Augmentation de 50 % des exportations du Canada vers les marchés d’outre-mer – Mise à jour 2023

Juin 2024

Résumé

• Dans son Énoncé économique de l’automne 2018, le gouvernement du Canada s’est fixé comme objectif d’augmenter de 50 % les exportations canadiennes vers les marchés d’outre-mer d’ici 2025. Cet objectif implique que les exportations canadiennes vers les marchés d’outre-mer (c’est-à-dire non américains) devront atteindre 292 milliards de dollars d’ici 2025.
• Malgré une faible croissance des exportations à l’étranger en 2023, le Canada reste sur la bonne voie pour atteindre l’objectif, en s’appuyant sur une forte reprise en 2022 après le choc de la pandémie.
• Pour atteindre cet objectif, le Canada devra augmenter ses exportations vers les marchés d’outre-mer de 4,4 % par an en moyenne au cours des deux années à venir, une croissance nettement supérieure à celle enregistrée en 2023.
• Les exportations de services ont été l’un des principaux moteurs de la croissance des exportations vers les marchés d’outre-mer, en particulier les services commerciaux et de voyage. Les services commerciaux, qui ont bénéficié d’une forte capacité de livraison numérique, affichent une croissance annuelle de 9,7 % entre 2017 et 2023. Les services de voyage ont fortement rebondi après la pandémie et ont profité de l’augmentation du nombre d’étudiants étrangers au Canada.
• Si les exportations de biens ont été globalement plus faibles, les produits énergétiques, les minerais métalliques et minéraux non métalliques s’en sont bien sortis en raison de la hausse de leur cours.
• Parmi les principaux partenaires à l’exportation, les exportations vers l’Union européenne et l’Inde ont augmenté toutes deux de plus de 5,2 % par an en moyenne depuis 2017.

Introduction

La diversification des destinations d’exportation peut contribuer à la prospérité des entreprises canadiennes dans la mesure où elle les aide à limiter les risques et à tirer parti des marchés à forte croissance^{Note de bas de page 1}. Dans son Énoncé économique de l’automne 2018, le Canada se fixait comme objectif d’augmenter de 50 % les exportations de biens et de services à destination des marchés d’outre-mer d’ici 2025 (par « outre-mer », on entend ici les pays autres que les États-Unis). En 2017, dernière année complète de données disponibles au moment où l’objectif a été fixé, le Canada a exporté pour 195 milliards de dollars de biens et de services vers les marchés d’outre-mer. Une augmentation de 50 % signifie que les exportations canadiennes vers les marchés d’outre-mer devront atteindre 292 milliards de dollars d’ici 2025 pour atteindre l’objectif, ce qui représente un taux de croissance annuel moyen de 5,2 %. Bien que la pandémie ait apporté son lot de défis et placé les exportations canadiennes en deçà des objectifs fixés pour 2020 et 2021, les exportations canadiennes vers les marchés d’outre-mer ont enregistré une forte croissance en 2022 (17,4 %, voir la figure 1).

En 2023, la croissance des exportations vers les marchés d’outre-mer a été nettement plus modérée (1,4 %, pour un total de 268 milliards de dollars), mais suffisante pour maintenir la trajectoire visée. Cela signifie qu’en 2024 et 2025, le Canada ne devra augmenter ses exportations vers les marchés d’outre-mer que de 4,4 % par an en moyenne pour atteindre son objectif de diversification.

La croissance de l’année dernière peut être attribuée à la force des exportations de services, qui ont augmenté de 15,5 % en 2023, spécialement les services de voyage qui ont augmenté de 33,7 %. D’autre part, les exportations de biens vers les marchés d’outre-mer ont diminué de 4,7 % en 2023, les prix de nombreux produits de base ayant connu une diminution par rapport aux niveaux élevés de 2022.

Figure 1 : Exportations canadiennes de marchandises et de services vers les marchés d’outre-mer

2.1 Rendement par catégorie de produits

Depuis 2017, les exportations canadiennes vers les marchés d’outre-mer ont augmenté en moyenne de 5,5 % par année, dépassant le taux de croissance annuel requis de 5,2 % pour atteindre l’objectif. Cette évolution a été soutenue principalement par les exportations de services, qui ont augmenté de 9 % par année en moyenne depuis 2017, tandis que la croissance des exportations de biens a été plus modérée, à 3,9 % par année au cours de la même période.

Les services de voyage et les services commerciaux en particulier ont connu une croissance particulièrement rapide. Les exportations de services commerciaux, dont beaucoup peuvent être fournis par voie numérique, n’ont pas souffert de la pandémie et ont augmenté à un rythme de 9,7 % par année depuis 2017. D’autre part, les exportations de services de voyage ont considérablement diminué pendant la pandémie, mais ont depuis fortement rebondi, ce qui s’est traduit par une croissance annuelle moyenne de 11 % depuis 2017. Cette évolution a été soutenue par la hausse du nombre d’étudiants étrangers au Canada, qui a augmenté de 13,4 % par an en moyenne depuis 2017. La faiblesse des exportations de services de transport est en partie attribuable aux services de transport aérien : en 2023, le nombre de résidents de pays autres que les États-Unis entrant au Canada par avion était encore inférieur aux niveaux prépandémiques.  

Figure 2 : Croissance des exportations canadiennes vers les marchés d’outre-mer – taux de croissance annuel moyen 2017-2023

Les exportations de marchandises vers les marchés d’outre-mer^{Note de bas de page 2} ont diminué de 5,2 % en 2023, ce qui porte leur augmentation moyenne annuelle à 4,6 % depuis 2017, une croissance inférieure au taux ciblé de 5,2 % pour les biens et les services.

En dépit de la faiblesse générale des exportations de marchandises, certains secteurs ont réussi à dépasser le taux de croissance visé. Les exportations de produits énergétiques vers les marchés d’outre-mer ont augmenté de 13,2 % par année depuis 2017, soutenues principalement par des prix plus élevés, les volumes ayant augmenté à un rythme régulier. Les produits énergétiques constituent désormais le quatrième plus important groupe de marchandises exportées outre-mer (ils étaient au sixième rang en 2017). Les minerais métalliques et les minéraux non métalliques (au troisième rang en importance) ont également connu une forte croissance. Par ailleurs, les produits minéraux métalliques et non métalliques (au deuxième rang) ont connu une croissance moyenne plus faible, soit 2,6 % par an depuis 2017. Au premier rang des exportations outre-mer, les produits agricoles, les produits de la pêche et les produits alimentaires intermédiaires ont mieux fait avec une croissance moyenne de 4,9 % par année depuis 2017, légèrement inférieure à la cible de 5,2 %.

Les exportations canadiennes de véhicules automobiles et de pièces pour véhicules automobiles, bien que plus faibles en valeur sur les marchés d’outre-mer, ont également connu une forte croissance annuelle depuis 2017 (6,1 % en moyenne), principalement en raison de la croissance des exportations vers le Mexique et la Chine. 

Figure 3 : Croissance des exportations canadiennes vers les marchés d’outre-mer – taux de croissance annuel moyen 2017-2023 par type de marchandises

2.2 Rendement par partenaire commercial

En 2023, les exportations canadiennes vers les marchés d’outre-mer ont surpassé le taux de croissance ciblé de 5,2 % dans certains marchés, tandis qu’elles ont connu un rendement moindre ailleurs. Soutenues par l’introduction de l’accord commercial entre le Canada et l’UE en 2017, les exportations vers l’Union européenne (UE) – le plus important marché d’exportation outre-mer du Canada – ont augmenté en moyenne de 6,5 % par année depuis 2017. Avec une augmentation respective 5,5 % et de 8,3 % par année, les exportations de marchandises et de services ont contribué à la croissance de ce marché. Ce taux de croissance de 12,1 % par an des exportations de services commerciaux vers l’UE a soutenu les exportations de services vers ce marché, tandis que les services de voyage et de transport peinent toujours à atteindre la cible de 5,2 %.

Les exportations du Canada vers ses trois plus grands marchés d’outre-mer – Chine, Royaume-Uni et Japon – ont peiné à atteindre le taux de croissance ciblé de 5,2 %. Dans le cas de la Chine, cette faiblesse est attribuable aux biens et services, des catégories qui n’ont respectivement progressé que de 3,7 % et de 0,8 % par année en moyenne depuis 2017. Les exportations de services vers le Royaume-Uni ont dépassé le taux de croissance ciblé, progressant de 5,6 % par an depuis 2017 grâce à la force des exportations de services commerciaux. Toutefois, les exportations de biens vers le Royaume-Uni ont diminué de 3,5 % par an en moyenne depuis 2017 en raison de la prédominance des exportations d’or qui ont diminué au cours de cette période. Si l’on exclut l’or, les exportations de marchandises vers le Royaume-Uni ont augmenté en moyenne de 3,8 % depuis 2017.

Les exportations vers l’Inde ont connu une croissance moyenne notable de 15 % par année depuis 2017. Cette évolution est attribuable aux exportations de services, qui ont augmenté de 29,1 % par an depuis 2017, tandis que les exportations de biens n’ont progressé que de 2,7 % durant la même période. Les exportations de services vers l’Inde tiennent compte des dépenses des étudiants indiens au Canada, dont le nombre a augmenté de 23 % par année en moyenne depuis 2017 pour dépasser le nombre de 427 000 en 2023.    

Figure 4 : Croissance des exportations canadiennes vers les marchés d’outre-mer 2017-2023 – taux de croissance annuel moyen par principale destination

Perspectives

En 2024 et 2025, les exportations canadiennes vers les marchés d’outre-mer ne devront croître que de 4,4 % par année en moyenne pour atteindre l’objectif établi dans l’Énoncé économique de l’automne 2018, une croissance beaucoup plus lente que le taux moyen de 5,5 % enregistré depuis 2017. Cependant, plusieurs défis pourraient faire obstacle. Selon des prévisions du Fonds monétaire international publiées en avril dernier, la croissance économique mondiale devrait se maintenir à 3,2 % par an jusqu’en 2025, un taux inférieur à la croissance enregistrée au cours de la décennie précédente. De nombreux marchés émergents comme la Chine, le Mexique et l’Inde devraient continuer à voir leur croissance ralentir dans la même période. La croissance de la Chine devrait passer de 5,2 % en 2023 à 4,1 % en 2025, un ralentissement attribuable à l’atténuation des effets positifs de la relance postpandémique de la consommation et de la relance budgétaire, en plus de la faiblesse persistante du secteur de l’immobilier. La croissance en Inde devrait rester forte en 2024 (6,8 %) et en 2025 (6,5 %), ce qui représente tout de même un ralentissement par rapport aux 7,8 % enregistrés en 2023.

Du côté positif, la croissance économique de plusieurs économies avancées devrait s’accélérer à court terme. Dans la zone euro (les 20 pays qui utilisent l’euro), la croissance devrait passer d’un taux famélique de 0,4 % en 2023 à 1,5 % d’ici à 2025, une reprise alimentée par la consommation des ménages dans un contexte où les effets du choc des prix de l’énergie s’atténueront et la baisse de l’inflation soutiendra la croissance des revenus réels. La croissance au Royaume-Uni devrait passer de 0,1 % en 2023 à 1,5 % en 2025 en raison des mêmes facteurs de consommation, d’énergie et d’inflation que dans la zone euro.

Figure 5 : Croissance économique (estimée et prévue) pour les principaux marchés d’outre-mer

Le contexte économique et commercial mondial a considérablement changé depuis que l’objectif d’exportation vers l’étranger a été établi pour la première fois dans l’Énoncé économique de l’automne 2018. Avant même la pandémie de COVID-19 et ses importantes répercussions, la montée des sentiments anti-commerciaux et des tensions géopolitiques avait déjà commencé à générer de l’incertitude. Malgré ces incertitudes et les défis posés par la pandémie, les exportations canadiennes à l’étranger ont fortement rebondi ces dernières années et en 2023, le Canada est en bonne voie pour atteindre l’objectif énoncé dans l’Énoncé économique de l’automne 2018.

Les exportations de services ont joué un rôle moteur, les services commerciaux ayant connu une forte croissance tout au long de la période, bénéficiant d’une grande capacité de livraison numérique, et les services de voyage ont rebondi après la pandémie grâce aux dépenses des étudiants internationaux. Toutefois, le soutien des étudiants internationaux aux services de voyage devrait commencer à s’affaiblir en raison de la réduction attendue des permis d’études en 2024 et 2025. Si les exportations de biens ont été globalement plus faibles, certains secteurs ont tiré leur épingle du jeu, notamment les produits énergétiques, les minerais métalliques et les minéraux non métalliques, en profitant de la hausse des prix. La diversification du commerce demeure une stratégie importante, surtout dans un contexte d’incertitude accrue, car elle peut atténuer l’incidence des bouleversements extérieurs, notamment dans des secteurs ou des pays particuliers.

Annexe

Tableau 1 : Rendement des exportations canadiennes outre-mer

Données : Statistique Canada, tableau 36-10-0014-01
Source : Bureau de l’économiste en chef, Affaires mondiales Canada

Bibliographie

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