La politque étrangère et l’intérêt national : l’importance de M. Skelton
Pour ceux d’entre nous qui s’intéressent a M. Skelton je crois qu’il est important de reconnaitre les membres de la famille Skelton dont cinq sont assis ici dans la première rangée. Il est important de savoir que ce que nous connaissons de Skelton est a cause de la générosité de ces cinq membres. Ils savent ou plutôt ils ont donne des dossiers de leur famille aux archives de l’université Queen’s et aux archives nationales. Donc nous commençons a vraiment comprendre qui était ce O.D. Skelton grâce a notre accès aux journaux de M. Skelton et a sa correspondance ainsi qu’a d’autres documents que nous n’avions pas auparavant.
Alors lorsque Dr. Skelton a occupe la Chair d’économie et politique en 1908, bon M. Skelton avait 30 ans. Et à l’époque ses contemporains ont dit, tu sais, que c’est un homme très timide, très professoriel déjà a l’âge de 30 ans. Il avait le sourire timide mais il semblait un homme a part. Il était solitaire et parfois même abrupte. Il se déplaçait, il ne se déplaçait pas avec grâce. Il connaissait sa matière mais ce n’était pas un bon enseignant.
Lorsqu’il approchait de la quarantaine il a changé physiquement. Il avait perdu ses cheveux et puis il portait des lunettes dont les lentilles étaient de plus en plus épaisses. Il penchait vers l’avant ce qui donnait l’impression qu’il était moins grand qu’il était vraiment. Il détestait les prétentions sociales et la vanité humaine. Ce qu’il portait tout le temps c’était toujours un costume en tweed avec une veste, une cravate foncée et des souliers pratiques. Lorsqu’il était Ministre des Affaires Étrangères il se perdait dans la foule d’Ottawa et Ottawa vraiment a l’époque avait encore des relents de la ville … d’une ville qui avait grandi grâce a l’industrie des pates et papiers.
Donc a l’époque la Grande Bretagne avait une influence énorme sur le Canada. À l’époque donc Skelton luttait pour l’indépendance du Canada. Lorsqu’il enseignait à l’université Queen’s il disait qu’un pays n’était pas un pays s’il n’était que le porte parole d’un autre pays. C’était un pamphlétaire.
Dans sa deuxième vie au gouvernement il se servait du langage comme son arme principale et il a tenté de créer une politique étrangère propre au Canada. Si le Canada allait arrêter d’être une colonie, si le Canada allait arrêter d’obtenir des ordres de la Grande Bretagne, le Canada devait se détacher de la Grande Bretagne et s’occuper de ses propres intérêts.
Il avait beaucoup d’ennemis qui croyaient qu’il était un anglophobe qui détestait l’Empire Britannique. Ces gens le dépeignaient comme un homme dangereux. Vincent Massey disait de Skelton que celui-ci détestait la Grande Bretagne. En bref, il était anti britannique. Mais en fait ce n’était pas du tout le cas.
Il se disait que si les Britanniques voulaient mettre leurs propres intérêts en premier, le Canada devrait faire de même. De même Skelton était un anti impérialiste mais il n’était pas anti Empire. Il a décrit l’Empire Britannique comme étant l’expériment le plus formidable d’organisation politique dans l’histoire du monde. Il a dit que l’Empire Britannique était sans précédent et extraordinaire. Que c’était le bercail de la tolérance et de la liberté qui a donné naissance au Canada et qui a légué au Canada une culture politique. En fait il a toujours dit que la culture de l’Empire britannique était supérieure a la culture politique des États Unis.
A l’époque Bob Bothwell et moi avions eu des discussions intéressantes qui ont mené au prochain paragraphe. A l’époque de Skelton l’indépendance n’était pas équivalente à l’intérêt national tel que défini par la classe politique ou la grande majorité des Canadiens. Comment le Canada pouvait-il avoir un intérêt international indépendant si le Canada n’était pas une nation indépendante?
Beaucoup de gens voulaient davantage d’autonomie mais ne voulaient pas perdre le lien avec la Grande Bretagne. Donc on s’en servait du terme autonomie pour décrire la contradiction inhérente à la condition canadienne. Donc en partie libre, en partie pas libre. Donc c’est un terme qui donne au Canada un peu d’espace tout en demeurant au sein de l’Empire britannique. Donc le mot autonomie était très élastique et n’avait pas le bagage politique qu’aurait une déclaration de l’indépendance. Les Américains eux avaient déclaré leur indépendance mais les Canadiens eux étaient différents. Ils savaient instinctivement que l’indépendance n’était pas pour eux, du moins pas pour l’instant.
Donc la première occasion que Skelton avait eu pour avancer son projet d’indépendance était a la Conférence Impériale de 1923 lorsqu’il était un Conseiller spécial au Premier Ministre Mackenzie King. En fait lorsque King est devenu leader du parti politique Skelton a cultivé son amitié avec M. King. Dans son journal M. Skelton a écrit qu’il voulait user de son influence directement et non indirectement. Il a dit a sa femme, j’aurai très peu d’occasions dans ma vie aussi belles que celle-ci. Vivre de grandes événements de l’histoire équivaut à vivre beaucoup plus d’années de vie ordinaire.
Donc Skelton s’attendait à que de grandes choses se produisent a cette Conférence. Donc soit que les gains nationalistes de la première guerre seraient consolidés ou le pays pourrait retomber dans le giron britannique. Donc dans ses notes Skelton avait dit à King que c’était pas aux Britanniques de parler au nom du Canada. Les gens qui étaient pro Empire disaient que l’Empire ne pouvait parler que d’une voix.
Ainsi les Britanniques auraient contrôle sur la nation canadienne, disait Skelton. Les impérialistes canadiens et britanniques ont vu venir leur ennemi. Un membre canadien du groupe The Round Table qui était pro Empire a dit que le conseiller principal de King était un autonomiste extrémiste qui était jaloux de la supériorité britannique.
Donc au cours de la Conférence on parlait de cet homme dangereux, ce qui plaisait à Skelton qui se vantait par la suite, j’étais aussi populaire a la Conférence ici avec les impérialistes qu’une moufette a un party. Donc le but de Skelton à cette Conférence Impériale était de donner un peu de détermination à Mackenzie King et il a réussi. Lorsque Mackenzie King était parti ailleurs Skelton a usé de son influence en disant que le Canada allait coopérer avec l’Empire britannique si nécessaire. Mais la colonie elle aurait cette liberté de décider de leur participation.
M. Dafoe (ph) qui était un membre de la délégation canadienne et qui à l’époque des vues de Skelton avait complètement changement d’avis. Il a même dit que Skelton était plus intelligent que le Premier Ministre. Et le Premier Ministre sud-africain est allé encore plus loin et a dit que la Conférence était la Conférence du Canada. Mais c’était en fait la Conférence de Skelton. C’était une exagération mais elle n’était pas grande.
La Conférence d’après de 1923 King voulait davantage de son travail. Au cours des deux dernières années Skelton s’est engage en service publique et M. Joseph Pope, qui était le Chef des Affaires étrangères depuis 1901 a été pousse ver la porte. Le professeur était d’abord arrive a Ottawa de façon temporaire. En 1925 il est devenu Secrétaire d’État des Affaires extérieures, un poste qu’il a garde pratiquement 16 ans.
Il a beaucoup tergiverse avant de décider de quitter Queen’s. Il adorait donner des cours, former des gens et il avait aussi des racines profondes à Kingston à l’université. Finalement il a été pousse par le fait qu’il voulait faire quelque chose d’efficace à grande échelle pour le pays et surtout en essayant de définir le status national et international. Sa femme quant à elle préférait Kingston.
Skelton et King se sont modelés sur William Everett Gladstone et Sir Wilfrid Laurier. De Gladstone le Premier Ministre anglais qui était révéré par le monde anglophone comme étant la démocratie libérale incarnée. Les deux Canadiens se sont imbibés d’un gouvernement autonome, d’un marché libre et anti impérialisme. Skelton et King se sont battus ensemble pour la grande élection de 1911 qui a fini par donner à Laurier 15 ans comme Premier Ministre. Et comme King prenait la place de Laurier comme leader libéral, prônant la réconciliation nationale après les difficultés de la première guerre mondiale Skelton a écrit la biographie de M. Laurier.
Skelton n’a jamais pense que King était de la classe de Laurier mais il trouvait qu’il avait un talent politique certain. Ils avaient une vision harmonieuse de l’unité nationale pour que le pays soit ensemble et prospère. Skelton et King n’étaient pas d’accord sur l’importance de l’indépendance ou sur la nature de l’intérêt national.
A la conférence de 1923, la Conférence Impériale, Skelton a fait l’ébauche de la déclaration de King mais le Premier Ministre cependant a inséré une ligne qui était la sienne sur les devoirs du Canada envers l’Empire britannique en cas de crise internationale. Selon lui le Canada serait du côté du Royaume Uni parce que finalement son intérêt national était lie au sens de son obligation envers son pays mère.
Skelton a finalement regrette ce que le Premier Ministre avait dit. King est devenu très agité et finalement il a souligné dans son journal qu’ils avaient des opinions divergentes. King a traité Skelton plutôt comme un égal que comme tout autre collègue au gouvernement sauf peut-être Ernest LaPointe qui était le Liberal du Québec des années 20 aux années 40. Skelton avait la déférence pour le roi, peut-être même trop et il avait un ego important par rapport à son image. Il se rappelait de Sir Humphrey Appleby dans Oui M. Premier Ministre. Il savait qu’il faisait partie des êtres supérieurs.
Pendant la crise constitutionnelle de 1926 – lorsque King essayait de rester au pouvoir, Skelton lui a donne des munitions pour se battre contre ceux qui le tourmentaient. C’était un peu le flatter. Vous devez être Premier Ministre, lui disait King et Skelton disait non, non, non. Mais en fait il courait à la maison pour marquer dans son journal ce que disait King et qu’il pensait qu’il avait raison.
Skelton était prêt à supporter le fardeau pour faire que son leader et son Parti réussissent. Il est devenu l’éminence grise du gouvernement pour donner une substance et une crédibilité à la politique. Il pouvait travailler sept jours par semaine, seize heures par jour. Il était souvent malade et souvent fatigué mais il continuait et se retrouvait au centre nerveux du gouvernement non seulement de la politique extérieure mais intérieure également.
Il enviait la possibilité du Premier Ministre de vraiment dormir toute une nuit. Lui il ne pouvait pas. Skelton essayait de grignoter son programme indépendantiste dans les années 1920 et parfois il faisait plus que le grignoter. Lui et LaPointe étaient les délégués en chef du Canada à une conférence de spécialistes en 1929 pour recommander les changements au système juridique du British Commonwealth qui avait de moins en moins l’apparence d’une Empire.
Skelton essayait d’enlever les restrictions à l’autonomie canadienne sauf au pouvoir du Parlement britannique de modifier la Constitution. Il a servi dans le comité plus important de la conférence pour faire un rapport qui s’est avéré être le Statut de Westminster, une loi britannique qui a donne au Canada et aux Dominions leur liberté juridique sauf s’ils ne la voulaient pas.
Les politiciens britanniques ont identifie Skelton comme étant l’ennemi numéro un, le nationaliste le plus extrême. Pendant ce temps Skelton avait transformé le Ministère des Affaires étrangères en un instrument d’indépendance nationale. Il l’ a créé autour du modèle du Foreign Office anglais avec de jeunes professionnels pris sur l’état par la réussite et non pas parce qu’ils étaient pistonnés. C’est devenu une pratique courante, juste après qu’il soit devenu Sous-secrétaire puis qu’il cherchait des généralistes bien éduqués qui pouvaient faire toutes sortes de choses à très court terme.
Skelton notait les résultats et était président des comites lorsqu’il interviewait les candidats. C'est-à-dire qu’il y avait toutes sortes de jeunes fonctionnaires comme lui, c'est-à-dire bien formés à l’université, capable de tout faire. Les femmes n’étaient pas la bienvenue avant les années 40. Qui pourraient écrire et bien raisonner. Parmi ces recrus, M. Pearson, Georges Vanier, Norman Robertson et Jean Dezy. Le dernier Arthur Menzies, son futur genre, qui est aujourd’hui avec nous.
(applaudissements)
La représentation diplomatique canadienne à l’étranger n’existait pas lorsque Skelton a pris la commande du Ministère des Affaires étrangères. Il croyait que les décisions indépendantes ne pouvaient pas être faites au Canada à moins qu’il y ait des diplomates à l’étranger qui donnaient des informations et des avis. Pas des diplomates britanniques dans des ambassades britanniques pour l’Empire. Mais au contraire des Canadiens pour les intérêts nationaux distincts de leur propre pays dans les capitales étrangères.
Les nominations diplomatiques au niveau des Ministres et non des Ambassadeurs étaient faites à Washington puis à Tokyo en 1927 et 1929 mais ce ne sera pas avant une dizaine d’années plus tard. C’était le coût de la représentation diplomatique qui a causé une résistance politique. Pourquoi ne pas avoir les Anglais représenter le Canada à Rome, Berlin ou Buenos Aires?
Skelton répondait qu’il pouvait le faire peu cher. Les diplomates, disait-il, sont envoyés pour mentir à l’étranger sur leur pays pas pour – c’est pas le premier à avoir dit ça d’ailleurs – et non pour donner aux autres pour se distraire. Pour lui c’était pas une audience que le Canada cherchait à impressionner mais plutôt des Chefs de file qui avaient l’argent et la responsabilité et qui n’étaient pas facilement impressionnés.
Comme il disait, avec un sens de l’humour on peut aller beaucoup plus loin que des soirées élaborées. Je pense que les diplomates le diront certainement eux aussi. Mais cela révélait à quel point Skelton n’aimait pas la pompe et l’extravagance mais aussi à quel point il pouvait être naïf et fermé. Il pensait que les meilleurs recrus étaient les internationalistes. Il savait que le monde d’Empire ne pouvait pas être évité et qu’il y avait des grandes possibilités.
Lorsque ce pays essayait de développer sa cohésion psychologique et ses institutions, le Canada prenait un profil bas et se protégeait de courants mondiaux dangereux. À long terme cependant il fallait mesurer la coopération d’engagement international. Skelton essayait d’avoir un Ministère des Affaires étrangères non partisan. Pourtant il était partisan. Il ne faisait pas de différence entre son rôle dans le Parti Liberal et ses responsabilités de haut fonctionnaire.
Pour lui c’était bizarre d’avoir un Premier Ministre Conservateur. Ce n’était pas impossible mais il s’attendait à faire en sorte que les Libéraux retrouvent le pouvoir. Ce libéralisme était relativement bizarre quand les Conservateurs devenaient de temps à autre Premier Ministre. C’était bizarre mais pas impossible. Skelton avait bien travaille avec Arthur Meighen en 1926 mais son mandat était très bref.
Quand M. Bennett a forme un gouvernement majoritaire en 1930 Skelton s’attendait à être viré et c’était certainement ce que le Premier Ministre avait l’intention de faire. Donc il venait tard le matin. Il a commencé à faire son journal parce que finalement il n’avait pas grande chose d’autre à faire. Il a passé plus de temps dans le jardin qu’il avait dans sa maison de Rockcliffe. Mais très rapidement le Premier Ministre a découvert la même chose que M. Mackenzie King. C'est-à-dire que Skelton était indispensable. Il a dit, finalement je ne pouvais pas m’en passer. Il savait tout.
Bennett a conclu que Skelton était un haut fonctionnaire excellent et qu’il était une bonne ressource tant sur les affaires intérieures que les affaires extérieures. Malgré tout cela et malgré le fait que Bennett était beaucoup plus sensible et moins exigeant que Mackenzie King, Skelton était quand même soulagé de voir la fin d’un règne des Conservateurs de cinq ans.
L’Allemagne, l’Italie et le Japon se préparaient à « faire la guerre ». Le contrôle qu’avait King sur la politique étrangère était sure. Bennett était beaucoup plus erratique, parfois absent. Mais le Premier Ministre King a regardé la façon dont les événements internationaux se sont déroulés et a essayé de penser sérieusement à ce qu’il fallait faire ou ne pas faire.
L’intérêt national était basé sur la géographie. Dans une phrase qui se retrouvait dans la rhétorique du Premier Ministre et qui a été associée avec King depuis, Skelton disait que les Canadiens étaient heureux de ne pas avoir de voisins et d’avoir un voisin. Parce que l’Amérique n’a pas de menace militaire. Les ennemis potentiels vivent beaucoup trop loin et ils ont d’autres préoccupations que de considérer le Canada comme une cible.
Les Canadiens de toute façon ont un trop grand pays ce qui rend les communications extrêmement complexes, le développement socio-économique, la défense et aussi les différences régionales et culturelles. Finalement le Canada avait une communauté d’intérêts et sa destinée. Skelton voyait l’Amérique du Nord comme un rempart ou une antidote contre les forces impérialistes qui menaçaient les jeunes pays qui essayaient d’être autonomes.
Le Premier Ministre de l’autre cote était lié à la notion que le Canada était l’Empire britannique de l’ouest, une extension de ce qui était autrefois le pays mère. Le Canada et l’Angleterre étaient une même famille. Ce désaccord fondamental pouvait aplanir tant que le monde était en paix. Pourtant ce n’était pas le cas. Une grande guerre a été lancée et Skelton se demandait quel est devenu de son idéal. Il espérait que l’indépendance allait pointer son nez à la fin de la première guerre mondiale et il a essayé de faire progresser le Canada dans cette direction aux Affaires étrangères.
Pourtant en 1939 quand le Canada se joint à la Seconde Guerre Mondiale tout semblait perdu. Il a écrit 12 pages de notes ou il a déversé sa colère et c’est quelque chose qui a été conservé dans ses dossiers. Il a déclaré que c’était complètement ridicule que les Canadiens acceptent de se faire manœuvrer et séduire tous les 25 ans à saigner et à perdre leur argent parce que les Européens impétueux avaient besoin de faire la guerre.
Ce n’était pas notre guerre mais c’était la guerre des vieux conservateurs de ceux qui etaient pour l’Empire et le Premier Ministre King était le manipulateur en chef. Le parlement a convoque une session speciale et le Premier Ministre a promis que le seule choix dont disposait le Canada était d’aller en guerre avec l’Angleterre. Pour lui l’unite avait été impose d’en haut. C’était quelque chose d’artificiel et de superficiel qui ne durerait pas. Skelton s’est lamente de l’absence d’un examen de l’intérêt national, qu’un pays sérieux doit faire pendant la crise. Le Canada doit penser à ses propres intérêts, a-t-il écrit en janvier 1939. Le Canada ne parle jamais de ses propres intérêts. Et ce mémoire est allé sur le bureau du Premier Ministre.
Il pensait peut-être qu’une guerre était importante parce que le Canada était une nation commerciale contre ses idées justement anti liberté et le Canada aurait été détruit si l’Europe et l’Angleterre étaient tombés sous le joug d’Adolf Hitler. Cependant si le conflit durait il y aurait des dettes, des décédés et beaucoup de mécontentement.
Le Québec s’est opposé à un sacrifice illimité poussant les francophones, (inaudible) du Canada anglais et les divisions naturelles ont été renforcées et amplifiées. Et pour quoi. Simplement, dit Skelton, parce que … à cause d’un dictateur en Europe. Skelton n’était pas prêt à concéder que King et d’autres avaient une autre lecture de l’intérêt national qui était plus près de ce qui se passait à ce moment-la et de la menace.
Le Premier Ministre était convaincu que les intérêts canadiens étaient liés à ceux de l’Angleterre et que leurs intérêts étaient les mêmes. L’Angleterre a donné le modèle pour les forces armées canadiennes et le Royal Navy a défendu les voies maritimes du Canada. Un Canadien sur deux était d’origine britannique. King était certain … ils ressentaient la même chose au sujet de la participation à la guerre. King pensait que l’Angleterre avait donné sa liberté au Canada et que le Canada avait une responsabilité nationale d’user cette liberté pour aider la famille des nations britanniques contre une agression non provoquée.
Ils n’étaient pas si loin, King et Skelton, l’un de l’autre. Le Premier Ministre a accepte l’avis international de Skelton. Le fait qu’il voulait une unité intérieure dans le pays. Il n’aimait pas les forces malévolentes étrangères d’impérialisme et de matérialisme. Il préférait bien sur une relation canado-américaine en tant que voisin paisible et c’est pourquoi il y avait confusion, parfois délibérée, sur ce que disait King en public avant la Seconde Guerre Mondiale où il a accepté très souvent les ébauches écrits par Skelton.
C’est pour cela que le gouvernement initial de King parlait de responsabilité limitée. Ces deux versions des intérêts nationaux, Skelton d’un côté et King de l’autre, ont fusionné après que la France soit tombée au printemps de 40 quelques mois avant la mort de Skelton. Les deux ont déclaré leur solidarité avec le Royaume Uni pour combattre définitivement le fascisme. Le Sous-secrétaire comprenait maintenant que le véritable endroit pour défendre son pays est de l’autre cote de la mer.
Skelton a réussi cet accord militaire canado-américain signé à Ogdensburg. Il était content parce que la guerre a avancé la cause des Anglophones. Il a dit que cela amuse un petit peu dit King dans son journal pour voir a quel point les gens peuvent passer d’une extrême à l’autre.
L’intérêt national c’est quelque chose qui peut bouger. Les ingrédients de base sont clairs – la sécurité territoriale, la cohésion domestique, la prospérité économique, l’autonomie de l’état, un partenariat et un prestige internationaux. Chacun de ces éléments cependant a un intérêt distinct en soi et représente un but distinct de la politique publique. Certains intérêts contredisent les autres. Tous ont des implications à long terme et à court terme. La valeur donne cohérence à des intérêts et parfois même les valeurs sont transformées en les intérêts. La politique intervient, concentrant les choses, ou comme disait Skelton en 1939, en déformant le tout. Les intérêts forment des priorités. Les choix sont pris. Il n’y a pas un seul intérêt national et il n’y a pas une seule interprétation de l’intérêt national.
La politique étrangère canadienne au début de la deuxième guerre mondiale démontre ce point. En 1939 Skelton a vu la connexion britannique comme un piège qui poussait les Canadiens vers la mort et la séparation. À long terme au contraire cela a créé l’unité nationale et l’indépendance nationale. Un an plus tard cependant, une fois que la France était défaite et que Hitler avait le Royaume Uni à la gorge, Skelton a vu l’urgence de tout cela. Il n’a pas changé. C’est les événements qui avaient changé.
Alors pourquoi cette personne quand je l’ai rencontré il y a très longtemps maintenant, pourquoi tout cela est-il important pour nous. D’abord je pense qu’il y a trois raisons. Skelton a fait une campagne pendant pratiquement 20 ans au Ministère des Affaires étrangères pour une constatation objective des véritables intérêts de son propre pays. Il ne compte pas parce qu’il était plus objectif que les autres. En fait, ce n’était pas le cas. Il était important parce qu’il a toujours attaqué les édifices de la dépendance canadienne et s’est concentré sur le contrôle national de la politique étrangère comme étant le test de base de la souveraineté.
Il a été témoin, il a participé au pouvoir (inaudible) et a envoyé le premier représentant canadien à l’étranger. Les deux préconditions d’un gouvernement autonome. Il a formé le Ministère des Affaires étrangères en une institution sérieuse du gouvernement. Il a contribue directement au Statut de Westminster qui signifie la fin de la subordination coloniale. Il a cherché à resserrer les liens avec les États Unis et à nord-américaniser le Canada, surtout dans la politique étrangère et économique et a muni le Canada contre l’impérialisme européen et britannique.
Au début de la Seconde Guerre Mondiale Skelton était en colère non pas par la définition de se battre mais par la façon dans laquelle King et les autres Canadiens ont interprété sa réaction. Il avait tort sur les enjeux qui se présentaient en 1939 mais il avait raison d’insister que la politique nationale doit découler d’une évaluation systémique de l’intérêt national.
Ce principe est toujours valide, tout particulièrement pour un pays de taille moyenne pris dans le réseau de ses alliés historiques. Le legs de Skelton est ce Ministère. Il a fait une méritocratie. Il a montré l’exemple. Il était vraiment très intègre, excellent et très décent. Des Canadiens impeccables ont été attirés vers un service public qu’il personnalisait ce qui a permis à plusieurs de ses officiers de faire carrière avec un bon salaire.
Il était fier de ce que ce Ministère avait accompli, que ce soit la diplomatie multilatérale ou les négociations du marche avec les États Unis dans les années ’80 ou l’activisme post guerre froide. Il était toujours défait par les efforts de marginalisation d’un Ministère qui pour lui était au centre de tout, non pas pour lui …
Troisième chose, son nationalisme libéral qui a été légué aux autres générations est une tradition dominante de la politique étrangère canadienne. Cela a commencé par l’unité nationale comme fondement de l’action politique et cela se termine en flexibilité pratique dans les affaires mondiales.
Ses méthodologies sont la précaution, la modération et la progression. Le Canada est un pays paisible et est un allié entre tous. Il cherche un équilibre ce qui selon Skelton n’est pas toujours disponible, n’était pas toujours disponible dans l’ère du colonialisme mais entre le bilatéralisme et l’internationalisme, entre le court terme et le long terme, entre les conceptions contraires et internationales.
Après le départ de Skelton, Pearson et son programme internationaliste semblait complètement contraire de ce que les Canadiens pensaient dans l’entre deux guerres. Pourtant Pearson et ses collègues étaient des activistes prudents. (inaudible) n’était pas créé par le nouveau muscle américain. Cela aura apporté bien des anxiétés tout en leur apportant une assurance. Mais ils ont cherché des freins et contrepoids au pouvoir américain.
S’il n’avait pas été en face de cette bipolarité de la guerre froide, de la terreur nucléaire, il aurait interprété l’intérêt national de la même manière que les diplomates l’ont fait après la seconde guerre mondiale. Il a toujours cru que le Canada prendrait sa place mais que ce serait une place modeste.
Et donc pour conclure le legs de Skelton est un disons (inaudible) tranquille canadienne dans les affaires étrangères et humaines. En 2006 le discours commémoratif de Skelton dit par (inaudible) disait que les Canadiens essayaient de former leur monde à leur image et dans ce but la règle numéro un de Skelton était qu’il y avait des limites à l’influence canadienne et aux ressources canadiennes.
Pearson le réaliste ultime comprenait cela. Pierre Trudeau bien qu’il ait été tente de temps à autre par le parti chimérique des choses le comprenait la plupart du temps. Brian Mulroney et Jean Chrétien chacun de sa façon malgré la rhétorique plus qu’occasionnelle le comprenaient également, avec le résultat que la politique étrangère de leurs gouvernements était saine et constructive. Même s’ils ne le savaient pas ils étaient des Skeltonians. On ne l’est pas tous, mais on devrait l’être. Merci.