Transcription – Mini-série portant sur les Employés recrutés sur place, épisode 2 : Maddie Morris

Bienvenue dans les dossiers d’AMC, un balado sur les personnes, les défis et les idées qui animent Affaires mondiales Canada.


Maddie Morris: L’un des meilleurs conseils que j’ai reçus au cours de ma première semaine de transition était simplement de me rappeler que le poste de déléguée commerciale était mon travail. En dehors de cela, mon changement de sexe ne devrait pas avoir d’incidence sur ce que je fais en tant que déléguée commerciale.

Bienvenue dans les dossiers d’AMC, un balado sur les personnes, les défis et les idées qui animent Affaires mondiales Canada.  

Emmanuelle Tremblay : Vous avez peut-être déjà entendu parler de notre prochaine invitée. Elle a annoncé sa nouvelle identité de genre sur LinkedIn il y a quelques mois. Sa publication est devenue virale : elle a été vue plus de 400 000 fois et a généré environ 300 commentaires.

Voici l’histoire de Maddie Morris, une employée recrutée sur place à Affaires mondiales Canada qui est l’une des premières déléguées commerciales à annoncer publiquement sa transition sexuelle. 

Ayant grandi dans une collectivité rurale à Anderson, en Caroline du Sud, Maddie a étudié et travaillé à l’étranger. Elle travaille actuellement au bureau du consulat à Los Angeles, où elle promeut les liens économiques entre le Canada et le sud-ouest des États-Unis dans les domaines de l’innovation et du capital-risque. 

J’ai le bonheur de m’entretenir avec elle et de découvrir son parcours unique et courageux. Ici Emmanuelle Tremblay. Je suis bien heureuse de vous retrouver, chers auditeurs et chères auditrices, pour un autre balado portant sur nos employés recrutés sur place ici, à Affaires mondiales Canada.

Bienvenue, Maddie.

Maddie Morris : Merci beaucoup pour l’introduction. Je suis contente de parler avec vous aujourd’hui. Allons-y.

Emmanuelle Tremblay : Allons-y alors. 

Alors, avant de poursuivre, j’aimerais souligner, chers auditeurs, chers auditrices, que cet épisode fait partie de notre toute première minisérie de balados des dossiers d’AMC, qui comprend trois épisodes. Comme vous le devinez, la minisérie porte sur les employés recrutés sur place (des fois, on va dire aussi ERP), un groupe d’employés qui, je le rappelle, représente près de la moitié de l’effectif total d’Affaires mondiales Canada et les trois quarts du personnel de nos missions à l’étranger. Finalement, pour respecter la Loi sur les langues officielles du Canada, j’invite chaque invité à parler dans la langue de son choix.  

J’aimerais savoir, Maddie, comment vous êtes devenue employée recrutée sur place (ERP)? Comment êtes-vous devenue ERP pour une mission canadienne?

Maddie Morris : Bien sûr. Pendant mes études de premier cycle, j’ai eu la chance d’être l’une des premières personnes de ma famille à quitter le pays et à partir de ce moment, j’ai vraiment eu envie de découvrir d’autres cultures. Je souhaitais alors visiter d’autres endroits, voyager, rencontrer de nouvelles personnes. Pour être honnête, il y a quelque chose dans la diplomatie, en général, que je trouvais très romantique : cette idée que vous quittiez votre terre natale pour la représenter ailleurs.

Plus jeune, je souhaitais travailler pour le département d’État américain, mais ma carrière a pris d’autres voies. Quand j’ai étudié à l’Université d’Édimbourg pour ma maîtrise, j’ai travaillé au Parlement écossais lors du référendum pour l’indépendance. Ensuite, j’ai travaillé au département du Commerce international du Royaume-Uni depuis leur consulat à Atlanta, en tant qu’employée recrutée sur place.

J’ai tellement aimé travailler comme ERP pour les Britanniques que j’ai décidé, je suppose, de déménager dans le Commonwealth et de représenter le Canada depuis leur consulat à Seattle, Washington, où j’ai géré les portefeuilles d’ingénierie de pointe et d’aéronautique.

Tout récemment, j’ai décidé de m’en tenir au Canada et j’ai été transférée au consulat ici, à Los Angeles, où je gère le portefeuille d’innovation et de capital-risque, comme vous l’avez mentionné.

Emmanuelle Tremblay : Ah oui, quel parcours! C’est fascinant. Donc vous êtes partie de chez vous pour aller au Royaume-Uni, en Écosse, puis vous êtes revenue à Atlanta, qui n’était probablement pas le type de société la plus favorable ni la plus ouverte. Est-ce la raison pour laquelle vous avez choisi de déménager sur la côte Ouest?

Maddie Morris : Atlanta est une ville internationale et multiculturelle, où il fait bon travailler. En règle générale, j’avais l’impression que j’avais besoin de m’éloigner, je suppose, de la partie du pays dans laquelle j’avais grandi, de créer un peu de distance pour pouvoir vraiment me concentrer sur moi-même. J’ai choisi de déménager à Seattle. Cette ville, et le Nord-Ouest Pacifique américain en général, est l’un des endroits les plus ouverts d’esprit, les plus progressistes et les plus accueillants au monde et c’était le lieu parfait pour moi pour entreprendre ma transition, pour vraiment pouvoir prendre soin de moi avant de passer à autre chose.

Emmanuelle Tremblay : Je vois. Le choix de travailler pour une mission canadienne a-t-il quelque chose à voir? Travailler pour le gouvernement du Canada a-t-il également influencé votre choix?

Maddie Morris : Tout à fait, à 100 %. Et je pense que les personnes appartenant à la communauté LGBTQ2 apprennent, à un très jeune âge, que « chez-soi », ce n’est pas nécessairement l’endroit où l’on est né. Que « chez-soi », ce n’est pas non plus nécessairement l’endroit où l’on grandit. Que « chez-soi », c’est l’endroit qui vous aime et vous accepte tel que vous êtes, où aucun changement n’est nécessaire.  

Je pense avoir trouvé mon chez-moi au milieu d’une pandémie mondiale, sous une pluie battante, à Seattle, Washington, aux États-Unis, en me connectant à mon ordinateur portable du gouvernement du Canada. 

C’est là-bas que je suis chez-moi. Parce que le gouvernement du Canada a accueilli sous son toit une femme transgenre de Caroline du Sud pour les représenter à l’étranger.

Emmanuelle Tremblay : Quel a été le moment le plus mémorable de votre parcours professionnel au sein de l’un des deux consulats canadiens où vous avez travaillé, ces dernières années?

Maddie Morris : Mon souvenir le plus mémorable, c’est d’avoir eu la chance de travailler avec nos collègues de Boeing lorsque j’étais à Seattle sur l’initiative Boeing Launchpad Canada. C’était un programme d’accélération pour dix entreprises canadiennes en démarrage qui, la plupart du temps, n’avaient pas les percées, les relations, ni l’exposition à une grande entreprise de Fortune 500 comme Boeing. Mais Boeing leur a consacré deux mois de son temps.

Je pense que la raison pour laquelle cela reste mon souvenir le plus mémorable est que dans le secteur de l’aérospatiale, qui est traditionnellement représenté par des hommes blancs hétérosexuels cisgenres plus âgés, huit des dix jeunes entreprises ont été fondées par des groupes sous-représentés au Canada. D’après mon expérience en tant que déléguée commerciale queer, il faut toujours chercher à soutenir les groupes sous-représentés, pas seulement dans les régions où nous avons des missions LGBTQ2 comme ici à Los Angeles ou ailleurs, mais dans tous les aspects de ce que nous faisons; il s’agit de promouvoir les valeurs canadiennes de diversité, d’équité et d’inclusivité.

Emmanuelle Tremblay : C’est vraiment intéressant! J’ai beaucoup aimé entendre Maddie nous parler de son expérience d’avoir été le moteur d’une initiative très porteuse avec Boeing, permettant à une dizaine de petites entreprises qui démarrent à accéder à Boeing, à du mentorat, à des opportunités aussi d’investissement. 

Donc, c’est vraiment intéressant de voir cette interaction entre les intérêts de l’intégration, de l’inclusivité et aussi du développement économique et des opportunités d’affaires pour de jeunes pousses canadiennes.

Qu’est-ce qui vous plaît plus généralement en tant que déléguée commerciale? Quelle est, selon vous, votre valeur ajoutée?

Maddie Morris : Oh mon Dieu, Emmanuelle! Tant de choses différentes! J’aime le fait que chaque jour me permet d’apprendre quelque chose de nouveau. On ne sait jamais, quand on franchit la porte, que je me concentre ou non actuellement sur le secteur de l’innovation [inintelligible], l’ingénierie de pointe, on ne sait jamais. Peut-être travaillerez-vous un jour sur une voiture de Formule 1. Le lendemain, ce sera avec un fournisseur de solutions de voitures autonomes. Le lendemain, ce seront les composites et les drones. Le lendemain, ça pourrait être n’importe quoi.

C’est réellement réjouissant d’entrer dans son bureau, d’ouvrir sa messagerie et de se demander : quelle chose géniale vais-je apprendre aujourd’hui dont je n’avais aucune idée hier? C’est un rôle qui nous garde sur le qui-vive, mais qui nous donne l’impression de grandir continuellement et qui nous remplit de fierté.

Emmanuelle Tremblay : Cette diversité est assez étonnante. Vous devez avoir une bonne capacité d’adaptation pour pouvoir vous adapter à tous ces nouveaux enjeux qui se présentent à vous.

Maddie Morris : Merci.

Emmanuelle Tremblay : Comment gérez-vous tout cela? C’est vraiment complexe.

Maddie Morris : Je pense que l’adaptabilité caractérise bien, je suppose, les employés recrutés sur place, peut-être aussi les diplomates permutants. Si cela vous plaît de rentrer dans une pièce et de comprendre sur le champ de quoi il est question, alors ce travail est fait pour vous.

Emmanuelle Tremblay : Eh bien, Maddie, c’est vraiment impressionnant cette capacité d’adaptabilité. Donc, on a fait mention. C’est une petite surprise à chaque journée, les opportunités d’interaction avec différents types d’entreprises dans différents secteurs. C’est donc de l’apprentissage constant, mais aussi une forme d’adaptation perpétuelle.  

J’ai une dernière question pour vous, Maddie. Quel serait votre message aux personnes qui aimeraient travailler en tant qu’employés recrutés sur place? Que leur diriez-vous pour les convaincre de sauter le pas?

Maddie Morris : C’est une excellente question. Je pense réellement, et cela rejoint ce dont nous venons de parler (l’enchaînement parfait!), d’être juste capable d’apprendre, être capable d’aller dans des endroits que des personnes lambda n’envisagent même pas comme étant une possibilité, pouvoir déambuler parmi les usines de Boeing, rencontrer des membres du Congrès, des sénateurs, rencontrer les professeurs les plus brillants dans leur domaine et discuter avec eux de la physique nucléaire.

On apprend continuellement et on est amené à rencontrer tant de personnes et d’idées intéressantes. La vie devient alors tellement amusante et intéressante. Le gouvernement du Canada est un employeur inclusif, diversifié et merveilleux qui m’a acceptée comme déléguée commerciale et m’a donné la chance de représenter les valeurs canadiennes à l’étranger.

Emmanuelle Tremblay : Ce fut un réel plaisir de vous avoir aujourd’hui pour partager cette incroyable histoire. Et pour nos auditeurs, merci d’avoir écouté les dossiers d’AMC.

Dans le prochain épisode, je m’entretiendrai avec Maxim Cambor, agent des services communs à l’ambassade du Canada en République tchèque, à Prague. Restez à l’affût! 

Les dossiers d’AMC sont une production d’Affaires mondiales Canada. Toutes les opinions exprimées dans ce balado sont celles des personnes concernées et pas nécessairement celles de leurs employeurs ou d’Affaires mondiales Canada. Pour plus d'informations sur les balados d’Affaires mondiales Canada, visitez le site internet www.international.gc.ca  N’oubliez pas de vous abonner à notre balado et merci d’avoir écouté les dossiers d’AMC.

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