ce côté aussi.
Brandon Cove : Le premier ministre?
John Hannaford : Tu sais, je pense que, eh bien, oui, j’ai travaillé, comme je l’ai dit, pour deux premiers ministres, et on apprend beaucoup de choses dans le cadre de ce travail. Mais au début de ma carrière, beaucoup de gens m’ont aidé, et il m’est difficile de trouver un seul nom. Je dirais que Colleen Swords, par exemple, qui a été sous-ministre adjointe ici, puis est devenue sous-ministre ailleurs, a été extrêmement importante pour moi au début de ma carrière et m’a beaucoup soutenu. Marie‑Lucie Morin, qui est une ancienne sous-ministre ici, a également été une personne extraordinairement importante pour moi à divers moments. Alors j’ai eu de la chance à bien des égards que ces personnes soient là. Si vous désirez parler de quelque chose ou n’êtes pas certain des prochaines étapes, vous pouvez appeler une personne qui vous donnera des conseils clairs et, ça, c’est, selon moi, un élément essentiel pour n’importe qui dans une carrière. C’est un exemple de ce que je disais tout à l’heure : lorsque vous participez à un sport d’équipe, vous créez toutes sortes de liens avec toutes sortes de personnes, et je pense que c’est l’une des plus grandes forces de ce milieu de travail.
Cassandra Morin : Avant de conclure, avez-vous quelques sages conseils pour les jeunes professionnels?
Brandon Cove : C’était rempli de sages conseils.
Cassandra Morin : C’était beaucoup, mais peut-être… Je ne sais pas.
John Hannaford : En fait, j’avais une question pour vous deux.
Cassandra Morin : Oh mon Dieu, OK.
John Hannaford : Pourquoi êtes-vous ici? Qu’est-ce qui vous a attirés ici? Vous avez tous les deux fait une maîtrise, donc vous vous intéressez aux domaines, mais je m’intéresse simplement à vos propres histoires.
Brandon Cove : Qu’est-ce qui nous a attirés dans ce ministère?
John Hannaford : Oui.
Brandon Cove : Je crois que, eh bien, j’ai dit tout à l’heure que j’avais étudié l’administration des affaires à Vancouver. Et pendant ce temps, j’ai fini par faire un stage au Secrétariat de l’ONU, mais plus dans un rôle de gestion de projet. Mais avoir l’occasion, vous savez, d’aller dans la salle du Conseil de sécurité pendant ma pause et de voir ce qui se passait dans le monde m’a vraiment inspiré et c’était vers la fin de mon baccalauréat, alors quand je suis revenu, je me demandais ce que je pouvais faire pour aller travailler au Ministère et à Affaires mondiales pour y contribuer. Et c’est pourquoi je suis allé à la NPSIA à l’Université Carleton, ce qui m’a mené à faire un stage COOP ici, et me voilà.
Cassandra Morin : Et pour ma part, j’ai… J’ai appris à connaître l’ONU au secondaire, même si j’étais originaire de Montréal et que j’ai été exposé à beaucoup de cultures différentes et dans le monde, je ne sais pas quelque chose m’a enflammé. J’ai aussi eu le privilège d’aller au Ghana et en Ouganda quand j’étais à McGill, de parcourir un peu le monde et de travailler à l’étranger, et à ce moment-là, j’avais toujours une passion pour les droits de la personne et c’est ce qui m’a vraiment poussée à faire une maîtrise en affaires internationales, notamment en droit international des droits de la personne, et à faire un stage coop ici, car j’ai eu l’occasion de travailler à l’ONU à New York. Encore une fois, cela a un peu plus exacerbé ma passion. Ouais, alors je me sens donc très privilégiée d’être ici.
Brandon Cove : Oui, c’est un grand privilège.
Cassandra Morin : Et le travail que nous faisons est tellement intéressant. Et c’est formidable de travailler à des dossiers qui ont une incidence réelle sur les gens.
Brandon Cove : Et je pense que beaucoup de jeunes professionnels qui sont arrivés ici vivent une expérience semblable. Ils sont passionnés par les affaires internationales; beaucoup d’entre eux ont déménagé dans la région pour faire leur maîtrise ici.
Cassandra Morin : Je ne pense pas que l’on arrive simplement à AMC par hasard, mais plutôt que c’est un objectif que beaucoup de gens…
Brandon Cove : Poursuivent.
Cassandra Morin : Oui, poursuivent. Exactement.
John Hannaford : Comme je l’ai dit plus tôt, je suis très heureux d’être ici.
Cassandra Morin : Merci.
Brandon Cove : Merci.
Cassandra Morin : Donc… Le temps passe vite, et nous sommes déjà arrivés à la fin de notre balado. Au nom des membres de notre réseau, nous vous remercions infiniment encore d’avoir pris le temps de nous parler et aussi de votre soutien aux jeunes professionnels ici au Ministère. Je crois que je parle pour nous deux quand je dis que votre carrière est vraiment inspirante et que le Ministère est vraiment chanceux de vous avoir comme sous-ministre.
Brandon Cove : En terminant, je voulais aussi dire que l’appui de cadres supérieurs comme vous est vraiment indispensable pour nous. Et si vous me le permettez, j’aimerais profiter de l’occasion pour remercier l’un de mes anciens gestionnaires qui a été mon mentor : Sacha Levasseur-Rivard. Il a été invité aux Dossiers d’AMC l’année dernière lorsque David Morrison en était l’hôte. Il a parlé un peu de certains des défis auxquels les jeunes professionnels font face ici et il a vraiment loué l’excellent travail qui a été accompli par son équipe et d’autres jeunes employés. Alors, comme vous, il a toujours été un champion pour nous. Alors oui, je me devais d’ajouter cette parenthèse.
John Hannaford : Bien.
Cassandra Morin : Et comme vous le savez, le Ministère regorge de jeunes et de jeunes professionnels inspirants dévoués à leur travail. Cette entrevue portait donc sur vous, Monsieur le Sous-ministre, et sur votre carrière. Et nous espérons vraiment pouvoir continuer à compter sur vous et vos collègues pour donner une voix aux jeunes professionnels et exploiter le dynamisme de la prochaine génération d’employés.
John Hannaford : Vous pouvez y compter.
Cassandra Morin : Donc encore une fois, merci beaucoup.
Brandon Cove : Merci.
John Hannaford : Merci.