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Débat public du Conseil de sécurité sur la violence sexuelle dans les conflits - Déclaration nationale du Canada

Madame/Monsieur le Président,

Permettez-moi de faire quelques remarques supplémentaires en tant que représentant du Canada.

Le débat d'aujourd'hui est d'une importance capitale pour mon pays.

La politique étrangère féministe du Canada place les questions de genre au cœur de notre engagement mondial. La raison en est simple car les preuves sont irréfutables. Soutenir l'égalité des genres est le meilleur moyen de construire un monde plus pacifique, plus inclusif et plus prospère.

Hélas, les intervenants au Conseil aujourd'hui ont confirmé ce que nous savions déjà. La violence sexuelle et fondée sur le genre est répandue. Les femmes, filles, personnes LGBTI et autres personnes appartenant à des groupes marginalisés sont des cibles. Cela ne changera pas sans un effort concerté.

Mon pays  n'est pas à l'abri de ce fléau. Au Canada, la double discrimination que les femmes et les filles autochtones subissent entraîne des niveaux élevés de violence sexuelle et fondée sur le sexe à leur endroit. Dans le cadre de l'Instance permanente des Nations Unies sur les questions autochtones qui prend place cette semaine, je tiens à réaffirmer l'engagement ferme de mon gouvernement à s'attaquer à ce problème.

Et tout comme nous cherchons à prévenir la violence sexuelle et fondée sur le genre chez nous, nous soutenons les efforts déployés dans le monde entier. Au Myanmar, nous collaborons avec l'UNICEF et le FNUAP pour lever les obstacles systémiques à la santé et aux droits sexuels et reproductifs. En République démocratique du Congo, nous soutenons le travail du PNUD qui fournit un soutien juridique, médical et psychosocial aux survivantes de la violence. Au cours des deux prochaines années, le Canada dirigera l’Appel à l’action pour la protection contre la violence fondée sur le genre dans les situations d’urgence.

Nous cherchons également à renforcer la responsabilisation à l'échelle mondiale. En fait, les lois sont en train de changer, même si trop lentement. Dans l'intervalle, l'incapacité des cadres juridiques nationaux existants à traiter ces crimes ne diminue en rien leur gravité. Dans de tels cas, le Canada est fermement convaincu que nous avons une responsabilité juridique et morale collective d'agir.

L’absence de volonté politique, y compris au sein de ce Conseil, ne devrait pas non plus permettre l’impunité. Les lacunes des systèmes déjà en place doivent être reconnues et comblées. D’autres approches devraient être adoptées.

Par exemple, le Canada appuie le déploiement d’experts par l’entremise d’ONU Femmes pour faire en sorte que les auteurs de crimes à caractère sexuel et fondés sur le genre au Myanmar, en Syrie, en RDC, au Soudan du Sud, au Burundi, au Yémen et au Mali soient tenus responsables de leurs actes. De tels déploiements font une différence. Les experts de la VSG déployés avec l’appui du Canada à la mission internationale indépendante d’établissement des faits (IIFFMM) au Myanmar ont directement contribué à conclure que la violence sexuelle et fondée sur le sexe dans les États de Kachin, de Shan et de Rakhine du Myanmar constituait des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.

Bien que critiques, nous savons que ce travail n’est pas facile.

L’appui du Canada à la collecte de preuves des crimes commis par Daech en Irak et en Syrie s’est heurté à un certain nombre de difficultés. Les survivants et les témoins expriment légitimement une frustration croissante face à la lenteur pour obtenir justice, ainsi qu’un sentiment de lassitude psychologique résultant du partage répété de leurs expériences avec de nombreux médias et ONG.

Le soutien international aux organismes d’enquête pour documenter la violence sexuelle est essentiel, mais nous devons prendre nos responsabilités pour prévenir la revictimisation des survivants.

Nous devons tous continuer à faire en sorte que les voix des victimes et de leurs familles soient pleinement prises en compte dans nos efforts.

Toutes les victimes de violence sexuelle et fondée sur le genre s’attendent à ce qu’on agisse. Ils s’attendent à ce que justice soit faite et à ce qu’on leur rende des comptes. Et ils s’attendent à de meilleurs efforts en matière de prévention. Et ils ont raison de s’y attendre. Je m’y attendrais, et je soupçonne que ce serait la même chose pour vous.

La résolution d’aujourd’hui comprend de nombreux éléments importants. Nous félicitons l’Allemagne pour ses efforts inlassables. Toutefois, nous sommes déçus que la résolution soit silencieuse sur au moins deux points. 

Nous exhortons le Conseil à reconnaître explicitement que les personnes LGBTI sont la cible de violence sexuelle dans les zones de conflit en raison de leur orientation ou de leur identité sexuelles. Cette persécution n’est pas nouvelle. Les homosexuels, marqués de triangles roses par les nazis et projetés du haut de bâtiments par Daech, ont toujours été pris pour cible. Les situations de conflit armé amplifient la discrimination sous-jacente à l’encontre des personnes LGBTI, qui peut se manifester par la violence sexuelle.

Ce qui est nouveau maintenant, c’est l’attente croissante de l’adoption de mesures concrètes. Des efforts accrus sont nécessaires pour surveiller et signaler ces violences et pour veiller à ce que les États membres renforcent leur législation nationale afin de protéger les victimes LGBTI.

En outre, le Canada regrette vivement qu’il n’ait pas été possible de parvenir à un consensus sur une référence à la SDSR dans la résolution. Le Conseil de sécurité ne devrait pas revenir sur les conclusions auxquelles il est parvenu ces dernières années. Un pas en avant ne doit pas impliquer deux pas en arrière. Pour être clair : La SDSR est essentielle à l’autonomie des femmes et aux droits de la personne. C’était aussi vrai lorsque le Conseil a examiné cette question auparavant qu’aujourd’hui. Nous ne pouvons pas promouvoir l’égalité des genres, lutter contre la violence sexuelle dans les zones de conflit ou mettre en œuvre une approche centrée sur les survivants sans garantir la SDSR. 

Si le Canada est élu pour siéger à ce Conseil en 2021-2022, nous serons fermement déterminés à continuer de faire avancer ce programme.

Merci.

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