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Déclaration de l’Ambassadeur Marc-André Blanchard, Représentant permanent du Canada auprès des Nations Unies au Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité

New York, le 25 octobre 2018

Déclaration du Groupe des amis des femmes, de la paix et de la sécurité

Madame la Présidente, Monsieur le Président,

C’est avec plaisir que je prends la parole au nom du Groupe des amis des femmes, de la paix et de la sécurité, un réseau informel de 54 États membres intéressés présidé par le Canada et représentant les cinq groupes régionaux des Nations Unies.

Le Groupe félicite chaleureusement Nadia Murad et Denis Mukwege qui ont reçu le prix Nobel de la paix pour les efforts qu’ils ont déployés afin que cesse l’utilisation de la violence sexuelle comme tactique de guerre et de conflit armé. Que leur démarche inspire les Nations Unies et tous les États membres à redoubler d’efforts pour mettre fin à la violence sexuelle et fondée sur le genre dans les conflits armés en mettant un terme à l’impunité, en renforçant le respect du droit international humanitaire, en traduisant les coupables en justice, en renforçant les mesures préventives, y compris par l’entremise de sanctions du Conseil de sécurité, et en offrant une aide complète aux survivants. Enfin, nous devons veiller à ce que la stigmatisation de la violence sexuelle touche les coupables de ces actes, et non les survivants.

Le Groupe salue l’importance accordée à le renforcement du pouvoir des femmes sur le plan politique et économique au cours du débat ouvert de cette année. En effet, le lien entre, d’une part, l’autonomisation des femmes, et d’autre part, la paix et la sécurité, est au cœur du programme pour les femmes, la paix et la sécurité. Lorsqu’une société améliore l’égalité des genres, elle est moins susceptible d’être affectée par un conflit armé. Lorsque les femmes sont incluses dans les processus de paix, il est plus probable de conclure des accords de paix et ceux-ci ont davantage tendance à durer. Les femmes jouent un rôle indispensable dans le maintien de la paix, et leur participation entière et significative à tous les échelons est cruciale pour assurer l’efficacité opérationnelle des missions. Le renforcement du pouvoir des femmes sur le plan économique constitue aussi une stratégie intégrale, souvent négligée, en matière de prévention des conflits et de relèvement. Enfin, l’égalité des genres et le renforcement du pouvoir des femmes et des filles sont essentielles à l’atteinte des objectifs de développement durable et au maintien de la paix. L’inégalité entre les genres demeure un obstacle tenace au renforcement du pouvoir des femmes sur le plan politique et économique. En résumé, les efforts déployés pour assurer l’égalité des genres ne vont pas à l’encontre de ceux se rapportant à la paix et à la sécurité; ils sont à la base de la paix.

Par conséquent, le manque persistant de participation significative des femmes aux efforts de paix et de sécurité devrait demeurer très préoccupant pour le Conseil. Comme il l’a été expliqué en détail dans le rapport du secrétaire général, bien que les femmes jouent des rôles essentiels dans les efforts déployés pour prévenir et régler les conflits, elles demeurent continuellement sous-représentées et non représentées dans les efforts visant à négocier des résolutions politiques pacifiques et des accords de paix. Au cours des 25 dernières années, les femmes représentaient seulement 2 % des médiateurs, 8 % des négociateurs et 5 % des témoins et des signataires dans le cadre de tous les processus de paix d’importance. Les conséquences de l’absence de femmes s’amplifient avec le temps, car les accords de paix ignorant la dimension du genre peuvent aggraver les inégalités entre les genres dans les sociétés sortant d’un conflit.

La participation significative des femmes sur le plan économique et politique passe par leur participation à la prise de décisions importantes à tous les échelons, par la prise en compte de l’ensemble des droits de la personne des femmes et des filles, par la prise en compte de l’égalité des genres, et par l’intégration d’une expertise et d’analyses relatives à l’égalité des genres à toutes les étapes d’un cycle de conflit. Comme l’a souligné l’Étude indépendante sur les jeunes, la paix et la sécurité, nous devons investir dans les capacités d’action et d’initiative des jeunes femmes et lutter contre les obstacles structurels limitant la participation des jeunes, particulièrement des jeunes femmes, aux efforts de paix et de sécurité. Nous devons travailler de concert pour cerner les obstacles nuisant à la participation significative des femmes, qu’ils soient de nature culturelle, structurelle ou institutionnelle, et pour les écarter activement. Nous devons aussi renforcer la capacité des femmes à participer aux efforts de paix et de sécurité, y compris en leur offrant une aide sur le plan politique, logistique et financier. Enfin, nous devons affronter les systèmes de violence et d’intimidation qui empêchent les femmes de tous âges d’être pleinement égales aux hommes dans leur société.

Le Groupe se réjouit des efforts que le secrétaire général a récemment déployés pour accroître la participation des femmes aux Nations Unies. Cela comprend la mise en œuvre d’une stratégie de parité entre les sexes à l’échelle du système, notamment l’atteinte de la parité entre les sexes dans le Conseil de gestion et dans l’équipe des coordonnateurs-résidents. Le Groupe se réjouit également de l’échange continu de pratiques exemplaires par l’entremise du réseau des coordonnateurs du programme pour les femmes, la paix et la sécurité, et de la création de réseaux de médiatrices visant à accroître l’influence des femmes dans les processus de paix.

Bien que le Conseil de sécurité n’ait pas encore atteint la parité entre genres, le Groupe salue les efforts que les membres du Conseil de sécurité ont déployés pour faire participer de façon plus systématique les femmes à leurs travaux. Ils ont entre autres établi un Groupe informel d’experts encourageant tous les porte-parole à intégrer à leurs interventions une analyse comparative entre les genres, à intégrer et à consolider les dispositions du programme pour les femmes, la paix et la sécurité dans les résolutions, les déclarations présidentielles et les déclarations à la presse, à rencontrer des groupes de femmes pendant les visites du Conseil sur le terrain et à accroître le nombre de porte-parole féminins de la société civile à l’extérieur du débat sur les femmes, la paix et la sécurité. Nous encourageons les membres du Conseil à continuer de s’appuyer sur de telles pratiques exemplaires. Parallèlement, il reste du travail à faire pour appliquer pleinement les résolutions déjà adoptées et pour trouver des moyens d’améliorer le suivi et la surveillance des progrès réalisés.

Enfin, à l’approche du 20e anniversaire de la résolution 1325 en 2020, le Groupe demande à tous les intervenants de redoubler d’efforts pour atteindre les objectifs quant aux quatre piliers du programme pour les femmes, la paix et la sécurité, à savoir la prévention, la participation, la protection et le relèvement post-conflit. Malgré tous les progrès réalisés depuis l’adoption de la résolution 1325, nous sommes loin d’atteindre le potentiel de transformation en matière de paix et de développement découlant de l’égalité des genres et de la participation significative des femmes sur le plan économique et politique.

Déclaration nationale du Canada

Madame la présidente, Monsieur le président,

Je voudrais faire quelques remarques supplémentaires d’un point de vue national.

La résolution 1325 fut adoptée la dernière fois que le Canada a siégé au Conseil de sécurité de l'ONU. Depuis lors, d’importants  progrès  ont été réalisés dans la mise en œuvre du Programme FPS (Femmes, paix et sécurité), notamment par l’adoption et le renouvellement d’un nombre croissant de plans d’action nationaux. Toutefois, de nombreuses lacunes restent à combler. Il revient au Conseil de sécurité et aux États membres de l’ONU de prendre des mesures concrètes.

Il n’existe pas de solutions rapides. Il ne suffira pas d’ajouter une femme médiatrice ici ou une conseillère en égalité des sexes là. La discrimination politique, économique et sociale structurelle entre les genres existe dans tous nos pays. Les conflits ne font qu’aggraver ces inégalités. Des mesures à long terme et des investissements durables de notre temps et de nos ressources sont nécessaires pour obtenir des résultats transformateurs.

Le Canada prend de telles  mesures. Nous sommes en train d’examiner comment notre Plan d’action national sur les femmes, la paix et la sécurité peut mieux lutter contre la violence et la discrimination subie par les femmes et les filles autochtones au Canada. Sur la scène internationale, la politique étrangère féministe du Canada exige que nos efforts diplomatiques et commerciaux, de sécurité et de développement tiennent pleinement compte des besoins des femmes et des filles dans toute leur diversité. Nous le faisons parce que nous savons que l'impact est plus grand, que les résultats sont plus durables et que les avantages sont plus étendus. C'est une décision consciente d'être plus efficace.

Nous reconnaissons également qu'être plus efficace signifie travailler avec d’autres pays dans la recherche de la paix. Depuis le lancement de notre deuxième Plan d’action national l’année dernière, nous avons redoublé d’efforts pour faire progresser le Programme FPS dans toutes les instances, y compris celles où, traditionnellement, les femmes, la paix et la sécurité n’ont pas été au premier plan. Tout au long de sa présidence du G7, le Canada a fait la promotion de l’égalité des genres. Nous avons lancé l’Initiative de partenariats du G7 pour les femmes, la paix et la sécurité, qui vise à accroître la mise en œuvre du Programme FPS dans les pays partenaires et nous sommes si heureux de collaborer avec la Côte d’Ivoire à cette importante initiative.

Promoteur et défenseur de longue date du système multilatéral, le Canada est prêt à l’améliorer. Reconnaissant que les progrès réalisés jusqu'à maintenant ont été trop lents, le Canada a lancé l’Initiative Elsie pour les femmes dans les opérations de paix afin d’accroître la participation significative des femmes en uniforme aux opérations de paix des Nations Unies. À cette fin, le Canada a établi des partenariats avec les Forces armées du Ghana et le Service de police de la Zambie. 

Le Canada croit que nous avons beaucoup à apprendre des autres et les uns des autres. Pas plus tard que le mois dernier, en collaboration avec l’Union européenne, le Canada a accueilli à Montréal une réunion des femmes ministres des Affaires étrangères pour discuter des défis actuels en matière de paix et de sécurité mondiales. Au cours de cette rencontre, la ministre des Affaires étrangères du Canada a annoncé que notre gouvernement nommera un ambassadeur des FPS pour renforcer la mise en œuvre de notre plan d’action. La ministre a également annoncé que le Canada accueillera, conjointement avec l’Uruguay, le Réseau des responsables des questions de FPS en 2020, année du 20e anniversaire de la résolution 1325. 

Nous saluons les femmes du monde entier qui communiquent courageusement leurs expériences personnelles dans les conflits et agissent à l’échelle locale, régionale et internationale. Elles nous rappellent que le Programme FPS n’est pas seulement une question normative à discuter à New York; il a une incidence réelle dans le monde entier. Je tiens à saluer le travail important accompli par la lauréate du prix Nobel Nadia Murad pour sensibiliser l’opinion à la violence sexuelle dans les situations de conflit. Lorsqu’elle a visité le Canada en octobre 2016, elle a mis au défi les législateurs canadiens, les représentants du gouvernement et la société civile à faire davantage pour faire progresser le Programme FPS. C’est l’une des raisons pour lesquelles sa photo fait la couverture de notre Plan d’action national sur les femmes, la paix et la sécurité.

Pour faire ce travail important, les femmes locales qui œuvrent à la consolidation de la paix ont besoin de ressources. L’année dernière, le Canada a doublé son appui au Fonds des femmes pour la paix et l’aide humanitaire. Nous invitons d’autres pays à appuyer ce fonds pour accroître la participation significative des femmes aux efforts de paix et de sécurité.

Madame la présidente, Monsieur le président,

Le Canada appuie les efforts déployés au sein de ce Conseil pour intégrer le Programme FPS dans l'ensemble de ses travaux. Si le Canada est élu au Conseil de sécurité pour 2021, vous pouvez être assuré qu'il continuera de se faire le champion du Programme FPS.  Nous chercherons des occasions de créer et de favoriser des solutions transformatrices pour l’égalité des genres dans les situations de conflit. Nous défendrons la parole des femmes et les droits de la personne. Nous contesterons les discours qui nuisent à la capacité des femmes de contribuer à des solutions, de diriger des solutions et d’influer sur celles-ci. Et nous continuerons de collaborer avec la société civile, les États membres et l’ONU pour redynamiser la mise en œuvre de ce programme important.

Merci.

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