Transcription – Épisode 53 : Excellence et réussites des entreprises canadiennes appartenant à des Noirs

Bienvenue dans les Dossiers d'AMC, un balado sur les personnes, les défis et les idées qui animent Affaires mondiales Canada.

Et Maintenant présentant votre hôte David Morrison d'Affaires mondiales Canada.


David Morrison : Bonjour à tous. Mon nom est David Morrison et je suis heureux d'être de retour pour animer cet épisode de balado des Dossiers d'AMC. Merci d'être à l'écoute de ce premier épisode de 2022, qui fera la lumière sur l'excellence et les réussites des entreprises canadiennes appartenant à des Noirs.

Nous sommes au début du Mois de l'histoire des Noirs et, aujourd'hui, nous discutons avec 2 PDG et fondateurs d'entreprises, ainsi qu'avec Sara Wilshaw, notre déléguée commerciale principale. Nos invités partageront avec nous leurs récits décrivant ce qui permet aux entreprises de se développer sur de nouveaux marchés et ils parleront du soutien que le Service des délégués commerciaux a apporté à leurs entreprises.

Le commerce international offre aux entreprises canadiennes l'occasion importante de prospérer et de prendre de l'expansion. Et beaucoup d'entrepreneurs canadiens peuvent avoir besoin de conseils pour accéder à de nouveaux marchés étrangers.

La déléguée commerciale en chef du Canada et son équipe de plus de 1 400 experts en affaires répartis dans plus de 160 bureaux à l'étranger et au Canada offrent depuis de nombreuses années ce soutien indispensable.

À l'occasion du Mois de l'histoire des Noirs, nous profitons de cet épisode pour souligner l'excellence et le succès des entreprises canadiennes appartenant à des Noirs et pour connaître leur expérience et la façon dont les services des délégués commerciaux les ont aidés à faire grandir leurs entreprises.

J'ai avec moi 2 invités en plus de Sara : Karima-Catherine Goundiam, PDG de Red Dot Digital et de B2BeeMatch, et Diemo Honore, président de Kamit Group Ltd, où il est également vice-président à l'ingénierie. Je vous remercie de participer à cette conversation avec moi aujourd'hui.

Je suis impatient d'entendre les expériences uniques que vous avez vécues.

Je vais d'abord donner la parole à Diemo, qui se trouve ce matin à Nairobi, au Kenya. Je pense qu'il est normalement établi à Calgary.

Diemo, j'aimerais en savoir plus sur les grands défis de votre parcours en tant qu'entrepreneur et exportateur noir canadien en ce moment. Comment le gouvernement du Canada a aidé votre entreprise à surmonter des défis?

Diemo Honore : Merci David. Je pense que le gouvernement du Canada a été un élément clé, sinon plus important. Ce gouvernement a dû à travers les trade commissioners [délégués commerciaux]… nous a permis justement d'avoir l'intelligence du marché, nous a aussi permis de connecter avec les trade commissioners [délégués commerciaux] locaux.

Par exemple, au Kenya, nous sommes en contact avec les trade commissioners [délégués commerciaux] au Kenya, en contact avec les trade commissioners [délégués commerciaux] en Éthiopie. C'était vraiment le relais qu'il fallait justement pour la compagnie pour pouvoir exporter ses services.

Mais le défi qu'on a eu personnellement comme compagnie – voilà, on a toujours ce petit problème quand on est peut-être de la minorité – c'est qu'il n'y a pas vraiment le networking [réseau] que normalement d'autres personnes devraient avoir. On ne l'a pas souvent. 

Donc, des fois, il faut payer pour certains services qu'on pourrait offrir nous-mêmes. Donc, des fois, ça coûte extrêmement cher pour les compagnies dont les propriétaires sont des minorités ou [des] Noirs si vous voulez. C'est une des réalités que nous avons.

Ça fait que ça nous coûte extrêmement cher d'opérer une compagnie parce qu'il faut justement tout bâtir de zéro [alors] que peut-être les parents ou des oncles ou d'autre monde auraient pu construire par le passé. Donc, cela devient un peu difficile, mais voilà. Pour parler spécifiquement de l'export, je pense que le gouvernement canadien a fait un travail extraordinaire dans ce sens.

David Morrison : Super. Et qu'est-ce que… pouvez-vous nous parler un tout petit peu de votre trajectoire comme entrepreneur? Normalement, je crois que vous êtes à Calgary, aujourd'hui à Nairobi. Votre business [compagnie] était internationale depuis la première journée ou quoi?

Diemo Honore : Oui. J'ai commencé ma première compagnie… j'avais 19 ans quand j'ai commencé ma première compagnie. Au bout de 3 ans, j'ai justement fermé la compagnie pour retourner à l'université et finir mes études d'ingénieur.

Et j'ai repris un peu la compagnie il y a 10 ans parce que j'ai toujours eu l'impression avec mon expérience personnelle que le Canada a beaucoup d'avance par rapport aux pays en voie de développement, qu'il a beaucoup à transférer de l'autre côté.

Alors on a vraiment bâti un autre modèle d'affaires en se disant : « 4, 3, 5 ans après la création de la compagnie, on devrait pouvoir exporter nos services. » Donc, cela faisait vraiment partie de notre plan d'affaires depuis le tout début.

David Morrison : Okay, super. J'aimerais maintenant écouter la trajectoire, l'histoire de Karima-Catherine qui se fait appeler KC. KC, vous pouvez peut-être aussi nous parler un peu de votre entreprise, de la façon dont vous l'avez démarrée et des circonstances qui ont fait en sorte que vous vous êtes retrouvée sur la scène internationale.

Karima-Catherine Goundiam : D'accord. Merci David. Le terme « minorité visible » est très intéressant, car dans le monde des affaires, je pense que les chefs d'entreprise noirs sont largement invisibles, ou se sentent invisibles, ou sont amenés à se sentir invisibles. Et c'est un peu l'histoire d'une situation extrême dans les spectres. Je suis une entrepreneure en technologie, et j'évolue dans le domaine de la technologie depuis plus de 20 ans.

L'autre facette de la question est que je suis au Canada depuis environ 22 ans. Et je dois absolument dire que non seulement j'adore être une entrepreneure canadienne, mais également que j'admire totalement le travail qu'accomplit Affaires mondiales Canada – je suis une admiratrice inconditionnelle. Ce travail a été déterminant pour ma propre entreprise. [Je m'explique] très rapidement, je suis la PDG de Red Dot Digital qui est une société de conseils, une société de conseils en transformation numérique.

Dès le premier jour, nous avons œuvré sur la scène internationale. Nous avons eu des entreprises clientes en France, au Royaume-Uni, en Afrique du Sud, aux États-Unis et, parfois, notre portefeuille était beaucoup plus important à l'extérieur du Canada qu'il ne l'était à l'intérieur du Canada. J'ai donc passé beaucoup de temps à voyager dans différents pays. Vous savez, ces voyages font partie de la gestion d'une entreprise de services, d'une entreprise internationale.

J'ai aussi passé beaucoup de temps à m'impliquer dans différentes associations professionnelles à créer, vous savez, des réseaux, ainsi qu'à la chambre de commerce à rencontrer des gens. Le cycle de vente des services est long en soi, mais si vous ajoutez qu'il s'agit d'une petite entreprise, c'est encore plus long. Un certain voyage a été significatif pour moi.

En 2019, une année qui, je pense, était cumulative de toutes mes expériences, on m'a vraiment dit que, très franchement, parce que mon entreprise était petite et que c'était une entreprise de services qui vendait des biens intangibles, je ne pouvais pas être soutenue. Alors quand je suis revenue, j'ai littéralement transmuté toute cette frustration et j'ai construit ce qui allait devenir ma deuxième entreprise. Il s'agit d'une entreprise de jumelage, une plateforme de mise en relation basée sur un algorithme, conçue spécifiquement, mais pas uniquement, pour les petites et moyennes entreprises du monde entier, afin qu'elles puissent se rencontrer pour trouver des partenaires, des pistes, voire du financement.

Nous ajoutons maintenant d'autres éléments à cet écosystème. C'est un peu comme un service de rencontres, mais pour les entreprises. Nous l'avons lancé 3 semaines avant le début de la COVID. Nous sommes aujourd'hui présents dans plus de 45 pays, avec une forte représentation aux États-Unis, au Royaume-Uni, aux Émirats arabes unis et dans d'autres pays.

En quoi le Service des délégués commerciaux a-t-il été déterminant? De nombreuses manières différentes. La diversité et l'inclusion sont des concepts qui font partie intégrante du Service des délégués commerciaux. Ils le comprennent. Le soutien est indéniable. Je veux dire… ce qui a fait la différence pour moi a été une mission commerciale à laquelle j'ai participé en janvier 2020. C'est là que j'ai vu tout le pouvoir des interventions que les délégués commerciaux pouvaient réaliser. Il s'agissait à l'origine d'une mission pour les entreprises francophones appartenant à des femmes.

J'ai été informée de cette mission commerciale par un de mes… je vais dire « anges », car je ne savais pas que c'était quelque chose auquel je pouvais participer. Et cette mission commerciale m'a ouvert les portes de ce qui est maintenant l'un de mes plus grands partenaires internationaux, à savoir la Chambre de commerce internationale.

J'ai invité Sara, qui est ici présente, à prendre la parole lors du lancement du partenariat en avril dernier, car, pour moi, cela n'avait aucun sens de lancer ce partenariat sans que personne ne soit présent pour représenter le gouvernement, pour être là pour, en quelque sorte, parrainer et défendre ce partenariat. J'espère avoir répondu à votre question.

David Morrison : Oui, tout à fait. Je vais donner la parole à Sara dans une minute, mais aussi, Sara, pouvez-vous m'en dire plus sur la participation des délégués commerciaux à l'aide apportée aux entreprises dirigées par des membres des minorités visibles? De plus, voyons-nous une augmentation du nombre d'entreprises dirigées par des membres des minorités visibles à l'échelle mondiale?

Sara Wilshaw : Monsieur le sous-ministre, merci beaucoup pour cette question. Vous et moi parlons beaucoup de la nécessité de diversifier le commerce. Nous parlons également d'un commerce plus inclusif. Pour le Service des délégués commerciaux, ces choses vont de pair.

Pour nous, la diversification va bien au-delà de la question de savoir où les entreprises exportent. Il s'agit de diversifier les produits et services que nous exportons, la manière dont nous exportons – et KC en est un élément important, quand on pense à la manière dont elle aide les exportateurs à se connecter – et, surtout, les entreprises qui exportent.

Nous avons écouté et nous avons appris qu'il existe des obstacles supplémentaires à surmonter pour certains groupes. Pour en citer quelques-uns, pensez à l'accès au financement, aux réseaux et aux mentors, comme Diemo l'a mentionné. Dans le cadre de notre approche inclusive, nous essayons de prendre des mesures pour fournir des services réellement adaptés aux besoins des entreprises appartenant à des Noirs, à des minorités visibles et à des Autochtones, dans le but d'aider ces entreprises à accroître leur capacité à exporter.

Et l'une des façons d'y parvenir est de nommer des champions dans tout le pays qui fournissent des services de « conciergerie » dans nos bureaux régionaux.

En outre, la participation à des événements, à des missions commerciales ciblées et des délégations d'entreprises a également été un élément clé des initiatives des TC [délégués commerciaux] visant à soutenir les groupes de commerce inclusifs.

Bien que la COVID-19 ait perturbé la capacité des entrepreneurs à voyager, et même si Diemo est à Nigéria aujourd'hui, nous continuons d'offrir des opportunités interentreprises par des moyens virtuels.

C'est une sorte d'approche tournée vers l'extérieur, mais il est également important de mentionner qu'au sein du Service des délégués commerciaux, nous sommes très attachés aux principes de l'antiracisme.

Et nous savons que la représentation est importante.

Et je pense aussi à nos délégués commerciaux locaux qui sont très très très importants dans notre fonction, dans notre service. Ils sont l'élément clé.

Nous sommes conscients que cette représentation est là. Nous savons que nous pouvons et que nous devons faire mieux. Nous faisons le travail que nous devons faire pour y arriver, je pense.

David Morrison : Merci Sara. Je voudrais poser la même question, je pense, à nos 2 invités. Je suis très étonné par ce que KC a dit sur le fait que les minorités visibles se sentent en fait invisibles. Je me pose la question, du moins dans le monde des affaires, et je me demande comment… en fait, j'aimerais avoir le commentaire de Diemo à ce sujet, mais en ce qui concerne les services que Sara vient de décrire, que peuvent faire la STC [déléguée commerciale principale] et les autres organismes gouvernementaux pour mieux soutenir le parcours des entrepreneurs noirs canadiens? Diemo?

Diemo Honore : Vous savez, honnêtement, c'est très difficile d'exporter nos services. C'est très cher. Alors quand vous êtes au Canada, vous avez un défi à relever, vous savez. En tant qu'entrepreneur noir, vous avez un défi à surmonter. Lorsque vous allez à l'étranger, vous avez un autre défi à relever en tant que Noir à l'étranger même si vous êtes… Prenons mon cas. Je suis au Kenya en ce moment, à Nairobi, mais ils me considèrent toujours comme un étranger.

Les gens sont également confus; ils se demandent si vous êtes un entrepreneur. Vous savez, ils ont toujours cette impression de... OK, c'est quoi tout ça? Vous venez du Canada, mais… Quoi qu'il en soit, nous avons une sorte de défi à relever dans les 2 sens. De mon point de vue, la seule façon pour un entrepreneur de surmonter cette difficulté est d'avoir accès à un soutien financier.

Nous pouvons aborder toute la théorie, mais au bout du compte, si vous ne pouvez pas financer votre projet, vous n'avez [rien]… Vous savez, il a fallu 2 ans, ou même 3 ans, à notre entreprise pour pénétrer le marché. Nous devons tout le temps être là. Comme l'a dit mon collègue entrepreneur récemment, quand vous êtes petit, ils ont tendance à [évaluer votre rendement]. Vous savez, un délégué commercial… ce qui est peut-être normal si on le dit comme ça, je ne suis pas sûr, mais les délégués commerciaux doivent examiner le rendement global [de l'entreprise] quand il s'agit [d'évaluer] le rendement du capital investi pour le gouvernement.

Ils peuvent être tentés de répondre aux besoins des grands. Quand vous êtes petit, je comprends qu'ils veuillent vous aider, mais il y a aussi ce sens de l'équilibre, qui est l'objectif global du gouvernement. Vous voulez être sûr d'avoir un meilleur rendement, mais vous êtes un petit entrepreneur. Vous êtes un entrepreneur noir. Vous n'avez pas assez d'argent. Vous n'avez pas assez de réseaux. Il y a tellement de barrières.

Et ensuite vous allez à la banque. Parfois, ils demandent des garanties. Ils demandent l'histoire de… [inaudible] la famille, [il y a ] tant de choses qui circulent. Vous vous demandez comment vous pouvez vous y prendre, vous savez. Alors, à mon avis, la vraie façon d'aider un entrepreneur est de lui donner accès à des fonds. Il faut lui donner accès au financement.

J'ai fait une demande. Nous avons fait une demande de soutien auprès du programme Export Canada… et nous avons été rejetés 2 fois. Ensuite, vous allez à EDC [Exportation et développement Canada] et EDC vous renvoie à la banque, et la banque vous renvoie au fait que vous n'avez pas assez de garanties. On revient toujours au même point . Si vous ne pouvez pas financer l'exportation de vos services, vous n'avez aucune chance de réussir, même si les gens veulent vous aider.

Les délégués commerciaux vous donneront tous les appels d'offres. Ils vous inviteront à tous les séminaires. Ils vous inviteront à tous ces événements, mais quelqu'un doit payer pour cela. Alors, si vous n'avez pas d'argent, vous ne pouvez aller nulle part. Ce n'est donc pas une question de volonté. Vous devez vraiment comprendre que l'argent, en affaires, est la clé. Et en tant qu'entrepreneur noir, si vous n'avez pas accès à cet argent, vous ne pouvez aller nulle part.

Nous avions donc un plan pour déménager et étendre nos services. C'était il y a environ 4 ans. Nous ne pouvions pas nous le permettre. Nous avons donc eu de la chance, grâce à la COVID, et je ne sais pas pourquoi, notre entreprise s'est développée. Nous avons pu lever suffisamment de capitaux pour développer nos activités. Sinon, nous ne serions pas là aujourd'hui.

Le principal défi que je vois n'est pas le soutien. Je dirais que les entrepreneurs noirs, lorsqu'ils décident de se lancer en affaires, sont très résistants, du fait de tous les défis qu'ils ont dû relever depuis l'université et ainsi de suite. Nous avons déjà construit cette résilience. Le problème n'est pas là. Il ne s'agit pas de développer notre résilience. Nous l'avons déjà. Nous avons besoin d'outils.

Le seul outil que nous voyons pour le moment est réellement d'avoir accès à un programme spécifique. Ils ont récemment mis en place un programme et disaient qu'ils voulaient donner des fonds aux entrepreneurs noirs, mais ces fonds sont principalement destinés aux entreprises en démarrage. Si l'on considère une entreprise de notre taille, 250 000 $ ne feront pas une grande différence à ce stade-ci de nos activités. Nous avons donc vraiment besoin d'avoir accès à des capitaux, et ce, de quelque manière que ce soit. Il suffit de mettre en place un programme, un vrai programme, administré soit par EDC, soit par Exportation Canada, afin d'avoir des outils spécifiques. Si vous êtes un entrepreneur noir, je dirais que vous avez une certaine préférence. C'est mon opinion, pour être honnête.

Les délégués commerciaux ont fait ça… Honnêtement, je dirais que je leur suis reconnaissant. Les délégués commerciaux ont été formidables avec notre entreprise; tout le temps que vous avez besoin d'eux, ils sont là. Cela dit, ils peuvent vous donner tous les outils, mais si vous n'avez pas d'argent, et bien, vous ne pouvez aller nulle part.

David Morrison : Merci. Donc, ce n'est pas la volonté qui manque, ni la résilience, mais la présence de certains obstacles structurels, notamment l'accès aux capitaux, et j'ai relevé un commentaire très intéressant sur la taille [de l'entreprise]. Et je suis certain que notre ministre du Commerce international, qui est également ministre de la Petite Entreprise, prendrait certainement note de ce que vous venez de dire.

KC, êtes-vous d'accord avec cette analyse?

Karima-Catherine Goundiam : La course dans tous les sens dont parle Diemo est déchirante parce que je la vis tous les jours. Ce qui me place dans une catégorie légèrement différente, c'est que je suis passée de la vente de services à la création d'une entreprise technologique qui semble faire une différence dans ce monde. J'ai eu des conversations très intéressantes avec des représentants d'EDC et autres, où j'ai fini par dire que j'avais fini, vous savez, avec leur mentorat et leur encadrement. Je n'ai pas besoin de ça. J'ai besoin de fonds. J'ai besoin d'argent. Et je ne le ferai pas gratuitement.

L'autre aspect de la question est que l'intersectionnalité est très réelle. Je vais parler pour les femmes. Je vais parler pour les femmes noires. Je vais parler pour les femmes noires de langue française. Je parlerai pour différentes tranches [de la société] que je représente. Nous avons besoin de représentation. Je suis d'accord avec Diemo que, même si le Service des délégués commerciaux a été extraordinaire du point de vue du soutien et de l'écoute, nous avons besoin de capitaux pour exporter. Ça coûte de l'argent. Parfois, ça coûte de l'argent et le rendement [des investissements] ne se fera pas en 1 an. Ça va prendre 2, 3, 4, 5 ans pour pouvoir établir votre présence.

Un autre aspect de la question est qu'il semble y avoir une perception que, lorsque vous atterrissez dans un pays, c'est tout [simple]. Les gens vont vous ouvrir la porte et vous allez signer un contrat. Ce n'est pas du tout le cas. Même dans des pays comme le Royaume-Uni, où la culture est très similaire à celle du Canada, les gens ne sont pas aussi accueillants que nous le souhaiterions, vous savez. Il m'a fallu 3 ans pour établir des relations significatives qui m'ont apporté un rendement [de mes investissements].

De plus, oui, il y a une vue d'ensemble… Les délégués commerciaux doivent aller avec les gros poissons, vous savez, parce que c'est probablement là qu'ils vont obtenir un rendement des investissements. Par conséquent, les petites entreprises ne sont pas vraiment considérées comme une priorité. Et il faut de la résilience. Il faut que nous soyons plus bruyants, vous savez, juste pour attirer l'attention, et c'est beaucoup d'efforts quand on doit aussi gérer une entreprise. Vous comprenez?

Une chose que je voudrais dire, je pense, juste pour compléter ce que Diemo a couvert dans sa présentation, c'est que nous avons besoin de 2 choses très spécifiques. La première est le parrainage et les occasions d'affaires pour nous. Le fait qu'on m'ait ouvert une porte a transformé mon entreprise, car je suis arrivée sur place avec le drapeau du Canada et [le soutien] de l'ambassade et du haut-commissariat.

Toutes les objections telles que « Est-ce qu'elle est sincère? » ou « Est-ce qu'elle va nous arnaquer? », ou autres, ont été réglées parce que je suis arrivée avec de la crédibilité. Et l'autre chose qui est importante est que nous devons aussi… – et c'est plus important que le Service des délégués commerciaux – nous devons penser à fournir des contrats de transformation pour les entreprises appartenant à des Noirs. Ce n'est pas tout le monde qui va recevoir des prêts et des subventions. Nous voulons aussi faire partie de la chaîne d'approvisionnement. C'est une conversation plus importante.

David Morrison : Merci beaucoup.

Sara, j'ai entendu quelques bons mots de soutien et d'éloge pour le Service des délégués commerciaux, mais aussi des mots très francs sur les obstacles structurels qui subsistent. Je vous laisse la parole pour le mot de la fin et la conclusion.

Sara Wilshaw : Merci David et, bien sûr, merci également à KC et à Diemo.

Je pense que Diemo et KC ont décrit très clairement les défis auxquels ils devaient faire face tout au long de leur chemin de carrière.

Nous l'avons entendu et nous l'entendons régulièrement : il s'agit de barrières uniques, d'accès aux capitaux, aux gros contrats, aux acheteurs, aux talents, aux réseaux, au mentorat, etc., ainsi qu'au type d'équation différente qui concerne les coûts et les bénéfices entre l'entrepreneuriat et les soins non rémunérés pour les femmes noires, les questions de psychologie sociale. Il y a beaucoup de choses à décortiquer, c'est certain.

L'une des choses que nous essayons de faire maintenant est de travailler avec les partenaires du portefeuille, c'est-à-dire toutes ces personnes qui ont été mentionnées : EDC, Exportation et développement Canada; CCC [Corporation commerciale canadienne]; Banque de développement du Canada, BDC; ISED [Innovation, Sciences et Développement économique Canada]. C'est un peu la soupe à l'alphabet, mais ce sont tous des acteurs de cet environnement qui font partie de l'équipe chargée de la reprise économique et commerciale que nous appelons BETR. Nous essayons de suivre le parcours et de nous assurer que ces lacunes sont réduites et que le parcours est aussi fluide que possible pour nos entrepreneurs.

C'est certainement l'une des façons dont nous essayons d'aborder les problèmes dont nous entendons parler et de les résoudre. Permettez-moi également de dire à nos auditeurs que, si vous n'avez pas travaillé avec le Service des délégués commerciaux, veuillez s'il vous plaît vous rendre sur le site tradecommissioner.gc.ca et cliquer sur « Communiquez avec un délégué commercial ». Venez nous trouver et nous ferons tout ce que nous pouvons pour vous aider. Mais il y a certainement beaucoup de choses à penser ici et beaucoup plus de choses que nous pouvons faire. Nous allons donc continuer à y travailler.

David Morrison : Merci Sara, merci KC et merci Diemo. À la prochaine, chers auditeurs, et merci beaucoup. Au revoir.


Merci d'avoir écouté le balado, et nous espérons que vous vous joindrez à nous pour les épisodes futurs des Dossiers d'AMC.

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