Document d’information – Les femmes en tant qu’agentes de changement dans les Amériques
L’égalité des genres dans la région
Au cours des dernières décennies, les pays d’Amérique latine ont réalisé de grands progrès en matière de réduction des inégalités entre les genres. Des réalisations importantes ont eu lieu concernant les indicateurs de base sur la santé, l’espérance de vie et l’éducation pour les femmes et les filles. De plus, la participation des femmes à la vie politique a augmenté et celles-ci occupent une place plus grande sur le marché du travail.
Toutefois, les attitudes culturelles et patriarcales en Amérique latine continuent de définir les rôles et les compétences des femmes et des hommes, ainsi que les inégalités entre les genres. En général, les femmes n’ont pas accès aux ressources productives ni la possibilité de participer aux processus de prise de décisions.
De nombreux gouvernements sont déterminés à promouvoir l’égalité des genres et ont signé plusieurs engagements mondiaux en ce sens.Note de bas de page 1 Tous les gouvernements de la région ont ratifié la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) et plus de la moitié des pays ont signé le Protocole facultatif de la CEDAW de 1999. Il y a également des engagements propres aux régions et la Conférence régionale sur les femmes en Amérique latine et dans les Caraïbes, qui est venu confirmer les engagements du Programme d’action de Beijing et les a placés dans un contexte régional.Note de bas de page 2 Les états membres de l’Organisation des États américains ont adopté divers plans d’action et fait des déclarations préconisant l’intégration d’une perspective selon les genres dans les politiques et les programmes ainsi que le renforcement des mécanismes institutionnels pour la promotion de la femme. Ces engagements internationaux et régionaux sont pris en compte à divers degrés dans la législation nationale. Il existe cependant un écart dans l’ensemble de la région entre les engagements pris à l’échelle nationale en matière d’égalité des genres et leur mise en œuvre, sans parler du peu de statistiques disponibles réparties selon les genres.
Cette région compte également le taux d’inégalités le plus élevé dans le monde. La pauvreté demeure un défi de traille, puisqu’une inégalité économique et sociale constante touche les personnes les plus pauvres et les plus vulnérables de façon disproportionnée, en particulier les populations autochtones et les personnes de descendance africaine. Les femmes et les filles issues de ces minorités ou de populations autochtones sont doublement discriminées.
La région de l’Amérique latine et des Caraïbes est également très vulnérable aux changements climatiques et subit déjà ses effets déstabilisateurs graves, de même que les coûts qui s’ensuivent. Les changements climatiques touchent de façon disproportionnée les femmes et les groupes les plus marginalisés. Ils perturbent les moyens de subsistance, menacent de saper les acquis du développement et exacerbent les inégalités sociales existantes dans la région. Face aux changements climatiques, les femmes sont des dépositaires inestimables du savoir communautaire et leur rôle est primordial dans la conception et l’élaboration de politiques stratégiques.
L’engagement régional du Canada en Amérique latine et dans les Caraïbes
Les actions du Canada en Amérique latine et dans les Caraïbes s’harmonisent au Programme de développement durable à l’horizon 2030. Elles tiennent compte des engagements de la région, qui ont été exprimés lors du Forum des pays d’Amérique latine et des Caraïbes sur le développement durable et dans la déclaration finale du Sommet des Amériques, tenu à Lima en 2018. Le Canada s’efforce ainsi à lutter contre un activisme accru dans la région contre la promotion du droit des femmes, l’égalité des genres et les droits de la communauté LGBTI.
De plus, en priorisant l’égalité des genres et le renforcement du pouvoir des femmes et des filles, le Canada appuie l’objectif de développement durable (ODD) 5 sur l’égalité des genres ainsi que l’atteinte de tous les autres ODD. L’ODD 5 vise l’égalité des genres et le renforcement du pouvoir de toutes les femmes et de toutes les filles.
Le programme interaméricain du Canada est axé sur les questions qui peuvent être réglées à l’échelle régionale ou multilatérale, et sur lesquelles on peut réaliser des économies d’échelle. Les initiatives régionales sont complémentaires aux initiatives bilatérales et portent sur des questions transfrontalières d’un point de vue régional.
Voici quelques-unes des importantes réalisations du programme dans le développement international, jusqu’à présent :
- soutenir le renforcement des systèmes pour gérer de manière efficace les données économiques dans les pays, intégrer l’inclusion sociale dans la réglementation, et travailler auprès d’institutions professionnelles et de professionnels;
- investir dans les droits des femmes, leur participation à la vie politique, leur pouvoir juridique et leur accès à la justice, ce qui contribue aussi à créer un environnement favorable à la société civile;
- former 2 200 professionnels de la santé pour prodiguer des soins intégrés dans une optique d’équité et d’interculturalité.
La Politique d’aide internationale féministe
Le Programme interaméricain en développement s’appuie sur les principes de la Politique d’aide internationale féministe du Canada, notamment la protection et la promotion des droits fondamentaux des femmes et des filles, la participation accrue des femmes et des filles à la prise de décision, et un accès équitable des femmes et des filles aux ressources sociales et économiques et à un contrôle sur celles-ci.
L’approche féministe du Canada en matière d’aide internationale reconnaît que la promotion de l’égalité des genres et le renforcement du pouvoir des femmes et des filles nécessitent la transformation des normes sociales et des relations de pouvoir. La vision du Canada à propos de l’égalité entre les genres est que les femmes et les hommes ont le même statut et jouissent des mêmes conditions pour réaliser pleinement leurs droits fondamentaux, développer leur potentiel pour contribuer au développement national, politique, économique, social et culturel, et bénéficier des résultats. Les principes clés de la Politique d’aide internationale féministe sont :
- fondés sur les droits de la personne et inclusifs : initiatives qui visent à assurer que tous jouissent des mêmes droits fondamentaux, peu importe le sexe, la race, l’origine ethnique ou nationale, la couleur, la religion, la langue, l’orientation sexuelle, l’identité sexuelle, l’âge, la capacité ou tout autre aspect de leur identité.
- transformateurs et militants : les relations de pouvoir inégales, la discrimination systémique ainsi que les normes et pratiques néfastes sont contestées alors qu’un vaste éventail d’intervenants, y compris des hommes et des garçons, sont mobilisés.
- fondés sur des faits : analyse comparative éclairée entre les genres et des responsabilités claires en matière de planification, d’atteinte, de suivi et de communication des résultats concernant l’égalité entre les genres, mettant l’accent sur le sexe et l’âge.
Les femmes en tant qu’agentes de changement dans les Amériques
L’appel de propositions préliminaires porte sur trois champs d’action en vertu de la Politique d’aide internationale féministe :
1. L’égalité des genres et le renforcement du pouvoir des femmes et des filles (l’accent est mis sur la violence sexuelle et fondée sur le genre)
La Convention interaméricaine sur la prévention, la sanction et l’élimination de la violence faite aux femmes (Convention de Belém do Pará) soutient que toute femme a le droit d’être à l’abri de la violence dans la sphère publique ou privée. Trente-deux gouvernements dans les Amériques ont ratifié la Convention. Des plans d’action pour éliminer la violence contre les femmes ont également été élaborés. En général, il semble également qu’il y ait une augmentation des signalements concernant de la « violence sexuelle et fondée sur le genre » et davantage de couverture médiatique et de sensibilisation sur le sujet dans la région. Malgré ces avancées, le Centre des études stratégiques et internationales indique que les taux de violence fondée sur le genre en Amérique latine sont parmi les plus élevés au monde et que le féminicide est à la hausse. Au moins 2 795 femmes en ont été victimes de féminicide dans 23 pays d’Amérique latine et des Caraïbes en 2017.Note de bas de page 3 Parmi les facteurs contributifs, il y a les attitudes traditionnelles, les pratiques et les stéréotypes néfastes en matière de masculinité, les difficultés économiques, l’incapacité des femmes à avoir accès à leurs droits et à de la protection ainsi que l’incapacité des systèmes de justice à intervenir et à protéger les femmes.
La Politique d’aide internationale féministe tente d’enrayer les taux élevés de la violence sexuelle et fondée sur le genre subie par les femmes et les filles, et les personnes s’identifiant à d’autres genres. Des approches globales sont nécessaires pour s’attaquer efficacement à la situation complexe et aux multiples facettes de la violence sexuelle et fondée sur le genre dans la région.
Dans le cadre de l’appel de propositions, on prendra en considération les initiatives qui visent à transformer les comportements néfastes pouvant avoir des conséquences négatives pour tous les genres, notamment pour :
- renforcer les capacités institutionnelles et les mesures de responsabilisation au sein du secteur public (volets judiciaire, juridique et de la sécurité) permettant d’élaborer des politiques, des lois et des programmes pertinents à la question des genres;
- renforcer les capacités pour la défense et la promotion des droits de la personne (y compris celles des organismes régionaux, des médias et d’autres intervenants);
- soutenir les organisations et les coalitions de défense des droits des femmes (et des autres droits de la personne) par la création d’alliances afin de mieux tenir compte des priorités des femmes et des filles dans la région;
- améliorer les services pour tenir compte des principaux aspects de la violence sexuelle et fondée sur le genre pour les victimes et leurs familles;
- soutenir les moyens de subsistance, le développement des compétences et les occasions de leadership des femmes afin qu’elles puissent mieux exercer leurs droits face à de la violence sexuelle et fondée sur le genre.
2. La croissance au service de tous (renforcement du pouvoir économique)
Malgré l’augmentation de la participation des femmes à la population active dans la région, ces dernières continuent d’être touchées de manière disproportionnée par la pauvreté; elles assument une charge de travail plus lourde que les hommes et leurs conditions de travail sont généralement plus précaires que celles des hommes. En moyenne, les femmes travaillent quatre fois plus souvent que les hommes pour du travail non rémunéré.Note de bas de page 4 En outre, les femmes de la région représentent plus de la moitié de toutes les personnes qui émigrent à la recherche d’un emploi, alors que plus de la moitié de ces femmes travaillent comme domestiques dans les pays de destination.
Le renforcement du pouvoir des femmes pour qu’elles deviennent des participantes à part entière de la vie économique de leurs familles et de leurs collectivités peut mener à une croissance économique générale et entraîner des changements durables. L’appel de propositions vise à soutenir la participation entière et égale des femmes en tant qu’agentes économiques. En s’engageant dans ce champ d’action, l’appel permettra d’aborder des types de discrimination à l’égard des femmes qui sont multidimensionnels et offrira aux femmes la possibilité de réussir et d’avoir un meilleur contrôle en matière de ressources et de prise de décisions.
L’appel examinera les initiatives qui proposent de :
- soutenir les politiques et les cadres d’égalité des genres qui favorisent la participation des femmes à la vie économique, notamment en veillant à ce qu’elles aient un meilleur accès aux ressources telles que la terre, le logement et le capital ainsi qu’un meilleur contrôle sur celles-ci;
- soutenir les droits des travailleurs et la protection sociale contre les situations de travail précaires;
- s’attaquer aux défis du travail non rémunéré, dont l’accès aux services de garde d’enfants, les réformes du marché du travail et une plus grande flexibilité du travail.
3. La gouvernance inclusive (leadership)
La représentation des femmes en politique dans la région s’est améliorée; celles-ci occupent environ 25 % des sièges au niveau national en Amérique latine.Note de bas de page 5 Néanmoins, plusieurs défis persistent en ce qui a trait au rôle et l’efficacité des quotas, au statut des femmes au sein des partis politiques, à la participation des femmes et à leur capacité à s’engager dans la politique locale, ainsi qu’à l’environnement et au soutien favorisant leur réussite. La société est plus prospère, plus pacifique, plus sûre et plus unie lorsque les droits des femmes sont respectés, que leurs voix sont entendues et qu’elles peuvent exercer un leadership. En donnant l’exemple, les femmes peuvent aider à transformer les attitudes à l’égard de leurs rôles dans la société et à la maison. Leur présence au gouvernement se traduit aussi par une meilleure prise de décisions.
Dans le cadre de cet appel de propositions, on souhaite promouvoir un rôle équitable des femmes dans la gouvernance, notamment en :
- examinant des façons de soutenir et d’augmenter les acquis des femmes en matière de mobilisation ou de participation politique;
- renforçant l’efficacité de l’engagement et du leadership des femmes dans le processus d’élaboration des politiques;
- augmentant le niveau de représentation des femmes dans la gestion des institutions étatiques, des institutions publiques et des organisations de la société civile;
- faisant participer les organisations et les mouvements de défense des droits des femmes dans les processus de gouvernance puisqu’ils représentent des agents clés du changement.
Coordination, collaboration et intégration des femmes : Les principes d’engagement
Dans le cadre de cet appel de propositions, on souhaite encourager la collaboration avec tous les intervenants qui ont un rôle à jouer dans l’édification d’un monde favorisant l’égalité des genres et le renforcement du pouvoir des femmes et des filles : la société civile, les organisations féminines et les organisations locales, les fondations philanthropiques et les gouvernements de pays en développement à tous les niveaux, le secteur privé, les nouveaux donateurs officiels. L’appel de propositions vise aussi des partenariats novateurs et des investissements accrus en recherche, ainsi qu’une collaboration plus étroite avec les universités canadiennes et d’autres établissements de recherche.
Le gouvernement du Canada s’engage à utiliser l’analyse comparative entre les sexes plus (ACS+) comme outil d’analyse pour évaluer les répercussions potentielles des politiques, des programmes ou des initiatives sur divers ensembles de personnes – femmes, hommes ou autres. Il s’agit également d’une occasion de trouver de nouvelles façons de travailler et d’établir de nouveaux partenariats pouvant accroître l’efficacité des efforts du Canada en matière de développement et consolider les résultats favorisant l’égalité des genres et le renforcement du pouvoir des femmes dans la région de l’Amérique latine et des Caraïbes.
Dans la mesure du possible, toute proposition préliminaire devrait tenir compte des principes féministes clés décrits dans la Politique d’aide internationale féministe. Ces derniers doivent être pris en compte dans la conception, la mise en œuvre, le suivi, l’évaluation et l’apprentissage en cours de projet, dans le but notamment de saisir et documenter la transformation de la dynamique des pouvoirs qui seront réalisés tout au long du projet.
Il incombe au demandeur de s’assurer que sa proposition préliminaire démontre clairement l’objet de l’initiative proposée, en l’occurrence :
- le défi précis que le projet se propose de relever;
- la pertinence du défi pour l’aire géographique proposée ou la population visée;
- la méthodologie employée pour surmonter le défi;
- les façons dont le projet proposé s’attaquera aux causes profondes et structurelles de l’inégalité entre les genres;
- à quels égards le projet proposé est novateur.
Autres définitions
Par « responsabilisation », et dans le contexte de cet appel de propositions, Affaires mondiales Canada entend le processus de reddition de comptes concernant l’utilisation des pouvoirs et des ressources allouées aux institutions étatiques. Des personnes ont accès à de l’information sur les politiques, les décisions et l’affectation des fonds et elles ont le pouvoir d’obliger les personnes responsables à rendre des comptes. Les acteurs étatiques et non étatiques s’acquittent de leurs obligations et responsabilités.
Par « capacité », Affaires mondiales Canada entend un grand nombre de concepts, notamment les ressources (p. ex. : la technologie, le financement, le personnel, l’équipement, les infrastructures), les connaissances, les habiletés, les compétences, la réceptivité, les attitudes, les aspirations, la volonté, les motivations et les processus.
Par « participation citoyenne », Affaires mondiales Canada entend les moyens par lesquels une communauté se fait entendre pour la prise de décisions qui la concernent et qui ont des répercussions sur ses conditions de vie, et la santé et le bien-être de ses membres. La participation communautaire permet aux personnes de s’approprier les enjeux et de discuter des solutions, en collaboration avec les pouvoirs concernés. Il s’agit d’un développement par et avec la communauté, plutôt que simplement pour celle-ci.
Par « consortium », Affaires mondiales Canada entend un groupe d’au moins deux organisations ou institutions (sans compter le partenaire local) qui unissent leur savoir-faire et leurs ressources dans le but de présenter une soumission conjointe.
Par « égalité entre les genres », Affaires mondiales Canada comprend que les femmes et les hommes jouissent du même statut et des mêmes conditions pour exercer pleinement leurs droits fondamentaux et développer tout leur potentiel pour contribuer au développement national, politique, économique, social et culturel, et bénéficier des résultats.
Par « innovation », Affaires mondiales Canada entend toute solution susceptible de régler un problème de développement important de façon plus approfondie et efficace que ne le font les approches existantes. Dans le cadre de cet appel, l’innovation peut comprendre, sans s’y limiter, de nouveaux partenariats, des lignes de conduite, des technologies, la compréhension des comportements sociaux, les moyens de livrer les produits et les services, les activités de mobilisation et de sensibilisation du public ainsi que des façons de mobiliser les hommes et les garçons dans des activités qui profitent aux femmes et aux filles et renforcent leur pouvoir.
Note de bas de pages
- Note de bas de page 1
Notamment les objectifs du Millénaire pour le développement, la Déclaration et le Programme d’action de Beijing, la Déclaration du Caire et les conventions de l’Organisation internationale du Travail.
- Note de bas de page 2
Consultez www.cepal.org/mujer/conferencia/default.asp?idioma=FR.
- Note de bas de page 3
Données fournies par des organismes publics nationaux à l’Observatoire de l’égalité de genre de l’Amérique latine et des Caraïbes (de la CEPALC).
- Note de bas de page 4
Consultez l’Observatoire de l’égalité de genre de l’Amérique latine et des Caraïbes (en anglais seulement).
- Note de bas de page 5
Consultez l’Observatoire de l’égalité de genre de l’Amérique latine et des Caraïbes (en anglais seulement).
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