Participation des femmes à la table décisionnelle : paix et sécurité en Côte d’Ivoire
« Il est désormais admis que l’instauration d’une paix durable est aussi l’affaire des femmes. À nous de prendre la place qui nous revient. »
Enseignantes. Leaders communautaires. Médiatrices. Artisanes de la paix.
Les femmes et les filles jouent un rôle essentiel au sein de leurs communautés. En période de conflit, elles promeuvent souvent la paix et la négociation entre les parties belligérantes. Leur participation est également essentielle pour s’attaquer aux causes profondes des conflits, encourageant par là même la mobilisation communautaire et l’adoption de solutions plus durables.
Pourquoi, alors, sont-elles souvent exclues des processus formels de résolution des conflits et de processus de prise de décision?
L’ambassade du Canada en Côte d’Ivoire s’emploie à faire changer la situation.
Consolider la paix après un conflit
La guerre civile déclenchée en 2002 a créé une division entre les Ivoiriens du Nord et ceux du Sud.
Les troubles politiques, les violences électorales de 2010-2011 et d’autres crises sociopolitiques ont contribué à fragiliser la cohésion sociale.
Ce conflit a surtout eu des effets sur les femmes et les filles. Les femmes subissent encore de la discrimination et des violences physiques et sexuelles.
Bien que les femmes aient largement participé à la transition sociétale vers la paix, elles ont été exclues des processus de négociation de paix et demeurent sous-représentées dans les sphères de prise de décision.
Mise en œuvre de la Résolution 1325 du Conseil de sécurité de l’ONU
En 2000, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté à l’unanimité la Résolution 1325, reconnaissant pour la première fois l’incidence des conflits armés sur les femmes et les filles.
La Résolution 1325 réaffirme le rôle central des femmes dans la prévention, la gestion et la résolution des conflits.
Elle s’articule autour de quatre volets :
Participation
Accroître la participation des femmes à tous les niveaux de la prise de décision
Protection
Protéger les femmes et les filles contre les violences sexuelles et sexistes
Prévention
Améliorer les stratégies d’intervention pour prévenir la violence à l’encontre des femmes, soit :
- renforcer les droits humains des femmes dans le cadre des législations nationales
- soutenir les initiatives de paix locales lancées par des femmes
- améliorer les processus de résolution de conflits
Secours et rétablissement
Prendre en compte les sexospécificités pour améliorer les efforts de secours et de rétablissement, en particulier les besoins des femmes et des filles vivant dans les camps et les installations de réfugiés
La Côte d’Ivoire a été le premier pays africain à se doter d’un plan national d’action pour la mise en œuvre de la Résolution 1325 du CSNU pour la période 2008-2012.
Initiative de partenariats du G7 pour les femmes, la paix et la sécurité
En avril 2018, dans le cadre de la présidence canadienne du G7, les ministres des Affaires étrangères des pays du G7 se sont réunis à Toronto, au Canada.
Les ministres des Affaires étrangères des pays suivants se sont engagés à établir des partenariats et à fournir au pays partenaire une aide ciblée visant à accélérer le rythme de mise en œuvre du programme pour les femmes, la paix et la sécurité :
- Canada,
- France,
- Allemagne,
- Italie,
- Japon,
- Royaume-Uni,
- États-Unis, et
- la haute représentante de l’Union européenne.
L'ambassade du Canada collabore avec le gouvernement ivoirien et la société civile à l'élaboration d'un plan d'action actualisé pour 2019 à 2023. Nous sommes fiers d'encourager la participation des femmes à la prévention des conflits et à la consolidation de la paix, tout en les sensibilisant au rôle important des femmes aux initiatives de paix et de sécurité. Nous sommes fiers d’appuyer la Côte d'Ivoire.
Mise en valeur des progrès accomplis et de l’action des femmes
L’ambassade du Canada et la section ivoirienne du Réseau pour la paix et la sécurité des femmes dans l’espace de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont organisé une table ronde sur la mise en œuvre de la Résolution 1325.
Cent participants issus d’institutions nationales et sous-régionales, d’organismes de développement, d’organisations de la société civile et de la communauté diplomatique se sont livrés à un débat animé sur le rôle de la société civile dans l’adoption de la Résolution.
Spécialistes et participants ont souligné qu’en dépit des progrès réalisés dans les quatre volets, il restait encore beaucoup à faire pour que les femmes soient des partenaires égales dans la prévention des conflits, les efforts de secours, le rétablissement et la consolidation de la paix.
Suzanne Annita Traoré, secrétaire générale du conseil d’administration du WANEP en Côte d’Ivoire, a fait remarquer que « Les femmes continuent d’être sous-représentées dans les sphères décisionnelles et marginalisées dans les négociations de paix ».
Le panel a encouragé les femmes à :
- passer aux actes,
- s’approprier la mise en œuvre du programme pour les femmes, la paix et la sécurité, et
- encourager les hommes à s’impliquer.
« En tant que femmes des organisations issues de la société civile, nous avons le devoir, à travers nos activités, de regrouper nos efforts et de faire entendre nos voix dans les processus de résolution de conflits, et de participer sur un pied d’égalité à tous les niveaux du processus décisionnel gouvernemental pour la résolution des conflits, leur prévention, et l’édification d’une paix durable. »
« Il est désormais admis que l’instauration d’une paix durable est aussi l’affaire des femmes. À nous de prendre la place qui nous revient. »
À la poursuite de la paix : Où sont les femmes?
En Côte d’Ivoire et dans le monde, les femmes restent largement exclues des processus de résolution et de médiation des conflits. Cette inégalité persiste alors même qu’il est démontré que la participation des femmes aboutit à de meilleurs résultats.
À l’occasion d’une projection d’extraits du documentaire « À la poursuite de la paix » du réalisateur canadien Garry Beitel, plus de 200 participants ont débattu des questions suivantes :
- Pourquoi devrait-on confier des rôles de médiation et de gestion des conflits aux femmes?
- Comment les femmes peuvent-elles faciliter la médiation à tous les niveaux?
- Quels sont les obstacles à la participation des femmes au processus de médiation?
L’ambassadrice canadienne Julie Shouldice a ouvert le débat en ces termes : « La rencontre d’aujourd’hui place les femmes au cœur d’un but auquel toute l’humanité aspire : la paix, la sécurité et le développement pour tous. »
Madeleine Oka-Balima, chef des programmes d’ONU Femmes en Côte d’Ivoire et spécialiste invitée, explique : « La médiation est un outil à utiliser au quotidien. Elle nous permet d’éviter les affrontements, les conflits et la destruction. »
« Le film et les échanges qui ont suivi m’ont aidé à comprendre comment la mobilisation des femmes pouvait contribuer à outrepasser l’état de belligérance pour instaurer une paix durable »
Au terme de la rencontre, les participants étaient disposés à promouvoir la participation des femmes aux processus de médiation et de résolution des conflits.
Un des participants a déclaré : « J’ai beaucoup appris au sujet de la Résolution 1325. Nous, membres de la société civile, sommes résolus à travailler davantage pour assurer sa mise en œuvre en Côte d’Ivoire. »
L’ambassade du Canada, l’ambassade de la France et l’Institut français de Côte d’Ivoire se sont associés pour organiser cette projection et de ce débat à l’Institut français, à Abidjan.
Femmes, paix et sécurité, même en mer
La Marine royale canadienne a visité les eaux ivoiriennes dans le cadre de l’exercice OBANGAME EXPRESS 2019, où plus de vingt pays renforcent leurs capacités de sécurité maritime et intensifient leur coopération dans le golfe de Guinée.
Cette visite fut l’occasion d’organiser une réception à bord du Navire canadien de Sa Majesté (NCSM) Kingston autour des rôles et des points de vue des femmes en matière de paix et de sécurité.
Cinquante invités issus d’organismes non gouvernementaux, de la société civile et du gouvernement ivoirien ont été accueillis à bord par :
- l’ambassadrice canadienne Julie Shouldice,
- le capitaine de corvette Jeremy Samson, et
- l’attaché de défense du Canada, la colonel Mireille Gignac.
Dans le cadre d’un effort visant à susciter une mobilisation plus large, chaque invité avait emmené une mentorée pour :
- développer la prochaine génération de militantes pour la paix,
- favoriser son perfectionnement professionnel, et
- mettre en évidence la nécessité d’adopter une approche sexospécifique dans les efforts de promotion de la paix et de la sécurité.
Dans son allocution, l’ambassadrice Julie Shouldice a insisté sur l’importance du féminisme et de la lutte pour l’égalité des genres. Elle a appelé les invités à passer aux actes et à faire en sorte que leurs organisations mettent en œuvre le programme pour les femmes, la paix et la sécurité.
« Une paix durable n’est possible que si les femmes et les filles participent pleinement aux processus de prévention et de résolution des conflits et aux autres initiatives de paix et de sécurité. »
Les invités ont été inspirés en apprenant le lancement d’un second plan d’action national et l’engagement du Canada à l’égard des femmes, de la paix et de la sécurité en Côte d’Ivoire.
« Je suis ravie d’apprendre que le Canada va aider la Côte d’Ivoire à élaborer son second plan d’action pour la mise en œuvre de la Résolution 1325. Il s’agira d’un véritable saut qualitatif », se réjouit Euphrasie Kouassi Yao, ancienne ministre de la Femme et conseillère spéciale du président de la République chargée du genre. Mme Yao a contribué à élaborer le premier plan d’action national de mise en œuvre de la Côte d’Ivoire lorsqu’elle était directrice de l’Égalité et de la promotion du genre au ministère de la Femme.
Les femmes sont la clé d’une paix durable
À l’approche du vingtième anniversaire de la Résolution 1325, le Canada est toujours déterminé à mettre en œuvre le programme pour les femmes, la paix et la sécurité.
L’Ambassade du Canada en Côte d’Ivoire continue à nouer des partenariats et à soutenir les projets :
- qui servent à bâtir la cohésion sociale,
- promeuvent l’égalité des genres, et
- réaffirment le rôle central des femmes dans les opérations de paix et de sécurité.
Sans femmes à la table décisionnelle, aucune paix durable ne peut être envisagée.
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