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Déclaration au nom du Groupe des amis sur les enfants et les conflits armés au débat ouvert du Conseil de sécurité de l’ONU sur les enfants et les conflits armés

Le 19 juillet 2022 – Conseil de sécurité de l’ONU

Madame la Présidente/Monsieur le Président,

J’ai l’honneur de prononcer cette déclaration au nom du Groupe des amis sur les enfants et les conflits armésNote de bas de page 1. Nous saluons le débat public d’aujourd’hui organisé par le Brésil et remercions les intervenants pour leurs déclarations. Nous tenons à remercier Patrick Kumi pour avoir fait part de ses expériences et de ses recommandations.

Nous encourageons le Conseil de sécurité à inclure régulièrement des enfants et des jeunes à titre d’intervenants dans ses délibérations et ses séances d’information. Nous demandons l’inclusion et la participation sûre et significative des enfants et des jeunes dans toutes les questions de paix et de sécurité, y compris les processus politiques et de paix, la protection et les interventions humanitaires, ainsi que les programmes de réintégration.

Madame la Présidente/Monsieur le Président,

Le Groupe des amis est profondément préoccupé par les chiffres et les tendances présentés dans le rapport annuel du Secrétaire général. En lisant le rapport du Secrétaire général ainsi que l’analyse récente menée par l’UNICEF, qui souligne que les violations graves ont augmenté année après année au cours des 16 dernières années, nous avons un portrait troublant de la condition des enfants touchés par les conflits.

La persistance des niveaux élevés de meurtres et de mutilations d’enfants, de recrutement et d’utilisation d’enfants par des groupes armés, et le refus de l’accès à l’aide humanitaire par les parties aux conflits armés, sont extrêmement troublants.

L’augmentation spectaculaire des enlèvements est très préoccupante, car les enlèvements conduisent souvent à d’autres violations graves des droits des enfants. L’augmentation considérable des incidents vérifiés de violence sexuelle contre les enfants est également alarmante et la tendance doit être inversée. Cette grave violation touche les filles de manière disproportionnée, tout en ayant également des répercussions sur les garçons. Elle est déjà susceptible de faire l’objet d’une importante sous-déclaration et d’un manque de données.

En outre, nous sommes consternés par les attaques généralisées contre les écoles et les hôpitaux qui sont présentées dans le rapport, en particulier dans le contexte de la pandémie actuelle de COVID-19, qui provoque la plus grande perturbation de l’histoire dans le domaine de l’éducation.

Nous sommes vivement préoccupés par la montée en flèche du nombre d’enfants déplacés en raison des conflits et de la violence dans le monde ; plus de 36,5 millions d’enfants selon l’ONU. Ce chiffre ne tient pas compte des plus de 4,5 millions d’enfants qui ont été déplacés par la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine.

Les enfants déplacés courent des risques accrus, tels que la vulnérabilité à la traite de personnes, les déportations forcées, à l’exploitation, au recrutement et à l’utilisation par des groupes armés, ainsi qu’à d’autres mauvais traitements. Les plus vulnérables sont les enfants handicapés et les enfants qui ne sont pas accompagnés ou qui sont séparés de leurs parents ou tuteurs.

Dans ce contexte troublant, le Groupe des amis souhaite formuler les recommandations suivantes, auxquelles nous nous engageons à donner suite par notre propre engagement collectif :

Premièrement, nous exhortons toutes les parties à un conflit armé à se conformer pleinement à leurs obligations en vertu du droit international humanitaire, droit des droits de l'homme, et droit des droits réfugiés, et d’agir pour prévenir et faire cesser les violations graves contre les enfants. À cette fin, nous encourageons vivement toutes les parties à un conflit armé à signer et à mettre en œuvre des plans d’action et d’autres mesures concrètes et assorties de délais pour renforcer la protection des enfants dans les conflits armés.

Deuxièmement, nous demandons que les auteurs de violations graves répondent pleinement de leurs actes devant les mécanismes de justice nationaux et internationaux, tels que la Cour pénale internationale. Une véritable justice suppose également des réparations et l’accès à des services spécialisés complets tenant compte du genre et de l’âge, notamment des services médicaux, de santé mentale et de soutien psychosocial, des soins de santé sexuelle et reproductive, ainsi qu’un soutien juridique et une aide à la subsistance pour les survivants de violations graves.

Troisièmement, un nombre croissant d’États membres ont adhéré ou donné leur appui à des instruments clés visant à renforcer la protection des enfants dans les conflits armés. Nous encourageons les États membres de l’ONU à adhérer au Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant concernant l'implication d'enfants dans les conflits armés, et d'envisager d'approuver et de mettre en œuvre des instruments concrets de protection des enfants, tels que la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, les Principes et engagements de Paris, et les Principes de Vancouver sur le maintien de la paix et la prévention du recrutement et de l’utilisation d’enfants soldats.

Quatrièmement, nous demandons que des ressources adéquates soient affectées aux spécialistes et aux activités de protection des enfants, y compris au sein des opérations de paix de l’ONU, des équipes spéciales de travail de pays de l’ONU chargées de la surveillance et de la communication de l’information, et des mécanismes internationaux d’enquête et d’établissement des faits, ainsi que des organes judiciaires internationaux.

Cinquième et dernier point, nous exhortons le Conseil de sécurité, les États membres, le Secrétariat de l’ONU et les pays hôtes à soutenir la mise en œuvre intégrale des mandats de protection des enfants par les opérations de paix de l’ONU, y compris dans les contextes où l’ONU est en phase de transition. Nous rappelons également l'importance de la Commission de consolidation de la paix et du Fonds pour la consolidation de la paix, qui peuvent jouer un rôle clé dans la mobilisation de l'attention et des ressources pour répondre aux besoins des enfants dans les situations de conflit et d'après-conflit, notamment pour la réintégration des enfants anciennement associés aux forces armées et aux groupes armés.

Madame la Présidente/Monsieur le Président,

À l’occasion du 25e anniversaire du mandat sur les enfants et les conflits armés, nous exprimons notre sincère reconnaissance pour le travail de la représentante spéciale du Secrétaire général, de l’UNICEF et de tous les intervenants dans le domaine de la protection des enfants au sein des Nations Unies et de la société civile.

Au cours des 25 dernières années, nous avons travaillé ensemble pour mettre en place un ensemble d’outils solides à l’appui de ce mandat unique et important, allant du Mécanisme de surveillance et de communication de l’information au Groupe de travail du Conseil de sécurité, parmi beaucoup d’autres. Ces outils doivent être défendus et renforcés.

À cet égard, le Groupe des amis réaffirme l’importance que nous attachons à l’indépendance, à l’impartialité et à la crédibilité du Mécanisme de surveillance et de communication de l’information et du mécanisme d’établissement de listes tels qu’il figure dans les rapports annuels du Secrétaire général sur les enfants et les conflits armés. Ensemble, ces deux outils demeurent particulièrement importants dans nos efforts pour protéger les enfants et favoriser la reddition de comptes pour les violations graves.

Nous faisons remarquer que l'Éthiopie, le Mozambique, l'Ukraine et la région du Sahel central ont été désignées dans le rapport comme des situations préoccupantes avec effet immédiat. Nous soulignons également les décisions d’inscription sur les listes figurant dans les annexes, ainsi que les critères qui sous-tendent ces décisions.

Nous réaffirmons notre appel de longue date pour que les renseignements présentés dans les rapports annuels du Secrétaire général, tels qu’ils ont été recueillis et vérifiés par le mécanisme de surveillance et de rapport, soient repris dans les annexes du rapport de manière précise et opportune.

Et nous rappelons l’importance pour le Secrétaire général d’utiliser des critères et des procédures claires pour l’inscription et la radiation des parties à un conflit armé jugées responsables de violations graves dans toutes les situations contenues dans le rapport.

Merci, Madame la Présidente/Monsieur le Président.

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