Informations archivées
L’information dont il est indiqué qu’elle est archivée est fournie à des fins de référence, de recherche ou de tenue de documents. Elle n’est pas assujettie aux normes Web du gouvernement du Canada et elle n’a pas été modifiée ou mise à jour depuis son archivage. Pour obtenir cette information dans un autre format, veuillez communiquer avec nous.
Introduction
L'économie mondiale subit une transformation spectaculaire dont la plupart des Canadiens ne sont probablement pas conscients. L'importance croissante de grands pays à faibles salaires, notamment l'Inde et la Chine, est un élément clé de cette évolution, mais ce n'est pas le seul facteur de changement. Il y a aussi une évolution dans la façon dont les entreprises s'organisent – pour former de grandes chaînes de valeur mondiales. Cela est intimement liéaux raisons pour lesquelles des pays comme la Chine et l'Inde gagnent en stature en ce moment. La façondont le Canada réagira à ces changements pourrait avoir des conséquences profondes sur la prospérité future des Canadiens.
Une chaîne de valeur décrit la gamme complète des activités requises pour faire passer un bien ou un service de l'étape de la conception à celle de l'utilisation finale, et même au-delà. Elle englobe des activités telles que la conception, la production, la commercialisation, la distribution et le soutien donné au consommateur final. Les activités que recouvre une chaîne devaleur peuvent être regroupées dans une seule entreprise, ou être réparties entre différentes entreprises, comme elles peuvent se dérouler au même endroit ou être dispersées sur un plus vaste territoire. Une chaîne de valeur mondiale décrit la fragmentation géographique de la chaîne de valeur et les liens entre les entreprises et entre les segments de la même entreprise exécutant différentes étapes de la chaîne de valeur2.
Alan S. Blinder, ancien vice-président de la Réserve fédérale des États-Unis et conseiller économique du président Clinton, a décrit ce phénomène comme la troisième révolution industrielle3– la première ayantété le passage de l'agriculture à la fabrication et la seconde, le passage de la fabrication aux services. Sicette image peut sembler un peu exagérée, elle met enlumière l'impact possible de l'évolution des pratiques d'affaires sur la vie de tous les jours : ce que nous occupons et notre niveau de vie. Elle souligne aussicomment l'économie mondiale peut changer : l'adoption rapide de nouvelles méthodes de fabrication a permis à la Grande-Bretagne de dominer l'économie mondiale durant plusieurs années après la première révolution industrielle, tandis que les États-Unis ont été le fer de lance de la seconde. La question à laquelle nous faisons face aujourd'hui est la suivante : Qui dominera la troisième révolution industrielle et comment le Canada tirera-t-il son épingle du jeu?
Quelle est l'importance des chaînesde valeur mondiales?
Les chaînes de valeur mondiales ne sont pas un phénomène nouveau. Dans une certaine mesure, elles existent depuis aussi longtemps que l'échange d'intrants intermédiaires. La Compagnie de la Baied'Hudson (1670)4 ou la Compagnie des Indes orientales (1602)5 peuvent être vues comme des entreprises qui géraient une chaîne de valeur mondiale, s'approvisionnant en intrants un peu partout dans le mondepour les transformer en Europe et les revendre à l'étranger. Mais l'importance des chaînes de valeur mondiales a été contrainte par les barrières au commerce et à l'investissement, par les coûts de transportélevés et la capacité de communication limitée entre des centres d'opérations éloignés. Une pratique beaucoup plus répandue était la fabrication de produits finals dans un pays pour les revendre dans un autre (commerce classique) ou la production dans des filiales (biens fabriqués dans de nombreux marchés étrangers, principalement pour y être revendus). Mais cela est en voie de changer. Le contenu en importations des exportations augmente dans la plupart des pays, le commerce international prenant de plus en plus la forme d'intrants intermédiaires. Le commerce des services ne cesse de prendre de l'ampleur et les investissements se font de plus en plus au sein de réseaux de production régionaux, ou même mondiaux, qui constituent de vastes chaînes de valeur mondiales. Enfin, avec l'accroissement du nombre d'activités commercialisables et une part grandissante de la population mondiale participant activement à ces échanges, les répercussions pourraient être colossales.
Il n'y a pas de statistique permettant de saisir la portée actuelle des chaînes de valeur mondiales ou leur progression depuis quelques années. Le diagramme présenté ci-dessous décrit une chaîne devaleur mondiale hypothétique et permet d'illustrer ce point. Il montre une société canadienne fictive dont le siège social est situé à Montréal, les activités de recherche et développement (R-D) se déroulent en Californie, le contentieux se trouve à New York etdont les centres d'appel et les services de technologiede l'information (TI) proviennent de l'Inde. Le produit final est vendu partout dans le monde, y compris au Canada, tandis que le montage se fait en Chine, à l'aide d'intrants intermédiaires venant d'Europe de l'Est.
Dans cet exemple, si nous pouvions mesurer seulement les flux de commerce de marchandises, tout ce que nous verrions est l'exportation d'intrants intermédiaires d'Europe de l'Est en Chine, puis des exportations chinoises vers d'autres pays dans le monde. Les statistiques canadiennes n'enregistreraient que les importations de la Chine. En ajoutant le commercedes services, on pourrait saisir des paiements de services entre le siège social canadien et le centre de R-Det le contentieux aux États-Unis, le centre d'appel en Inde et les services de gestion des activités manufacturières en Europe de l'Est et en Chine. Mais cela dépendrait de la façon dont l'entreprise est structurée. En outre, les bénéfices réalisés dans divers pays étrangers seraient rapatriés au siège social à Montréal. Enfin, en ajoutant l'investissement étranger direct(IED), nous pourrions observer des flux d'investissement sortant (aussi appelés investissement direct du Canada à l'étranger), à mesure que des installations seraient construites ailleurs dans le monde et que denouveaux investissements seraient faits en machines, matériel et autres facteurs. Si certaines parties de lachaîne de valeur sont confiées en sous-traitance à d'autres entreprises – par exemple, les services de TI en Inde seraient fournis par une société indienne plutôt que par une société canadienne – nous pourrions nous attendre à observer des paiements pour ces services, du siège social canadien au sous-traitant indien, et nous ne verrions aucun flux d'IED entre le Canada et l'Inde.
Ainsi, il peut être très difficile de mesurer les chaînes de valeur mondiales de façon globale, mais encore plus difficile d'évaluer où (et dans quelle mesure) un pays participe à ces chaînes. Il est donc utile d'employer diverses mesures pour tenter de saisir l'importance des chaînes de valeur mondiales pour l'économie. Plus loin dans l'étude, nous examinons plus en détail où le Canada s'inscrit dans ces chaînes de valeur mondiales et comment il se classe pour chacune des activités des chaînes de valeur.
La première figure présente un certain nombre de mesures qui illustrent la montée des chaînes de valeur à l'échelle mondiale. Nous prenons comme point de référence la croissance du PIB mondial – tout ce qui croît plus rapidement que le PIB devient graduellement plus important pour l'économie. Entre 1982 et 2005, le PIB mondial a progressé de 310 p. 100; en revanche, les exportations mondiales ont augmentéde 553 p. 100, tandis que les échanges de services commerciaux ont bondi de 779 p. 100 – plus de deux fois le rythme de croissance du PIB mondial6. Autre constat remarquable: les stocks d'IED sortant ont crû 5,4 fois plus rapidement que le PIB. Diverses mesures de la production des filiales étrangères ont aussi progressé à un rythme beaucoup plus rapide que le PIB, soulignant ainsi l'importance grandissante des filiales étrangères dans l'économie mondiale. Par ailleurs, lesredevances et les droits de licences, un indicateur approximatif de l'internationalisation de la R-D et du savoir, ont augmenté plus de quatre fois plus rapidement que le taux de croissance du PIB7.
Globalement, on dénombrait 37 000 entreprises multinationales (EM), lesquelles possédaient au moins 170 000 filiales actives à l'étranger en 1990. En 2004, soit juste 14 ans plus tard, le nombre d'EM avait presque doublé, à 70 000, tandis que le nombre de filiales étrangères s'était multiplié par quatre pouratteindre 690 000. En outre, plus du quart des sociétés parentes et près de la moitié des filiales se trouvent aujourd'hui dans des pays en développement.
Les mêmes indicateurs pour le Canada révèlent queles chaînes de valeur mondiales jouent un rôle de plusen plus important au pays : tous, sauf les opérations des filiales canadiennes à l'étranger, affichent un taux de croissance plus élevé que le PIB nominal duCanada. à titre d'exemple, les exportations de bien sont progressé une fois et demie plus rapidement quele PIB, tandis que les services ont connu une expansion deux fois plus rapide et que les stocks d'IED sortant ont augmenté trois fois plus vite que le PIB. Mais systématiquement, la progression de ces indicateurs à l'échelon mondial a été encore plus rapide, ce qui incite à penser que même si le Canada participe aux chaînes de valeur mondiales, il n'y participe pas dans la même mesure que d'autres pays.
Même ces chiffres ne rendent pas pleinement compte de la montée des chaînes de valeur mondiales. L'IED peut être lié à l'implantation de succursales en vue decontourner des barrières tarifaires, ou assurer l'extraction de ressources, tout comme il peut porter sur des installations spécialisées qui sont intégrées à un système de production mondial. Le commerce peut être de nature classique – la production dans un pays étant destinée aux consommateurs d'un autre – ou peut porter sur des intrants intermédiaires. Certaines de ces questions seront examinées plus loin, mais d'autres devront être abordées ailleurs.
L'incidence des chaînes de valeur mondiales
Dans les médias populaires, une bonne partie de l'attention a porté sur les effets de l'expansion des chaînes de valeur mondiales en termes de transfert d'emplois à l'étranger – la délocalisation, c'est-à-dire le fait decesser une activité au pays pour la faire exécuter à l'étranger, souvent dans un pays à faibles salaires 8. Chez certains, la crainte s'est renforcée devant la possibilité croissante que les activités exportées à l'étranger touchent des emplois du secteur des services, considérés auparavant comme non-commercialisables.
Les estimations relatives au nombre colossal d'emplois qui pourraient être ouverts à la mobilité internationale ont ainsi fait la manchette : Blinder (2006) a estiméque jusqu'à 41 millions d'emplois aux États-Unis pourraient être délocalisés. Le McKinsey Global Institute (2005) a situé ce chiffre à 160 millions d'emplois dans le monde. Van Welsum et Vivkery (2005) ont calculé que les postes susceptibles d'être touchés représentent 18,1 p. 100 de l'emploi total aux États-Unis, 19,2 p. 100 dans l'UE 15 et 18,6 p. 100 auCanada. Bardhan et Kroll (2003) ont suggéré que le nombre de postes visés pourrait être d'environ 15 millions dans le secteur des services aux États-Unis (11,7 p. 100 de l'emploi total en 2003). D'autres estimations élargissent la gamme à entre 10 et 21 p. 100 pour les États-Unis. Le lecteur est invité à consulter Kirkegaard (2007) pour un survol de ces estimations.Une autre façon d'interpréter ces estimations est d'y voir une limite supérieure au nombre de postes quisont devenus échangeables, ou qui pourraient le devenir. Une distinction est faite ici entre les emplois nécessitant une présence matérielle, comme ceux de chauffeur de taxi, de serveur ou de médecin, et les emplois qui n'exigent pas une telle présence : analyste financier ou programmeur, par exemple. Cela a ajouté aux craintes soulevées par la délocalisation, alors queplusieurs emplois jugés aujourd'hui délocalisables sont précisément ceux qui étaient auparavant tenuspour non mobiles. En outre, ces postes ont tendance à offrir une rémunération intéressante et sont combléssoit par des membres de la classe moyenne, jusque-là à l'abri des effets de la délocalisation, soit par des per-sonnes déplacées du secteur manufacturier qui ontmigré dans le passé vers ces professions.
Mais ces craintes ne semblent pas fondées pourl'essentiel. Une mise à jour d'une étude largementcitée de Forester Research prédit qu'aux États-Unis,jusqu'à 3,4 millions de postes dans le secteur des services pourraient être délocalisés d'ici 20159.Appliquant une procédure simple de mise à l'échelle et d'ajustement pour les différences de structure industrielle, on peut affirmer qu'au Canada, cephénomène toucherait environ 240 000 emplois dans le secteur des services. Si ce nombre paraît élevé, il ne représente tout de même qu'environ 2 p. 100 de l'emploi dans le secteur des services aux États-Uniscette année-là (une proportion similaire au Canada).
Les données du Bureau of Labor Statistics des États-Unis indiquent que 3,9 p. 100 des licenciements collectifs au cours d'une année sont liés à des activités déplacées à l'étranger (non seulement des services,mais aussi des activités manufacturières). Ces 33 200pertes d'emploi représentent une infime portion des 7,4 millions d'emplois disparus durant la même année pour toute une foule de raisons, et une part encore plus infime des 8 millions nouveaux emplois créés.Une estimation semblable a été faite pour l'UE, soit4,5 p. 10010. Il importe aussi de noter que si le nombre absolu de licenciements attribuables à la délocalisation est limité, les personnes qui perdent leur emploi pour cette raison demeurent en chômagependant plus longtemps en moyenne, et lorsqu'elles trouvent un nouveau travail, il est habituellement moins bien rémunéré.
Bien que les médias aient souvent insisté sur le défique pose la montée des chaînes de valeur mondiales,à savoir le déplacement d'emplois à l'étranger par le biais de la délocalisation, les avantages du phénomènesont pour l'essentiel passés sous silence. Une vision dumonde dans laquelle l'achat d'une activité à l'étrangeréquivaut à une perte d'emploi au Canada s'avère trop simpliste. Il faut plutôt voir dans cet achat un échange qui, comme toute autre forme de commerce, profiteraaux deux parties.
Dans la plupart des cas, à mesure qu'une entreprise prend de l'expansion à l'étranger, elle développe aussises activités au pays. Des données américaines montrent que l'expansion des activités d'une multinationale à l'étranger entraîne souvent une hausse del'emploi au pays11. Alors que l'emploi dans les filiales américaines à l'étranger augmentait de plus de 2 millions entre 1997 et 2004, l'emploi dans les sociétés parentes aux États-Unis a progressé de 1,5 million. Une expansion internationale permet aussi à l'entreprise de répartir ses coûts de R-D sur de plus gros volumes de ventes et, ainsi, d'investir davantage en R-D. Le fait de se trouver confrontée aux meilleurs sur le marché mondial l'oblige à être plus innovatriceet à transférer une partie de ces connaissances vers l'économie d'origine. Il a été démontré que les multi-nationales canadiennes étaient plus productives queles entreprises d'envergure nationales12. Enfin, lesmultinationales canadiennes rapatrient des bénéfices àleur siège social au Canada. En 2006, l'investissement direct du Canada à l'étranger a produit des rendements, lesquels ont été rapatriés au Canada à hauteurde 30,6 milliards de dollars, soit près de trois fois cequ'ils étaient il y a dix ans.
Il est important également que les entreprises canadiennes, petites et grandes, tissent des liens avec des chaînes de valeur mondiales. Dans la section du rapport consacrée à la fabrication et aux services, nous examinons dans quelle mesure il en est ainsi; cependant, les avantages connexes sont évidents. En s'approvisionnant en intrants intermédiaires ou en services à l'étranger, les entreprises canadiennes peuvent accroître leur efficacité et survivre, sinonprendre de l'expansion dans un contexte mondial deplus en plus concurrentiel. Amiti et Wei (2006) ontainsi constaté que la délocalisation des services dans le secteur manufacturier aux États-Unis s'est traduite par des gains de productivité de 11 p. 100, tout enn'ayant à peu près aucun effet sur le niveau d'emploi.
Une analyse avantages-coûts du McKinsey Global Institute (2003) a révélé que le pays d'accueil récolte un gain de 1,12 à 1,14 dollar pour chaque dollar d'activité délocalisée. Ainsi, il importe que les entre-prises établies au Canada aient non seulement accès aux marchés étrangers, où elles peuvent écouler leurs biens et services, mais qu'elles puissent aussi importer des intrants intermédiaires et des services.
Les facteurs responsables
En tentant de cerner les facteurs à l'origine du mouvement de mondialisation des chaînes de valeur, nous pourrons plus facilement comprendre pourquoi les chaînes de valeur mondiales prennent forme à cemoment précis, pourquoi on craint de plus en plusque la production se déplace vers des pays à faiblessalaires – même s'il y a toujours eu des écarts signifi-catifs dans les structures de coûts des pays – et si cestendances persisteront ou non. Trois facteurs semblent expliquer l'essor des chaînes de valeur mondiales : 1)la baisse des coûts de transport, 2) l'amélioration des technologies de l'information et des communications(TIC) et 3) l'abaissement des barrières au commerce et à l'investissement international et l'adoption de politiques économiques favorables au marché. Nous aborderons plus en détail chacun de ces thèmes à tour de rôle.
La baisse des coûts de transport
La baisse des coûts de transport permet d'expédier des biens et services sur de plus grandes distancessans perte de compétitivité par rapport aux biens produits localement. Certains des avantages liés à defaibles coûts de production sont annulés par le coûtdu transport des intrants intermédiaires ou des biensfinals à leur lieu de consommation. Les coûts detransport jouent un rôle important dans les économiesd'agglomération – ils expliquent pourquoi les produc-teurs d'intrants intermédiaires ont tendance à s'établirprès des utilisateurs de ces intrants. Le secteur de l'au-tomobile dans le Sud de l'Ontario et dans le Centre-Ouest et le Nord-Est des États-Unis en est un exempleéloquent. à mesure que diminuent les coûts de trans-port, il devient moins intéressant de s'établir à prox-imité des fournisseurs ou des consommateurs, et l'onpeut ainsi profiter des avantages qu'offre un établisse-ment plus éloigné, toutes choses égales par ailleurs.
Dans le cas du Canada, le transport et l'entreposagereprésentent aujourd'hui 6,5 p. 100 du coût des facteurs entrant dans la fabrication des biens et ser-vices. C'est là une baisse par rapport au niveau de10,3 p. 100 enregistré en 196313. Pour les biens, lataille et le poids du produit par rapport à son prixinfluent sur le coût de transport et, partant, sur la dis-tance qui peut séparer le client du lieu de productiondu bien en ne dérogeant pas au bon sens économique.Les produits légers et compacts peuvent être expédiéssur de plus grandes distances, au même coût, que lesproduits plus lourds et volumineux. Ainsi, en partiepour cette raison, l'industrie de l'électronique est l'unedes plus mondialisées. Mais le coût de transport entermes de temps a aussi de l'importance. Il est coû-teux de stocker et d'entreposer des produits. De nombreux produits sont périssables, par exemple les aliments qui risquent de se gâter, mais aussi lesproduits électroniques qui sont rapidement déclasséspar les progrès de la technologie, ou encore les vête-ments qui sont vulnérables à l'évolution rapide destendances de la mode14.
La diminution des coûts de transport est aussi impor-tante pour la mobilité des personnes que pour lalivraison des services, la gestion d'entités commer-ciales éloignées, les rencontres entre collaborateurs à des projets de R-D, le suivi auprès des fournisseursou encore la recherche d'investissements. Dans le casdu mouvement des personnes, c'est le coût global qui compte – le total du prix du billet, du temps dedéplacement (dans les airs et sur terre) et la disponi-bilité de moyens de transport quand le besoin seprésente (la fréquence des vols, par exemple).
La conteneurisation est le progrès le plus souvent citéen rapport avec le transport international des biens,mais les données montrant que cela s'est traduit parune réduction durable du coût de transport réel sontpartagées. Les mesures directes du coût du transportocéanique révèlent une diminution rapide jusqu'auxannées 60, mais peu de mouvement, voire une légèreaugmentation, depuis. Le fait demeure que la con-teneurisation est devenue une forme dominante decommerce maritime et qu'il doit y avoir une raison à cela. Aussi récemment que 1980, l'expédition parconteneur ne représentait que 21 p. 100 de toutes les expéditions maritimes. En 2000, la proportionatteignait 70 p. 10015. La réponse ne semble pasrésider du côté des économies directes de coût, maisplutôt du temps économisé, pour le trajet lui-même et pour le processus de chargement-déchargement.On estime que le trajet océanique moyen d'une expé -dition internationale a diminué de moitié environ grâce à la conteneurisation, et qu'une telle économiede temps a contribué à la popularité croissante de ce mode de transport. On estime qu'à elle seule,l'amélioration des délais de transit équivaut à uneréduction tarifaire variant entre 20 p. 100 et5,2p.10016.
Une autre amélioration significative dans le transportinternational touche le transport aérien. Le coût dutransport aérien a diminué considérablement, tantpour les marchandises que pour les passagers, recu-lant d'environ le tiers depuis les années 60. Ce quecette baisse de coût ne révèle pas, mais qui a uneimportance tout aussi grande, est la fréquence accruedes vols et des liaisons directes. Bien que le transportaérien soit encore sensiblement plus coûteux que letransport maritime, il est par contre plus rapide. Uneautre démonstration de l'importance du temps dans le coût du commerce est le recours croissant au trans-port aérien dans les échanges commerciaux. Ainsi,plus du tiers des exportations américaines en valeursont maintenant expédiées par voie aérienne, et cechiffre passe à plus de la moitié si l'on exclut lesexportations au Canada et au Mexique (où le trans-port terrestre est particulièrement important)17. Au Canada, 31 p. 100 des exportations à destination depays autres que les États-Unis se font par la voie desairs, ce qui représente à peu près le double du niveauobservé il y a seulement dix ans.
Tout considéré, on estime que l'avènement de moyensde transport plus rapides (transport aérien et trans-port océanique plus rapide) équivaut à une réductiontarifaire sur les biens manufacturiers variant entre32p. 100 et 9 p. 100 de 1950 à 199818.
Amélioration des technologies de l'information et des communications (TIC)
Les améliorations qui ont marqué les communications– coût moins élevé, service plus fiable, accès accru àtoutes les formes de communication, y compris lavoix, la vidéo et les données – facilitent l'exercice d'uncontrôle sur les opérations éloignées, la conclusiondes transactions, l'accès à l'information et la coordina-tion des activités. En outre, les progrès des TIC ontrendu possible le commerce de services qui auraientété considérés non commercialisables dans le passé,par exemple la programmation, la prestation de serv-ices financiers ou l'interprétation d'un rayon X par unradiologiste.
On a calculé que le coût moyen de traitement de l'in-formation est passé de 75 dollars à moins d'un cen-tième de cent par million d'opérations entre 1960 et1990. Par ailleurs, le coût d'un appel téléphonique detrois minutes entre New York et Londres a chuté de245 dollars en 1930 à moins de 50 dollars en 1960, à3 dollars en 1990 et à environ 35 cents en 1999 (tousexprimés aux prix de 1990)19.
Ces chiffres ne révèlent que la pointe de l'iceberg pource qui est de saisir l'effet de transformation des pro-grès technologiques sur les échanges commerciaux. à titre d'exemple, la normalisation des formats delogiciels permet aujourd'hui à un ingénieur se trou-vant en Russie de collaborer à la production d'undessin technique avec un collègue de Winnipeg, maisaucune statistique ne peut saisir de façon adéquatecette innovation.
Réduction des barrières au commerce et àl'investissement international et adoption de politiques économiques favorables aumarché
Le GATT a été créé par 23 pays en 1948 et comptait128 membres au moment de devenir l'OMC, en1995. Depuis, le nombre de membres a atteint 150. Ilexiste aujourd'hui plus de 300 accords commerciauxbilatéraux et régionaux, contre seulement 120 en1995. Le nombre de traités bilatéraux en matière d'in-vestissement a augmenté encore plus rapidement,passant de 385 en 1989 à 1 857 en 1999, et à plus de2 500 en 200620. Les taux tarifaires moyens entre lespays de l'OCDE ont dégringolé, passant d'environ 40p. 100 au lendemain de la Seconde Guerre mondialeà environ 4 p. 100 en 199321. Mais toutes les réduc-tions de barrières au commerce ou à la circulation descapitaux ne sont pas survenues au moment de joindreles rangs de l'OMC ou de conclure un accord bilatéralde libre-échange ou d'investissement. Une bonne par-tie de ces baisses s'est faite unilatéralement, notam-ment dans plusieurs pays en développement quiétaient conscient qu'une telle libéralisation seraitbonne pour l'économie locale. En 1997, l'Inde avaitdéjà abaissé son taux tarifaire moyen à 30 p. 100,alors qu'il était de 82 p. 100 en 1990; le Brésil a réduitson taux tarifaire moyen de 25 p. 100 en 1991 à 12 p.100 en 1997, tandis que la Chine l'a ramené de 43 p. 100 en 1992 à 18 p. 100 en 199722. Qui plus est, nonseulement les obstacles au commerce et à l'investisse-ment international sont-ils tombés, mais d'autresréformes favorables au marché ont été mises en place.Dans certains cas, il y a eu l'effondrement du commu-nisme; dans d'autres, des réformes axées sur lemarché au sein du régime communiste; dans d'autrescas encore, il y a eu réforme des politiques internes,en délaissant les mesures de substitution des importa-tions pour embrasser des politiques d'expansiontournées vers l'extérieur.
La fabrication
à la fin de 2006, le secteur manufacturier employaitun peu plus de 1,8 million de Canadiens, soit 12,8 p. 100 de l'emploi total au Canada. La part duPIB détenue par le secteur manufacturier était légère-ment supérieure à 15,9 p. 100, reflétant une produc-tivité et une rémunération supérieures à la moyennenationale dans la fabrication. Le salaire manufacturiermoyen atteignait 45 000 dollars, comparativement àune rémunération moyenne de 35 000 dollars pourl'ensemble des industries. Au Canada, comme dans laplupart des pays avancés, la part du PIB et de l'emploidu secteur manufacturier régresse depuis assezlongtemps, bien que la valeur de la production manu-facturière soit demeurée relativement stable. Une par-tie de ce déclin relatif découle de l'impartition desservices – des services autrefois considérés commefaisant partie de la fabrication et qui sont maintenantproduits par des entreprises distinctes, et donc classéscomme appartenant au secteur des services. En outre,les consommateurs de la plupart des pays avancésconsomment une plus grande part de services encomparaison des produits manufacturés. Les autresgrands facteurs ayant contribué à cette tendance sontla hausse de la productivité manufacturière, qui a per-mis de maintenir la production élevée en employantmoins de gens et, enfin, le déplacement des activitésmanufacturières vers l'étranger.
La part du secteur manufacturier dans l'économiecanadienne a enregistré une reprise de courte duréedans les années 90, touchant un sommet de 19,0 p. 100 en 2000 sous l'effet de l'ALE Canada-États-Unis et de la dépréciation de la monnaie23. Plus récemment, le secteur manufacturier canadien a tra-versé des années difficiles. L'emploi manufacturier auCanada a fléchi de 11,8 p. 100 (244 000 emplois)depuis son sommet de novembre 2000, bien que laproduction réelle ait beaucoup moins diminué,cédant seulement 2,7 p. 100 entre 2000 et 2006.Durant cette période, les exportations manufacturières canadiennes ont reculé de 3,6 milliards de dollars entermes nominaux, tandis que les importations aug-mentaient de 22,4 milliards de dollars. Les facteursqui ont dicté ce déplacement des exportations vers lesimportations sont notamment la forte appréciation dudollar canadien (passé de 0,64 dollar é U. en 2002 à0,88 dollar é. U. en 2006, un gain de 38,5 p. 100) etla restructuration du secteur de l'automobile. Lesexportations canadiennes de voitures et de piècesétaient en baisse de 13,4 milliards de dollars, ce quisignifie qu'à l'exclusion de ce secteur, les exportationsmanufacturières auraient progressé de 9,8 milliards dedollars. Cependant, en raison de l'essor qu'a connu lafabrication au cours des années 90, le déclin actuel dusecteur manufacturier laisse tout de même le Canadaavec une part plus élevée d'activités manufacturièresdans le PIB que plusieurs autres économies dévelop-pées (et une part plus faible pour les services, unpoint sur lequel nous reviendrons en détail plus loin).
Bien qu'une partie de ce repli puisse être attribuée à la délocalisation d'activités manufacturières, il estprobable que ce facteur n'ait joué qu'un rôle modeste.En 2003, la dernière année pour laquelle des donnéessont disponibles, le déficit commercial au poste desproduits manufacturés ne représentait que deux et deux dixièmes de un pour cent de la production manu-facturière canadienne. Ainsi, même si le déficit com-mercial avait plus que doublé en 2006, il demeuraitminime en comparaison de la production totale del'industrie. En outre, une enquête récente des Manufacturiers et exportateurs du Canada a faitressortir que l'un des problèmes les plus sérieux auxquels font face les fabricants est la pénurie de travailleurs qualifiés24. Cela incite à penser que nonseulement les emplois manufacturiers hautementqualifiés ne quittent pas le Canada, mais il semble y avoir une demande excédentaire dans ce domaine à l'heure actuelle.
Les fabricants canadiens s'approvisionnent-ils sur le marché international?
Une préoccupation exprimée est que les entreprisescanadiennes ne profitent pas de l'essor des chaînes devaleur mondiales en s'approvisionnant sur le marchéinternational. On fait valoir qu'en se procurant à l'étranger certains intrants intermédiaires, les manu-facturiers canadiens pourraient devenir plus concur-rentiels et développer d'autres activités à valeur élevéeau Canada.
Pour étayer l'argument voulant que les entreprisescanadiennes n'achètent pas à l'étranger, en 2002 –l'année la plus récente pour laquelle des donnéescomparables sont disponibles – il y avait environ44500 établissements exportant des biens à l'étranger,mais près de 64 200 établissements important desbiens, un nombre près de 50 p. 100 plus élevé.Cependant, beaucoup de ces importateurs sont desdétaillants ou des grossistes qui importent des biensfinals, et seulement 16 700 étaient des manufacturiers– qui avaient une probabilité beaucoup plus élevéed'importer des intrants intermédiaires. Cela se com-pare à environ 20 800 manufacturiers exportateurs.
En revanche, 37 p. 100 des intrants intermédiairesutilisés au Canada en 2003 étaient importés. Celaplace le Canada dans le tiers supérieur des pays de l'OCDE et au premier rang des pays du G7 quant auratio des intrants importés aux intrants acquis sur lemarché intérieur25. Cette observation est appuyée parles résultats de Baldwin et Gu (2007), qui montrentque la composante étrangère des intrants matériels auCanada a plus que doublé sur la période 1961-2003.On peut donc en conclure que, si les entreprisesétablies au Canada profitent des occasions d'approvi-sionnement du marché international pour demeurerconcurrentielles, il se peut que les entreprises de pluspetite taille ne participent pas autant que les grandesentreprises de propriété canadienne ou étrangèreopérant au Canada.
Où les fabricants canadiens s'insèrent-ilsdans les chaînes de valeur mondiales?a
Une façon de répondre à cette question est d'examinerce que le Canada importe et exporte dans l'optique de l'autre pays. Fait peu étonnant, une part élevée des exportations canadiennes est constituée de biensde premier niveau, c'est-à-dire des biens non trans -formés comme les ressources et les biens à base deressources. Si l'on exclut les biens de premier niveau,le Canada montre une proportion un peu plus élevéede produits finis que de biens intermédiaires dans les exportations restantes. Du côté des importations,les biens de premier niveau occupent une place rela-tivement limitée, tandis que les biens finis représen-tent une part légèrement plus élevée que les biens intermédiaires. Comme environ la moitié deséchanges du Canada (exportations et importations)hors de la catégorie des biens de premier niveau con-siste en produits finis, il est difficile de savoir si celaest élevé en comparaison des autres pays et de dire sile Canada participe ou non aux chaînes de valeurmondiales. En outre, l'interprétation de ces donnéesest risquée, puisqu'une part croissante du commercemondial porte sur des produits différenciés, ce quisignifie qu'il n'est pas exceptionnel que le Canadaimporte des pièces de voiture pour ensuite exporterdes voitures, et aussi importer des voitures d'autresmarques. Il est aussi difficile de dire, à partir de cesrenseignements, si le Canada se spécialise dans la production d'intrants intermédiaires ou dans l'assem-blage de produits finis.
Une mesure qui pourrait nous éclairer davantage surcette tendance est le commerce verticalement intégré,c'est-à-dire le commerce au sein d'une industrie por-tant sur différentes étapes de la production, commel'importation de pièces de voiture et l'exportation devéhicules assemblés. La proportion du commercecanado-américain qui est intégrée verticalement a augmenté au cours des deux dernières décennies etreprésente aujourd'hui plus de la moitié du commercecanadien, ce qui signifie que le Canada importe desbiens intermédiaires pour ensuite exporter des pro-duits plus finis, ou vice-versa. Cette observation appuie fortement l'hypothèse selon laquelle le Canadaparticipe activement aux chaînes de valeur mondialestout en accroissant l'importance de ces chaînes pourl'économie canadienne26.
On a aussi affirmé que la dépendance des exporta-tions canadiennes, et en particulier du secteur manu-facturier, à l'égard du marché américain avait étéexagérée parce que les exportateurs canadiensvendent à des multinationales américaines qui expor-tent ensuite vers de nombreuses autres destinations. Il n'existe pas de données sur la part des exportationscanadiennes aux États-Unis représentant des ventes à des multinationales américaines, qui peuvent elles-mêmes réexpédier des produits au Canada ou vers les marchés étrangers. Cependant, nous savons que34p. 100 du commerce Canada-États-Unis est con-stitué d'échanges intra-firme, c'est-à-dire entre desdivisions de la même entreprise opérant de part etd'autre de la frontière. En outre, 58,9 milliards de dollars é. U. d'importations de biens aux États-Unisproviennent de filiales américaines au Canada quivendent des produits à leur société mère. En appli-quant le même ratio aux achats totaux faits par lessociétés mères aux États-Unis (en tenant compte desachats auprès d'entreprises non affiliées), on peut fairevaloir qu'une tranche supplémentaire de 70 milliardsde dollars é. U. d'importations de biens aux États-Unis en provenance du Canada représente des achatsfaits par des multinationales américaines auprès d'entreprises non affiliées au Canada – essentiellement,la moitié des importations américaines du Canadareprésente des expéditions de filiales américaines auCanada à la société mère (dans une proportion de45,6p. 100) ou des expéditions de biens d'entreprisescanadiennes non affiliées à des multinationales améri-caines (dans une proportion de 54,4 p. 100)27.
Le Canada en tant que destination concurrentielle pour la fabrication dans le monde
Comme nous le faisons valoir dans ce rapport, l'enjeule plus important associé à l'essor des chaînes de valeurmondiales pour le Canada est de réussir à attirer et à conserver des activités à valeur élevée au Canada. Au moment où les tâches deviennent plus mobiles à l'échelle internationale, la concurrence venant del'extérieur pour attirer ces activités augmentera et delégères différences dans le contexte économique pour-raient avoir une importance croissante.
Pour l'ensemble du secteur manufacturier, le tableauest partagé. Comme nous l'avons déjà indiqué, l'éco -nomie canadienne affiche toujours une part d'activitésmanufacturières supérieure à celle de la plupart desautres pays avancés, mais néanmoins inférieure à cer-tains pays, comme l'Allemagne. En outre, même si lesecteur manufacturier au Canada a progressé en pro-portion de l'économie durant les années 90, sous l'im-pulsion de l'ALE Canada-États-Unis, de l'ALENA et dela baisse du dollar canadien, il éprouve des difficultésdepuis quelques années.
Les excédents ou les déficits commerciaux peuventnous instruire sur la nature de l'avantage comparatifd'un pays. Le Canada a généralement enregistré delégers déficits dans ses échanges manufacturiers durantles années 90 et au début des années 2000, inscrivantdes excédents seulement en 1995 et 1996. Depuis2002, année où le dollar canadien a commencéà s'apprécier, le déficit du commerce des produits manufacturés du Canada a généralement augmenté.En 2006, il a touché un sommet récent à 27,8 mil-liards de dollars, soit un peu moins de 9p.100 des exportations manufacturières. Mais ce chiffre dis-simule beaucoup d'information. Le Canada enregistredes excédents commerciaux enviables dans plusieursindustries manufacturières, certaines liées à la trans-formation des ressources mais d'autres fabriquant desproduits de haute technologie.
Dans l'ensemble, le Canada a eu beaucoup de succèspour ce qui est d'attirer des installations manufactu -rières de l'étranger. Environ la moitié du secteur,mesurée par les avoirs ou les revenus, est constituéede producteurs étrangers. Le Canada a réussi à obtenirencore plus d'investissements des États-Unis, le plusgros investisseur au pays. La part des installationsmanufacturières des multinationales américaines auCanada, mesurée en fonction des avoirs, est passée de11,7 p. 100 en 1997 à 14,5 p. 100 en 2004, ce quivoudrait dire que le Canada demeure une destinationattrayante pour l'investissement manufacturier.
Les services
Pour plusieurs, la préoccupation la plus sérieuse quepose l'expansion des chaînes de valeur mondiales estla délocalisation des services. Si l'on considère depuislongtemps que les activités manufacturières se prêtentau commerce, on a souvent soutenu que toute perted'emploi manufacturier serait largement compenséepar des emplois de meilleure qualité, plus propres etmieux payés dans le secteur des services. Mais d'oùviendront les emplois si ces tâches peuvent être effec-tuées aussi bien dans un pays à faible coût?
Comme nous l'avons indiqué dans une sectionantérieure, les estimations du nombre d'emplois dusecteur des services qui pourraient être délocalisablesvarient beaucoup, mais certaines sont très élevées.Une autre préoccupation a trait au fait qu'un nombresignificatif des postes jugés depuis peu délocalisablessont considérés comme des emplois bien rémunéréset modérément spécialisés.
La possibilité que des marchés émergents, où les taux de salaire sont beaucoup plus bas, rivalisent pour l'obtention de ces postes est au centre des préoccupations. Une étude situe le nombre de jeunesprofessionnels dans les pays en développement à 33 millions28. Cela se compare à environ 15 millionsdans les pays à salaires élevés. Si l'on inclut le pers-onnel de soutien, les médecins et les infirmières detous les groupes professionnels, le chiffre passe à392,8 millions dans les pays à faibles salaires et à181,3 millions dans les pays à salaires élevés29. Maistous les travailleurs qualifiés ne sont pas de mêmequalité. Selon une autre estimation, seulement13p.100 environ de ces personnes offriraient unniveau de qualité suffisant pour travailler au serviced'une multinationale d'envergure mondiale dans leurdomaine de compétence. Utilisant une mesure plusgénérale des personnes qui possèdent un diplômeuniversitaire, le nombre possible de travailleurs qualifiés en Chine s'établit à 930 000 et, en Inde, à750000, comparativement à 1,5 million dans l'UE,1,3 million aux États-Unis et 129 000 au Canada30.
Dans quelle mesure y a-t-il délocalisationdes services au Canada?
Le Canada enregistre actuellement un importantdéficit dans son commerce des services qui, dans une certaine mesure, pourrait être interprété commeune forme de délocalisation des services. Cependant,à l'instar du secteur manufacturier, ce déficit estminuscule en comparaison avec la production totaledu secteur, ce qui permet de penser que la délocalisa-tion des services n'a eu jusqu'ici qu'une incidenceminimale sur l'emploi au Canada. En 2005, le Canadaa exporté des services commerciaux pour une valeurde 35,1 milliards de dollars, tandis que les importa-tions de services ont atteint 37,9 milliards de dollars,entraînant un déficit de 2,8 milliards de dollars dansles échanges de services commerciaux. Le Canadaaffiche de modestes excédents dans les services d'in-formatique et d'information (1,6 milliard de dollars)et les services de gestion (0,2 milliard de dollars), les deux catégories de services commerciaux le plusétroitement associées au phénomène de la délocalisa-tion. En outre, 88 p. 100 des importations de servicescommerciaux au Canada provenaient de pays riches – le Canada enregistrait un excédent commercialnotable de 3,1 milliards de dollars avec les pays à faibles salaires en 2004, la dernière année pourlaquelle des données sont disponibles. Les échangesde services commerciaux du Canada avec l'Indereprésentaient seulement un cinquième de un pourcent des importations totales de services commerciauxdu Canada. Qui plus est, le Canada avait un excédentde 37 millions de dollars avec l'Inde, équivalant à prèsde la moitié des importations en provenance de cepays en 2004. Tout ce que l'on peut dire est que lesimportations de services commerciaux indiens auCanada ont crû rapidement au cours des dernièresannées, ayant plus que triplé depuis 1999 et aug-menté de 73 p. 100 de 2003 à 2004. L'étude récentede Morissette et Johnson (2007) corrobore une telleinterprétation. Les auteurs ont constaté qu'à l'excep-tion des emplois de soutien administratif, rienn'indique que les postes les plus vulnérables à la délocalisation aient enregistré une croissance plusfaible de l'emploi. Entre 2000 et 2006, l'emploi dansles professions susceptibles d'être touchées par ladélocalisation des services a progressé de 1,8 p. 100 l'an, en moyenne. L'emploi dans les autres professionsa augmenté au même rythme31.
Dans le cas des postes de soutien administratif, lesauteurs concluent que les pertes sont survenues troptôt et dans des secteurs qui risquent peu d'être vul-nérables à la délocalisation. Ainsi, ils n'ont probable-ment aucun lien avec ce phénomène.
Baldwin et Gu (2007) ont perçu une tendance à l'ac-croissement de l'impartition des services (remplacerce qui était auparavant exécuté à l'interne) entre 1961et 2003 dans le secteur manufacturier, mais cette ten-dance est encore plus prononcée dans le secteur desservices. En outre, une part croissante de ces achatsprovenait de l'extérieur du pays (délocalisation). Lapart des importations d'intrants de services a presquetriplé au cours de cette période. Les auteurs ont aussiobservé que la délocalisation des services est associéeà un mouvement vers les activités à plus grandevaleur ajoutée au Canada, mais n'a pas eu d'effetfavorable sur l'emploi dans les services.
Comme dans le secteur manufacturier, on se pré-occupe aussi du fait que les entreprises canadiennesne tirent pas pleinement parti des occasions qu'offre la capacité de déplacer certaines tâches vers des régionsà faible coût. à titre d'exemple, on a constaté qu'uneaugmentation d'un point de pourcentage de la délo-calisation dans le secteur des services entraînait unehausse de 0,43 à 0,57 point de pourcentage de la productivité du travail32.
Comme on pouvait s'y attendre, l'impartition a eu uneincidence positive sur les salaires des travailleurs nonaffectés à la production, sur les salaires des travailleursqualifiés et sur l'emploi de la main-d'œuvre qualifiée33.
Le Canada en tant que destination de ladélocalisation des services (impartitionvenant de l'étranger)
On a affirmé que le Canada était un bénéficiaire netde la délocalisation des services. Une étude du McK-insey Global Institute (2005) a classé le Canada autroisième rang dans le monde, derrière l'Inde et l'Ir-lande, en termes de destination des services délocal-isés. Mais cela semble porter surtout sur des centresd'appel de premier niveau plutôt que sur des servicesde TI hautement spécialisée. Si le Canada représentait11 p. 100 des nouveaux centres d'appel, il ne comp-tait que pour 2 p. 100 des centres de technologie del'information à haute valeur ajoutée34. En utilisant ànouveau les soldes commerciaux comme indicateurde l'avantage comparatif, on peut opposer à cela quele Canada enregistre des excédents commerciauxappréciables dans plusieurs catégories de servicescommerciaux parmi les plus étroitement associées à ladélocalisation des services. Ainsi, le Canada a exportéprès de 40p.100 plus de services d'informatique etd'information et de services d'architecture, de génie etd'autres services techniques qu'il n'en a importés en 2005.
Cependant, le Canada semble accuser un certainretard dans l'évolution vers une économie de servicesde façon générale. La part des services dans l'ensemblede l'économie est l'une des plus faibles des pays duG7. Et même si le Canada se classe au neuvième rangdans le monde pour ses exportations de marchandises,il n'arrivait qu'au quinzième rang pour les exporta-tions de services en 2005. Ce classement est loin derrière celui de nombreux pays de plus petite taille, comme les Pays-Bas, l'Irlande, la Belgique et l'Autriche,et représentait le second plus bas taux de croissanceparmi les quinze premiers pays, un indice que le Canada prendra encore plus de retard si la tendancese maintient. Le Canada attire aussi moins d'in-vestissement dans les services spécialisés par rapport à la taille du secteur. Alors que les entreprises souscontrôle étranger représentent plus de 50 p. 100 desavoirs du secteur manufacturier, elles ne comptentque pour 15,5 p. 100 des entreprises de services professionnels, scientifiques et techniques.
Pour résumer, la délocalisation des services bienrémunérés vers les pays à faibles salaires ne constituepas un enjeu à l'heure actuelle pour le Canada, etmême si ce phénomène progresse rapidement, ildemeurera limité dans sa portée pour quelque tempsencore. La question plus générale qui se pose pour leCanada est peut-être de savoir pourquoi il n'est pasun acteur plus important sur la scène mondiale dansles industries de services à haute valeur et à forte con-centration de savoir, et comment il pourrait devenirune destination de choix à partir de laquelle exporterces services sur le marché mondial.
La recherche-développement (R-D)
La recherche-développement (R-D) est l'une des acti-vités économiques les plus convoitées. L'innovation est la seule méthode par laquelle un pays peut aspirer à plus long terme à un meilleur niveau de vie pour ses citoyens. S'il est possible de faire travailler plus de gens, de les faire travailler de plus longues heuresou de leur donner plus de machines pour faire leurtravail, on ne pourra progresser ainsi que pour un temps. Ce n'est qu'en trouvant de nouvelles méthodes de travail, en apportant des améliorationsaux machines et en enrichissant les connaissanceshumaines, tout en faisant des percées dans tous lesdomaines – des produits électroniques ménagers, auxmédicaments permettant de sauver des vies et auxtechnologies environnementales – qu'une sociétépourra améliorer constamment son niveau de vie.
En outre, les emplois en R-D sont perçus commeassez bien rémunérés, fournissant du travail à des personnes hautement qualifiées, procurant desretombées à la collectivité avoisinante et suscitant unniveau encore plus élevé de R-D. à titre d'exemple, la ville d'Ottawa profite non seulement des établisse-ments de recherche gouvernementaux et des grandesentreprises qui ont choisi d'y établir leurs activités de R-D, mais aussi de toutes les petites entreprises – et celles qui ont grandi depuis – favorisées par cetinvestissement initial. Selon Research Infosource, 27 des 100 plus grandes entreprises en termes dedépenses de R-D au Canada sont basées à Ottawa,tandis que 27 p. 100 des dépenses totales de R-D deces 100 entreprises se font dans la région d'Ottawa.En effectuant de la R-D et en mettant au point denouveaux produits ou services, une entreprise exercepar ailleurs un plus grand pouvoir sur les prix, ce qui lui permet de réinvestir ses bénéfices dans l'économie locale plutôt que de simplement rivaliserau niveau des prix. Cet aspect prend plus d'impor-tance alors qu'un nombre croissant d'activités deviennent banalisées.
Tous les pays reconnaissent l'importance de la R-Dpour maintenir et faire progresser leur niveau de vie. Il n'est donc pas étonnant qu'ils rivalisent de plus en plus pour attirer des activités de R-D. à l'instar de beaucoup d'autres secteurs d'activité, lesmarchés émergents sont de plus en plus présentesdans ce secteur.
Mais la mobilité des activités de R-D augmente paral-lèlement à celle des autres étapes de la chaîne devaleur. Alors que, dans le passé, ces fonctions auraientété situées à proximité du siège social de l'entreprise àcause de la nature complexe et tactile des activités de R-D et du besoin pour les chercheurs d'avoir des con-tacts directs, cela est aujourd'hui moins nécessaire. Les choses ont évolué ainsi pour diverses raisons,dont certaines sont liées aux facteurs mêmes qui influent sur d'autres fonctions, par exemple les pro-grès technologiques qui facilitent les communicationsà distance à plus bas coût. Après tout, Internet ad'abord été adopté par les chercheurs pour communi-quer et coordonner leurs travaux. Les logiciels nor-malisés permettent à un ingénieur de consulter et demodifier un dossier produit par un collègue à l'autrebout de la planète, ouvrant la possibilité à des travauxde R-D en continu. Même des progrès en apparencesans lien, par exemple la libéralisation du transportaérien qui a permis un plus grand nombre de liaisonsdirectes à moindre coût, facilitent les communicationset l'exercice d'un contrôle. Qui plus est, alors que lesentreprises font face à la concurrence, elles doiventrechercher des méthodes leur permettant d'améliorerleur efficacité et d'accroître la valeur de l'ensemble deleurs fonctions, y compris la R-D, ce qui les amène àenvisager de déplacer ces fonctions pour avoir accès àdes compétences spécialisées, réduire leurs coûts, oupour d'autres raisons.
Ainsi, les entreprises multinationales allemandes ont établi un plus grand nombre de centres de R-Dhors de l'Allemagne durant les années 90 qu'au coursdes 50 années précédentes35. Les multinationalesdépensent plus en R D, tant dans leur pays d'originequ'à l'étranger, mais leurs dépenses hors du pays d'origine ont augmenté deux fois plus rapidement. En moyenne, 16 p. 100 des dépenses de R D desentreprises multinationales ont eu lieu hors du paysd'origine en 2002, en hausse par rapport au niveau deseulement 10 p. 100 observé en 1993. La proportiondes dépenses de R D des multinationales américaineshors des États-Unis est passée de 11,5 p. 100 en 1994à 13,3 p. 100 en 2002. Même si ce changement semble modeste – 1,8 point de pourcentage – ilreprésente 2,9 milliards de dollars é. U., soit près du tiers des dépenses totales de R D des entreprisescanadiennes au cours de la même année.
La performance globale du Canada au chapitre de laR-D est peu reluisante. En proportion du PIB, la R-Dau Canada est passée de 1,7 p. 100 en 1995 à 2,0 p.100 en 2006, ce qui demeure inférieur à la moyennede l'OCDE, soit 2,3 p. 100. De plus, une bonne partie de cette augmentation provient de la hausse desdépenses de R-D des gouvernements. En particulier,la part des dépenses de R-D émanant des établisse-ments d'enseignement supérieur a augmenté de 10 points de pourcentage, pour atteindre 37 p. 100de toutes les dépenses de R-D au Canada, tandis queles parts du gouvernement fédéral et des entreprisesont toutes deux diminué. Si l'on considère unique-ment les dépenses du secteur des entreprises (en excluant les secteurs gouvernemental et quasi-gouvernemental, tel que les établissements de soins de santé et les universités), les dépenses du Canadan'atteignent que 1,0 p. 100 de son PIB, soit environles deux tiers de la moyenne de l'OCDE et beaucoupmoins que les pays les plus performants comme laFinlande et le Japon (2,4 p. 100 dans chaque cas).
Les exportations canadiennes de services de R-D ont augmenté de 316 p. 100 entre 1990 et 2005 etreprésentent 8 p. 100 des exportations de servicescommerciaux du pays. Par ailleurs, les paiements autitre des redevances et des droits de licences ont lit-téralement explosé, grimpant de plus de 3 300 p. 100depuis 1990; ils représentaient 12 p. 100 des exporta-tions de services commerciaux en 2005. Bien que leCanada maintienne un important excédent commer-cial dans ses échanges de services de R-D, c'est l'in-verse que l'on observe au poste des redevances et des droits de licences.
Fait intéressant, alors que les deux tiers des exporta-tions canadiennes de services de R-D proviennent de sociétés affiliées depuis 2000, l'inverse était vraidurant les années 90. En effet, même si les entreprisesmultinationales ont effectué beaucoup plus de R-Dpour l'exportation au cours de la période plus récente, il n'en a pas toujours été ainsi. Il se peut que les entre-prises canadiennes de plus petite taille aient perdu enpartie leur attrait au cours des dernières années sur lemarché de l'impartition internationale des activités deR-D, quoique cela soit difficile à confirmer.
Les filiales étrangères (les entreprises de propriétéétrangère présentes au Canada) comptent pour plusdu tiers des dépenses de R-D du secteur des entre-prises au Canada (ce qui est à peu près leur part de l'économie canadienne) et une autre tranche de 5 p. 100 provient d'entreprises canadiennes mais estfinancée par des sources étrangères. Cela signifie queprès de 40 cents de chaque dollar de dépenses de R-Ddans le secteur des entreprises au Canada sont liésd'une façon ou d'une autre à une source étrangère.Cela n'a rien d'étonnant puisque les 700 plus grandesentreprises au chapitre des dépenses de R-D dans le monde représentaient 69 p. 100 des dépenses globales des entreprises en R-D et que seul un petitnombre de ces entreprises sont canadiennes. Ainsi, la société Siemens dépense à elle seule en R-D plusque le Brésil ou la Russie36.
Cependant, les mesures directes de l'attrait du Canadacomme destination des activités de R-D des multi-nationales étrangères semblent indiquer que le paysn'affiche pas une bonne performance. La part duCanada en Amérique du Nord (Canada et États-Unis),dans l'ensemble des pays développés et même dans letotal mondial a reculé dans tous les cas. Cela signifieque la part du Canada diminue non seulement parcequ'il doit faire face à de nouveaux concurrents,comme la Chine ou l'Inde, mais aussi parce qu'il doitrivaliser avec des pays développés, dont les pays del'UE et le Japon, et ce qui est probablement plusimportant, les États-Unis – son principal rival enAmérique du Nord. Les multinationales établies auxÉtats-Unis revêtent une importance toute particulièrepour le Canada; pourtant, la performance du pays sur ce plan n'a pas non plus été robuste. La part duCanada a fléchi légèrement, passant de 12,5 p. 100 en1997, à 11,0 p. 100 en 2003. Ce déclin de 1,5 pointde pourcentage représente approximativement lavaleur des dépenses de R-D des multinationalesaméricaines en Australie.
L'importance des nouveaux acteurs est manifeste. Les économies en développement d'Asie représentaient moins de 3 p. 100 des dépenses de R-D desmultinationales américaines hors des États-Unis aussirécemment qu'en 1998, mais la cadence a augmentérapidement par la suite et, en 2003, leur partatteignait près de 9 p. 100 – une hausse de plus dutriple en seulement cinq ans. Dans la section con-sacrée à la fabrication, nous présentons le nombretotal d'ouvriers peu spécialisés que la Chine, à elleseule, pourrait ajouter à l'économie mondiale. Mais le nombre de personnes qualifiées est peut-être plusimportant pour le Canada dans l'optique d'attirer etde conserver des activités à valeur élevée comme la R-D. Alors que les estimations du nombre de diplômésen sciences et en génie de ces économies émergentesvarient beaucoup, nous retenons la suivante : selon lerapport de 2006 de la National Science Foundationdes États-Unis, à venir jusqu'en 2002 (ou l'année laplus récente disponible), le nombre de personnes possédant un premier diplôme en sciences et en génieétait de 534 000 en Chine, 176 000 en Inde, 60 000au Canada et 416 000 aux États-Unis37. Nonobstant la grande variabilité des estimations du nombre dediplômés en sciences et en génie, on peut aussi s'inter-roger sur la qualité de la formation reçue. McKinseyarrive à la conclusion que 10 p. 100 des ingénieurschinois et 25 p. 100 des ingénieurs indiens auraientune éducation de qualité suffisante pour êtreembauchés par une multinationale38. Néanmoins, onpeut penser que les marchés émergents deviendrontdes concurrents de plus en plus redoutables pour lalocalisation internationale des activités de R-Dmobiles, vivement convoitées.
Les sièges sociaux
Les sièges sociaux abritent souvent plusieurs despostes les mieux rémunérés au sein d'une entreprise,dans les domaines de la gestion, des finances, du con-tentieux, de la comptabilité, des ressources humaines,etc. On les appelle souvent les « fonctions du siègesocial » mais, comme pour d'autres étapes de lachaîne de valeur, leurs attaches à un emplacementdonné ou à d'autres fonctions vont en s'affaiblissant.Ces fonctions deviennent de plus en plus mobiles. Eneffet, les craintes que suscite l'impartition à l'étrangertournent autour de l'exode possible de ces activitésbien rémunérées et hautement qualifiées vers des pays où les salaires sont inférieurs. Et, plus encore que la R-D, les sièges sociaux peuvent avoir un impact surl'économie locale, et dans certains cas sur l'économienationale, bien au-delà de leur effet sur l'emploi direct– les banques ont peur de perdre des clients, lesbourses de valeur craignent de perdre des inscrip-tions, tandis que les vérificateurs et les avocats redoutent de voir partir leur clientèle. De plus, le siège social incarne le pouvoir décisionnel de l'entreprise, il offre des postes de gestion supérieure auxquels peuvent aspirer tous les employés de l'entreprise, il est souvent associé aux œuvres philan-thropiques locales et il peut servir de championnational. Pour ces raisons, les sièges sociaux et lesfonctions qui les caractérisent figurent parmi les acti-vités les plus convoitées. La meilleure façon d'illustrerce propos serait peut-être de mentionner quelques-uns des déménagements de sièges sociaux qui ontretenu l'attention ces dernières années. En 2001, Boeing a déplacé son siège social de Seattle à Chicago, où l'on prévoyait qu'il embaucherait environ 500 personnes. L'un des motifs invoqués pour justifier cette décision est le panier de généreuxstimulants offert par l'état de l'Illinois et la ville deChicago, estimé à environ 62 millions de dollars É.-U.en concessions fiscales, subventions et autres avan-tages. Cela représente environ 124 000 dollars É.-U.par employé.
En particulier, Les Canadiens, se sont inquiétés de lasituation de leurs sièges sociaux. à la fin des années90 et au début de la présente décennie, on craignaitque la faible valeur du dollar canadien ne contribue à accentuer le mouvement de prise de contrôle desociétés canadiennes par des prédateurs étrangers, àrabais, provoquant ainsi une véritable « éviscération »du secteur des entreprises au Canada. Au cours desdernières années, cette crainte a été ravivée par lenombre élevé d'acquisitions étrangères de sociétéscanadiennes alors que le dollar canadien s'appréciait.Certains des plus grands noms dans les milieux d'af-faires au Canada ont ainsi été acquis par des étrangers– la Compagnie de la Baie d'Hudson, Falconbridge,Inco, Dofasco, Algoma Steel et les hôtels QuatreSaisons, pour en nommer quelques-uns. Le chef de la direction de la Banque Royale du Canada, GordonNixon, a noté que durant la dernière année, 116 sociétés canadiennes inscrites en bourse avaient étéacquises par des intérêts étrangers, soit plus que dans tout autre grand pays, y compris des économiesbeaucoup plus importantes comme les États-Unis, le Royaume-Uni, la France et les pays nordiques combinés39.
Cela soulève deux questions :
1)Qu'est-il arrivé du nombre de sièges sociaux auCanada?
2)Le fait que des sièges sociaux soient détenus pardes intérêts étrangers importe-t-il?
Sur le premier point, le nombre de sièges sociaux a enréalité augmenté au Canada pour atteindre 4 161 en2005, alors qu'il était de 4 061 en 1999, tandis que lenombre d'emplois dans les sièges sociaux a progresséencore plus, soit de 17 000, pour s'établir à 175 000en 200540. Sur le second point, les entreprises souscontrôle étranger comptaient pour la totalité de l'aug-mentation du nombre de sièges sociaux au Canadadurant cette période et pour six nouveaux emplois sur dix dans les sièges sociaux. On a aussi constatéque, parallèlement aux prises de contrôle étrangères,le nombre de nouveaux sièges sociaux dépassait lenombre de sièges disparus, et que l'emploi dans lessièges sociaux était aussi élevé après qu'avant lesprises de contrôle41. Bien que ces données ne tiennentpas compte de la vague plus récente de fusions etacquisitions, sur une période significative marquéepar la crainte d'un exode, non seulement le nombrede sièges sociaux et le nombre d'emplois dans lessièges sociaux n'ont-ils pas diminué, mais ils ont augmenté et les acquisitions étrangères pourraientmême avoir contribué à améliorer la situation.
Si l'on consulte une autre source, soit le palmarès des500 plus grandes entreprises publiée annuellementpar le magazine Fortune, le nombre de sociétés cana-diennes qui y figurent a presque triplé, passant de 5 en 1995 à 14 en 200642. Ces 14 entreprises cana-diennes représentent 2,8 p. 100 des entreprisesinscrites sur la liste – une part légèrement plus élevéeque la part du PIB mondial détenue par le Canada (2,5 p. 100). La CNUCED dresse aussi annuellementune liste des plus grandes sociétés transnationalesdans le monde, tenant compte non seulement de lataille de l'entreprise mais aussi de la proportion desrevenus et des avoirs hors du pays d'origine. Dans leclassement de 2005, le plus récent qui soit disponible,on retrouve trois sociétés canadiennes – ici aussi,représentant une part légèrement plus élevée que lapart du Canada dans le PIB mondial, ce qui incite àpenser que le Canada s'en tire aussi bien qu'on auraitpu l'espérer.
Bien que le Canada semble tirer raisonnablement bien son épingle du jeu, nous devons reconnaître que la situation peut évoluer rapidement car les siègessociaux, à l'instar d'autres fonctions, deviennent deplus en plus mobiles. Beckstead et Brown (2006) ontconstaté qu'au cours de la période de six ans écouléeentre 1999 et 2005, plus du tiers des sièges sociauxcanadiens avaient disparu (fermés ou partis duCanada). Comme nous l'avons noté précédemment, la seule raison pour laquelle il y a eu une augmenta-tion nette du nombre de sièges sociaux durant cettepériode, est qu'un nombre encore plus grand d'entre-prises ont commencé à opérer ou sont déménagées auCanada. On observe un niveau à peu près semblablede roulement dans l'emploi des sièges sociaux43. Lesdonnées pour les États-Unis confirment cette observa-tion. Environ 5 p. 100 des sièges sociaux déménagentdurant une année (soit dire environ le tiers en six ans,comme au Canada)44.
Même si la performance du Canada pour ce qui estd'attirer, de conserver et de développer des siègessociaux peut être jugée satisfaisante, certains pays font mieux. En partant de la liste Global 500et enfaisant à une mise à l'échelle de la taille de l'économieen fonction du PIB, on constate que certains paysmontrent une performance nettement supérieure. Leleader mondial est la Suisse, qui abrite 12 des 500plus grandes entreprises dans le monde mais dont lataille de l'économie est d'environ le tiers de celle duCanada. Les Pays-Bas, la France, le Royaume-Uni et la Corée du Sud affichent aussi un bilan sensiblementmeilleur que celui du Canada.
En outre, les entreprises canadiennes ne sont géné -ralement pas d'envergure planétaire. Si l'on compte 14 sociétés canadiennes parmi les 500 plus grandesentreprises dans le monde, la plupart apparaissent aubas de la liste. Ainsi, en additionnait les recettes desentreprises de la liste Global 500, la part des entre-prises canadiennes serait de loin inférieure à la part du PIB mondial détenue par le Canada. De plus,comme l'ont souligné Moore et Rugmen (2003), lesentreprises canadiennes sont généralement des acteursrégionaux plutôt que mondiaux, la majorité de leursrevenus provenant d'Amérique du Nord. Seul un petitnombre de sociétés canadiennes figurant sur la listetirent une part importante de leurs recettes hors del'Amérique du Nord45. Il est bien connu que les États-Unis accueillent une part élevée des exportationscanadiennes – 75,9 p. 100 en 2006. Mais cela ne tientpas compte des opérations des filiales canadiennes àl'étranger, beaucoup plus diversifiées sur le plan géo-graphique que le sont nos exportations46. Mais iciaussi, les entreprises canadiennes n'ont pas la mêmeprésence mondiale que les multinationales d'autrespays. La valeur des ventes hors de l'Amérique duNord des multinationales américaines est 21 foissupérieure à celle des multinationales canadiennes,tandis que le nombre d'employés est 18 fois plusélevé. étant donné que le PIB des États-Unis est à peu près 11 fois celui du Canada, on peut affirmerque les entreprises américaines ont une présenceinternationale à peu près deux fois plus grande queles entreprises canadiennes, en tenant compte de lataille de l'économie. Mais cela pourrait changer. Dansles années 80, 69,3 p. 100 des flux d'IED sortant duCanada allaient aux États-Unis; dans les années 90 etjusqu'à maintenant au cours de la décennie, le chiffrecorrespondant est de 48,9 p. 100.
L'Institute for Competitiveness and Prosperity, de l'Ontario, a identifié 72 leaders mondiaux au Canada– des sociétés faisant partie du groupe des cinq plusgrandes entreprises dans un segment du marché. C'estplus du double des 33 entreprises que l'organisme apu identifier en 1985, confirmant la bonne perform-ance signalée précédemment. Il faut rappeler à nouveau que pour maintenir une telle performance, leCanada doit offrir un environnement propice à attirerdes multinationales et à garder celles qui y sont déjà(canadiennes et étrangères), et à permettre l'éclosionde nouvelles entreprises canadiennes. La même étudenotait que seulement 16 des 72 entreprises figurantactuellement sur la liste y étaient en 198547. Il y a donc un roulement considérable et il est difficile dechoisir d'éventuels gagnants. Des recherches similairesaux États-Unis débouchent à peu près sur la mêmeconclusion : il y a un roulement élevé parmi les siègessociaux et le développement de petites entreprises quipourront devenir des champions dans leur domaineconstitue un volet important de ce phénomène48.
Avec l'expansion de la Chine, de l'Inde et d'autrespays, le Canada comptera pour une part encore plusrestreinte de l'économie mondiale. En revanche, lesentreprises auront un plus grand marché à desservir etla taille moyenne des acteurs mondiaux augmenteravraisemblablement. Mais l'essor des chaînes de valeurmondiales pourrait profiter au Canada s'il réussit àattirer les sièges sociaux de ces entreprises en crois-sance. L'amélioration des communications et destransports réduira le besoin pour les sociétés de seregrouper en un même lieu. Ainsi, il est peut-êtremoins probable aujourd'hui que seulement quelquesvilles, comme New York, Londres et Shanghai, abri-tent toutes les grandes sociétés mondiales; les paysmoins peuplés, comme le Canada, peuvent rivalisers'ils arrivent à offrir une destination attrayante. Nonseulement la croissance des autres pays ne cause pasde tort au Canada, mais elle lui est profitable. Pour ce dernier, le défi consiste non pas à maintenir unnombre donné de sièges sociaux d'entreprises, mais à permettre aux multinationales canadiennes de sedévelopper et d'acquérir une stature mondiale.
1 Aaron Sydor is Director of the Current and Structural Analysis Division within the Office of the Chief Economist at Foreign Affairs andInternational Trade Canada
2 For a more detailed description of the global value chainand how it relates to similar concepts, please refer to Appendix One.
3 Blinder, Alan S. (2006) “Offshoring: The Next Industrial Revolution?”.
4 Establishment date from Encyclopaedia Britannica on-line.
5 Ibid
6 All figures in nominal US$
7 Note that GDP growth figures are indexed independently for each factor to adjust for differences in years covered by each factor.
8 For a definition of offshoring and related terms as they are used in this study please refer to Appendix Two.
9 As reported in Levine (2004)
10 U.S. figure is from the Bureau of Labour Statistics Mass Layoff Program which captures job separations affecting 50 or more employees.Data from the EU is from The European Restructuring Monitor as reported in “Offshoring, Outsourcing, and Production Relocation –Labour Market Effects in the OECD Countries and Developing Asia” Kirkegaard (2007)
11 For a reveiew of this evdince see Mankiw and Swagel (2006)
12 Baldwin and Gu (2005)
13 Author's calculations based on Canadian input-output tables at the S-level of aggregation and exclude taxes, subsidies and labour inputfrom the value of total inputs.
14 For more on time as a trade barrier see Hummels (2001)
15 Rodrigue, J-P et al. (2006) The Geography of Transport Systems, (anglais seulement) Hofstra University, Department of Economics & Geography.
16 For a more detailed discussion on trends in international shipping rates see Hummels (1999)
17 Hummels (2001).
18 Ibid
19 UN “Human Development Report” 1999
20 UNCTAD, World Investment Report 2006
21 “The Road to Cancun” OECD in Washington No. 45, July 2003.
22 United Nations, Human Development report 1999 “Globalization With A Human Face”
23 For more on this, see Curtis and Sydor (2005)
24 20/20 Magazine, May/June 2007.
25 OECD “Draft Synthesis Report on Global Value Chains” (2006)
26 “The Extent and Significance of Intra-Industry Trade in Canada-U.S. Merchandise Trade”, Box B, Seventh Annual Report on Canada'sState of Trade, trade update 2007. Foreign Affairs and International Trade Canada
27 These are very rough calculations and should be used with caution.
28 Young proefessionals include engineers, finance, accounting, analysts, life science research and professional generalists with a universityeducation and up to seven years of experience.
29 Sample of 28 low-wage countries and 8 high-wage countries. “The Emerging Global Labour Market” McKinsey Global Institute, 2005.
30 U.S. National Science Foundation 2007.
31 Morissette and Johnson (2007).
32 Amity and Wei (2004b)
33 Feenstra and Hanson (1999), Hijzen, Gorg and Hine (2003) and Egger and Egger (2001) respectively.
34 Trefler (2006-01)
35 UNCTAD, World Investment Report 2005.
36 Ibid
37 U.S. National Science Foundation 2006 appendix table 2-37.
38 McKinsey Global Institute “The Emerging Global Labour Market: Part 2- the Supply of Offshore Talent in Services” June 2005.
39 Reported in the Toronto Star “Target Canada” April 21, 2007.
40 Statistics Canada Daily Thursday July 12, 2006. “Head Office Employment in Canada”
41 Beckstead and Brown (2006)
42 Fortune Magazine, annual global list of the world's 500 largest companies.
43 “Head Office Employment in Canada, 1999 to 2005” Beckstead and Brown.
44 Strauss-Kahn and Vives (2005)
45 Karl Moore and Alan Rugman, Policy Options 2003.
46 See box of “Foreign Affiliate Trade Statistics (FTAS)”.
Conclusions et conséquences
Avec l'essor des chaînes de valeur mondiales, il est de plus en plus facile de localiser des activités un peupartout dans le monde, en fonction de l'endroit où ilest le plus efficace de mener une activité. Les progrèsde la technologie ont accru par ailleurs la mobilitéinternationale d'un plus grand nombre d'activités, ycompris un large bassin d'emplois hautement spécia -lisés dans les services qui, auparavant, étaient consi-dérés non commercialisables. Cela survient dans un contexte où s'intensifie la concurrence internationaleen vue d'attirer les activités de plus grande valeur.Non seulement les concurrents émergents, tels que laChine et l'Inde, progressent-ils rapidement le long decette chaîne de valeur, mais les rivaux de longue datene restent pas inactifs.
La crainte de voir des emplois disparaître à cause de ladélocalisation a largement dominé le débat jusqu'ici,mais comme nous l'avons montré, cette inquiétude est mal fondée. Non seulement les chiffres qui font la manchette sur le nombre d'emplois pouvant êtredélocalisables exagèrent-ils grandement l'effet duphénomène jusqu'à maintenant, mais ils passent soussilence ses avantages éventuels. Le véritable défi quepose la montée des chaînes de valeur mondiales est de faire du Canada une destination de choix pour lesactivités à valeur élevée essentielles à l'améliorationcontinue du niveau de vie des Canadiens. à cet égard,de légères différences dans le contexte économiqueentre divers endroits joueront un rôle de plus en plus important pour déterminer quelles tâches seronteffectuées dans chaque pays, province ou ville. Parconséquent, il est devenu impératif de parfaire l'envi-ronnement économique.
Comme l'a noté Blinder (2006), de la même manièreque la première révolution industrielle n'a pas éliminél'agriculture dans les pays riches et que la seconderévolution industrielle n'a pas éliminé la fabrication, la troisième révolution industrielle ne chassera pas àl'étranger tous les services impersonnels. Il est aussiutile de signaler que la première et la seconde révolu-tion industrielle ont nécessité des rajustements, maisont aussi produit des avantages incommensurables. Il en sera de même de la troisième révolution indus-trielle. Cependant, à la lumière de l'expérience passée,on peut penser que ceux qui sont le mieux préparés etaptes à s'adapter le plus rapidement seront aussi ceuxqui en tireront le plus grand bénéfice.
Appendice Un : Définition de « chaîne de valeur mondiale »
à certains égards, l'expression « chaîne de valeur mondiale » peut être considérée comme un substantif– un état du monde dans lequel différentes étapes de lachaîne de valeur sont dispersées un peu partout sur laplanète et reliées dans des réseaux de production com-plexes. Cet état contraste avec le « commerce classique», souvent considéré comme étant la production d'unbien à un endroit en vue de le vendre dans un autre.Ou encore, des multinationales exploitant des réseauxmondiaux de succursales qui produisent et vendentessentiellement sur le même marché.
Dans la même veine, on peut envisager le phénomèneen employant la forme verbale – « délocaliser » et«impartir » signifiant le mouvement d'activités d'unendroit vers un autre. Mais ce n'est qu'une des façonsdont les chaînes de valeur mondiales peuvent se for-mer. à titre d'exemple, une entreprise en expansionpeut simplement créer une nouvelle fonction à unendroit éloigné de son pays d'origine pour fournir desservices au reste de l'organisation, mais sans déplace-ment d'activité. Il importe aussi de signaler qu'il nes'agit pas d'un processus à somme nulle : le gain fait à un endroit n'enlève pas forcément quelque chose à l'autre. Les données montrent qu'à mesure qu'uneentreprise en expansion commence à produire à unendroit, il y a une probabilité élevée qu'elle étende saproduction à d'autres endroits. Cela aide à compren-dre pourquoi les mesures de la délocalisation fontressortir si peu de pertes d'emploi alors que les entre-prises accroissent leur main-d'œuvre à l'étranger.
Appendice Deux : Glossaire des termes
Une terminologie entièrement nouvelle s'est crééeautour du phénomène des chaînes de valeur mon -diales. Dans ce qui suit, nous décrivons comment ces termes ont été utilisés dans le présent rapport, en présentant un cadre permettant de comprendrecomment ces notions peuvent être liées aux chaînesde valeur mondiales.
Impartition – Le déplacement d'une activité hors del'entreprise. Ce phénomène est souvent associé auxservices. Un exemple serait le cas d'une entreprise quiavait son propre personnel de nettoyage et d'entretienet qui a confié en sous-traitance ces tâches à uneentreprise de l'extérieur.
Délocalisation – Déplacement d'activités hors des fron-tières nationales. Cela peut se produire au sein ou àl'extérieur de l'entreprise. Ce phénomène est souventassocié au déménagement d'une activité – la fermeturecomplète ou partielle d'installations ou l'arrêt d'untype particulier d'activités dans un établissement aupays, lesquelles seront remplacées par des installationssituées dans un pays étranger. à titre d'exemple, uneentreprise ferme son centre d'appel au pays et enouvre un dans un pays étranger.
Impartition à l'étranger – Mouvement d'activités hors de l'entreprise et des frontières nationales. Ce phénomène est souvent associé aux services. Il représente une combinaison des deux premiersphénomènes. Un exemple serait la fermeture d'un centre d'appel au pays en vue de confier ces services en sous-traitance à une autre entrepriseétablie à l'étranger.
Délocalisation de l'étranger – Le fait d'accueillir desactivités délocalisées de l'étranger. Cela peut se pro-duire au sein ou à l'extérieur de l'entreprise. Ainsi, un centre d'appel peut être fermé à l'étranger et cetteactivité déménagée quelque part au pays.
Délocalisation à proximité - Délocalisation (sortie) ouimpartition de l'étranger (entrée), mais à destinationou en provenance d'un endroit situé à proximité.
Activité ou fonction – Terme employé pour décrire l'étape de la chaîne de valeur qui est déplacée. Chaqueétape de la chaîne de valeur correspond à une activitéou à une fonction.
Chaîne d'approvisionnement mondiale – Ensemble des intrants requis pour fabriquer un produit. Souvent associée à une entreprise donnée et ayanttrait généralement à la production de biens. à titred'exemple, une chaîne d'approvisionnement mon-diale serait constituée de toutes les sources d'appro-visionnement en produits d'une entreprise (dans lecas d'un vendeur de produits, comme un commercede détail) ou d'intrants intermédiaires (dans le casd'un producteur).
Commerce intégrateur – L'observation d'un commercecroissant d'intrants intermédiaires et/ou de flux intra-industrie pouvant découler de la formation de chaînesde valeur mondiales. Souvent associé uniquement aux biens.
Bibliographi :
Amiti, Mary, et Shang-Jin Wei (2005). « Service Offshoring, Productivity, and Employment: Evidence from the United States », IMF Working Paper, nº WP/05/238.
Baldwin, John R., Beckstead, Desmond, et Mark Brown (2003). « Exode, rationalisation ou concentration? Analyse des sièges sociaux au Canada, 1999 à 2002 », Statistique Canada, Document de recherche, nº 019.
Baldwin, John R., et Wulong Gu (2007). « Outsourcing and Offshoring in Canada: Trends, Causes and Economic impact », Statistique Canada, non publié.
Baldwin, John R., et Wulong Gu (2005). « Liaisons globales : multinationales, propriété étrangère et croissance de la productivité dans le secteur canadien de la fabrication », Statistique Canada, Document de recherche, nº 009; nº 11-622-MIF au catalogue.
Bardhan, Ashok D., et Cynthia Kroll (2003). The New Wave of Outsourcing, Fisher Centre for Real Estate and Urban Economics, Université de la Californie à Berkeley, document n° 1103.
Beckstead, Desmond, et W. Mark Brown (2006). « L'emploi dans les sièges sociaux au Canada, 1999-2005 », Statistique Canada, études analytiques, nº 014.
Blinder, Alan S. (2006). « Offshoring: The Next Industrial Revolution? », Foreign Affairs, 1er mars 2006.
Curtis, John M., et Aaron Sydor. « L'ALENA et le changement structurel dans l'économie canadienne », paru dans L'ALENA : Le libre-échange par défaut, publié sous la direction de Dorval Brubelle et Christian Deblock.
Hummels, David (1999). « Have International Transportation Costs Declined? », (anglais seulement) document non publié, disponible sur le site
Hummels, David (2001). « Time as a Trade Barrier », Center for Global Trade Analysis, Department of Agricultural Economics, Purdue University, GTAP Working Paper, nº 1152.
Kirkegaard, Jacob Funk (2007). « Offshoring, Outsourcing, and Production Relocation – Labour-Market Effects in the OECD Countries and Developing Asia », Peterson Institute for International Economics, Working Paper, n° 07-02.
Klier, Thomas, et William Testa (2002). « Location Trends of Large Company Headquarters During the 1990s », Economic Perspectives.
Levine, Linda (2004). Offshoring (a.k.a. Offshore Outsourcing) and Job Insecurity Among U.S. Workers, Congressional Research Service, Report for Congress.
Mankiw, N. Gregory, et Phillip Swagel (2006). « The Politics and Economics of Offshore Outsourcing », NBER Working Paper, n° 12398.
McKinsey Global Institute (2005). The Emerging Global Labour Market.
Morissette, René, et Anick Johnson (2007). « Offshoring and Employment in Canada: Some Basic Facts », Statistique Canada, Research Paper, n° 300.
Olsen, Karten Bjerring (2006). « Productivity Impacts of Offshoring and Outsourcing: A Review », STI Working Paper, OCDE.
Strauss-Hahn, Vanessa, et Xavier Vives (2005). « Why and Where Do Headquarters Move? », CEPR Discussion Paper, nª 5070.
Van Welsum, D., et G.Vickery (2005). The Share of Employment Potentially Affected by Offshoring – An Empirical Investigation, OCDE, DSTI/ICCPIE(2005)8/Final.
- Date de modification: