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Débat ouvert sur la protection des civils en période de conflit armé - Déclaration nationale du Canada par l’honorable François-Philippe Champagne, Ministre des Affaires étrangères

27 mai 2020

Madame la Présidente,

Je remercie l’Estonie d’avoir pris l’initiative de cet important débat public qui a lieu aujourd’hui. Je salue également les efforts déployés sous votre présidence pour rendre le Conseil de sécurité plus ouvert et plus transparent.

Le Canada accueille avec satisfaction le rapport du Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, sur la protection des civils en période de conflit armé. J’abonde dans son sens lorsqu’il appelle à la volonté politique pour prioriser la protection des civils et obliger les responsables de violations à répondre de leurs actes. Vous pouvez compter sur notre plein soutien.

Dans deux jours, le monde entier célébrera la Journée internationale des Casques bleus des Nations Unies.

Les Casques bleus de l’ONU sont la manifestation la plus visible de l’engagement collectif des Nations Unies à protéger les civils et à promouvoir la paix en période de conflit. 

Le Canada est particulièrement fier d’appuyer les femmes qui participent aux opérations de maintien de la paix, et de leur donner les moyens de le faire, y compris dans le cadre d’un programme novateur comme l’Initiative Elsie pour la participation des femmes aux opérations de paix.

Nous souhaitons exprimer toute notre reconnaissance aux civils, aux militaires et aux policiers qui œuvrent pour le maintien de la paix dans le monde entier. Nous les remercions, en particulier, de leur dévouement et pour les énormes sacrifices qu’ils font au service de la paix.

Madame la Présidente,

La pandémie de COVID-19 constitue une menace mondiale qui ne connaît pas de frontières. Partout, des gens perdent la vie ou leurs moyens de subsistance à cause de ce virus.

Nous savons qu’en temps de conflit et de crise humanitaire, les civils courent déjà des risques disproportionnés. La pandémie et les mesures prises pour y répondre ne feront que les accentuer.

C’est la raison pour laquelle le Canada a obtenu l’appui de 59 pays à l’appel du Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu mondial. Cet appel reste plus pertinent que jamais, même si le Conseil de sécurité n’y a toujours pas souscrit.

C’est aussi pour cette raison que, dans le cadre de la présidence canadienne de la Commission de consolidation de la paix, nous veillons à ce que les besoins des États fragiles qui font face à un conflit et qui doivent lutter contre la COVID-19 figurent en tête de l’ordre du jour.

De plus, nous avons investi 87 millions de dollars dans l’aide humanitaire visant à répondre aux besoins des personnes les plus vulnérables touchées par la COVID-19.

Notre appui à des partenaires de confiance qui répondent aux appels mondiaux face à la COVID-19 permettra de subvenir aux besoins des civils dans le monde entier, y compris en Somalie, en République démocratique du Congo, en République centrafricaine de même qu’en Cisjordanie et à Gaza.

En ces temps difficiles, nous devons absolument défendre les droits et la dignité des civils les plus vulnérables. En effet, personne n’est en sécurité tant que tout le monde ne l’est pas. Mieux reconstruire, c’est faire en sorte que chacun soit en sécurité, partout.

Madame la Présidente,

Il est indéniable que la COVID-19 a engendré de nouveaux défis, y compris en ce qui concerne la protection des civils.

Toutefois, nous ne devons pas perdre de vue les souffrances infligées aux civils dans des conflits qui persistaient bien avant cette pandémie – de même que notre incapacité à y remédier.

Les belligérants continuent de perpétrer des attaques illégales, souvent aveugles et ciblées, contre des civils, des travailleurs humanitaires et médicaux, des hôpitaux et des écoles.

Les enfants sont victimes de graves violations, y compris en étant recrutés et utilisés comme soldats.

Le viol continue d’être utilisé comme arme de guerre.

Les femmes et les filles sont victimes de violences sexuelles et sexistes.

Les casques bleus des Nations Unies ont du mal à protéger les civils, car ils sont débordés et manquent de ressources.

Le rapport du Secrétaire général fait clairement état de ces problèmes, qui sont autant de signaux d’alarme.

La bonne nouvelle c’est que nous avons les outils nécessaires pour remédier à ces violations flagrantes et à ces problèmes chroniques de protection.

Ce qui nous manque, c’est la volonté politique.

Si élu au Conseil de sécurité en 2021-2022, le Canada fera preuve de cette volonté politique – comme en 1999, lorsqu’il a fait inscrire, pour la première fois, la protection des civils dans les conflits armés à l’ordre du jour de cette instance.

Nous travaillerons sans relâche pour faire respecter l’ordre international fondé sur des règles et nous militerons en faveur du respect scrupuleux du droit international humanitaire, du droit international des droits de l’homme et du droit international des réfugiés.

Nous plaiderons en faveur de la mise en œuvre intégrale et effective des résolutions du Conseil de sécurité sur la protection des civils, et nous trouverons des points de convergence entre les différentes priorités, par exemple entre les enfants et les conflits armés et les femmes, la paix et la sécurité – deux autres enjeux que le Canada a contribué à faire inscrire à l’ordre du jour.

En outre, pour répondre à l’appel lancé par le Secrétaire général dans son rapport, nous ferons tout pour obliger les responsables de violations contre des civils à répondre de leurs actes, y compris par des mécanismes comme la Cour pénale internationale.

Madame la Présidente,

Nous avons la responsabilité collective de nous adapter et de répondre aux nouvelles menaces et aux nouveaux défis qui sont à l’origine des conflits ou qui les aggravent, y compris ceux qui mettent en péril la vie des civils et leurs moyens de subsistance.

Devant l’évolution des moyens et méthodes de guerre, et face à des menaces comme les changements climatiques, qui s’invitent au débat, il n’y a pas de temps à perdre.

Le Canada est fermement convaincu qu’il faut examiner d’avantage un enjeu en particulier :  le lien entre la sécurité économique, les conflits et la paix.

Cet enjeu revêt une importance particulière dans les pays qui entament une transition ou qui connaissent une transition fragile, où l’insécurité économique – et l’accès limité aux possibilités économiques – pourrait porter préjudice aux progrès vers la paix ou exacerber les facteurs de conflit.

Si notre pays est élu Conseil de sécurité pour le mandat 2021-2022, il mettra l’accent sur les liens essentiels entre une croissance économique durable et inclusive, la création d’emplois, la prévention des conflits ainsi que la paix et la sécurité. De même, il examinera en profondeur les besoins particuliers des civils et veillera à ce que les mesures du Conseil intègrent une perspective de genre et tiennent compte des facteurs de conflit.

Madame la Présidente,

Comme lors de son dernier mandat au sein du Conseil de sécurité, il y a un peu plus de vingt ans, le Canada est déterminé à adopter une approche conforme à ses principes ainsi qu’à promouvoir la protection des civils et à faire respecter leurs droits.

Nous utilisons notre voix pour le bien, et cela en véritable partenariat avec les autres.

Ce sont là l’esprit et l’intention qui motivent notre candidature à un siège non permanent au Conseil ainsi que notre attachement au système international.

Merci.

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