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Déclaration de la Coalition pour la liberté des médias concernant la liberté des médias en Russie

Le 28 octobre 2021 – Ottawa (Ontario) – Affaires mondiales Canada

Les membres soussignés de la Coalition pour la liberté des médias expriment leur profonde inquiétude face à l’intensification du harcèlement par le gouvernement russe des journalistes et des médias indépendants en Russie. La liberté des médias est essentielle au fonctionnement efficace des sociétés libres et ouvertes ainsi qu’à la protection des droits de la personne et des libertés fondamentales. 

Cette année, les autorités russes ont systématiquement placé des journalistes en détention et les ont soumis à un traitement sévère pour avoir couvert les manifestations de soutien à l’opposant emprisonné Alexeï Navalny. En avril, une perquisition a été menée dans le bureau du journal étudiant DOXA à la suite d’accusations fallacieuses, et 4 rédacteurs ont ensuite été soumis à de sévères restrictions de leur liberté. Le 29 juin, les autorités russes ont mené des perquisitions dans les appartements des employés du site Web de journalisme d’enquête Proekt, le jour même où le média a publié une enquête sur des pratiques de corruption présumées du ministre russe de l’Intérieur. Proekt a été ajouté à la liste russe des « organismes étrangers indésirables »; c’est la première fois qu’une entité médiatique reçoit cette désignation. Par ailleurs, les autorités d’occupation russe en Crimée détiennent depuis mars le journaliste de Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL) Vladislav Yesypenko et l’auraient torturé en détention. Le 15 juillet, M. Yesypenko a été faussement accusé et risque jusqu’à 18 ans d’emprisonnement. Le 8 octobre, les autorités russes ont appliqué l’étiquette d’« agent étranger des médias » au projet international de journalisme d’enquête Belling cat, connu pour son enquête sur l’empoisonnement de Navalny. 

Dans un effort sans équivoque pour supprimer l’accès des Russes aux reportages indépendants, le gouvernement russe a mis en place l’année dernière de lourdes exigences en matière d’étiquetage pour les soi-disant « agents étrangers des médias ». Depuis lors, il a accusé RFE/RL de plus de 600 violations, entraînant des amendes d’un montant total de plus de 4,4 millions de dollars. Les autorités russes ont rejeté les appels de RFE/RL concernant les amendes initiales en mars et ont gelé les comptes bancaires locaux du bureau de RFE/RL à Moscou le 14 mai, mettant ce dernier en danger de faillite. Il semble de plus en plus évident que le gouvernement russe ait l’intention de forcer RFE/RL à mettre fin à sa présence de plusieurs décennies en Russie, tout comme il a déjà forcé la fermeture de plusieurs autres médias indépendants ces dernières années.

Outre RFE/RL, les autorités ont apposé l’étiquette d’« agent étranger des médias » sur des médias russes indépendants menant des activités à l’intérieur ou à proximité des frontières de la Russie, à savoir Meduza, Important Stories, VTimes, The Insider, MediaZona, OVD-Info, Medium Orient, PASMI news, Moscow Digital Media et la chaîne de télévision Dozhd, réduisant ainsi leur capacité à mener leurs activités. En raison de cette répression, VTimes a été contraint d’annoncer sa fermeture moins d’un mois après sa désignation. Au cours des derniers mois, les autorités russes ont ajouté des dizaines d’autres journalistes russes à leur liste d’« agents étrangers des médias ». Selon le Comité pour la protection des journalistes, 10 journalistes sont actuellement emprisonnés en Russie simplement pour avoir exercé leur métier. Nous prenons aussi note de la décision des autorités russes d’expulser la journaliste de la BBC Sarah Rainsford, une mesure rétrograde qui nuit davantage à la cause de la liberté des médias en Russie.

Les élections à la Douma, qui se sont déroulées du 17 au 19 septembre dans la Fédération de Russie, ont été précédées de restrictions imposées par le gouvernement russe aux journalistes et aux travailleurs des médias. Des journalistes et des travailleurs des médias ont été menacés et expulsés de force des bureaux de vote. Ces actions sont en contradiction avec les engagements internationaux de la Russie.

Bien que les préoccupations liées à la liberté d’expression et à la sécurité des journalistes en Russie se soient intensifiées, elles ne sont pas nouvelles. Nous sommes solidaires des journalistes russes indépendants qui assument des risques personnels dans l’exercice de leurs activités professionnelles, et nous honorons la mémoire des journalistes dont le travail intrépide leur a coûté la vie, y compris Natalia Estemirova, Anna Politkovskaya et Paul Klebnikov. Nous saluons Dimitri Muratov, rédacteur en chef de Novaya Gazeta, pour avoir remporté le prix Nobel de la paix. Cette récompense souligne le travail important que tous les journalistes et travailleurs des médias indépendants de la Fédération de Russie accomplissent depuis des années en luttant pour les droits de la personne, dont la liberté d’expression.

Nous réitérons notre condamnation du ciblage et du harcèlement des journalistes et des médias indépendants par le gouvernement russe. Nous exhortons la Fédération de Russie à se conformer à ses obligations et à ses engagements internationaux en matière de droits de la personne, ainsi qu’à respecter et à garantir la liberté des médias et la sécurité des journalistes. Nous demandons au gouvernement russe de cesser sa répression des voix indépendantes, de mettre fin aux poursuites à caractère politique contre les journalistes et les organisations de médias, et de libérer toutes les personnes injustement détenues.

L’Allemagne, l’Australie, le Canada, le Danemark, les États-Unis, la France, la Grèce, l’Islande, la Lettonie, la Lituanie, la Macédoine du Nord, la Nouvelle-Zélande, les Pays-Bas, la République tchèque, le Royaume-Uni, la Slovaquie, la Slovénie et l’Ukraine

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