Sélection de la langue

Recherche

Accroître les exportations du Canada vers les marchés d’outre-mer de 50 %

Tuan Tran
Économiste, Division de l’analyse économique et du commerce

Table des matières

1. aperçu

Le Canada est une nation commerçante, mais les exportations canadiennes sont très concentrées géographiquement; en effet, environ les trois quarts des exportations de marchandises canadiennes prennent la destination des États-Unis. Reconnaissant le besoin de diversification, le gouvernement du Canada a lancé, dans son Énoncé économique de l’automne 2018, la Stratégie de diversification des exportations afin d’accroître les exportations canadiennes de 50 % d’ici 2025. Dans ce rapport, diverses prévisions venant du secteur privé et des tendances historiques ont été examinées en vue d’élaborer la base de référence nécessaire pour atteindre cet objectif. Une augmentation de 50 % des exportations canadiennes vers les marchés d’outre-mer d’ici 2025 est une cible ambitieuse dont l’atteinte nécessitera des efforts soutenus de la part de tous les participants au processus d’exportation.

2. Sommaire

3. Introduction

Dans son Énoncé économique de l’automne (EEA) 2018, le gouvernement canadien a lancé une stratégie de diversification des exportations visant à accroître les exportations du Canada outre-mer de 50 % d’ici 2025Note de bas de page 1. Pour atteindre cet objectif, les exportations canadiennes de biens et services outre-mer doivent atteindre 291 milliards de dollarsNote de bas de page 2 d’ici 2025, ce qui correspond à un taux de croissance annuel moyen de 5,2 %. Ce rapport vise à présenter un aperçu des exportations du Canada vers les marchés d’outre-mer et à évaluer la possibilité d’atteindre l’objectif fixé dans l’Énoncé économique de l’automne 2018.

3.1 Pourquoi l’expansion des exportations outre-mer est-elle importante?

Le Canada a un long passé commercial, et son ratio commerce/PIB atteint 66 %. Son statut de nation commerçante lui permet de profiter d’emplois mieux rémunérés (Statistique Canada, 2018), d’un meilleur accès aux biens, de prix à la consommation plus bas et d’une productivité accrue (Baldwin et Yan, 2015). Toutefois, les exportations canadiennes sont fortement tributaires des États-Unis (É.-U.), qui accaparaient 75 % des exportations canadiennes de marchandises en 2018. Bien que la relation commerciale canado-américaine ait été bénéfique aux deux parties, une forte dépendance à l’égard d’un seul partenaire signifie que le Canada est particulièrement vulnérable à la conjoncture économique et politique de ce pays. Un bon exemple est le pétrole brut, où les États-Unis reçoivent 99 % des exportations canadiennes, ce qui expose les producteurs canadiens aux événements transfrontaliers. L’écart de prix mensuel moyen entre le brut West Texas Intermediate (WTI) et le brut Western Canadian Select (WCS) a atteint 45,93 $ US en novembre 2018, ce qui est beaucoup plus élevé que l’écart de prix habituel, qui oscille entre 10 $ et 20 $ US. Cet écart de prix exceptionnel était dû principalement au manque de capacité d’exportation causé par des goulets d’étranglement dans le transport, mais des fermetures temporaires de raffineries aux États-Unis ont également contribué à exacerber le problème.

En outre, bien que les États-Unis demeurent l’une des plus grandes économies du monde, ce pays n’a pas connu la croissance la plus rapide au cours des dernières décennies. Entre 2000 et 2017, l’économie américaine a crû de 38 %, tandis que les économies de marché émergentes (EME) progressaient de 158 % (IHS Markit Forecast, 2019). À moyen terme (2018-2025), l’économie américaine devrait croître de 14,4 %, et les EME de 34,9 % (IHS Markit Forecast, 2019). Une plus grande diversification des exportations canadiennes vers les marchés d’outre-mer pourrait aider les exportateurs canadiens à accéder à ces économies en croissance rapide, avec un éventuel effet d’accélération sur la croissance des exportations canadiennes.

4. Croissance historique de l’économie et des exportations

L’augmentation des exportations vers un marché et une robuste croissance économique sur ce même marché montrent généralement une étroite corrélation. Au cours de la période 2000-2008, soit avant la récession mondiale, les économies d’outre-mer ont enregistré une croissance nominale Note de bas de page 3 de 9,7 % par an, contre 4,6 % pour les États-Unis (figure 1). Durant la période qui a suivi la récession, la tendance s’est inversée, les États-Unis affichant une croissance plus forte, en particulier de 2011 à 2017 Note de bas de page 4 .

Figure 1 - Taux de croissance annuel moyen du PIB nominal

Figure 1 - Taux de croissance annuel moyen du PIB nominal

Données : IHS Markit, Global Economic Forecast 2019, consulté le 10-12-2019
Source : Affaires mondiales Canada, Bureau de l'économiste en chef

Version texte
RégionsCroissance annuelle du PIB nominal, 2000 - 2008 (%)Croissance annuelle du PIB nominal, 2009 - 2017 (%)Croissance annuelle du PIB nominal, 2011 - 2017 (%)
États-Unis4.63.83.9
Outre-mer9.73.71.0

Reflétant ces profils de croissance économique, les exportations canadiennes outre-mer ont augmenté à un rythme beaucoup plus rapide (6,4 %) que les exportations vers les États-Unis (0,6 %) avant la récession de 2008-2010 (figure 2). Cependant, le profil de la croissance économique s’est inversé durant la période qui a suivi cet épisode de récession et les exportations canadiennes ont suivi la même tendance, affichant une croissance plus forte vers les États-Unis que vers les marchés d’outre-mer (4,1 % contre 2,5 %).

Note sur le taux de change

La croissance économique et la croissance des exportations ont suivi une orientation  similaire, mais l’économie a progressé à un rythme plus rapide que les exportations avant la récession, alors que l’inverse s’est produit après la récession. Une explication possible de cette tendance est la variation du taux de change effectif du dollar canadien (TCEC), une moyenne pondérée des taux de change bilatéraux du dollar canadien par rapport aux devises des principaux partenaires commerciaux du Canada (Barnett et al., 2016). Avant la récession, le TCEC a culminé en octobre 2007, après s’être apprécié de 39,5 % entre janvier 2000 et octobre 2007, ce qui a fait en sorte que les exportations canadiennes sont devenues plus coûteuses; c’est probablement l’une des raisons pour lesquelles les exportations canadiennes ont progressé plus lentement que la croissance économique mondiale. La tendance inverse s’est produite après la récession, le TCEC se dépréciant de 14,3 % entre janvier 2011 et décembre 2017.

Figure 2 - Taux de croissance annuel moyen des exportations canadiennes de biens et services

Figure 2 - Taux de croissance annuel moyen des exportations canadiennes de biens et services

Données : Statistique Canada, Tableau 36-10-0014-01
Source : Affaires mondiales Canada, Bureau de l'économiste en chef

Version texte
RégionsCroissance annuelle des exportations canadiennes de biens et services, 2000 - 2008 (%)Croissance annuelle des exportations canadiennes de biens et services, 2009 - 2017 (%)Croissance annuelle des exportations canadiennes de biens et services, 2011 - 2017 (%)
États-Unis0.65.44.1
Outre-mer6.44.82.5

4.1 Composition des exportations outre-mer

Entre 2011 et 2017, les exportations de services vers les marchés d’outre-mer ont augmenté à un rythme beaucoup plus rapide (5,5 %) que les exportations de marchandises (1,4 %), faisant passer la part des exportations de services vers les marchés d’outre-mer de 24 % à 28 %. Par contre, les services ne représentaient que 14 % des exportations canadiennes vers les États-Unis en 2017.

Figure 3 - Exportations de biens et services outre-mer

Figure 3 - Exportations de biens et services outre-mer

Données : Statistique Canada, Tableau 36-10-0014-01
Source : Affaires mondiales Canada, Bureau de l'économiste en chef

Version texte
2011201220132014201520162017
Exportations de services canadiens outre-mer (millions de $)39,84241,24843,73747,05049,00851,95754,999
Exportations canadiennes de marchandises outre-mer (millions de $)127,589125,194122,188128,387127,866129,465139,050
Croissance annuelle des exportations de biens outre-mer, 2011 - 2017 (%)1.4
Croissance annuelle des exportations de services outre-mer, 2011 - 2017 (%)5.5

En 2017, la plus grande part des exportations canadiennes de marchandises vers les marchés d’outre-mer était constituée de produits agricoles et alimentaires (17,9 %), suivis des produits métalliques et non métalliques, à 17,5 % (figure 4); cependant, alors que les produits agricoles et alimentaires progressaient de 5,5 % par an entre 2011 et 2017, les produits métalliques et non métalliques ont fléchi de 1,4 % par an. Les exportations de marchandises qui ont connu la croissance la plus rapide vers les marchés d’outre-mer étaient les véhicules à moteur et les pièces (18,1 % par an); cependant, ce groupe ne compte encore que pour ne modeste part (4,1 %) des exportations canadiennes de marchandises outre-mer.

Figure 4 - Exportations de marchandises vers les marchés d'outre-mer

Figure 4 - Exportations de marchandises vers les marchés d'outre-mer

Données : Statistique Canada, Tableau 12-10-0130-01
Source : Affaires mondiales Canada, Bureau de l'économiste en chef

Version texte
MarchandisePart des exportations en 2017 (%)Croissance annuelle des exportations de 2011 à 2017 (%)
Produits agricoles et alimentaires17.95.5
Produits énergétiques7.8-2.3
Minerais et minéraux non métalliques9.7-1.1
Produits en métal et produits minéraux non métalliques17.5-1.4
Produits chimiques, en plastique et en caoutchouc3.60.4
Produits forestiers9.02.0
Machines et matériel 6.80.7
Matériel et pièces électroniques 5.40.2
Véhicules automobiles et pièces4.118.1
Aéronefs et autres matériel de transport6.85.7
Biens de consommation11.55.6

Les services commerciaux (44,7 %) constituaient la plus grande part des exportations canadiennes de services vers les marchés d’outre-mer en 2017 (figure 5), mais n’arrivent qu’au troisième rang pour ce qui est de la croissance entre 2011 et 2017 (3,1 % par an). Les exportations de services de voyage ont connu la croissance la plus rapide (10,7 % par an) et sont le deuxième groupe en importance (37,1 %). Les services de transport ont progressé de 3,4 % par an entre 2011 et 2017 et représentaient 15,9 % des exportations canadiennes de services outre-mer.

Figure 5 - Exportations de services vers les marchés d'outre-mer

Figure 5 - Exportations de services vers les marchés d'outre-mer

Données : Statistique Canada, Tableau 36-10-0014-01
Source : Affaires mondiales Canada, Bureau de l'économiste en chef

Version texte
Genre de servicesPart des exportations en 2017 (%)Croissance annuelle des exportations de 2011 à 2017 (%)
Voyages37.110.7
Transports15.93.4
Service commerciaux44.73.1
Services gouvernementaux2.32.0

5. Que faudrait-il pour atteindre la cible fixée?

La croissance historique (I) et les principales prévisions (II) ont été examinées aux fins d’analyser la possibilité d’atteindre l’objectif fixé dans l’Énoncé économique de l’automne 2018.

5.1 Projection de la croissance historique

Si nous prolongeons jusqu’en 2025 le taux de croissance historique des exportations canadiennes outre-mer (4,4 % par an) enregistré entre 2000 et 2017, celles-ci atteindraient 273 milliards de dollars, soit 17,9 milliards de dollars de moins que l’objectif visé de 291 milliards de dollars (figure 6). Cependant, durant la période qui a précédé la récession (2000 à 2008), le Canada a accru ses exportations outre-mer de 6,4 % par an; si nous extrapolons ce taux de croissance jusqu’en 2025, les exportations canadiennes vers les marchés d’outre-mer atteindraient 319 milliards de dollars, soit 28,4 milliards de dollars de plus que l’objectif de 291 milliards de dollars. Au cours des années récentes (2011-2017), les exportations canadiennes outre-mer n’ont avancé que de 2,5 % par année; si ce rythme se maintenait jusqu’en 2025, les exportations du Canada outre-mer n’atteindraient que 236 milliards de dollars, soit 54,8 milliards de dollars en deçà de l’objectif fixé. Comme l’Indique la figure 4, les véhicules à moteur et les pièces, les biens de consommation, les produits agricoles et alimentaires, ainsi que les aéronefs et autre matériel de transport ont dominé la croissance des exportations canadiennes de marchandises outre-mer. La forte croissance des véhicules à moteur et des pièces est un phénomène récent, car la progression annuelle moyenne à long terme (2000-2017) des exportations de ce groupe vers les marchés d’outre-mer n’est que de 4,9 % (voir les tendances à long terme dans l’annexe). Du côté des services, les voyages viennent en tête de la croissance des exportations canadiennes de services outre-mer, soutenus par une hausse annuelle de 7,0 % du nombre de voyageurs étrangers non-résidents au Canada entre 2011 et 2017.

Bien que la croissance récente des exportations canadiennes outre-mer ait été modeste, l’année 2018 a été marquée par une solide expansion (8,5 %). Ce bon départ signifie que les exportations canadiennes outre-mer n’auraient besoin de croître que de 4,7 % par année entre 2018 et 2025 pour atteindre l’objectif visé.

Figure 6 - Croissance des exportations canadiennes de biens et services outre-mer sur la base de la tendance historique

Figure 6 - Croissance des exportations canadiennes de biens et services outre-mer sur la base de la tendance historique

Données : Statistique Canada, Tableau 36-10-0014-01
Source : Affaires mondiales Canada, Bureau de l'économiste en chef

Version texte
Exportations canadiennes (millions de $)201120122013201420152016201720182019202020212022202320242025
Exportations chronologiques vers les marchés d'outre-mer167,431166,442165,925175,437176,874181,422194,048210,448
Exportations outre-mer prévues, basées sur le taux de croissance de 2000 à 2017 (4,4%)194,048202,522211,367220,598230,231240,286250,780261,732273,162
Exportations outre-mer prévues, basées sur le taux de croissance de 2011 à 2017 (2,5%)194,048198,879203,829208,904214,104219,434224,896230,495236,233
Exportations outre-mer prévues, basées sur le taux de croissance de 2000 à 2008 (6,4%)194,048206,526219,806233,941248,984264,994282,034300,170319,472
Objectif d'exportations outre-mer291,072

5.2 Scénarios de prévision

Malgré le récent ralentissement de l’économie mondiale, les prévisionnistes continuent d’anticiper une croissance plus forte Note de bas de page 5 entre 2017 et 2025 qu’entre 2011 et 2017. Il est important de se rappeler que la période 2011-2017 a été marquée par une lente reprise après la crise financière mondiale et les crises survenues dans certaines économies européennes. Malgré les tensions actuelles, aucune prévision ne laisse actuellement entrevoir une évolution sur une échelle similaire dans les années à venir. La croissance économique devrait être plus robuste dans la plupart des grandes régions et pays du monde (figure 7). Les États-Unis devraient continuer d’afficher une solide expansion, mais la croissance économique dans le reste du monde devrait dépasser celle des États-Unis. La Chine, deuxième pays en importance pour les exportations canadiennes, devrait maintenir un rythme de croissance rapide, quoique plus lent qu’entre 2011-2017. L’Inde devrait être la grande économie qui connaîtra la croissance la plus rapide entre 2017 et 2025, soit 9,4 % par an. D’autres régions émergentes telles que l’Afrique, les Amériques (à l’exclusion des États-Unis et Canada) et d’autres pays d’Asie-Pacifique devraient profiter d’une nette amélioration de leurs taux de croissance récents. Enfin, la croissance au Japon et en Europe devrait passer de négative à positive, soutenant davantage les conditions économiques sur les marchés d’outre-mer.

Figure 7 - Croissance moyenne du PIB nominal par région et pour certains pays

Figure 7 - Croissance moyenne du PIB nominal par région et pour certains pays

Données : IHS Markit, Global Economic Forecast 2019, consulté le 10-12-2019
Source : Affaires mondiales Canada, Bureau de l'économiste en chef

Version texte
Région ou paysCroissance économique nominale annuelle, 2011 - 2017 (%)Croissance économique nominale annuelle, 2017 - 2025 (%)
Afrique0.37.1
Chine8.27.9
Inde5.89.4
Japon-3.92.1
Autres pays d'Asie-Pacifique2.95.6
Europe-0.92.8
États-Unis3.94.4
Amérique (sauf É.-U et Canada)-0.72.4
Monde (sauf Canada)1.64.8

Les profils futurs de la croissance économique mondiale ont un impact majeur sur les perspectives d’exportation. Bien qu’il existe de nombreuses sources de prévisions de la croissance économique mondiale, il n’y a qu’un nombre limité de prévisions pouvant être utilisées faire des comparaisons pertinentes à l’objectif de 291 milliards de dollars, car elles doivent offrir une projection des exportations canadiennes de biens et services jusqu’à 2025. IHS Markit est l’un des rares prévisionnistes à projeter les exportations canadiennes de biens et de services jusqu’en 2025Note de bas de page 6. Selon cet organisme, les exportations canadiennes outre-mer devraient atteindre 254 milliards de dollars d’ici 2025, une hausse de 3,4 % par an par rapport à 2017. Cela représente 37 milliards de dollars de moins que l’objectif visé (figure 8). Les prévisions du Global Commerce Centre du Conference Board du Canada ont également été examinées; elles montrent une croissance annuelle de 4,8 % des exportations canadiennes outre-mer, à 283 milliards de dollars d’ici 2025, soit légèrement moins (de 7,8 milliards de dollars) que l’objectif. Bien que les calculs du Conference Board prédisent que les exportations canadiennes outre-mer atteindront presque la cible souhaitée, elles reposent sur les conditions économiques qui prévalaient en mars 2019. La montée des tensions commerciales et la dégradation des perspectives économiques mondiales depuis mars 2019 (FMI, 2019) signifient que les prévisions du Conference Board sont optimistes. Tel que mentionné précédemment, la forte croissance des exportations canadiennes outre-mer en 2018 a donné au Canada un bon départ pour atteindre la cible requise, mais la croissance annuelle des exportations peut être volatile et une année de croissance plate ou négative pourrait faire dévier le Canada de la trajectoire prévue pour atteindre la cible fixée.

Figure 8 - Scénarios de prévision de la croissance des exportations de biens et services du Canada outre-mer

Figure 8 - Scénarios de prévision de la croissance des exportations  de biens et services du Canada outre-mer

Données : Statistique Canada, Tableau 36-10-0014-01; IHS Markit, Global Economic Forecast 2019, consulté le 10-12-2019; Conference Board Forecast, mars 2019.
Source : Affaires mondiales Canada, Bureau de l'économiste en chef

Version texte
Exportations canadiennes (millions de $)201120122013201420152016201720182019202020212022202320242025
Exportations historiques vers les marchés d'outre-mer167,431166,442165,925175,437176,874181,422194,048210,448
Prévisions IHS des exportations outre-mer 210,448216,231221,413225,231230,888238,681246,716254,302
Prévisions du Conference Board des exportations outre-mer203,262212,039223,897235,823247,673260,142271,369283,249
Objectif d'exportations outre-mer291,072

5.3 Risques potentiels pour les exportations outre-mer ciblées

Alors que la conjoncture économique mondiale devrait être plus favorable entre 2017 et 2025 que dans le passé récent, les prévisions demeurent exposées à certains risques. Dans la présente section, quelques risques clés sont identifiés et analysés.

5.3.1 Conditions économiques

L’écart entre la croissance du PIB nominal américain et celle du PIB nominal des marchés d’outre-mer sera le facteur le plus important pour l’expansion des exportations outre-mer. Si la croissance de ces marchés demeure inférieure à la celle de l’économie américaine, les entreprises canadiennes sont plus susceptibles d’être attirées par le marché américain, et la performance des exportations vers les marchés d’outre-mer en souffrira. Si l’inverse se produit, les entreprises canadiennes seront attirées vers les marchés d’outre-mer, mais des liens commerciaux étroits et une bonne familiarité avec le contexte américain pourraient atténuer une partie de l’impact de la demande étrangère.

5.3.2 Risques géopolitiques et institutionnels

De robustes systèmes juridiques, un système financier bien développé, des institutions démocratiques, une économie de marché et des liens historiques avec le Canada signifient que les risques géopolitiques sont généralement plus faibles sur les marchés développés comme les États-Unis et l’Union européenne. L’inverse s’observe sur certains marchés d’outre-mer émergents.

5.3.3 Risques de perturbation des échanges Commerciaux

La montée du sentiment anti-commerce a engendré des tensions entre les principales économies du monde, dont plusieurs figurent parmi les principaux partenaires commerciaux du Canada. Il est difficile de prédire le résultat des tensions commerciales, mais les effets négatifs potentiels comprennent des perturbations des chaînes de valeur mondiales (CVM), le réalignement des systèmes de chaîne d’approvisionnement établis et la création de blocs commerciaux concurrents, ce qui nuirait aux exportations canadiennes vers un bloc commercial dont le Canada ne fait pas partie. D’autre part, le règlement des problèmes qui ont abouti à des tensions croissantes pourrait favoriser des liens commerciaux plus solides, ce qui serait bénéfique pour les échanges mondiaux.

6. Conclusion

Dans l’Énoncé économique de l’automne 2018, le gouvernement canadien s’est fixé comme objectif d’augmenter les exportations outre-mer de 50 % d’ici 2025. Cela supposait une croissance annuelle de 5,2 % entre 2017 et 2025 pour que les exportations outre-mer atteignent 291 milliards de dollars d’ici 2025. Sous divers scénarios, cet objectif paraît ambitieux et exigera des efforts soutenus de la part des exportateurs canadiens. Bien que les prévisions actuelles de la conjoncture économique soient plus favorables que celles des dernières années, les exportations canadiennes devront cibler des économies dont la croissance rapide s’accélère pour atteindre cet objectif. Un an s’est écoulé et la robuste croissance des exportations canadiennes outre-mer en 2018 a donné au Canada un bon coup de départ pour atteindre l’objectif fixé, et le taux de croissance annuel implicite des exportations requis pour atteindre l’objectif de l’EEA est maintenant de 4,7 % sur la période 2018-2025. Cependant, le commerce peut être volatil et une année de croissance nulle ou négative pourrait faire dévier le Canada de la trajectoire prévue pour atteindre son objectif. Les principaux risques liés à l’atteinte de cet objectif sont une croissance économique plus faible que prévue, l’instabilité géopolitique et institutionnelle et les tensions commerciales.

Pour les exportateurs canadiens, faire affaire sur les marchés d’outre-mer peut se révéler plus difficile que sur le marché américain en raison d’une moins grande similitude au niveau de  la gouvernance, des institutions, de la culture et des pratiques commerciales. Dans le but de fournir un effort soutenu pour atteindre cette cible, les exportateurs canadiens ont accès à diverses ressources, et notamment le Service des délégués commerciaux, qui a des contacts et dispose d’informations commerciales clés pour plus de 160 villes dans le monde.

7. Références

Baldwin, John, et Beiling Yan. 2015. « Trade and Productivity: Insights from Canadian Firm-Level Data ». Institute for Research on Public Policy Volume VI: Redesigning Canadian Trade Policies for New Global Realities. https://irpp.org/fr/research-studies/trade-and-productivity/

Barnett, Russell, Karyne B. Charbonneau et Guillaume Poulin-Bellisle. 2016. « A New Measure of the Canadian Effective Exchange Rate », Document d’analyse du personnel no 2016-1, Banque du Canada. https://www.bankofcanada.ca/2016/01/staff-discussion-paper-2016-1/

 Conference Board du Canada. 2019. « What will Canada’s Trade Look Like in 2025? »

Gouvernement du Canada. 2018. Énoncé économique de l’automne 2018.

IHS Markit. 2019. « Global Economic Forecast », consulté le 2019-12-10.

Fonds monétaire international (FMI). 2019. « Perspectives de l’économie mondiale, chapitre 1 : Perspectives et politiques mondiales ». Perspectives de l’économie mondiale, octobre 2019 : Ralentissement de l’activité manufacturière et augmentation des obstacles au commerce.

Oxford Economics. 2018. « Global Economic Databank ».

Statistique Canada. 2018. « Emploi dépendant des exportations au Canada, 2017 », Enquête sur la population active (totalisations pour un client). https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/11-627-m/11-627-m2018037-fra.htm

8. Annexe

Figure 9 - Exportations de marchandises vers les marchés d'outre-mer

Figure 9 - Exportations de marchandises vers les marchés  d'outre-mer

Données : Statistique Canada, Tableau 12-10-0130-01
Source : Affaires mondiales Canada, Bureau de l'économiste en chef

Version texte
MarchandisePart des exportations en 2017 (%)Croissance annuelle des exportations de 2000 à 2017 (%)
Produits agricoles et alimentaires17.97.0
Produits énergétiques7.810.6
Minerais et minéraux non métalliques9.75.9
Produits en métal et produits minéraux non métalliques17.510.8
Produits chimiques, en plastique et en caoutchouc3.64.2
Produits forestiers9.00.0
Machines et matériel 6.84.8
Matériel et pièces électroniques 5.41.3
Véhicules automobiles et pièces4.14.9
Aéronefs et autres matériel de transport6.85.2
Biens de consommation11.56.5

Figure 10 - Exportations de services vers les marchés d'outre-mer

Figure 10 - Exportations de services vers les marchés  d'outre-mer

Données : Statistique Canada, Tableau 36-10-0014-01
Source : Affaires mondiales Canada, Bureau de l'économiste en chef

Version texte
Genre de servicesPart des exportations en 2017 (%)Croissance annuelle des exportations de 2000 à 2017 (%)
Voyages37.16.5
Transports15.93.2
Service commerciaux44.75.3
Services gouvernementaux2.30.9
Date de modification: