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Conférence mondiale sur la liberté de la presse : résumé des consultations régionales en Asie du Sud-Est

Introduction

La COVID-19 et la liberté des médias

Les participants ont fait remarquer que les autorités ont utilisé la pandémie de la COVID-19 et les préoccupations légitimes au sujet de la réglementation des plateformes numériques comme prétexte pour limiter la liberté des médias. Les gouvernements autoritaires ou populistes utilisent des préoccupations légitimes liées à la sécurité nationale ou à la santé publique comme prétexte pour restreindre davantage la liberté d’expression et de presse, et accroître leur contrôle sur l’accès à l’information en général. En Asie du Sud-Est, le harcèlement judiciaire, l’ingérence politique, les menaces physiques et psychologiques, la violence et même les disparitions forcées sont en hausse.

Les médias qui couvrent les collectivités marginalisées subissent souvent les contrecoups de ces campagnes. La COVID-19 et les mesures de confinement en découlant ont exacerbé les inégalités existantes en matière d’accès à l’information et à la technologie.

Intelligence artificielle, technologie numérique et liberté des médias

Les participants se sont dits très préoccupés par le rôle joué par Internet et les médias sociaux dans la région. Beaucoup ont fait remarquer que les répercussions négatives des médias sociaux dépassent maintenant de loin les bienfaits, en particulier dans les contextes où les États ou les gouvernements exploitent la puissance des technologies émergentes à leurs propres fins politiques.

Les participants ont soulevé des inquiétudes au sujet des plateformes de médias sociaux et des systèmes d’intelligence artificielle (IA) que les gouvernements utilisent comme systèmes de modification du comportement . Aujourd’hui, les théories du complot se répandent aussi vite que la vérité, ce qui entraîne une polarisation dans l’ensemble de la société et une diminution de la confiance envers les journalistes. Dans un exemple cité par les participants, une campagne marginale a été menée pour présenter les journalistes comme des criminels. L’idée a gagné en popularité et a été appuyée par la population en général, si bien que le contexte médiatique général a mené à la suppression des ondes d’un grand diffuseur régional. Des accusations criminelles ont été déposées contre des journalistes crédibles qui travaillaient pour ce diffuseur.

Les participants ont déploré le fait qu’en général, les journalistes et le public comprennent mal les algorithmes utilisés par Facebook et d’autres plateformes de médias sociaux pour le microciblage, la collecte et la diffusion d’information. Les participants ont fait valoir qu’en raison du microciblage, il est plus difficile pour les utilisateurs de critiquer l’information qui correspond à leurs points de vue préexistants. Les participants ont également noté l’augmentation du recours au « doxing », soit la divulgation intentionnelle de données personnelles en ligne, utilisée contre des journalistes et des militants dans la région. Les femmes sont dix fois plus susceptibles d’être la cible de divulgation de données personnelles que leurs collègues masculins. Les représentants régionaux des médias sociaux ont, quant à eux, souligné que les gouvernements doivent jouer un rôle dans la réglementation et la responsabilisation des plateformes, et ont insisté sur la nécessité de prendre un engagement à l’égard de la liberté d’expression. Dans la foulée du mouvement en faveur d’une réglementation intelligente des technologies émergentes, y compris une plus grande responsabilisation des plateformes, les participants ont souligné l’importance de veiller à ce que la société civile et les acteurs du Sud aient voix au chapitre.

Restrictions imposées aux médias par l’État

Le contexte qui prévaut dans le secteur des médias de l’Asie du Sud-Est est l’un des plus restrictifs au monde. Tous les participants ont convenu que la région évolue dans la mauvaise direction : la liberté d’expression est menacée et les journalistes sont parmi les cibles les plus fréquentes que ce soit par des recours juridiques ou des mesures extrajudiciaires.

Certains gouvernements de l’Asie du Sud-Est déforment les exemples de démocratie occidentale pour justifier l’adoption de nouvelles lois et l’application des lois existantes pour limiter la liberté de la presse. Les États autoritaires ne sont pas soumis aux mêmes freins et contrepoids que les États démocratiques permettant aux citoyens d’être protégés contre leurs gouvernements. Les nouvelles lois visant à contrôler les fausses nouvelles fournissent des ressources et des pouvoirs supplémentaires, mais sans nécessairement améliorer la transparence ou donner aux citoyens un meilleur accès à des renseignements exacts. Au lieu de s’améliorer, l’information subit une baisse en matière de diversité et d’exactitude et certains États déforment délibérément les faits. En vertu de lois de vaste portée contre la diffusion de fausses nouvelles, ou contre la diffamation ou la sédition, les gouvernements de la région peuvent criminaliser certaines formes de liberté d’expression ou imposer des sanctions financières pour des motifs politiques, et ce, tout en respectant les lois nationales.

Dans un contexte où la dépendance quasi totale aux médias sociaux pour la diffusion de l’information est combinée à l’effondrement du modèle d’affaires, les journalistes travaillant pour les médias grand public ressentent de plus en plus de pressions pour se conformer et s’autocensurer. Bien qu’il y ait un certain espace pour le journalisme citoyen ou les jeunes entreprises médiatiques, ces groupes sont peu nombreux et leur incidence est faible. De plus, ils sont vulnérables aux attaques du gouvernement, des entreprises ou d’autres groupes.

Recommandations des participants

Les participants ont recommandé plusieurs mesures pour accroître la liberté des médias dans la région de l’Asie du Sud-Est :

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