Composter pour l’égalité : les femmes rejoignent la main-d’œuvre en Jordanie
Les femmes réfugiées et à faible revenu gagnent en confiance et en indépendance financière en travaillant dans une usine d’emballage de compost.
Des rires et des bavardages remplissent la salle alors que 16 femmes syriennes, jordaniennes et iraqiennes déjeunent ensemble chaque matin dans le village de Khaldieh dans le nord de la Jordanie.
Ce sont les premières femmes de leurs communautés à travailler à l’extérieur de leur foyer.
En utilisant de l’équipement de pointe, ces femmes emballent deux tonnes de composts chaque jour dans une usine d’emballage entièrement gérée et exploitée par des femmes locales.
L’usine est axée sur le leadership et l’indépendance financière des femmes, et contribue à répondre à la demande en matière de services de gestion des déchets solides municipaux découlant de l’afflux de réfugiés dans la région. Elle fait également la promotion de l’inclusion et de l’acceptation entre les réfugiés et les communautés d’accueil.
La construction et l’exploitation de cette usine de compostage au site d’enfouissement d’Al-Hussaineyyat découlent d’un partenariat continu entre le Canada, le Programme des Nations Unies pour le développement, le ministère des affaires municipales de la Jordanie et Future Pioneers for Empowering Communities, un organisme à but non lucratif.
Confronter les normes sociales
Au début, plusieurs femmes hésitaient à participer.
Ce n’était pas facile d’attirer les femmes pour qu’elles viennent travailler avec nous à l’usine. Leur famille n’approuvait pas leur travail et certaines femmes n’étaient pas autorisées à nous rejoindre. Mais maintenant, quand les femmes et leurs familles voient les avantages financiers, nous avons plus de demandes de femmes qui souhaitent travailler pour nous et nous avons mis en place une liste d’attente.
Pour promouvoir la participation des femmes, l’usine d’emballage est entièrement gérée par des femmes et est accueillie par la « Khaldieh Society for Family and Childhood Care », qui offre des services de garde pour les jeunes enfants.
Pour respecter leurs autres responsabilités, les femmes ont des horaires de travail flexibles en fonction de leur performance, et non de leurs nombres d’heures. Lorsqu’une travailleuse atteint ses cibles quotidiennes, elle peut quitter le travail. Les femmes peuvent gérer leur propre temps et atteindre leurs cibles quotidiennes efficacement.
Dans certains cas, les femmes sont le soutien financier principal de leur famille.
Gagner en indépendance et en sécurité financière
En tant que mère syrienne de neuf enfants qui prend aussi soin de son mari malade, Suad savait que travailler à l’usine de compost lui permettrait de gagner le revenu nécessaire pour sa famille.
La famille de Suad et ses amis l’ont découragée à prendre des tâches supplémentaires en dehors de sa famille. Malgré la pression sociale, Suad était déterminée à améliorer la situation de sa famille, donc elle s’est inscrite.
Les heures de travail flexibles lui ont laissé du temps pour gérer les responsabilités de la famille et après avoir gagné sa première paie, elle a pu payer son loyer, qui avait trois mois de retard.
Le mari de Samira, une mère jordanienne, était d’abord réticent. Mais après une période d’essai, il l’encourage maintenant à travailler, pas seulement pour le revenu, mais parce qu’il voit comment cela la rend heureuse et confiante.
Mes enfants me voient différemment maintenant. J’achète des choses et ils réalisent que mon travail bénéficie à tout le monde.
Plusieurs femmes affirment que leurs relations avec leur mari et leurs enfants se sont améliorées. Non seulement leur revenu a atténué leur difficulté financière, mais en prenant un rôle plus visible dans leur famille, les femmes sont plus respectées.
Bâtir des amitiés en déjeunant
Um Ward, superviseure de l’usine, s’engage à aider les femmes à atteindre leur plein potentiel et à prendre leur place dans leur famille et leur communauté. Elle a lancé des activités de consolidation d’équipe, comme les déjeuners en groupe, pour favoriser les amitiés et le soutien entre les femmes. Les femmes peuvent également participer à des excursions ou des dîners en groupes pour un petit coût.
Il est très important que les femmes se rassemblent pour déjeuner tous les jours pour parler, rire et se soutenir. Nous devons être là les unes pour les autres autant que nous devons être payées. Le [déjeuner] est un temps que nous nous accordons.
Des femmes de divers milieux s’aident à l’extérieur du travail par le biais des médias sociaux et de connexions.
Puisque des femmes jordaniennes, syriennes et iraqiennes mangent et travaillent côte à côte, la compréhension et l’acceptation entre les réfugiés et les communautés d’accueil augmentent.
Le travail a renforcé ma personnalité et mon autonomie. Je me sens plus responsable envers ma famille. Ça a aussi amélioré mes relations sociales et ma conscience de mon environnement et de mes collègues au travail. Je discute également davantage avec des personnes qui ne sont pas jordaniennes.
Avec le soutien d’autres femmes dans l’usine, les femmes se sentent plus confiantes et plus engagées vis-à-vis de leurs diverses communautés.
Investir pour les femmes n’est pas seulement la bonne chose à faire, mais une chose brillante à faire
Entre 2015 et 2019, le Canada a investi près de 20 millions de dollars dans l’amélioration de la gestion et du traitement des déchets solides dans les communautés comme Khaldieh, tout en priorisant la participation, la prise de décisions et le leadership des femmes, et ce à toutes les échelles.
Les femmes et les filles sont au cœur de la Politique d’aide internationale féministe du Canada.
Lorsque nous investissons dans les femmes, cela favorise une croissance économique durable à long terme, une meilleure égalité des sexes et des communautés plus saines. Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles est la façon la plus efficace d’éradiquer la pauvreté et de bâtir un monde plus pacifique, plus inclusif et plus prospère.
Dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, le Canada continuera de parler pour les plus pauvres et les plus vulnérables, surtout les femmes et les filles, alors que nous travaillons pour créer un monde plus juste pour tous.
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