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Débat ouvert du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité

27 octobre 2017

Madame la présidente/Monsieur le président,

C’est avec plaisir que je prends la parole au nom du Groupe des amis des femmes, de la paix et de la sécurité, un réseau informel de 51 États membres intéressés présidé par le Canada et représentant les cinq groupes régionaux des Nations Unies. À l’occasion du 17e anniversaire de la résolution 1325 du Conseil de sécurité, le Groupe réaffirme son appui indéfectible à l’égard du travail réalisé par le Conseil pour l’avancement de ce programme important.

Malgré un cadre normatif de plus en plus robuste sur les femmes, la paix et la sécurité, nous insistons sur le fait que les progrès réels et tangibles résident dans la mise en œuvre du programme. À cet égard, il reste encore beaucoup à faire. Nous félicitons les pays qui ont établi ou renouvelé des plans d’action nationaux au cours de la dernière année. Nous réitérons que de tels plans doivent être accompagnés de ressources suffisantes pour produire des résultats. De plus, la mise en œuvre contribuera directement à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030, auquel tous les États membres ont adhéré. Nous tenons à remercier l’Espagne pour son initiative visant à établir le réseau des responsables des questions liées au Programme sur les femmes, la paix et la sécurité, ainsi que pour l’organisation de la première séance consacrée aux questions de fond à Alicante et la rencontre subséquente tenue à New York. Nous nous réjouissons à l’idée que l’Allemagne et la Namibie président le réseau des responsables en 2018 et en 2019, respectivement. En outre, nous souhaitons souligner les efforts régionaux, qui peuvent permettre de coordonner et de conjuguer les efforts pour assurer une mise en œuvre plus efficace.

Le Groupe accueille favorablement le leadership du Secrétaire général sur la prévention des conflits et le maintien de la paix, et fait valoir que la mise en œuvre efficace du programme relatif aux femmes, à la paix et à la sécurité contribue directement à l’atteinte de ces objectifs. En effet, nous savons que la violence fondée sur le sexe et la répression des droits fondamentaux des femmes sont corrélées à l’éclatement de conflits. Nous savons également que la participation des femmes a des répercussions positives sur la crédibilité et la durabilité des accords de paix. Dès lors, il est d’autant plus essentiel d’inclure les considérations liées à l’égalité entre les sexes et une participation significative des femmes aux efforts d’alerte précoce, de médiation et de résolution des conflits, tout en intégrant un langage spécifique au genre et une approche axée sur les droits des femmes dans les accords de paix. Il importe également de faire en sorte que les femmes jouent un plus grand rôle dans la consolidation de la paix et la reprise économique après un conflit.

Cette approche devrait également s’appliquer aux travaux du Conseil de sécurité visant à prévenir les conflits et à y remédier. À cet égard, nous voyons d’un bon œil les travaux en cours du Groupe d’experts informel visant à favoriser l’adoption d’une approche plus systématique à l’égard du programme dans le cadre des travaux du Conseil, notamment en ce qui concerne les résolutions, les déclarations, l’établissement de rapports et les visites sur le terrain, ainsi que la sollicitation régulière des points de vue de la société civile. En effet, nous reconnaissons qu’il est important de mobiliser et de soutenir la société civile pour obtenir des résultats concrets dans le cadre du programme.

 

Le Groupe souligne la nécessité de poursuivre la mise en œuvre du programme relatif aux femmes, à la paix et à la sécurité dans les opérations de maintien de la paix des Nations Unies, tant sur le plan de la participation des femmes et de l’expertise en matière d’égalité des sexes que sur le plan de l’intégration de la doctrine et de tous les documents de planification. Les femmes jouent un rôle indispensable dans le maintien de la paix, et leur participation à tous les échelons est cruciale pour assurer l’efficacité opérationnelle des missions. Nous devons redoubler d’efforts et adopter de nouvelles façons de penser en faisant preuve de créativité pour éliminer les écarts persistants et surmonter les obstacles structurels à la participation et au leadership des femmes. Par ailleurs, les opérations de maintien de la paix doivent être dotées de mécanismes d’analyse des conflits sensibles à la sexospécificité et de l’expertise connexe nécessaire. Nous sommes profondément préoccupés du fait que la réduction des effectifs, le déclassement et le sous‑financement touchant les postes de conseillers en matière d’égalité entre les sexes et les postes de conseillers en protection des femmes pourraient entraver gravement la capacité des opérations de maintien de la paix à accomplir ces tâches essentielles.

Nous devons également nous assurer que les soldats de la paix des Nations Unies ne fassent pas partie du problème, et condamner l’exploitation et les atteintes sexuelles (EAS) lors des opérations de maintien de la paix. Nous accueillons favorablement les récentes initiatives  annoncées par le Secrétaire général, notamment la conclusion du Pacte volontaire pour l’élimination de l’EAS avec les États membres, l’établissement d’un Cercle de leadership et la nomination d’une défenseure des droits des victimes d’EAS. Malgré tout, il reste encore beaucoup de travail à faire pour enrayer ce fléau, lutter contre l’impunité et redéfinir entièrement notre approche collective de manière à ce qu’elle soit centrée sur la victime.

Malheureusement, la violence sexuelle demeure également répandue dans des situations de conflit armé à l’échelle mondiale. Le Groupe condamne avec la plus grande fermeté de tels actes, qui constituent une grave violation et un abus des droits de la personne et du droit humanitaire international, et qui font obstacle à la pleine réalisation des objectifs d’égalité entre les sexes, de paix et de développement. Pour mettre fin à l’impunité, il faut traduire en justice les auteurs de ces actes, et fournir de l’aide aux victimes et aux survivantes afin qu’elles puissent se remettre entièrement de ces violations et être en mesure de réintégrer la société. Nous sommes également consternés par les actes de violence sexuelle, dont les viols, les mariages d’enfants, les mariages précoces et les mariages forcés ainsi que l’esclavage, y compris les actes commis par les groupes terroristes comme Daech. À cet égard, nous saluons l’adoption récente de la résolution 2379 du Conseil de sécurité sur la lutte contre l’impunité des crimes commis par Daech en Iraq. Nous avons l’espoir qu’il s’agit de la première étape d’un processus qui pourrait assurer la mise en place d’un mécanisme exhaustif de reddition de comptes. Nous soulignons l’importance d’inclure des compétences précises sur les questions de l’égalité entre les sexes et de la violence sexuelle pour assurer la documentation de la violence sexuelle dans le cadre de ces efforts ainsi qu’une approche mettant l’accent sur la réduction de la stigmatisation à l’égard des personnes qui ont été victimes de violence sexuelle dans le cadre dans une situation de conflit.

En effet, une approche qui tient compte de la spécificité des sexes est essentielle pour faire face aux défis nouveaux et émergents comme l’extrémisme violent. Nous appuyons la mobilisation du leadership des femmes et l’intégration d’une perspective sexospécifique pour l’élaboration de stratégies visant à prévenir et à lutter contre l’extrémisme violent. De plus, nous reconnaissons le Women’s Alliance for Security Leadership (WASL – Alliance des femmes pour un leadership en matière de sécurité) comme un réseau dynamique d’organisations indépendantes dirigées par des femmes qui agissent à l’échelle locale tout en étant branchées sur le monde. Une telle approche reconnaît le rôle des femmes dans le domaine du renforcement de la résilience, l’incidence de l’extrémisme violent sur les femmes et la réalité des femmes qui se joignent à des groupes extrémistes violents. Nous accueillons aussi favorablement l’établissement du Groupe des amis sur la prévention et la lutte contre l’extrémisme violent, coprésidé par la Jordanie et la Norvège, qui insiste sur la nécessité de la pleine participation des femmes et des jeunes aux efforts déployés pour prévenir l’extrémisme violent.

En conclusion, nous croyons au pouvoir de transformation que présente le programme relatif aux femmes, à la paix et à la sécurité. Nous demeurons résolus à collaborer avec les Nations Unies et tous les États membres pour assurer la pleine réalisation des objectifs du programme.

Merci.

Madame la présidente/Monsieur le président,

Permettez-moi de faire quelques remarques supplémentaires d’un point de vue national.

Ce mois d’octobre, nous soulignons le 17e anniversaire de l’adoption de la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies et nous rappelons les efforts déployés par la société civile pour porter le dossier des femmes, de la paix et de la sécurité à l’attention du Conseil de sécurité des Nations Unies. Il ne fait aucun doute que des progrès ont été réalisés dans la mise en œuvre de ce dossier; toutefois, les progrès ont été lents et de nombreux défis demeurent.

Premièrement, si nous souhaitons changer le statu quo, nous devons nous demander pourquoi la mise en œuvre du programme sur les femmes, la paix et la sécurité ne se fait pas à un rythme plus rapide.

Pourquoi les causes ethniques, économiques et politiques des conflits sont-elles reconnues, alors que le rôle que joue la discrimination structurelle et fondée sur le sexe dans les conflits et dans les obstacles à la paix et au développement durables ne l’est pas? Des preuves innombrables démontrent que l’avancement de l’égalité entre les sexes agit comme effet multiplicateur dans l’obtention de résultats dans les trois piliers des Nations Unies, à savoir les droits de la personne, le développement, ainsi que la paix et la sécurité.

Nous devons nous demander pourquoi, lorsque nous intervenons dans des situations d’urgence et de conflit, les efforts visant à faire avancer l’égalité entre les sexes sont souvent relégués au second plan dans une hiérarchie d’arguments qui accordent la priorité au besoin de répondre aux urgences par rapport au besoin d’intégrer la dimension hommes-femmes, même quand la recherche a clairement démontré que les deux aspects doivent être traités ensemble pour atteindre le maximum d’efficacité.

Nous devons nous demander pourquoi nous continuons de ne pas collaborer de façon significative avec les organisations locales de femmes lorsque nous savons que leur participation est cruciale pour traiter les besoins et tenir compte des intérêts des femmes et des filles.

Nous devons penser à faire les choses autrement.

Si nous souhaitons une paix durable, nous devons adopter l’idée selon laquelle elle ne sera pas réalisée sans adopter les valeurs d’inclusion et de diversité. Dans une période de conflits accrus, nous ne pouvons plus nous permettre de mettre à l’écart les voix des femmes et des filles dans toute leur diversité. Nous devons cesser de trouver des excuses. Si le conflit est le problème, l’égalité entre les sexes doit alors être un aspect indiscutable de la solution.

Nous devons nous mettre au défi d’aller au-delà d’une stratégie gradualiste.

Le Canada est déterminé à trouver des occasions de créer et de favoriser des solutions transformatrices  pour l’égalité entre les sexes dans les situations de conflit. Nous défendrons la parole des femmes et les droits de la personne. Nous contesterons les discours qui nuisent à la capacité des femmes de contribuer à des solutions, de diriger des solutions et d’influer sur celles-ci. Nous collaborerons avec la société civile, les États membres et l’ONU pour redynamiser la mise en œuvre de ce programme important. Enfin, nous continuerons de démontrer notre engagement à établir des rapports d’étape transparents et réguliers sur la mise en œuvre de notre plan d’action national sur les femmes, la paix et la sécurité, qui est maintenant en cours d’achèvement, pour faire en sorte que nous fassions des progrès.

Dans le contexte de notre politique étrangère féministe, le Canada prend des mesures concrètes pour faire avancer la mise en œuvre du programme sur les femmes, la paix et la sécurité.

Nous sommes conscients que les femmes sont des intervenantes clés dans la prévention et le règlement des conflits et la consolidation de la paix. La paix et la sécurité sont l’une des pierres angulaires de la Politique d’aide internationale féministe du Canada, qui place l’égalité entre les sexes au cœur de la programmation d’aide internationale. Pour concrétiser cette politique, le Canada consacrera 150 millions de dollars sur cinq ans pour appuyer les organisations locales qui font avancer les droits des femmes dans les pays en développement et dans les États fragiles. L’année dernière, le Canada a également versé 1,5 million de dollars au Fonds des femmes pour la paix et l’aide humanitaire (Women’s Peace and Humanitarian Fund), qui donne un appui aux organisations de femmes qui interviennent en première ligne dans la prévention et le règlement des conflits. Nous encourageons vivement les autres pays à appuyer ce fonds pour s’assurer que les voix des femmes et des filles sont entendues.

Nous savons que si nous n’intégrons pas la dimension hommes-femmes dans les opérations de paix, nous ne répondrons pas efficacement aux besoins et aux intérêts des femmes et des filles sur place. À la réunion ministérielle de Vancouver sur le maintien de la paix, que le Canada est heureux d’accueillir en novembre, l’intégration de la dimension hommes-femmes dans nos discussions et nos réflexions sera d’une importance capitale. Nous mettons les membres des tables rondes et les participants au défi de proposer et de présenter des solutions novatrices pour l’intégration de la dimension hommes-femmes dans le maintien de la paix. Le Canada continue de démontrer son engagement envers l’appui à la participation des femmes dans les opérations de paix. Nous nous employons à augmenter la proportion de policières canadiennes qui sont déployées dans les opérations de paix et avons été à l’avant-plan d’une initiative de formation des Nations Unies visant à augmenter le nombre de policières déployées dans les opérations de paix des Nations Unies.

Le Canada défend vigoureusement la mise en œuvre intégrale de la politique de tolérance zéro des  Nations Unies à l’égard de l’exploitation et des atteintes sexuelles dans les opérations des Nations Unies. Notre premier ministre a récemment adhéré au Cercle du leadership du Secrétaire général et signé le pacte volontaire pour prévenir l’exploitation et les atteintes sexuelles et lutter contre celles-ci. Nous fournissons également un financement au bureau du coordonnateur sur les questions d’exploitation et d’atteintes sexuelles et au Fonds d’affectation spéciale en faveur des victimes d’exploitation et d’atteintes sexuelles, et nous encourageons vivement l’ensemble des États membres à faire de même.

La question de la reddition de comptes a une forte résonance au Canada. Dans le cadre de notre premier plan d’action national, le Canada a déposé au Parlement cinq rapports d’étape annuels sur la mise en œuvre du programme sur les femmes, la paix et la sécurité, ce qui a permis de faire le bilan des progrès réalisés à ce jour et de consigner les leçons retenues. Les rapports d’étape nous ont aussi permis de déceler des lacunes et de souligner les pratiques exemplaires naissantes, ce qui a été utile dans l’élaboration du deuxième plan d’action. Nous souhaitons remercier la société civile et les organisations autochtones nationales qui ont fourni de précieuses observations à ce plan d’action, dont le lancement aura lieu prochainement. Nous sommes impatients de collaborer avec nos partenaires nationaux et internationaux à sa mise en œuvre.

Merci.

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