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Des manuels scolaires pour les élèves maliens

Le Canada a répondu favorablement à la requête du Mali et a accepté de l’appuyer dans le développement d’une politique du manuel scolaire

Contexte du projet

Le manuel scolaire est le meilleur ami de l'élève. Il lui donne l'occasion de lire pour le simple plaisir ou d'en apprendre davantage sur le monde. Il est une porte ouverte sur la connaissance de soi et des autres. Malheureusement, dans plusieurs pays africains, dont le Mali, le manuel scolaire est trop souvent un luxe que peu d'élèves peuvent se permettre. Et pourtant, il a été maintes fois démontré que le manuel scolaire constitue l'intrant qui a le plus d'impact sur la qualité de l'éducation et sur les résultats scolaires.

L'approvisionnement en manuels scolaires figure parmi les activités les plus complexes du secteur de l'éducation. En effet, il s'agit du seul champ d'activité qui relève d'une concurrence internationale souvent très féroce entre les entreprises, une activité récurrente impliquant des appels d'offres internationaux et un suivi rigoureux de gestion de marchés. On a souvent l'impression que le cycle de renouvellement des manuels est constamment à recommencer et que les difficultés sont les mêmes d'un marché à l'autre. Plusieurs marchés ne peuvent être menés à terme à cause de la lenteur des procédures.

Ce constat d'échec est encore plus important pour les maisons d'édition locales. Selon les estimations de l'AfricanPublishers Network, dans le cadre des acquisitions de manuels scolaires financées par la Banque mondiale, pour chaque livre acheté aux maisons d'édition locales, cinquante le sont à des maisons étrangères. Compte tenu du monopole des États dans l'élaboration des manuels scolaires, leur production consistait jusqu'à récemment en une suite de réimpressions effectuées à l'étranger, ne suscitant aucune retombée locale en termes de développement de capacités et d'essor économique et aucun résultat durable.

Jusqu'à récemment le Mali n'était pas en mesure de se soustraire à ces mécanismes de fourniture de manuels et de se mettre à l'abri des difficultés qui en découlent. Jusqu'au début des années 2000, le ministère de l'Éducation nationale (MEN) était chargé de rédiger les manuels scolaires et de les faire imprimer à l'extérieur par appels d'offres internationaux. Les ouvrages étaient livrés dans les magasins centraux du MEN, qui devait trouver les moyens de les acheminer jusqu'aux écoles. On observait une lenteur dans la production et la distribution des manuels. De plus, 40 % des manuels disparaissaient en cours de livraison pour se retrouver sur les marchés parallèles. Il en résultait des déficiences chroniques dans l'accès aux manuels scolaires dans les écoles. Les ratios manuels scolaires par élève étaient alarmants : ils se situaient à 0,4 manuel par élève du niveau élémentaire en 2001, toutes matières confondues. C'est donc dire que pour les disciplines de base que sont le français et les mathématiques (ratio visé deux manuels par élève), on disposait d'à peine un manuel pour cinq élèves.

Un constat très clair ressortait du bilan conjoint mené par le ministère de l'Éducation nationale et les partenaires du secteur de l'éducation de 2003 : « l'absence de l'adoption et de l'application d'une politique officielle en matière de manuels scolaires provoque de sérieuses insuffisances, qui se traduisent par une inadéquation entre les dotations effectuées et les besoins réels du terrain, la défaillance du réseau de distribution des manuels, une disparité dans les dotations au niveau des régions et l'absence d'une politique de gestion participative au niveau des académies d'enseignement et des centres d'animation pédagogique ».

Devant ce sombre constat, le gouvernement du Mali a exprimé la volonté de changement en profondeur des conditions d'approvisionnement en manuels scolaires, notamment en facilitant la contribution du secteur malien du livre au développement de solutions durables au niveau national. De cette volonté est née la définition d'une politique fédératrice du manuel scolaire qui baliserait les activités d'approvisionnement en manuels et autour de laquelle tous les partenaires prendraient les moyens nécessaires pour alimenter les classes en manuels de qualité, en quantité suffisante et à temps.

Pour concrétiser cette vision à long terme, le gouvernement du Mali a fait appel à la coopération canadienne pour l'accompagner dans ce chantier d'envergure.

Implication canadienne

Le Canada a répondu favorablement à la requête du Mali et a accepté de l'appuyer dans le développement d'une politique du manuel scolaire et dans la mise en œuvre des mesures requises pour assurer le succès de la nouvelle politique.

Appui à l'élaboration de la Politique

Dès 2001, le Canada a accompagné le Mali dans l'animation d'une concertation sectorielle autour du manuel scolaire et dans l'élaboration d'un projet de Politique du manuel scolaire et du matériel didactique, qui présente une vision à long terme de l'amélioration de l'approvisionnement. La politique confirme notamment l'importance stratégique du secteur du livre malien, avec l'éditeur comme pivot et partenaire incontournable du secteur de l'éducation : elle confirme le rôle des éditeurs privés comme fournisseurs de manuels pour le système éducatif et comme partenaires de premier ordre.

La Politique du manuel scolaire et du matériel didactique du Mali, adoptée en 2004, a figuré parmi les premières politiques du genre en Afrique francophone.

Appui à l'amélioration des mécanismes d'approvisionnement


Politique du manuel scolaire et du matériel didactique du Mali, adoptée en 2004.

Dès 2001, au moment de la rédaction de la Politique du manuel scolaire et du matériel didactique, le MEN a voulu amorcer une réforme de l’approvisionnement en manuels à travers l’instauration de concessions basées sur un partenariat public, privé avec des éditeurs maliens. Le Canada a appuyé la mise au point d’un mécanisme qui permettrait de concéder le copyright des manuels scolaires, détenu par le ministère, au profit des éditeurs privés maliens.

En quoi consistent ces concessions? Avant les années 2000, le MEN était responsable de la rédaction des manuels scolaires. À ce titre, il disposait de 28 manuels en usage dans les écoles maliennes, dont il détenait les droits d’auteur et le copyright. Compte tenu des multiples difficultés auxquelles il était continuellement confronté dans la reproduction des manuels scolaires et l’approvisionnement des écoles, il a décidé de céder à des éditeurs privés maliens le copyright de ces 28 manuels, soit le droit et surtout la responsabilité de les reproduire et d’approvisionner les écoles sur une base continue.

Ainsi, dans un souci de transparence et d'équité, le MEN lançait un appel d'offres en 2001, au terme duquel des concessions de manuels scolaires ont été attribuées à quatre éditeurs maliens (Graphique Industrie, EDIM, Donniya et Jamana), pour une période de trois ans renouvelable deux fois. Condition tout à fait nouvelle émanant du modèle de concession : les éditeurs ont la responsabilité d'acheminer les manuels jusqu'aux écoles, grâce à un réseau de transport et de distribution qu'ils auront le soin d'organiser.

Toutefois, l'établissement du nouveau mécanisme d'approvisionnement en manuels scolaires ne réglait pas tous les problèmes. Il était aussi nécessaire que le ministère de l'Éducation nationale améliore la planification des passations de marchés et le suivi des opérations. À cet effet, tout particulièrement dans le contexte des marchés de 2008, le Canada, par l'intermédiaire de son conseiller technique en manuels scolaires, Marcel Ouellette, a largement appuyé le Mali dans l'amélioration des modalités et des outils de gestion des marchés d'approvisionnement. Cet accompagnement a porté sur la mise en place d'une série de mesures destinées à améliorer les mécanismes d'approvisionnement en manuels, de l'évaluation des besoins aux paiements finaux des marchés. Plusieurs outils ont été créés en fonction des mandats et obligations de chacune des parties, notamment des grilles d'évaluation des besoins en manuels à partir des annuaires statistiques, des manuels de procédures, un bordereau de livraison, etc.

Complété par un appui aux approvisionnements

Un accès adéquat à des manuels scolaires repose sur deux préalables essentiels et indissociables : (1) disposer de manuels et (2) se doter des moyens pour les amener jusqu'à l'école. C'est dans cette double optique (amélioration de l'accès aux manuels et amélioration des mécanismes d'approvisionnement) que le Canada a contribué pendant une décennie à l'approvisionnement en manuels scolaires à l'intention des élèves maliens, contribuant ainsi à un meilleur apprentissage et à l'amélioration de la qualité de l'éducation.

Si les contributions canadiennes aux approvisionnements en manuels ont débuté en 2002, avec un montant limité de 2 millions de dollars canadiens pour la réédition et l'impression de trois manuels de la collection « Djoliba », elles ont rapidement pris de l'ampleur et ont atteint pour la période 2002 à 2013 un total de 75 millions de dollars canadiens, soit environ 35 milliards de francs CFA. Durant la même période, plusieurs initiatives parallèles financées par la coopération canadienne visaient le renforcement de capacités des acteurs œuvrant autour du manuel scolaire, qu'ils proviennent du MEN ou du secteur privé (éditeurs, auteurs, illustrateurs, concepteurs graphiques, etc.).

L'approvisionnement de 2013 a un caractère particulier, puisqu'il s'inscrit dans la période suivant le coup d'État de 2012, période marquée par la suspension de l'aide canadienne au Mali. Consciente de la précarité des acquis en termes d'accès aux manuels scolaires dans le contexte de crise et souhaitant également réagir à la destruction de manuels dans les écoles du Nord du Mali, la coopération canadienne décidait alors de s'associer à l'UNICEF, dont l'aide était toujours opérationnelle, afin de financer un approvisionnement en manuels pour répondre à la crise nationale, en fournissant notamment un appui plus important dans les écoles du Nord. D'ailleurs, tout au long du programme d'appui canadien au manuel scolaire, des mesures ont été prises en vue de créer des conditions favorables à l'accès aux manuels scolaires dans les zones plus démunies (approvisionnement selon un ratio plus élevé dans les régions rurales, par exemple).

Implication des autres partenaires

Une étude menée en 2014 (Odette Langlais, Étude de cas : Les manuels scolaires au Mali) faisait remarquer « le Canada a fait preuve d'audace en appuyant la Politique nationale du manuel scolaire. Certains ont critiqué l'appui du Canada envers des appels d'offres réservés aux entreprises maliennes. Le Canada demeure l'unique partenaire financier et technique qui a appuyé le manuel scolaire de façon soutenue depuis plus de dix ans ». En effet, sauf les Pays-Bas, qui ont contribué à l'approvisionnement en manuels scolaires de façon ponctuelle, le Canada a été le seul partenaire technique et financier à avoir accompagné le gouvernement du Mali dans la mise en œuvre de sa politique de concession des manuels scolaires.

Ces appuis canadiens ont encouragé l'État malien à accroître son implication financière afin d'améliorer l'accès aux manuels. Ainsi, les contributions canadiennes ont représenté 40 % des investissements en approvisionnement, le gouvernement du Mali ayant principalement assuré les montants de contrepartie.

Mentionnons également les contributions des partenaires qui ont fourni aux écoles des livres de lecture, cousins incontournables du manuel scolaire.

La Banque mondiale a financé l'acquisition de livres de lecture, principalement en langues nationales, afin d'alimenter les coins lecture et les bibliothèques des écoles maliennes. Par ailleurs, le Canada, à travers l'UNICEF, profitait des approvisionnements en manuels pour acquérir également des livres de lecture en français et surtout en langues nationales (bamanankan et songhoï), augmentant ainsi les occasions de lecture pour les enfants.

Résultats obtenus

Une analyse des résultats des appuis canadiens en approvisionnement en manuelsscolaires laisse entrevoir des retombées à plusieurs niveaux, que ce soit l'accès accru aux manuels, l'amélioration des conditions d'approvisionnement en manuels ou le développement d'une industrie malienne du livre.

Amélioration du ratio manuels scolaires par élève

Le premier résultat notable de l'appui canadien aux approvisionnements en manuels réside évidemment dans l'amélioration de l'accès en manuels, mesuré à travers les ratios manuels par élève. Rappelons qu'en 2001, le ratio manuel par élève au niveau élémentaire se situait à 0,4 (comparativement au ratio visé de 2 manuels par élève), ce qui implique qu'en moyenne un manuel est partagé entre cinq (5) élèves dans les principales matières que sont le français et les mathématiques. Une situation qui rendait l'enseignement et l'apprentissage très difficiles.

Dans certaines classes, le seul manuel disponible était dans les mains de l'enseignant ou de l'enseignante, qui retranscrivait la leçon du manuel au tableau. Problème majeur : après plusieurs années d'école, les élèves savaient lire l'écriture cursive retranscrite au tableau, mais étaient incapables de lire un texte imprimé, faute de contact direct avec le livre.

Grâce principalement aux efforts conjugués de l'État malien et de la coopération canadienne, les ratios manuels par élève ont atteint jusqu'à 2,32 au 1er cycle (1ère à 6ème année) en 2008 à 2009 (pour un ratio visé de 2), et jusqu'à 3,8 au 2ème cycle (7ème à 9ème année) en 2009 à 2010 (pour un ratio visé de 4 dans les matières principales).

Distribution jusque dans les écoles

L'une des particularités du mécanisme d'approvisionnement en manuels scolaires au Mali, inscrite dans la Politique du manuel scolaire et du matériel didactique et dans les ententes de concessions, réside dans l'obligation pour les éditeurs fournisseurs d'acheminer les manuels scolaires jusqu'aux écoles. D'ailleurs, les fournisseurs ne seront payés que lorsqu'ils remettent l'ensemble des bordereaux de livraison au MEN, qui les vérifie et les valide. Quand on considère les 13 000 écoles maliennes du niveau fondamental, réparties sur un immense territoire, c'est là tout un défi ! Cette condition démontre le réel partage de responsabilités entre le MEN et les éditeurs dans le cadre de leur partenariat public-privé.

Ce qui est le plus remarquable, c'est que grâce à cette mesure la déperdition de manuels en cours de livraison, qui était de 40 % avant l'adoption de la Politique, est devenue absolument nulle : 100 % des manuels se rendent à leur lieu de destination, dans le cartable de l'élève, diminuant ainsi le nombre de manuels fournis par l'État offerts à la vente dans les marchés parallèles.

Enfin, l'uniformité des frais de distribution des manuels, qu'ils soient livrés à Bamako ou à Tessalit, dans le nord-est du Mali, implique un traitement équitable pour toutes les écoles du pays, quels que soient leur environnement géographique et la distance qui les sépare de la capitale.

Il n'est pas surprenant que ces conditions aient suscité l'enthousiasme général dans les milieux de l'éducation. Lors des missions de suivi de la distribution, les intervenants au niveau des écoles ont exprimé leur satisfaction générale pour les conditions dans lesquelles les manuels sont livrés. Les parents et les directions d'écoles ont souhaité voir la distribution se poursuivre : seule façon, selon eux, pour que les livres parviennent aux utilisateurs. Personne ne regrette l'époque de la distribution des manuels par le système public, où plusieurs écoles ne recevaient jamais les manuels promis.

Développement du secteur du livre malien


Étudiants en classe


Étudiants qui étudient ensemble

L'adoption de la Politique du manuel scolaire et du matériel didactique du Mali a eu une incidence majeure sur l'industrie nationale du livre. Au moment de l'attribution des concessions, seules quelques maisons d'édition pouvaient prétendre être en mesure de remplir les conditions du partenariat : seulement quatre éditeurs imprimeurs (Graphique Industrie, EDIM, Donniya, Jamana) ont été attributaires de marchés. On a d'ailleurs été tenté de reprocher au MEN d'avoir concentré ses « investissements » dans ces entreprises, au détriment de l'industrie plus largement. Or, au terme des contrats de concessions en 2010, plusieurs ont été surpris de constater que de trois fournisseurs initiaux, plus de 20 entreprises avaient investi le secteur de production de manuels scolaires et soumis des manuels au MEN pour approbation. Pendant cette période, plusieurs entrepreneurs avaient investi dans le secteur, créant au fil des années des conditions très propices à l'éclosion d'une industrie du livre forte et diversifiée.

Au-delà du nombre croissant d'entreprises, on a également constaté qu'il existait plus de 100 titres disponibles sur le marché à l'intention des écoles du niveau fondamental, permettant ainsi d'offrir une alternative aux manuels initiaux.

À quelques exceptions près, le système éducatif n'avait plus besoin des anciens manuels pour couvrir ses besoins. C'était là une avancée majeure, suscitée par l'investissement du secteur privé dans la production de manuels scolaires. La Politique du manuel scolaire a ainsi enclenché la production libre de manuels scolaires au Mali.

C’est ainsi que plusieurs éditeurs non concessionnaires se sont vu attribuer des marchés de manuels scolaires, notamment sur financement canadien, pour l’acquisition de manuels jugés pertinents et approuvés par le MEN.

Les opérations de distribution de manuels ont également eu un impact considérable sur les capacités des éditeurs et sur la création d’emplois dans le secteur du livre. Toujours considérée comme le point faible de la chaîne du livre et du manuel scolaire, la distribution est sous la responsabilité des éditeurs, qui ont déployé des moyens techniques et financiers importants pour remplir convenablement leur mandat. Ils ont mis en place un dépôt central à Bamako et des dépôts de transit dans les capitales régionales, puis dans les chefs-lieux de cercle et de commune. Ces dépôts étant chargés du transport et du colisage des manuels (répartition en colis), de façon à acheminer les manuels vers les écoles (un éditeur compte jusqu’à 38 sites de transit à l’extérieur de Bamako).

Tout au long de cette chaîne de distribution, ils ont embauché une main-d’œuvre permanente ou saisonnière qui réalise les opérations de distribution. Un éditeur affirme avoir créé près de 200 emplois permanents afin de gérer ce flux de manuels, alors qu’un autre compte jusqu’à 100 employés permanents et 500 saisonniers associés à chaque campagne de livraison de manuels. Plusieurs éditeurs, notamment Graphique Industrie et Donniya, ont également investi dans la mise en place d’une flotte de véhicules suffisante pour acheminer les manuels sur l’ensemble du territoire national.

Comme le fait remarquer la firme canadienne Éconotec dans son Étude d'impact des projets d'appui au secteur du manuel scolaire au Mali (2009), « les projets d'assistance visant un secteur particulier ont souvent des ramifications dans d'autres domaines, dont il convient de tenir compte que le secteur de l'éducation, a eu un impact favorable sur le développement du secteur privé, de l'emploi, de la valeur ajoutée, etc. ». Econotec estime que la valeur ajoutée découlant de la production malienne de manuels scolaires (marchés publics et achats privés confondus, financements canadiens et maliens confondus), soit la contribution nette du secteur à l'économie malienne, est de l'ordre de 42 milliards de francs CFA à 45 milliards de francs CFA (de 105 millions de dollars canadiens à 112,5 millions de dollars canadiens) sur la période 2001 à 2008. Il évalue également que le nombre d'emplois directs permanents générés par les firmes (concessions et hors concessions) se situe à environ 1 500 personnes, auxquelles s'ajoutent des emplois saisonniers de distribution des livres aux écoles et de spécialistes qui offrent leurs services aux firmes.

La production de livres de lecture

Très peu d'éditeurs maliens se contentent de produire des manuels scolaires. En fait, la majorité d'entre eux publie des manuels scolaires dans l'espoir de réinvestir les revenus de ce secteur dans la production de livres de lecture, qui viennent également alimenter les besoins des écoles.

De plus, plusieurs éditeurs sont impliqués dans la production de livres en langues nationales. Lorsque l'on considère les orientations des programmes d'enseignement au Mali, axés sur l'enseignement dans les langues nationales au 1er cycle de l'élémentaire, il devient évident que cet investissement des éditeurs est essentiel à la livraison d'une éducation de qualité. Le choix du gouvernement du Mali de travailler en priorité avec les éditeurs maliens porte ses fruits, puisque ceux-ci réinvestissent dans le système éducatif les retombées économiques provenant du même secteur.

Défis rencontrés

L'approvisionnement en manuels scolaires, et surtout la livraison des manuels aux écoles, constitue un défi majeur, tant pour le MEN que pour ses partenaires éditeurs privés. Le MEN a été confronté à des défis importants dans l'élaboration de clés de répartition de manuels, qui reposent sur des statistiques récentes tenant compte des réalités changeantes du terrain. Cependant, la contribution des centres d'animation pédagogique dans la validation des clés de répartition a été un élément clé dans la gestion adéquate de ce risque. À cet effet, l'amélioration de la qualité des données statistiques demeure un défi des services centraux du MEN. De même, on peut s'imaginer que la validation de 13 000 bordereaux de livraison, multipliés par le nombre de fournisseurs, constitue une tâche lourde et complexe, d'autant plus que l'opération doit être effectuée dans un temps limité.

Pour les éditeurs, la distribution des manuels constituera toujours un défi de taille, surtout lorsque cette distribution s'impose en période de pluies, auprès d'écoles, voire de régions, enclavées. D'ailleurs, l'inaccessibilité de certaines zones en période de pluies et l'insécurité, notamment dans les zones du nord du pays, ont souvent amené des distributeurs à envisager des stratégies alternatives dans le seul but de rendre les manuels accessibles aux écoles (livraison des manuels par les centres d'animation pédagogique lorsque l'accessibilité à l'école est rétablie, allocation de crédits pour la collecte des manuels par l'école, livraison des manuels dans une bibliothèque de proximité, etc.).

Deux défis majeurs guettent aujourd'hui le MEN. D'abord, l'accès à des manuels scolaires en quantités suffisantes exige non seulement l'investissement de ressources financières conséquentes, mais également la régularité de celles-ci. Il faut aussi que l'approvisionnement en manuels scolaires soit stable et prévisible, afin de mieux concilier les besoins et les ressources. Enfin, les mécanismes de décentralisation de l'approvisionnement en manuels scolaires ne sont toujours pas implantés, car cette implantation dépend de nombreux préalables : stabilisation des programmes d'enseignement et des langues d'enseignement, mécanismes d'évaluation et d'approbation de manuels, formation des écoles à l'achat en mode décentralisé, etc. Ces défis doivent être surmontés de façon diligente si le MEN veut s'assurer de pérenniser ses acquis.

Dimension égalité des genres

L'accès des filles à l'école dépend souvent des coûts imposés aux familles pour l'éducation de leurs enfants. Dans les familles les plus démunies, on choisira parfois de privilégier l'éducation des garçons. Sans régler entièrement cette situation, l'accès à des manuels scolaires fournis gratuitement par l'État et ses partenaires techniques et financiers, dont le Canada, contribue à alléger les familles du fardeau financier que constitue l'achat de manuels scolaires, augmentant d'autant les chances de chaque enfant de recevoir l'éducation à laquelle il ou elle a droit.

Par ailleurs, les manuels scolaires sont généralement porteurs de modèles d'égalité pour les filles et les garçons. La fille y trouve des exemples qui devraient l'inspirer et l'inciter à croire en son propre potentiel. Le manuel constitue une porte ouverte sur le monde qui lui permet d'élargir ses perspectives et d'entrevoir les larges possibilités qui s'offrent à elle dans ses projets de développement personnel.

Leçons apprises

Au fil de la décennie d'appui à l'approvisionnement en manuels scolaires au Mali, la coopération canadienne a eu l'occasion de tirer plusieurs leçons, qui lui ont déjà servi dans ses politiques et programmes d'aide au développement.

D'abord, il est apparu que l'adoption d'une nouvelle politique doit être accompagnée des mesures qui permettent d'appliquer rapidement les stratégies inscrites. À cet effet, l'application immédiate des principes de la Politique du manuel scolaire et du matériel didactique, à travers l'instauration des contrats de concessions, a permis d'enclencher un processus de changement qui a impulsé la mise en œuvre d'autres engagements. Cette leçon découlant de l'expérience malienne a déjà influencé les appuis canadiens en approvisionnement en manuels scolaires, notamment au Sénégal.

Le partenariat entre l'État et les éditeurs privés permet également de dégager des leçons pertinentes. L'objectif du MEN était principalement de partager les défis liés à la production et à la distribution des manuels scolaires, de façon à se concentrer sur des fonctions plus pédagogiques. Or, en plus de partager ces défis, le secteur privé a également investi des sommes considérables dans les infrastructures de production et de distribution des manuels, des investissements qui profitent largement au système éducatif. Le secteur public n'aurait pas eu les moyens d'en faire autant.

Enfin, les leçons relatives à l'efficacité et de l'efficience de la livraison des manuels jusque dans les écoles sont venues corroborer l'hypothèse qui affirme qu'en se rapprochant de l'école la gestion des manuels devient plus transparente et plus équitable. On constate notamment que grâce à la livraison des manuels à l'école, le taux de déperdition en cours de distribution est à peu près nul, ce qui contraste avec la situation connue précédemment. L'implication des structures déconcentrées de l'éducation dans la validation des clés de répartition des manuels et dans le suivi de la distribution assure qu'ils arrivent effectivement à destination dans le cartable des élèves.

Sources d'information

Nous tenons sincèrement à remercier les personnes suivantes pour leur contribution à la production de la présente histoire :

La série « Histoires d'impact » de la coopération canadienne au Mali a été produite sous la coordination du Projet de services d'appui sur le terrain (PSAT) et grâce à la collaboration de tous les intervenants susmentionnés.

Rue Sotuba/ACI, rond-point de l'ancienne chaussée
Bamako, Mali
Tél. : +223 44 90 44 45
Courriel : info@psat-mali.org
Nota : Le PSAT est soutenu financièrement par le gouvernement du Canada.

 


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