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Déclaration prononcée par l’Ambassadeur Richard Arbeiter, Débat ouvert du Conseil de sécurité sur les femmes dans les opérations de paix

11 avril 2019, New York

Monsieur le président, permettez-moi, au nom de mon pays, de soumettre quelques observations additionnelles sur la participation des femmes aux opérations de paix.

Je souscris à l’initiative de l’Allemagne d’inclure cet important sujet de la participation des femmes aux opérations de paix dans le Programme sur les femmes, la paix et la sécurité.

Je tiens à souligner les interventions bien senties de nos présentateurs, le secrétaire général, le major général Lund et Mme Merekaje.

Comme nous l’avons entendue dire aujourd’hui, une participation significative des femmes dans les opérations de paix n’est pas simplement souhaitable, en toute franchise elle est impérative.

Cette affirmation n’est ni nouvelle, ni contestée. Elle a été réitérée par de nombreux États membres, par le Secrétaire général, par le Sous-secrétaire général, par les représentants de la société civile et par les commandants sur place.

C’est un point admis par tous, avec lequel le Canada est pleinement d’accord.

Ce consensus doit toutefois se traduire en changements opérationnels. Rien n’a changé. Les chiffres sont très loin des attentes. Quelque chose cloche.

La majorité des membres du Conseil et de l’Assemblée générale conviennent de la lenteur, de la maigreur et de la médiocrité des progrès de ce programme.

L’Initiative Elsie du Canada pour la participation des femmes aux opérations de paix vise à corriger cette situation.

Son concept et son architecture sont fondés sur les avis des femmes qui ont personnellement participé à des opérations de paix.

Comme nos partenaires, nous avons commencé par écouter les témoignages des participantes aux opérations de paix sur leurs expériences avant, pendant et après leur déploiement.

Elles nous ont décrit directement les importants obstacles structurels auxquels elles continuent d’être confrontées.

Notons le manque d’occasions de formation, la pénurie de mentors et de réseaux de soutien, l’insuffisance des logements, des installations et des équipements sur place, le manque d’information sur les possibilités de déploiement et l’absence de leadership.

Elles nous ont également fait part de ce qu’elles ont vécu au chapitre des tripotages, des tentatives de séduction, des remarques désobligeantes et de leurs répercussions sur elles-mêmes et sur leurs missions. Elles se sont demandées si elles devaient rapporter de tels incidents et dans quel but? Que cette situation perdure est décourageant, mais nous pouvons et nous devons trouver des solutions. 

Les témoignages entendus sont anecdotiques, mais précis. Nous demeurons désireux de les écouter.

C’est la raison pour laquelle la Norvège et le Canada financent la création d’une méthode d’évaluation des obstacles dans le but de recueillir ce genre de preuves empiriques qui peuvent nous aider à affiner notre connaissance des obstacles systémiques auxquelles font face les femmes dans les opérations de paix.

Les Forces armées canadiennes et la Gendarmerie royale du Canada collaborent avec nos partenaires bilatéraux de l’Initiative Elsie, les Forces armées du Ghana et le Service de la police de la Zambie, pour réduire les obstacles structurels en place dans un grand nombre de nos systèmes.

Nous comptons partager avec chacun d’entre vous nos découvertes et nous vous invitons à entreprendre des démarches similaires.

Mais nous demeurons conscients que ce n’est pas toujours facile et que certains États membres pourraient avoir besoin d’aide.

Dans cette optique, nous félicitons ONU Femmes d’avoir créé le Fonds de l’Initiative Elsie pour les femmes en uniforme dans les opérations de paix à la veille de la réunion ministérielle de l’ONU sur le maintien de la paix.  

Le Fonds Elsie adopte une approche novatrice en faisant la promotion financière de l’augmentation du nombre de déploiements de femmes formées et qualifiées, dont le versement de primes pour le déploiement d’unités mixtes. 

Le Canada a déjà apporté une contribution de 15 millions de dollars au Fonds. Nous saluons les contributions additionnelles annoncées dernièrement par les Pays-Bas, le Royaume-Uni et la Finlande. 

Nous invitons tous les États membres à faire des demandes de financement pour soutenir les efforts dans leur pays ou, d’autre part, à verser une contribution au Fonds.

Je tiens à souligner le rôle joué par l’Allemagne dans l’établissement d’un réseau des femmes en missions de paix. De nombreuses Canadiennes et d’autres femmes déployées dans le cadre de missions de paix nous ont fait part de la valeur d’un tel réseau. Nous espérons collaborer avec l’Allemagne et avec d’autres partenaires sur ce point, dans le cadre de l’Initiative Elsie.

L’importance du réseautage a également été soulignée à maintes reprises lors de la rencontre préparatoire sur les femmes, la paix et la sécurité de la réunion ministérielle sur le maintien de la paix, organisée en collaboration par l’Éthiopie et le Canada et qui s’est tenue à Addis-Abeba en janvier dernier.

Réunissant des femmes et des hommes venus de plus de 60 pays, cette rencontre a illustré toute la diversité qui peut être appliquée pour améliorer l’efficacité des opérations de paix.

J’ai assisté à cette rencontre et j’ai appris énormément de choses de ces femmes en mission de paix, des chefs de file de la société civile, des chercheurs et des diplomates qui nous ont fait part de leurs expériences personnelles.

Leurs messages étaient sans équivoque : les femmes sont des agents de changement dans les missions, elles sont mobilisatrices et elles entretiennent d’étroites relations avec les collectivités locales. 

Ils nous ont également dit très clairement que les chefs de file devaient assumer la responsabilité de l’inclusivité.

L’inclusivité est plus facile à dire qu’à faire. C’est un choix dans nos façons d’agir. Ce choix se porte maintenant sur la conception, la dotation en matériel et en personnel et sur l’évaluation des missions de l’ONU.

Le Conseil doit également faire ce choix. Il peut démontrer qu’il est à l’écoute de l’élaboration des mandats des missions, du moment de leur création à celui de leur fin et au-delà. 

Le Canada est fermement décidé à travailler avec l’ONU à l’élaboration de méthodes pratiques pour réduire les obstacles auxquels les femmes en mission de paix sont confrontées.  

Nous sommes convaincus que nous pouvons atteindre ces objectifs en demeurant à l’écoute et en continuant d’agir.

S’il est nommé au Conseil de sécurité de l’ONU pour le mandat de 2021-2022, le Canada œuvrera auprès du Conseil à la promotion de cette approche.

Nous devons nous encourager et nous stimuler mutuellement et à la tribune de l’ONU. Le défi est de taille, mais tout le monde profite des missions de paix plus inclusives de l’ONU. Ce n’est qu’en collaborant que nous pouvons traduire cet objectif dans la réalité.

Ambassadeur Richard Arbeiter,
Représentant permanent adjoint,
Mission permanente du Canada auprès des Nations Unies

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