Outil de mesure du renforcement de l’égalité et du pouvoir des femmes Partie 1 : Guide de formation
Dans ce guide, vous trouverez des renseignements et des ressources sur la mise en pratique de la méthodologie de recherche féministe, un bref aperçu des politiques et des engagements internationaux sur le renforcement de l’égalité et du pouvoir des femmes et des filles, ainsi qu’un résumé des principaux points à considérer pour appliquer une approche féministe à la recherche et à la collecte de données à l’aide de l’Outil MREP.
Sur cette page
- Introduction à une approche et à une méthodologie de recherche féministes
- Situer une méthodologie féministe dans le cadre d’engagements mondiaux
- Concepts et considérations de la méthodologie féministe
- Le rôle de l’animateur et de l’équipe de recherche dans la collecte de données féministes
Introduction à une approche et à une méthodologie de recherche féministes
Approche féministe
L’Outil MREP adopte une approche féministe intersectionnelle à l’égard de l’apprentissage et des connaissances en se concentrant sur la collecte de données participative et inclusive pour documenter les expériences de la communauté partenaire sur le renforcement de l’égalité et du pouvoir des femmes. L’objectif ultime d’une approche féministe est de comprendre et d’éliminer la discrimination systémique fondée sur le sexe et l’identité de genre (ainsi que sur des aspects croisés de l’identité tels que l’âge, l’ethnicité, le handicap, l’orientation sexuelle, la religion, etc.) afin de provoquer un changement transformateur pour rendre les sociétés plus égales, prospères et pacifiques.
Dans le domaine du développement international, une approche féministe suppose l’utilisation de stratégies et d’interventions qui favorisent la voix, l’action et l’autonomisation de diverses femmes et filles, ainsi que de tous les groupes victimes de discrimination et de marginalisation. En outre, elle valorise les dimensions intersectionnelles des expériences vécues et cherche à intégrer plus complètement les perspectives des participants au projet, en les reconnaissant comme détenteurs de droits et agents de changement dans leurs communautés, plutôt que comme simples bénéficiaires de projets de développement. Pour plus de renseignements sur la manière de mettre en œuvre une approche féministe, consultez l’Approche féministe - Note d’orientation sur l’innovation et l’efficacité du Canada.
Méthodologie de recherche féministe
Une méthodologie féministe est une approche à l’égard de la recherche et de la collecte de données qui privilégie les rapports de genre comme catégorie d’analyse. Les approches féministes à l’égard de la recherche et de la collecte de données peuvent varier d’une organisation à l’autre en fonction du niveau d’engagement ou de l’importance accordée aux questions de genre par rapport à la participation des femmes seulement. Une approche de base (et généralement inadéquate) à l’égard de la méthodologie féministe consiste à compter le nombre de femmes qui participent aux projets. Une approche plus complète à l’égard de la collecte de données féministes se concentre sur les femmes et les autres genres, les rapports de genre et la dynamique du pouvoir. Une méthodologie féministe utilise des questions d’approfondissement pour mieux comprendre les déterminants structurels (à la fois les obstacles et le soutien) du renforcement de l’égalité et du pouvoir des femmes, ainsi que les stratégies utilisées par les partenaires du projet et les participants pour obtenir les résultats liés au renforcement de l’égalité et du pouvoir des femmes.
Principes orientant la méthodologie féministe
Plusieurs principes de la méthodologie féministe orientent la manière dont les données sont collectées et dont la recherche est menée. Ces principes comprennent un engagement à collecter des données participatives à partir de voix et de points de vue divers, selon une optique intersectionnelle. En plus de cette approche inclusive, la méthodologie féministe se concentre sur les déterminants structurels du renforcement de l’égalité et du pouvoir des femmes, y compris les normes et coutumes sociales, culturelles et juridiques. Une méthodologie féministe s’engage également à l’égard de l’apprentissage réciproque et de la mobilisation des connaissances afin que tous les intervenants bénéficient des constatations générées.
Une méthodologie féministe doit :
- commencer par des stratégies visant à garantir que l’expertise locale est au cœur de la conception de la recherche, des questions posées, du processus de collecte des données, etc. Cela peut impliquer l’embauche de chercheurs locaux pour faciliter la collecte de données ou le travail en équipe ou en collaboration avec les détenteurs de connaissances locales tout au long de la recherche;
- centrer la recherche sur les points de vue et les expériences des femmes et des autres genres marginalisés (plutôt que d’obtenir des renseignements uniquement auprès des dirigeants ou des autorités locales qui sont généralement des hommes puissants dans leurs communautés);
- reconnaître et chercher activement à atténuer le déséquilibre de pouvoir entre le chercheur et le participant grâce à des méthodes de collecte de données locales, participatives et inclusives (c.-à-d. que le chercheur fait en sorte que divers membres de la communauté puissent échanger leurs connaissances et utilise une méthode d’animation centrée sur le participant – voir l’encadré 1.1);
- reconnaître que les femmes et les autres genres sont soumis à des exigences différentes en ce qui a trait au temps en raison de la division du travail entre les sexes, et qu’ils peuvent avoir besoin de mesures d’adaptation pour assurer une participation égale aux activités de collecte de données;
- utiliser des méthodes de collecte de données qualitatives (ou une combinaison de méthodes qualitatives et quantitatives) pour saisir les histoires et les expériences riches et en contexte des participants;
- rechercher des renseignements qui peuvent expliquer les obstacles et les possibilités de réussite (c.-à-d. que le chercheur va au-delà d’une analyse descriptive des résultats pour se renseigner sur les défis que les membres de la communauté ont rencontrés ainsi que le soutien qu’ils ont reçu, en prêtant attention aux changements d’attitudes et de comportements, ainsi qu’aux changements dans les rapports de genre aux échelles individuelle, familiale, communautaire et structurelle;
- adopter une approche souple à l’égard de la collecte des données en fonction des réalités locales (c.-à-d. en laissant le contexte orienter le choix des méthodes utilisées et les types de questions posées et de conversations animées);
- communiquer les renseignements et les constations (c.-à-d. par l’entremise de rapports ou de séances de rétroaction, etc.) avec les participants afin que tous les intervenants bénéficient des connaissances générées par la recherche;
- assurer la confidentialité et l’anonymat (lorsqu’on le demande) ainsi que le consentement éclairé pour utiliser des renseignements, citations, photographies, etc. des gens afin de ne pas leur nuire;
- respecter le temps accordé par les participants et, si possible, assurer une compensation appropriée pour tous les coûts ou inconvénients associés à la participation à la recherche (c.-à-d. couvrir les frais de transport, offrir une garderie sur place, etc.).
Encadré 1.1 : Animation centrée sur le participant
Dans le cadre d’une animation centrée sur le participant, le chercheur dirige l’activité de collecte de données (p. ex. un entretien ou une discussion de groupe) tout en permettant aux participants d’orienter la conversation autant que possible. Ainsi, on ouvre la séance à des conversations plus informelles et on s’assure que les participants sont en mesure de donner une rétroaction réfléchie sur leurs expériences. Gardez ce qui suit à l’esprit :
- Essayez de ne pas interrompre les participants pendant qu’ils parlent afin qu’ils aient le temps nécessaire de partager leurs expériences.
- Laissez aux participants un instant pour traiter les questions et préparer leurs réponses – n’intervenez pas pour combler les silences.
- Concentrez l’attention sur les expériences des participants liées au projet ou au sujet en question (ramenez doucement la conversation si nécessaire).
- Donnez l’occasion à tous les participants de prendre part à la discussion, ou non, si elles le souhaitent.
- Veillez à ce que la conversation se déroule à un bon rythme et respectez l’horaire prévu, mais prévoyez aussi du temps pour réfléchir et discuter davantage, au besoin.
- Notez le nom des personnes qui ont parlé et de celles qui n’ont pas parlé. Soyez attentif à la dynamique du pouvoir et ne laissez pas une seule voix dominer la discussion.
- Tenez compte de la communication non verbale et du silence. Parfois, le langage corporel peut aider l’animateur à comprendre la dynamique du pouvoir, les préoccupations liées à la sécurité, etc.
Une méthodologie féministe est essentielle pour traduire les engagements mondiaux et nationaux en matière de politique et de pratique féministes dans le domaine du développement. Vous trouverez ci-dessous des exemples de certains des engagements mondiaux en faveur des priorités féministes, de l’égalité des genres et de l’autonomisation des femmes. Ces renseignements présentent le contexte important dans lequel une méthodologie féministe de collecte de données est nécessaire.
Situer une méthodologie féministe dans le cadre d’engagements mondiaux
Les politiques et les engagements internationaux accordent de plus en plus la priorité au renforcement de l’égalité et du pouvoir des femmes, qui sont essentiels pour parvenir au développement durable et à la paix. Par exemple, les objectifs de développement durable (ODD) de 2015à 2030 comprennent l’ODD 5 : Parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles. Avant les ODD, les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) de 2000 à 2015 s’engageaient également à parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles. D’autres engagements internationaux en faveur de l’égalité des genres figurent dans la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies sur les femmes, la paix et la sécurité, dans le Programme d’action de Pékin de 1995 et dans la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) de 1979, entre autres priorités internationales. Les différents pays ont souscrit à ces engagements internationaux tout en élaborant des politiques et des priorités à l’échelle nationale.
Depuis longtemps, le Canada fait promotion de l’égalité des genres et dispose de nombreux documents d’orientation et de ressources pour s’assurer que l’égalité des genres est au cœur de son aide au développement international. La première politique du Canada en matière d’égalité des genres a été lancée en 1999, et le réseau du CAD sur l’égalité homme-femme (GENDERNET) a reconnu à plusieurs reprises le Canada comme un chef de file dans ce domaine.
Politique d’aide internationale féministe du Canada
La Politique canadienne d’aide internationale féministe a été lancée en 2017pour orienter les programmes de développement international du Canada. Elle vise à contribuer aux efforts mondiaux pour éradiquer la pauvreté et construire un monde plus pacifique, inclusif et prospère en s’attaquant aux inégalités mondiales et en favorisant le renforcement de l’égalité et du pouvoir des femmes. Cet objectif est intégré aux cinq domaines d’action suivants :
- la dignité humaine (action humanitaire, santé et nutrition, éducation);
- la croissance au service de tous (c.-à-d. l’agriculture durable, les technologies écologiques et les énergies renouvelables);
- l’environnement et l’action pour le climat (axés sur l’adaptation et l’atténuation des changements climatiques ainsi que la gestion de l’eau);
- la gouvernance inclusive (notamment la démocratie, les droits de la personne, l’état de droit et la bonne gouvernance);
- la paix et la sécurité (grâce à la promotion des processus de paix inclusifs et à la lutte contre la violence fondée sur le genre).
Analyse comparative entre les sexes plus (ACS plus)
Les engagements du Canada en matière de recherche et de collecte de données sur l’égalité des genres sont également orientés par son cadre d’analyse comparative entre les sexes plus (ACS Plus) qui a été introduit en 1995. Ce cadre sert à évaluer les répercussions potentielles des politiques, des programmes ou des initiatives sur divers ensembles de personnes – femmes, hommes ou autres. Le « plus » de l’ACS Plus reconnaît que l’analyse comparative entre les sexes va au-delà des différences biologiques (sexe) et socioculturelles (genre) et prend également en compte d’autres facteurs identitaires, tels que la race, l’origine ethnique, la religion, l’âge et le handicap, afin de mettre l’accent sur l’intersectionnalité.
Comme le cadre de l’ACS Plus nous l’enseigne, toutes les femmes ne vivent pas l’inégalité des genres de la même manière. Les réalités intersectionnelles touchent les expériences de divers groupes.
Concepts et considérations de la méthodologie féministe
Pour mener à bien une recherche féministe, il est important de prendre en considération certains des concepts directeurs qui sont au cœur d’une méthodologie féministe. Nous examinons ci-dessous les concepts d’intersectionnalité, d’égalité des genres, de rapports de genre et d’autonomisation.
Intersectionnalité
L’intersectionnalité est un terme inventé par Kimberlé Crenshaw, juriste américaine et militante des droits civils. Il est utilisé pour comprendre comment la race, l’orientation sexuelle, l’identité de genre, le handicap, l’âge, la classe sociale, l’ethnicité et la religion, entre autres, sont autant d’éléments qui façonnent les expériences d’oppression et de privilège. Par exemple, certains groupes ou individus peuvent être victimes de discrimination dans la société en raison d’un ou plusieurs de ces facteurs d’identité, et leur capacité à participer aux programmes de développement et à en bénéficier peut s’en trouver limitée. Pour en savoir plus sur l’intersectionnalité, veuillez visionner le vidéo L’ACS Plus : Au-delà du sexe et du genre.
Encadré 1.2 : Considérations pour appliquer une approche intersectionnelle à la recherche et à la collecte de données
Lors de la sélection des participants : le chercheur reconnaît et recherche activement des personnes ayant des origines et des expériences diverses, en fonction de facteurs tels que l’âge, la classe sociale, la religion, l’état civil, le niveau de scolarité, etc.
Lors de la collecte des données : le chercheur utilise des outils et des activités participatifs qui encouragent tous les participants à partager leurs points de vue et leurs expériences. Cela peut inclure l’utilisation de différentes méthodes telles que des petits groupes de discussion, des entretiens individuels et des techniques telles que « passer le bâton d’orateur » afin que chacun ait la chance de participer.
Lors de l’analyse des données et de la rédaction des rapports, le chercheur veille à inclure des perspectives et des réponses diverses (voire divergentes), en gardant à l’esprit que certains participants peuvent avoir contribué à la conversation plus souvent que d’autres et en veillant à ce que leur expérience ne soit pas indûment soulignée.
Égalité des genres
L’égalité des genres signifie que toutes les personnes ont accès aux mêmes droits, possibilités et ressources. L’égalité des genres est souvent utilisée pour décrire l’égalité entre les femmes et les hommes, mais elle doit également inclure les personnes de diverses identités de genre (c.-à-d. celles qui s’identifient comme hommes, femmes, non-binaires, transgenres, etc.) et les relations sociales entre elles qui peuvent contribuer au pouvoir et à l’inégalité.
Rapports de genre
Les rapports de genre définissent la manière dont les individus sont censés interagir avec les autres et la manière dont les autres se comportent avec eux, selon leur genre. Les rapports de genre émanent de la dynamique du pouvoir entre les genres et sont influencés par divers facteurs, notamment la situation juridique, les normes et les attentes sociales, et des variables croisées telles que l’âge, la race, la religion, etc. Les rapports de genre sont attribués par la société; ils varient d’une société à l’autre et peuvent changer avec le temps.
Autonomisation
Il n’existe aucune définition unique universellement acceptée pour le terme « autonomisation ». Cependant, il est généralement admis que l’autonomisation permet aux gens et aux groupes de prendre conscience des relations de pouvoir inégales, de gagner en autonomie et d’exercer un contrôle sur leur vie et d’être davantage en mesure de lutter contre les inégalités au foyer, au travail et dans la communauté. Il ne s’agit pas seulement d’un processus collectif, social et politique, mais aussi d’un processus individuel. De plus, l’autonomisation constitue à la fois un processus et un résultat. Parmi les exemples d’autonomisation, mentionnons le nombre accru de possibilités pour les femmes de participer à la vie politique et d’occuper un poste de dirigeante, ou l’amélioration de l’accès et du contrôle de leur santé sexuelle et génésique et droits connexes.
Dans le contexte des programmes de développement en particulier, il est important de reconnaître que les personnes extérieures ne peuvent pas autonomiser les femmes : seules les femmes peuvent se donner les moyens de faire des choix et de s’exprimer en leur propre nom.
Pour obtenir de plus amples renseignements sur l’autonomisation ainsi que les concepts et termes connexes, consultez la Trousse d’outils sur l’égalité des genres pour les projets d’Aide internationale féministe du Canada.
Encadré 1.3 : Définition de « renforcement du pouvoir » dans l’Outil MREP
Les discussions de groupe avec les participants au projet utilisant l’Outil MREP commencent avec un exercice qui invite les participants à définir le renforcement du pouvoir pour eux-mêmes, dans le contexte de leurs propres vies et communautés. Plus tard dans le groupe de discussion, les participants sont invités à réfléchir aux résultats du projet dans cinq catégories clés de pouvoirs : économique, connaissances, sécurité physique, confiance en soi et social. Ces catégories couvrent des aspects importants et largement reconnus du renforcement du pouvoir et sont proposées pour normaliser, dans une certaine mesure, la collecte de données dans les groupes de discussion et les projets utilisant l’Outil MREP. Elles peuvent également être modifiées ou remplacées par d’autres catégories jugées plus appropriées au contexte local et au projet. Consultez l’encadré 2.2 du Guide du facilitateur pour de plus amples renseignements sur ces catégories de pouvoirs.
Le rôle de l’animateur et de l’équipe de recherche dans la collecte de données féministes
Avant de passer au processus de collecte des données pour l’Outil MREP (décrit dans la Partie 2 : Guide de l’animateur), il est important de reconnaître le rôle important que joue l’animateur dans ce processus. L’animateur est central à la collecte de données féministe. L’animateur donne le ton de la discussion et guide les participants à l’étude de façon à ce qu’elles contribuent avec aise et ouverture au processus de recherche.
L’Outil MREP est conçu pour être utilisé pour la collecte de données par un animateur qui a d’abord suivi la formation de ce guide. L’animateur peut avoir besoin du soutien d’une petite équipe de chercheurs composée d’experts locaux pour l’aider à adapter l’Outil MREP et le matériel au contexte local, prendre des notes, fournir une traduction (si nécessaire), etc. La composition de l’équipe de recherche sera déterminée par l’organisation de mise en œuvre en consultation avec les partenaires locaux du projet et les détenteurs de connaissances qui peuvent être en mesure de trouver des animateurs ou des membres d’équipe potentiels.
Dans la mesure du possible, on recommande d’engager un animateur local pour diriger la collecte des données à l’aide de l’Outil MREP. Pour déterminer la composition de l’équipe de recherche, il faut également tenir compte du contexte, de la langue et des normes locales (en particulier les normes de genre). Par exemple, on déconseille aux animateurs ou aux traducteurs de sexe masculin d’animer des séances de groupes de discussion avec des participants, car celles-ci ne se sentent peut-être pas à l’aise de divulguer des renseignements personnels. Dans la mesure du possible, l’animateur doit animer les groupes de discussion et les entretiens dans la langue dans laquelle les participants sont le plus à l’aise.
L’animateur et les membres de l’équipe de recherche doivent tenir compte des priorités suivantes lorsqu’ils appliquent une approche féministe pour utiliser l’outil MREP.
Assurer la sécurité et ne pas nuire
Un processus féministe de recherche et de collecte de données s’engage à assurer la sécurité et à ne pas nuire. Ainsi, il faut créer et maintenir un espace sûr, ouvert et inclusif pour les différentes voix, opinions et perspectives. Tenez compte des normes et des pratiques culturelles locales qui peuvent encourager (ou empêcher) des discussions sûres et inclusives. Reconnaissez que certains sujets peuvent être délicats pour certains participants et évitez de poser des questions sur l’expérience personnelle ou de cibler des participants en particulier. À la place, si vous sentez qu’un sujet est sensible ou controversé, demandez aux participants de parler de manière générale des expériences, des défis et des possibilités de la communauté.
Une bonne pratique consiste à se munir de quelques ressources de soutien (p. ex. le nom et les coordonnées d’une personne) vers lesquelles diriger les participants à la recherche. Il peut s’agir, par exemple, de services de lutte contre la violence fondée sur le sexe tels que des services de conseil, des services de santé, des services juridiques, des services de protection de l’enfance, des services de lutte contre la traite d’êtres humains, etc. Assurer la liaison avec les réseaux, organismes et partenaires locaux est souvent le meilleur moyen de les repérer.
Établir les règles de base
Au début de toute activité de collecte de données impliquant des groupes, travaillez avec les participants pour élaborer et convenir d’un ensemble de règles de base pour la discussion. Cela permettra d’assurer un dialogue plus respectueux, plus sûr et plus inclusif entre les participants. Impliquer les participants dans la conception des règles de base est important pour établir un espace participatif et sûr. Voici des exemples de règles de base :
- La participation à la discussion est volontaire.
- Les renseignements échangés dans ce groupe sont privés et doivent rester confidentiels.
- Écoute active, sans distractions (p. ex. mettre le téléphone cellulaire en mode silencieux).
- Être respectueux les uns des autres, même si vous n’êtes pas d’accord
Vous trouverez plus de renseignements sur l’établissement de règles de base pendant les discussions de groupe utilisant l’Outil MREP à l’étape 1 du Guide de l’animateur.
Soyez participatif et inclusif
Soyez attentif à la dynamique du pouvoir dans la salle et tenez compte du potentiel de marginalisation ou de réduction au silence de certaines voix (en reconnaissant l’intersectionnalité) pendant les activités de collecte de données telles que les groupes de discussion. Servez-vous des discussions en petits groupes pour favoriser une plus grande participation des personnes qui ne sont peut-être pas à l’aise pour parler de leurs expériences devant le grand groupe. Reconnaissez les divers besoins des gens et prenez des mesures pour assurer l’inclusion de ceux qui peuvent avoir de la difficulté à participer en raison de divers facteurs comme les responsabilités familiales et liées à la garde d’enfants, un handicap physique, etc. Par exemple, envisagez de prévoir une garderie sur place, de choisir un lieu et une heure de la journée accessibles à tous et de couvrir les frais de transport des participants.
Ajouter, élargir et sonder
L’Outil MREP sert à recueillir des renseignements riches et qualitatifs sur les expériences des participants liées au renforcement de l’égalité et du pouvoir des femmes. Utilisez vos connaissances des cultures et des coutumes locales pour préparer des questions et des exemples adaptés au contexte et orienter les discussions avec tact. Dans la Partie 2 : Guide de l’animateur, nous présentons de nombreux exemples de questions incitatives et de modifications qui peuvent être utilisées lorsque vous utilisez l’Outil MREP. Tirez profit des connaissances et de l’expertise locales des membres de l’équipe de recherche pour prendre des décisions stratégiques sur les questions à poser et la manière de le faire.
En tant que chercheur, il est important que vous soyez prêt à poser des questions d’approfondissement non invasives pendant le processus de collecte des données afin de recueillir des exemples descriptifs, des citations et des histoires auprès des participants. Voici quelques exemples de questions d’approfondissement :
- Que s’est-il passé?
- Quelle incidence cela a-t-il eue sur vous et sur votre expérience du projet?
- Quand avez-vous commencé à voir des résultats ou des changements?
- Qui vous a apporté du soutien ou vous a rendu la tâche difficile?
- Où voyez-vous des possibilités de changements ou de soutien supplémentaires?
Assurez-vous de poser des questions qui ne reflètent pas un parti pris ou qui n’incitent pas les participants à donner une certaine réponse. Par exemple, commencez toujours les discussions par une question neutre : « Est-ce que (x) a changé à la suite de (y)? Si oui, de quelle façon? Si non, qu’est-ce qui a empêché ce changement de se produire? » Pour approfondir la question, demandez des exemples tels que : « Pouvez-vous nous raconter une histoire ou un exemple de la façon dont ce changement s’est produit? Quelles difficultés avez-vous rencontrées, le cas échéant? Quelles réussites, le cas échéant, avez-vous observées? Qu’avez-vous appris? Quels sont les changements supplémentaires qui, selon vous, sont nécessaires pour mieux réussir?
Être souples et savoir s’adapter
Cet outil ne se veut pas normatif, car la recherche féministe exige une certaine souplesse. Par exemple, le choix du nombre de participants au projet à inclure dans les groupes de discussion ou les entretiens dépendra des objectifs de la collecte de données, ainsi que du temps et des ressources disponibles. Il exige de prendre des décisions stratégiques et de consulter des partenaires locaux du projet ou d’autres membres de l’équipe de recherche.
Un chercheur ou une chercheuse féministe doit également être capable de s’adapter à de nouvelles situations et à de nouveaux défis (comme passer d’un format en personne à un format en ligne pour la collecte de données). Par exemple, les questions posées dans les groupes de discussion des participants au projet qui ont été déplacés en raison d’un conflit seront différentes des questions posées dans les groupes de discussion des participants au projet qui ont accès à une terre et à une propriété dans leurs communautés.
Assurer la réciprocité
La recherche féministe n’est pas extractive; elle est engagée dans l’échange de connaissances et la réciprocité. Cela signifie que les connaissances et les résultats générés par la recherche doivent être communiqués aux participants à la recherche et viser à profiter à la communauté. Cela peut se faire de plusieurs manières et la méthode idéale dépendra du contexte local et de la communauté en question. Dans la Partie 3 : Guide pour la production de rapports, nous présentons des renseignements sur la création des résultats de la recherche féministe et des idées pour communiquer les résultats aux participants.
Liens connexes
- Outil de mesure du renforcement de l’égalité et du pouvoir des femmes
- Outil de mesure du renforcement de l’égalité et du pouvoir des femmes Partie 2 : Guide de l’animateur
- Outil de mesure du renforcement de l’égalité et du pouvoir des femmes Partie 3 : Guide pour la production de rapports
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