Rapport trimestriel sur l’économie et le commerce – T1 2024

Points saillants

L’économie mondiale a poursuivi sa croissance au premier trimestre 2024, progressant de 2,6 % après une hausse semblable à celle observée au quatrième trimestre 2023 (chiffre révisé de 2,5 %). La Chine, le Royaume-Uni et les économies émergentes ont connu une croissance notable. Les volumes du commerce mondial de marchandises ont augmenté pour le deuxième trimestre consécutif, bien que plus modestement qu’au quatrième trimestre 2023.

La croissance du PIB réel du Canada s’est accélérée pour atteindre 1,7 % au premier trimestre, principalement soutenue par les dépenses des ménages en services, tandis que le commerce net est resté stable et que les stocks des entreprises se sont amenuisés. La croissance économique a été généralisée au Canada, avec 15 industries sur 20 en croissance, en particulier dans les industries productrices de services.

Sur le plan commercial, les exportations canadiennes de biens et services ont diminué de 0,8 % après deux augmentations trimestrielles consécutives, principalement en raison d’un recul de 1,3 % des exportations de biens, tandis que les exportations de services ont affiché une croissance modeste de 1,0 %.

Le 5 juin, la Banque du Canada a abaissé son taux directeur de 5,0 % à 4,75 %. Les perspectives de croissance mondiale et canadienne ont été revues à la hausse pour 2024 par rapport aux dernières prévisions et l’inflation continue de baisser dans la plupart des économies avancées, et notamment au Canada. Malgré ces points positifs, la croissance économique devrait être plus lente par rapport aux moyennes historiques.

Tableau 1: Points saillants – premier trimestre 2024

Remarques : Dans le présent rapport, le PIB correspond à des variations trimestrielles en taux annualisés. Le pourcentage de changement pour l’année en cours désigne la variation depuis le début de l’année par rapport à la même période l’année précédente.

Sources : Oxford Economics, Netherland Bureau for Economic Analysis, Statistique Canada.

Au premier trimestre 2024, les économies avancées connaissent un ralentissement

L’économie mondiale a progressé à un rythme annuel de 2,6 % au premier trimestre 2024, soit un niveau proche de la croissance enregistrée au dernier trimestre 2023 (chiffre révisé de 2,5 %).

L’augmentation du PIB des États-Unis a ralenti, ne progressant que de 1,6 % au premier trimestre 2024 (contre 3,4 % au quatrième trimestre 2023, chiffre révisé). Cette évolution reflète une décélération des dépenses de consommation, des exportations et des dépenses des administrations locales et des États, ainsi qu’un ralentissement des dépenses de l’administration fédérale. Les importations continuent de dépasser les exportations au début de l’année 2024, cette baisse du commerce net pesant sur la croissance du premier trimestre 2024.

La Chine a été le moteur de la croissance des marchés émergents, avec une hausse de près de 7,8 % du PIB, sur une base annuelle, au premier trimestre 2024. La croissance du PIB a été largement alimentée par l’activité manufacturière, elle-même stimulée par des mesures de relance budgétaire. La croissance devrait ralentir au cours des trimestres suivants, à mesure que les stocks constitués au premier trimestre seront écoulés. La consommation des ménages devrait être globalement plus faible en 2024. 

Après deux baisses trimestrielles, le Royaume-Uni a enregistré une croissance de 2,5 % au premier trimestre 2024, sa plus forte croissance depuis plus de deux ans. La zone euro a connu une croissance générale de 0,3 % soutenue par les plus grandes économies et alimentée par une solide contribution du commerce net. La consommation privée n’a connu qu’une croissance marginale et l’investissement a été négatif, malgré une hausse des investissements dans le secteur de la construction en Italie et en Allemagne.

Les volumes du commerce mondial progressent modestement pour un deuxième trimestre consécutif

Le volume du commerce mondial de marchandises a augmenté de 0,3 % au premier trimestre 2024, soit une hausse légèrement inférieure à celle observée au quatrième trimestre 2023. Au cours du premier trimestre, les exportations ont augmenté de 1,1 %, tandis que les importations ont diminué de 0,5 %.

Au premier trimestre, les économies émergentes ont tiré vers le haut les volumes d’exportation, avec une progression de 2,9 %, tandis que les économies avancées ont affiché une modeste croissance s’élevant à 0,1 %. Parmi les économies émergentes, c’est la Chine qui a connu la plus forte hausse des exportations (+5,9 %), grâce aux mesures de relance budgétaire mises en œuvre dans le pays. Les exportations en provenance d’Europe de l’Est et de la Communauté des États indépendants ont recommencé à croître après deux trimestres de déclin (+9,9 %). Dans le sillage d’une croissance économique modérée, les exportations des États-Unis ont continué à décélérer au premier trimestre (+0,9 %). 

La faible consommation en Chine s’est reflétée dans les volumes d’importation, qui ont chuté de 4,3 %, entraînant une diminution globale de 1,2 % des importations des économies émergentes. La hausse de 1,6 % des importations des États-Unis n’a pas été suffisante pour générer un gain au sein des économies avancées, celles-ci affichant une diminution des importations de l’ordre de 0,1 % au 1er trimestre 2024, avec des importations en baisse dans la zone euro (-0,7 %), au Royaume-Uni (-2,9 %) et au Japon (-4,5 %).

La production industrielle mondiale a légèrement augmenté de 0,2 % au premier trimestre, en raison de la hausse des volumes de production dans les économies émergentes (+1,1 %). La production industrielle en Chine a augmenté pour le troisième trimestre consécutif, affichant une hausse de 1,6 %. Dans le même temps, les volumes de production aux États-Unis ont reculé de 0,3 %, ce qui a entraîné une baisse globale des volumes de production de 0,9 % dans les économies avancées.

Une croissance relativement stable est prévue à court terme

Le Fonds monétaire international (FMI) estime que la croissance mondiale a atteint 3,2 % en 2023 et qu’elle devrait augmenter au même rythme en 2024 et 2025. Ce chiffre est inférieur à celui de 2022 (3,5 %) et à la moyenne historique pour la période 2000-2019 (3,8 %).

La croissance des économies avancées devrait atteindre 1,7 % en 2024 et 1,8 % en 2025. Aux États-Unis, l’inflation continue de ralentir et la consommation devrait demeurer soutenue, car l’emploi et les salaires augmentent, ce qui stimule les investissements des entreprises. Depuis sa mise à jour de janvier, le FMI a relevé de 0,6 point ses prévisions de croissance du PIB des États-Unis, celle-ci devant atteindre 2,7 % en 2024, avant de redescendre à 1,9 % en 2025.

Les marchés émergents devraient atteindre une croissance de 4,2 % en 2024 et 2025, malgré d’importantes variations régionales. En Chine, la croissance a atteint 5,2 % en 2023. Les politiques fiscales et monétaires devraient stimuler la croissance, en contrant la faiblesse persistante du secteur immobilier, le PIB devant augmenter de 4,6 % en 2024 et de 4,1 % en 2025. La croissance en Inde devrait rester forte en 2024 (6,8 %) et 2025 (6,5 %), en raison de la vigueur persistante de la demande intérieure et de l’augmentation de la population en âge de travailler.

L’activité économique s’est accélérée au premier trimestre au Canada

Le PIB réel du Canada a augmenté de 1,7 % (taux annualisé) au premier trimestre 2024, après avoir enregistré une croissance quasi nulle au trimestre précédent. L’augmentation des dépenses des ménages en services a été le principal moteur de la croissance du PIB, tandis que le ralentissement de l’accumulation des stocks a limité la croissance globale.

La consommation des ménages a augmenté de 3,0 %, ce qui en fait le principal vecteur de croissance du PIB. Cette hausse a été alimentée par l’augmentation des dépenses réelles en services de télécommunications, en loyers et en transports aériens. Dans une moindre mesure, les dépenses des ménages en biens ont apporté une contribution marginale à la croissance, celle-ci étant soutenue par les dépenses en camions, camionnettes et véhicules utilitaires sport neufs.

Le commerce net a peu évolué au premier trimestre 2024, la croissance des exportations de biens et services (1,9 %) ne dépassant que légèrement la hausse des importations (1,5 %). Les exportations d’or, d’argent et de platine bruts vers le Royaume-Uni et la Suisse ont été à l’origine de cette hausse des exportations, tandis que les importations de vêtements, de chaussures et de produits textiles expliquent la croissance des importations.

D’autre part, l’accumulation des stocks s’est ralentie au premier trimestre 2024, ce qui a tiré la croissance économique vers le bas. La baisse la plus importante a été observée dans le secteur des véhicules automobiles, où l’accumulation des stocks a progressé deux fois moins vite qu’au trimestre précédent. 

Les industries productrices de services ont favorisé la croissance au premier trimestre

La croissance économique au premier trimestre 2024 a été principalement soutenue par une croissance des industries productrices de services (+0,9 %), pour le 11e trimestre consécutif, tandis que les industries productrices de biens ont connu une légère baisse de leur activité (-0,1 %).

Les secteurs publics (éducation, soins de santé et aide sociale, et administration publique) ont le plus contribué à la croissance globale, la grève dans les écoles primaires et secondaires du Québec ayant pris fin au premier trimestre 2024. Les autres grands contributeurs parmi les industries productrices de services ont été l’immobilier, le transport et l’entreposage (transport aérien et routier), ainsi que la finance et l’assurance.

L’industrie manufacturière a contribué à un ralentissement significatif de la croissance, avec une baisse de 0,6 % au premier trimestre 2024. La fabrication de matériel de transport, menée par les véhicules à moteur et leurs pièces (-5,6 %), est le secteur qui a le plus contribué à cette baisse. Dans le secteur manufacturier, les boissons et les produits du tabac ont également pesé sur la croissance, enregistrant une baisse de 7,1 %.

Les exportations de biens ont baissé au premier trimestre, tandis que les services ont enregistré une croissance modeste

La valeur des exportations de biens et services a légèrement diminué de 0,8 % au premier trimestre 2024, après deux augmentations trimestrielles consécutives, et les exportations de 7 des 11 catégories de biens ont baissé. Les exportations de produits en métal et de produits minéraux non métalliques ont connu une forte croissance (+9,6 %), tandis que les exportations de biens de consommation (+2,7 %) et de transports (+1,4 %) ont connu une croissance plus modeste. Cette croissance a été compensée par un recul marqué des exportations d’aéronefs et de pièces d’aéronefs (-12,5 %) et des exportations de minerais métallifères et de minéraux non métalliques (-9,1 %). Du côté des services, trois des quatre catégories de services exportés ont progressé au premier trimestre, les services de voyage étant la seule catégorie à avoir enregistré une baisse.

La valeur des importations a augmenté de 0,3 % au premier trimestre 2024, mais la croissance a été inégale, puisque seules les importations de 6 des 11 catégories de biens ont connu une hausse. Les hausses observées dans les secteurs des produits énergétiques (+4,5 %), des produits forestiers et des matériaux de construction et d’emballage (+3,9 %), des équipements et pièces électroniques et électriques (+3,4 %) et des transports (+3,1 %) ont été presque entièrement compensées par les baisses enregistrées dans les secteurs des véhicules et pièces automobiles (-3,3 %), des produits chimiques, des produits en plastique et en caoutchouc (-2,9 %) et des minerais métallifères et minéraux non métalliques (-2,5 %). Les importations de services ont baissé dans trois des quatre catégories de services.

Baisse des exportations de biens vers les États-Unis, la Chine et l’Union européenne au premier trimestre

Au premier trimestre 2024, les exportations canadiennes de biens ont diminué de 1,3 %, tandis que les importations ont légèrement augmenté de 0,4 %.

Les exportations de biens vers les États-Unis ont reculé de 3,2 %, notamment en raison d’une baisse du nombre d’aéronefs livrés. En outre, les exportations de pétrole brut ont été moins importantes vers la fin du premier trimestre 2024, ce qui a coïncidé avec des fermetures imprévues de raffineries dans le Midwest des États-Unis, une destination privilégiée pour le pétrole brut canadien. Les importations en provenance des États-Unis ont augmenté en raison de la hausse des importations de biens de consommation (principalement de produits électroniques) et d’énergie.

Les exportations vers l’Union européenne (UE) ont diminué (-5,9 %), accusant notamment un fort recul en Italie, en raison d’une baisse des exportations de produits aéronautiques au début du premier trimestre 2024, et en Espagne. Ces baisses n’ont été que partiellement compensées par des hausses des exportations vers la France et la Belgique. Les importations en provenance de l’UE ont également diminué.

En raison principalement de la baisse des exportations de charbon en janvier, les exportations de biens vers la Chine ont considérablement diminué au premier trimestre 2024, tandis que les importations ont légèrement augmenté.

Les exportations de biens vers le reste du monde, en hausse de 11,7 %, ont constitué un point positif. Les exportations vers le Royaume-Uni et la Suisse ont été particulièrement importantes grâce à la progression des exportations d’or brut. Dans le même temps, les importations ont diminué, les plus fortes baisses observées vers la fin du premier trimestre 2024 étant celles provenant du Mexique (voitures de tourisme et camions légers et moyens) et du Japon (voitures de tourisme).

Les exportations de services vers les États-Unis continuent de progresser

Au premier trimestre 2024, les exportations canadiennes de services ont légèrement augmenté, de 1,0 %, tandis que les importations sont demeurées stables.

Les exportations de services vers les États-Unis ont continué de croître pour le huitième trimestre consécutif, affichant une hausse de 1,4 % au premier trimestre 2024. Parallèlement, les importations de services en provenance des États-Unis ont diminué de 1,1 %.

Les exportations canadiennes de services ont également progressé sous l’impulsion de la Chine. Toutefois, ces hausses ont été partiellement compensées par une baisse des exportations vers l’Union européenne et le Mexique. Du côté des importations, la hausse des importations de services en provenance de Chine, de Hong Kong et d’Inde a été compensée par la baisse des importations en provenance des États-Unis et de l’UE.

Les exportations de services commerciaux ont été le principal moteur de la croissance trimestrielle, notamment grâce aux redevances pour l’utilisation de la propriété intellectuelle. D’autre part, le nombre de Canadiens voyageant à l’étranger a augmenté de 3,3 % au premier trimestre, tandis que le nombre d’étrangers visitant le Canada a diminué de 0,9 %. Depuis la fin de la pandémie de COVID-19, c’est la première fois que les échanges bilatéraux de services de voyage diminuent, reculant de 1,4 % au premier trimestre.

Les dépenses des visiteurs internationaux au Canada ont légèrement augmenté de 1,8 % au premier trimestre 2024, après une hausse de 4,0 % au quatrième trimestre 2023. Les dépenses en hébergement (+2,0 %) et en services de transport (+1,9 %) ont été les principaux facteurs à l’origine de la hausse observée au cours de ce même trimestre.

La croissance économique du Canada devrait s’accélérer en 2024

Selon le Rapport sur la politique monétaire d’avril 2024 de la Banque du Canada, la croissance du PIB devrait reprendre en 2024 pour atteindre 1,5 % et continuer à progresser jusqu’en 2025, où elle devrait s’élever à 2,2 %.

Bien que l’inflation ait légèrement augmenté en mai, elle a montré des signes de ralentissement au début de l’année 2024. La croissance constatée en mai s’explique en grande partie par des effets saisonniers, notamment ceux liés aux voyages organisés et au transport aérien. Une offre excédentaire modérée devrait subsister dans l’économie canadienne tout au long de 2024, ce qui permettra à l’inflation de revenir à l’objectif de 2 % en 2025.

La Banque du Canada estime que la croissance du PIB par habitant restera négative au premier semestre 2024, en raison d’une expansion démographique supérieure à celle du PIB, mais qu’elle devrait s’améliorer vers la fin de l’année et au début de 2025, à mesure que les conditions financières s’assoupliront, que les effets des taux d’intérêt élevés s’estomperont et que la confiance des entreprises et des consommateurs s’améliorera.

En 2025, la Banque prévoit que la consommation globale au Canada continuera de progresser et que, soutenue par la croissance démographique, l’activité dans le secteur du logement s’accélérera, entraînant une forte croissance de l’investissement résidentiel.

Annexe: Tableau

Tableau 1 : Commerce canadien par secteur industriel (en millions de dollars)

Remarque : « T/T % » est la variation par rapport au trimestre précédente; « A/A % » est la variation par rapport au même trimestre de l’année précédente.

Sources : Statistique Canada, Tableau 36-10-0019-01 et Tableau 36-10-0021-01. Balance des paiements, données désaisonnalisées.

Tableau 2 : Commerce canadien des marchandises par partenaire commercial

Remarques : Le total pour la région Indo-Pacifique inclut uniquement les neuf marchés pour lesquels il existe des données. « T/T » est la variation par rapport au trimestre précédent et « A/A » est la variation par rapport au même trimestre de l’année précédente.

Source : Statistique Canada, Tableau 36-10-0023-01. Balance des paiements, données non désaisonnalisées.

Tableau 3 : Commerce canadien des services par partenaire commercial

Remarques : Le total pour la région Indo-Pacifique inclut uniquement les neuf marchés pour lesquels il existe des données. « T/T » est la variation par rapport au trimestre précédent et « A/A » est la variation par rapport au même trimestre de l’année précédente.

Source : Statistique Canada, Tableau 12-10-0157-01. Balance des paiements, données non désaisonnalisées.