Produits pour lesquels le Canada dépend d’un nombre limité de fournisseurs internationaux

Kevin Jiang, mars 2020

Principales constatations

• En 2019, le Canada a importé près de 10 000 produits distincts, dont plus de 2 000 sont considérés comme vulnérables aux perturbations des chaînes d’approvisionnement dans le présent rapport.
• Bien qu’issus principalement du secteur agroalimentaire, ces produits comprennent aussi des produits chimiques, des engrais, des métaux et des minéraux.
• S’agissant des produits pharmaceutiques et des fournitures médicales, les sources des importations sont relativement diversifiées. Toutefois, il est encore difficile de trouver d’autres sources d’approvisionnement pour certains produits essentiels, comme des défibrillateurs.

Contexte

L’épidémie de COVID-19 risque d’avoir des répercussions importantes sur les chaînes d’approvisionnement mondiales. Ce rapport présente une analyse sommaire des produits pour lesquels le Canada dépend d’un nombre limité de fournisseurs internationaux. Il s’agit de produits particulièrement sensibles à ces perturbations, qui pourraient nécessiter une attention accrue des décideurs pour assurer un fonctionnement minimal et répondre aux besoins de première nécessité.

En 2019, le Canada a importé près de 10 000 produits distincts correspondant à un code à 10 chiffres du Système harmonisé (SH). Toutefois, pour ces produits, les États-Unis (É.-U.) ont toujours été le ou l’un des principaux fournisseurs du Canada, notamment en raison du caractère unique de nos relations commerciales, conjugué à la forte intégration de nos chaînes d’approvisionnement. Par exemple, ils ont été la principale source de plus de 5 000 produits pour lesquels il existe plusieurs fournisseurs et, pour près du quart d’entre eux, leur part des importations a été supérieure à 90 %. Quant à elle, la Chine a été le deuxième fournisseur du Canada, non seulement parce qu’elle a été la principale source de près de 2 000 produits, mais aussi parce que, pour près de 120 d’entre eux, sa part des importations a été supérieure à 90 %. L’Allemagne, l’Italie et le Mexique ont également figuré parmi nos principaux fournisseurs, chacun étant la principale source d’approvisionnement d’environ 200 produits.

Pour que ce rapport porte sur les produits les plus sensibles, deux grands critères ont été appliqués : le nombre total de fournisseurs existants et l’indice Herfindahl–Hirschman (IHH)^{Footnote 1}. Le premier critère limite la liste aux produits pour lesquels il n’y a pas plus de trois fournisseurs. La raison est que les perturbations des chaînes d’approvisionnement risquent d’avoir une incidence surtout sur les produits pour lesquels il existe moins de fournisseurs. Toutefois, ce critère nous oblige aussi à écarter les produits qui sont issus d’un ou plusieurs pays, mais qui représentent une part importante des importations canadiennes et pour lesquels il existe de nombreux autres petits fournisseurs (p. ex. pour un produit donné, 90 % des importations canadiennes proviennent des États-Unis et les 10 % restants, de 30 autres pays). Par conséquent, à ce critère s’ajoute un filtre fondé sur un IHH supérieur à 0,81, pour tenir compte de ces cas de concentration extrême des fournisseurs. Ce seuil de 0,81 a été choisi parce que si un seul pays contribuait pour 90 % à la valeur des importations d’un produit donné, l’IHH pour ce produit serait d’au moins 0.92² = 0,81. Ce critère a permis de retrancher plus de 7 600 produits, de sorte que 2 315 produits seulement figurent sur la liste finale.

Au cours de la dernière année, la valeur à l’importation de ces produits à offre limitée s’est élevée à plus de 100 milliards de dollars canadiens, ce qui a représenté environ un sixième des importations canadiennes de marchandises. Une fois de plus, l’importance des É. U. a été disproportionnée, puisqu’ils ont été la principale source d’approvisionnement de plus de 1 700 produits, suivis de la Chine (158 produits) et de l’Allemagne (37 produits).

Dans plus du tiers des cas, il s’agissait de produits agroalimentaires, avec en tête le poisson et les fruits de mer, la viande, les produits laitiers et les légumes. Pour 90 produits de la mer et d’eau douce, l’offre était limitée, la plupart étant importés des É.-U., de la Chine et du Vietnam. Les produits à forte valeur commerciale comprenaient les homards vivants ainsi que les filets d’aiglefin et de poisson-chat congelés. Venaient ensuite la viande (88) et les produits laitiers (86), y compris des importations à forte valeur commerciale, comme le porc et le bœuf des É.-U. ainsi que le fromage parmesan d’Italie. Enfin, à cela s’ajoutent 72 produits végétaux sensibles, tels que la laitue, les pommes de terre et le chou, surtout en provenance des États-Unis et du Mexique.

Les produits pharmaceutiques de même que les fournitures et équipements médicaux sont particulièrement vulnérables à la raréfaction de l’offre en temps de pandémie. Le Canada importe 19 produits pharmaceutiques (SH 30) pour lesquels l’offre est limitée. Cela va des produits sanguins aux vaccins antigrippaux, surtout en provenance des É.-U. et de l’Europe. S’y ajoutent cinq instruments scientifiques et équipements médicaux (SH 90), dont des défibrillateurs, pour lesquels le Canada comptait 26 fournisseurs différents en 2019, mais situés, pour la plupart, aux É.-U. D’autres produits essentiels, comme les masques, les gants chirurgicaux et les ventilateurs, ne sont pas considérés comme sensibles dans ce rapport, car il existe un plus grand nombre de fournisseurs de substitution. Enfin, si le Canada compte de nombreux fournisseurs de produits en papier, comme des essuie-tout et le papier de toilette, la quasi-totalité de ses importations provient des É.-U.

Les produits les plus sensibles sont ceux pour lesquels il n’existe qu’une seule source d’approvisionnement. En 2019, 394 produits importés provenaient d’un seul pays. Une fois de plus, cette situation fait ressortir les relations particulièrement étroites du Canada avec les É.-U, sans conteste la première source de toutes les importations canadiennes à fournisseur unique (298 produits), loin devant l’Italie (9 produits) et la Chine (8 produits), au second et troisième rang.

Annexe 1. Vingt principales importations à fournisseur unique par valeur à l’importation

Annexe 2. Vingt principales importations concentrées et à plusieurs fournisseurs par valeur à l’importation