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Bâtir une industrie nationale du manuel scolaire et du livre

Des manuels dénués de stéréotypes sexistes permettront aux filles de croire dans leur plein potentiel de développement.

Contexte du projet

Le tournant des années 2000 a vu apparaître des changements majeurs dans les mécanismes d’approvisionnement en manuels scolaires de plusieurs pays africains dont le Mali. Au cours des décennies précédentes, le monopole exercé par l’État sur la production des manuels scolaires a freiné le développement d’une industrie nationale du livre. De nombreuses études ont démontré que l’absence d’un marché libre de production de manuels scolaires, la réimpression répétée des manuels par des fournisseurs étrangers, et leur distribution chaotique à travers les structures des ministères de l’Éducation ont maintenu l’édition africaine dans un état de sous-développement. Au Mali, malgré des décennies de financement extérieur pour l’approvisionnement en manuels scolaires, peu de retombées développementales locales étaient enregistrées en termes de capacités locales et de développement économique.

Ces constats ont amené le gouvernement du Mali à provoquer un changement majeur dans les mécanismes d’approvisionnement en manuels scolaires en élaborant à partir de 2001 une Politique nationale du manuel scolaire et du matériel didactique, qui trace les grandes lignes de cette réforme. Globalement, le Gouvernement du Mali, à travers cette politique, s’engage, d’une part, à mettre à la disposition des élèves et des enseignants des manuels scolaires et des matériels didactiques de qualité, en quantité suffisante, respectueux des curricula en vigueur et, d’autre part, à créer un environnement favorable au développement  d’une industrie privée à même de répondre aux besoins de rédaction, d’édition, d’impression et de distribution de manuels scolaires et de matériels didactiques destinés aux écoles.

Par ces deux engagements, l’État malien décidait d’amorcer un partenariat d’importance avec le secteur privé du livre du Mali afin de confier aux professionnels du livre regroupés autour de l’éditeur la rédaction, la production et la distribution des manuels scolaires destinés aux écoles maliennes.

Pour les deux parties, l’engagement était important et le défi majeur. En effet, la production d’un manuel scolaire est fort différente de celle d’un livre de lecture, notamment parce que le manuel scolaire doit répondre à des prescriptions strictes en termes de respect des programmes d’enseignement et des approches pédagogiques. Comme l’édition de manuels scolaires est complexe et ne s’improvise pas, il devenait absolument nécessaire de renforcer les capacités des professionnels du livre : auteurs, éditeurs, concepteurs graphiques, illustrateurs, réviseurs, etc., afin qu’ils soient en mesure de produire des manuels scolaires aptes à répondre aux besoins du système éducatif et à fournir aux élèves et enseignants maliens des outils d’apprentissage de qualité. Pour le ministère de l’Éducation nationale (MEN), le défi consistait à changer ses pratiques afin de reposer désormais sur des partenaires extérieurs pour opérationnaliser une chaîne de production et de distribution de manuels scolaires.

Implication canadienne

1998–2003

Déjà en 1998, dans le cadre de son appui au Programme de développement de l’éducation au Mali (PRODEC), la coopération canadienne inscrivait une petite initiative qui visait à réécrire et à rééditer trois manuels de la Collection « Djoliba », destinés à l’enseignement du français en 3e, 4e et 5e années. Cette réédition constituait surtout une occasion d’accompagner les auteurs (M. Mamadou Sissouma, M. Cheick Kanté, M. Karim Sangaré) dans la réécriture des manuels et de renforcer les capacités des auteurs, illustrateurs et éditeurs privés maliens (à travers Ba Maïra Sow, actuellement directrice des Éditions Asselar, et Aly Thiam, actuellement illustrateur aux Éditions Donniya). Malgré l’envergure très limitée de l’initiative, celle-ci a néanmoins répondu à un besoin réel. Notamment, les Maliens ont grandement apprécié la culture d’accompagnement privilégiée par Beauchemin International, un éditeur canadien œuvrant à titre d’agence d’accompagnement. Au terme du projet, le ministère de l’Éducation nationale exprimait à la coopération canadienne son souhait de mener plus loin cet appui au renforcement des capacités des éditeurs privés, besoin largement justifié dans le contexte de la nouvelle Politique du manuel scolaire et du matériel didactique. Un long partenariat entre le Canada et le Mali dans le secteur du manuel scolaire venait de commencer.

2005–2008

À la lumière des leçons du « projet Djoliba », le Canada lançait un nouveau Projet d’appui au renforcement des capacités en gestion du manuel scolaire au Mali. Celui-ci s’est échelonné de 2005 à 2008. Le mandat d’accompagnement était accordé au consortium formé de Beauchemin International et CRC Sogema. Doté d’un budget de 1,5 million de dollars canadiens, le projet comprenait trois volets de renforcement des capacités destinés spécifiquement aux éditeurs privés : (1) la rédaction de manuels scolaires, à l’intention des auteurs de manuels scolaires; (2) l’encadrement d’auteurs, la gestion d’un projet d’édition, l’édition et la conception graphique, à l’intention des éditeurs; et (3) l’interprétation des cahiers des charges pédagogiques et techniques et la préparation de soumissions pour des projets de production de manuels scolaires.

Deux principaux constats sont ressortis de ce deuxième appui au secteur privé du livre. D’abord, la période de trois ans s’avérait trop courte pour compléter une démarche de renforcement de capacités dans un secteur aussi complexe que celui de la rédaction et la production de manuels scolaires.

Ensuite, compte tenu du rôle central dévolu à l’industrie privée du livre dans la mise en œuvre de la nouvelle Politique du manuel scolaire et du matériel didactique, il s’avérait essentiel que cette industrie renforce ses propres structures afin de jouer son rôle dans la promotion et la défense de la profession. Il était également important que l’Organisation malienne des éditeurs de livres (OMEL) renforce ses assises et regroupe les membres de l’industrie autour de stratégies collectives de développement du secteur.

2011–2018

C’est dans ce contexte qu’est né le troisième projet d’appui au secteur de l’édition du Mali, à travers le Projet d’appui à la gestion de l’édition (PAGE) dont la mise en œuvre a été confiée au consortium canadien Agriteam/CODE. D’une valeur de 4,3 millions de dollars canadiens, le PAGE a débuté à la fin de 2011, mais a aussitôt  été suspendu au moment du coup d’État de mars 2012, pour reprendre ses activités en 2014. Le projet est toujours en cours (2018). Le PAGE vise spécifiquement le renforcement des capacités du secteur du manuel scolaire au Mali, à travers deux composantes : d’abord, un renforcement des capacités de l’OMEL, notamment dans ses activités de plaidoyer et de défense de la profession, de même que dans l’offre de services aux membres et son autofinancement; ensuite, un appui au renforcement des capacités des professionnels, auteurs, éditeurs, concepteurs graphiques, etc. du secteur du manuel scolaire et du livre.

Les initiatives canadiennes d’appui au secteur du livre se démarquent par leur aspect innovateur dans le contexte de l’appui au développement international. En effet, rares sont les projets de développement du secteur public de l’éducation qui visent le développement du secteur privé. Rares sont les gouvernements des pays en développement qui, comme celui du Mali, reconnaissent suffisamment l’importance de se doter de partenaires éditeurs forts et acceptent d’investir dans le renforcement du secteur privé. C’est là une preuve de la capacité des partenaires à s’inscrire dans une vision à long terme de l’approvisionnement en manuels

Résultats obtenus

Il est encore tôt pour dresser un bilan des retombées du PAGE qui représente le plus important des trois projets de renforcement des capacités du secteur de l’édition de manuels scolaires. Toutefois, il demeure qu’au fil des ans, des réalisations importantes ont pu être constatées auprès de chacune des catégories de bénéficiaires de l’appui. Au fil des ans, on a pu assister à la création d’une industrie du livre au Mali.

Formation des professionnels du livre

De nombreux professionnels maliens du livre ont eu l’occasion de recevoir des formations directement associées aux champs d’activités qui les concernent, et un accompagnement dans l’application de leurs compétences dans le cadre de projets concrets. Déjà avec le projet Djoliba, trois auteurs, agents du ministère de l’Éducation, avaient été accompagnés dans la réécriture des trois manuels de la collection. Le projet a également formé et accompagné trois illustrateurs-graphistes de maisons d’édition privées maliennes (EDIM, Jamana, Donniya), qui ont eu l’occasion d’appliquer leurs connaissances dans la réédition des trois manuels.

Les deux autres projets (2005 à 2008 et 2012 à aujourd’hui) se sont concentrés sur le renforcement de capacités d’équipes de production de manuels scolaires œuvrant au sein de maisons d’édition privées. Ces équipes éditoriales étaient principalement formées d’auteurs encadrés par un éditeur (ou directeur éditorial). En tout, environ une dizaine d’équipes, regroupant environ 40 participants (dont un tiers de femmes), ont été formées et accompagnées dans la rédaction et la production d’un manuel scolaire.

Photo des auteurs et éditeurs regroupés pour une séance de formation.

L’appui offert prend la forme d’un suivi sur chacune des étapes de l’élaboration d’un manuel, de la conception du plan du manuel en fonction du programme d’enseignement, à la rédaction d’une leçon modèle et à l’élaboration du manuel, ce qui implique la commande d’illustrations et d’éléments visuels, la production de maquettes, etc. Les auteurs et éditeurs sont également accompagnés dans l’évaluation de leur propre manuel, notamment dans l’autoévaluation du traitement des valeurs transversales touchant l’égalité entre les filles et les garçons, le traitement des valeurs culturelles, etc. Parallèlement, les éditeurs sont formés sur leur rôle dans la production d’un manuel, soit l’encadrement des équipes d’auteurs. Ils doivent faire le lien entre les auteurs, les illustrateurs, les graphistes et les réviseurs, et s’assurer de la complémentarité et de la qualité du travail de chacun. Ils sont enfin accompagnés par les experts canadiens en édition, afin de bien comprendre leur rôle et de s’affirmer en tant que responsables du produit final.

La formation des professionnels du manuel scolaire ne pourrait se limiter aux équipes associées à la production d’un manuel spécifique. Certains professionnels sont impliqués dans le manuel scolaire sans pour autant avoir un manuel en production; de même, au Mali, de petites maisons d’édition en sont encore au stade d’apprentissage et de développement d’une relève. C’est pourquoi le PAGE a offert des formations à l’ensemble des intervenants du secteur, notamment sur les thèmes des étapes de production et de la répartition des rôles dans la production d’un manuel scolaire, la planification du processus de rédaction et d’édition, la prise en compte des aspects pédagogiques liés à l’approche par les compétences, l’intégration des valeurs transversales dont l’égalité entre les femmes et les hommes et la sauvegarde de l’environnement, la gestion axée sur les résultats, etc.Ces formations peuvent constituer une porte d’entrée dans la profession pour de futurs auteurs, éditeurs, graphistes, illustrateurs, etc.

Toutes les formations sont encadrées par une équipe compétente d’experts canadiens spécialistes de la rédaction des manuels scolaires, de la gestion de projets d’édition et de la conception graphique des manuels, travaillant en parfaite synergie ou complémentarité, sous la coordination technique d’un chef de projet. Cette équipe poursuit un programme d’accompagnement final d’équipes projets provenant des maisons d’édition scolaire maliennes (Asselar, EDIS, Jamana et Manding) ayant démontré de solides engagements pour mener à terme des projets de nouveaux manuels.

Renforcement du secteur privé du livre

En 2008, au terme du Projet d’appui au renforcement des capacités en gestion du manuel scolaire au Mali, on constatait la nécessité que les éditeurs maliens de manuels scolaires et de livres se dotent d’une structure organisationnelle qui leur permettrait de regrouper leurs voix pour défendre la profession, de voir aux intérêts des membres et de mettre en place des initiatives collectives au profit de l’industrie. Il existait une association, l’Organisation malienne des éditeurs de livres (OMEL), mais celle-ci était peu active et sa capacité de représenter tous les éditeurs était remise en question. Ainsi, dans la planification du PAGE, la coopération canadienne a considéré qu’une des conditions critiques du développement de l’industrie du manuel scolaire au Mali résidait dans l’existence d’une association professionnelle forte, dynamique, représentant l’ensemble des éditeurs maliens.

Par conséquent, le PAGE prévoit un important volet d’appui au renforcement des capacités de l’OMEL en tant qu’association professionnelle. Déjà au début du projet, les experts canadiens ont appuyé l’OMEL dans la tenue d’une assemblée générale annuelle de ses membres, actuels et potentiels, et d’une élection permettant de renouveler son bureau exécutif. Cette assemblée générale était l’occasion d’adopter les nouveaux Statuts et Règlements de l’OMEL, revus avec l’appui de l’expertise canadienne.

Par la suite, le PAGE accompagnait le bureau exécutif de l’OMEL dans l’élaboration d’un plan stratégique de développement de l’organisation et d’un plan d’affaires qui identifie les activités génératrices de revenus de l’OMEL.

Progressivement, grâce à l’appui des experts canadiens, l’OMEL améliore sa représentativité et entreprend des actions pour promouvoir et défendre la profession d’éditeur. Ainsi, alors qu’à l’assemblée générale de 2014, l’OMEL ne comptait que 15 membres dont un seul avait payé sa cotisation, elle compte aujourd’hui 19 membres qui remplissent leurs engagements liés aux frais d’inscription et d’abonnement. L’OMEL peut dorénavant parler au nom de la profession avec une légitimité confirmée.

Par ailleurs, de nombreuses initiatives ont permis ou permettent de mieux faire connaître les éditeurs maliens et de défendre les droits de l’industrie. À cet effet, avec l’appui du PAGE, l’OMEL produisait une Charte des éditeurs professionnels et un code d’éthique qui ont été adoptés par ses membres, qui précisent les rôles et responsabilités effectifs de  tous les acteurs de la chaîne du livre et, en particulier, qui balisent l’exercice de la profession d’éditeur. La Charte des éditeurs professionnels a été présentée aux plus hautes autorités et servira à susciter une reconnaissance officielle du métier d’éditeur au Mali.

Avec l’accompagnement technique et financier du PAGE, l’OMEL organisait une série d’activités autour des Journées du livre malien qui ont eu lieu du 21 et 22 avril 2017, en marge de la Journée internationale du livre et du droit d’auteur, activités qui seront répétées dans les années à venir. Aucune activité du genre, réunissant les éditeurs, les lecteurs et les représentants des ministères de l’Éducation et de la Culture, n’avait été organisée depuis plusieurs années. En s’inscrivant comme instigatrice de l’événement, l’OMEL s’affirmait comme leader incontournable du secteur du livre au Mali.

Par ailleurs, grâce au soutien technique et financier de la coopération canadienne, l’OMEL s’est dotée progressivement d’outils qui serviront à mieux faire connaître le secteur, soit une étude sur le secteur du livre au Mali qui analyse les enjeux du secteur, et un répertoire des intervenants du secteur du livre et des éditeurs de manuels scolaires. Enfin, un catalogue collectif présentant les productions majeures des éditeurs scolaires et de livres de jeunesse maliens a été élaboré et diffusé. Il est diffusé auprès d’un nombre important de clients potentiels, qu’ils soient institutionnels (notamment les écoles) ou individuels.

Dans le but de faire profiter l’OMEL des réalités et avantages d’une autre industrie de l’édition et, surtout, de lui permettre de nouer des partenariats stratégiques avec des institutions professionnelles à buts similaires ou voisins, le projet a facilité l’organisation d’un voyage d’études au Québec. Cinq membres du Bureau exécutif de l’OMEL ont rencontré de nombreux intervenants de l’industrie du livre au Québec et au Canada francophone : des représentants de l’Association nationale des éditeurs de livres, du Regroupement des éditeurs franco-canadiens, de l’Association des libraires du Québec, de l’Association des diffuseurs exclusifs de langue française, de maisons d’édition (Éditions Marie-France, Groupe Transcontinental), des représentants des ministères de l’Éducation et de la Culture du Québec, etc. Aux dires des participants, les échanges ont été très riches et les retombées serviront à améliorer les programmes et plans d’action futurs de l’OMEL.

Amélioration de la qualité des manuels

Plusieurs experts affirment que la qualité pédagogique et technique des manuels scolaires s’est grandement améliorée depuis que ceux-ci sont produits par les éditeurs privés. Ce constat à lui seul justifie la pertinence de l’appui canadien au renforcement des capacités des auteurs et éditeurs maliens.

Grâce aux formations à l’intention des auteurs et éditeurs et à l’accompagnement offert dans l’élaboration de manuels scolaires, ces derniers sont maintenant davantage porteurs de valeurs d’égalité et d’équité entre filles et garçons, promoteurs de mesures visant la protection de l’environnement : des manuels dans lesquels l’élève malien se retrouvera et dans lesquels sa culture sera valorisée. À cet effet, une étude de cas effectuée en 2014 relevait que « les manuels scolaires reflètent la culture du pays et sont en cohérence avec le programme scolaire. Étant dépouillés de stéréotypes sexistes, ils contribuent à modifier les perceptions des rôles féminins et masculins dans la société malienne. »

Enfin, l’implantation de l’approche par les compétences préconisée par le système éducatif malien ne sera effective que lorsque les enseignants disposeront de manuels scolaires qui exploitent et démystifient cette approche. Grâce aux compétences acquises par les auteurs, les manuels peuvent dorénavant s’inscrire adéquatement dans cette mouvance et outiller les enseignants et enseignantes pour implanter l’approche par compétences avec succès.

Défis rencontrés

Les défis rencontrés dans les projets d’appui au secteur privé du manuel scolaire au Mali sont multiples.

Le premier défi important concerne incontestablement la question de la stabilisation et de l’implantation des nouveaux curricula dans le pays, qui permettraient de résoudre la dualité de la présence simultanée de programmes anciens et nouveaux dans les écoles.

À ce facteur se greffe le développement d’une relève, particulièrement chez les auteurs de manuels scolaires. En effet, la plupart des auteurs recrutés par les éditeurs sont retraités ou des agents du ministère de l’Éducation nationale se dirigeant vers la retraite. L’enseignant à la retraite n’est pas toujours le mieux désigné pour renouveler les pratiques d’enseignement : il est attaché aux méthodes classiques qu’il maîtrise, et surtout, il s’est éloigné des enfants, dont les goûts, les loisirs et les intérêts changent très rapidement. Plusieurs jeunes Maliens et Maliennes disposent d’un accès à Internet et s’intéressent à ce qui est moderne, branché, du moins dans leur groupe de pairs.

Un des défis pour l’auteur de manuels scolaires est de très bien connaître ce qui se passe dans l’esprit des jeunes, et de leur proposer des contenus en adéquation avec leurs intérêts.
Les retraités peuvent demeurer actifs et fournir un apport intéressant; toutefois, à moyen terme, il est important pour les éditeurs de développer les capacités d’auteurs qui pourront grandir avec la maison d’édition et devenir des mentors pédagogiques dans leur champ d’expertise. Le développement d’une relève jeune et dynamique s’impose aux éditeurs qui veulent proposer des manuels qui renouvellent les façons d’enseigner et d’intéresser les jeunes élèves.

Le troisième défi qui mérite d’être retenu, c’est la nécessité pour l’industrie du manuel scolaire de se doter d’un mécanisme de formation continue. L’industrie privée du manuel scolaire est toute jeune malgré l’expérience généraliste de certaines maisons d’édition. Au Mali, on ne dispose d’aucun auteur dont l’expérience en rédaction de manuels scolaires selon l’approche par les compétences est telle qu’il puisse s’inscrire comme modèle pour les autres auteurs et leur offrir des formations spécialisées. De même, il existe peu ou pas d’éditeurs qui ont suffisamment d’expérience dans leur rôle d’encadrement d’auteurs et de gestion d’équipes de production pour pouvoir à leur tour former leurs collègues de l’édition. Par conséquent, au terme du projet PAGE, l’OMEL aura comme défi de maintenir un programme de formation des professionnels du manuel scolaire. À moyen terme, il est primordial de mettre l’accent sur l’élaboration d’un mécanisme adéquat pour pérenniser les acquis.

Dimension égalité des genres

Les formations et l’accompagnement autour de la rédaction de manuels scolaires accordent une place importante aux questions d’égalité entre les femmes et les hommes. Des formations spécifiques sur la question ont été offertes et l’égalité entre les femmes et les hommes figure dans les critères de suivi de l’élaboration des manuels et du travail d’édition. Il en est de même pour les questions de représentation des réalités culturelles et environnementales maliennes. Des manuels dénués de stéréotypes sexistes permettront aux filles de croire dans leur plein potentiel de développement. Sur ce point, il n’est pas inutile de rappeler qu’un des tous premiers appuis du Canada dans le secteur des manuels scolaires en 1998 était consacré à la réécriture et la réédition des manuels de français de la « Collection Djoliba », notamment en les expurgeant des stéréotypes sexistes.

De plus, les projets d’appui au renforcement des capacités des professionnels du livre au Mali ont contribué à faire entrer progressivement les femmes dans le secteur. Rappelons que dans le projet Djoliba, une seule femme (Mme Ba Maïra Sow) figurait parmi les auteurs, illustrateurs et  éditeurs formés. À l’atelier de relance des formations du PAGE en 2017, on comptait 9 femmes sur un total de 27 participants (33 %), ce qui constitue un changement important en termes d’implication progressive des femmes dans la profession. Une des quatre équipes appuyées plus intensément dans le cadre du projet est formée de trois femmes, sous la coordination de l’éditeur d’EDIS, tandis que l’une des maisons d’édition (Asselar) est dirigée par une femme et compte une majorité de femmes auteures dans son équipe.

Dans la catégorie des éditeurs, trois femmes ont participé aux formations générales à titre d’éditrices. Parmi elles, une jeune éditrice, Mme Mariame N’Diaye des Éditions AKAMA, a sollicité et reçu un accompagnement de proximité des experts canadiens sur des questions spécifiques à la gestion de la maison d'édition dont elle a la charge. L’intérêt démontré par cette jeune éditrice pour la profession laisse croire qu’une relève est en cours de préparation dans ce corps professionnel.

Leçons apprises

Parmi les leçons à retenir de cet accompagnement à l’industrie du manuel scolaire et du livre malien, on note principalement que :

C’est pourquoi il est clairement apparu que le renforcement des capacités ne constituait qu’un aspect du renforcement du secteur du livre et que le renforcement institutionnel d’une association professionnelle s’avérait également essentiel compte tenu de son rôle rassembleur autour de stratégies et de projets communs.

Sans ce passage de la théorie à la pratique, il s’avère difficile d’acquérir les compétences pratiques nécessaires et de susciter une réelle appropriation des fonctions liées à l’élaboration des manuels scolaires. Il est réconfortant de constater que les approches et mécanismes de formation et accompagnement mis en place par l’équipe du PAGE s’insèrent parfaitement dans cette dynamique.

Sources d’information

Nous tenons sincèrement à remercier les personnes suivantes pour leur contribution à la production de la présente histoire :

La série « Histoires d’impact » de la coopération canadienne au Mali a été produite sous la coordination du Projet de services d’appui sur le terrain (PSAT) et grâce à la collaboration de tous les intervenants susmentionnés.

Rue Sotuba/ACI, rond-point de l’ancienne chaussée
Bamako, Mali
Tél. : +223 44 90 44 45
Email: info@psat-mali.org
Nota : Le PSAT est soutenu financièrement par le gouvernement du Canada.


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