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Des entrepreneures à surveiller

Julie Angus et Luna Yu

En tant que directrices générales, Julie Angus et Luna Yu sont souvent considérées comme des cas à part, mais cela ne les a pas empêchées de créer des entreprises de technologies propres prospères


Luna Yu, directrice générale de Genecis Bioindustries
Luna Yu, directrice générale de Genecis Bioindustries.

Elles sont amies, scientifiques et entrepreneures, mais Julie Angus et Luna Yu ont maintenant quelque chose d’autre en commun. Ce sont les deux seules directrices générales à la tête d’entreprises canadiennes figurant sur la liste annuelle des 50 sociétés à surveiller du Cleantech Group. Publiée à la fin janvier, cette liste met en lumière les entreprises d’innovation privées en démarrage qui conçoivent des solutions à fort impact pour lutter contre les problèmes les plus urgents du monde.

Mme Yu est à la tête de la société torontoise Genecis Bioindustries, qui utilise des bactéries pour digérer les déchets alimentaires et les transformer en résine plastique biodégradable et en engrais. La résine peut servir à fabriquer, entre autres, des articles de table et des récipients.

Mme Angus, qui, en 2006, est devenue la première femme à traverser l’océan Atlantique à la rame, de continent à continent, et a passé des milliers d’heures à explorer l’océan dans de petits bateaux, est cofondatrice et directrice générale d’Open Ocean Robotics, située à Victoria, en Colombie-Britannique. La société construit des drones océaniques : des bateaux sans équipage, fonctionnant à l’énergie solaire et équipés de capteurs ou de caméras qui peuvent suivre la pêche illégale, détecter et nettoyer les marées noires, et cartographier les eaux inexplorées.

Mme Yu et Mme Angus expliquent ci-dessous ce que signifie pour elles le fait de figurer sur la liste des 50 sociétés à surveiller dans le secteur canadien des technologies propres et d’être directrices générales dans un secteur dominé par les hommes.

Julie Angus, directrice générale d’Open Ocean Robotics
Julie Angus, directrice générale d’Open Ocean Robotics.

Figurer sur la liste des 50 sociétés à surveiller

Julie Angus (JA) : C’est un grand honneur de figurer sur la liste des 50 sociétés à surveiller et d’être nommée l’une des entreprises qui luttent contre les problèmes mondiaux extrêmement difficiles. 

C’est une reconnaissance du fait que nous devons nous concentrer davantage sur nos océans. Il est essentiel de les comprendre et d’être en mesure de documenter les changements pour pouvoir conserver et protéger les océans. Notre société rend l’obtention de ces données océaniques plus facile, plus abordable et plus sûre. À l’heure actuelle, plus de 80 % de nos océans ne sont ni cartographiés, ni explorés, ni observés. Des technologies comme les nôtres peuvent surmonter ces problèmes très graves.

Luna Yu (LY) : Nous figurons sur la liste grâce aux ressources humaines de Genecis : nos partenaires, nos premiers clients et notre incroyable équipe. L’un de nos partenaires est Sodexo [une multinationale de services de restauration située à Paris qui s’est engagée à réduire de moitié les déchets alimentaires issus de ses activités d’ici 2025 et à réduire son empreinte carbone d’un tiers]. Il s’agit d’une entreprise mondiale, qui préconise une solution d’économie circulaire. Elle a été d’un soutien incroyable. Notre équipe travaille vraiment dur. Nous travaillons tous plus de 40 heures par semaine. Il y a beaucoup d’échecs, mais nous n’abandonnons jamais.

La diversité dans les technologies propres

JA: Il n’y a qu’environ 5 % des entreprises de technologies propres qui sont fondées par des femmes. Il est donc absolument nécessaire d’encourager une plus grande diversité. J’ai assisté à des activités où je suis la seule directrice générale dans la salle. Qu’il s’agisse d’âge, de sexe, de race ou de culture, nous devons nous efforcer d’avoir plus de diversité. De nombreuses études ont indiqué que les entreprises réussissent mieux avec ce type de diversité. Des programmes comme le Défi des femmes en tech propres [organisé par Ressources naturelles Canada et MaRS, un centre d’innovation situé à Toronto], dont Luna et moi faisons partie, sont extrêmement utiles pour promouvoir la diversité.

Des mentors mémorables

JA: Il est très important de disposer d’un réseau et de mentors solides, tant féminins que masculins. Une femme que j’admire énormément est Jane Kearns [vice-présidente des services de croissance chez MaRS], qui joue un rôle très actif dans le programme Défi des femmes en tech propres. Elle a créé une entreprise de technologies propres et elle aide maintenant à gérer un portefeuille d’entreprises par l’intermédiaire de MaRS. Véritable source d’inspiration, elle s’est forgé une carrière dans ce qui était à l’époque un domaine très dominé par les hommes, encore plus qu’aujourd’hui.

LY: Une femme qui m’a beaucoup marquée est Roberta Fulthorpe, ma professeure de sciences environnementales à l’Université de Toronto. Elle était notre première conseillère chez Genecis et la seule à nous soutenir, avec ses conseils et son aide technique. Elle s’est vraiment investie pour nous. Ce degré de courage et de prise de risque n’est pas très courant, surtout dans le domaine universitaire.

Être directrice générale au Canada

LY: Le fait d’être directrices générales est un avantage, car nous nous distinguons ainsi vraiment du lot. L’entrepreneuriat féminin est beaucoup plus reconnu grâce à des programmes comme Défi des femmes en tech propres, organisé par Ressources naturelles Canada et MaRS. Le fait que ce type de programme de financement ne soit pas accessible aux entrepreneurs de sexe masculin pourrait vraiment être un avantage.

JA: La sous-représentation peut freiner d’autres femmes dans leur décision de devenir entrepreneures. Cependant, plus nous donnons de la visibilité aux femmes qui occupent ces postes, plus nous encourageons les autres à s’efforcer d’atteindre ces objectifs. En tant que directrices générales au Canada, nous sommes dans une position très privilégiée où nous pouvons parler à d’autres femmes et démontrer par nos actions pourquoi elles devraient également suivre cette voie. Nous avons un avantage au Canada dans la mesure où non seulement notre population, mais aussi notre gouvernement et nos entreprises soutiennent et encouragent réellement la diversité.

Des conseils pour les entrepreneures en herbe

JA: Je conseille aux autres femmes de suivre leurs rêves et de ne pas considérer le sexe ou quoi que ce soit d’autre comme un facteur limitant. Elles doivent s’entourer de personnes qui peuvent les encadrer et les encourager. De plus, il ne faut jamais baisser les bras, car, peu importe qui nous sommes, nous serons confrontées à des défis. Et ce qui importe, c’est la persévérance et les leçons apprises de ses échecs. Ces expériences vous rendront plus fortes et vous donneront plus de chances de réussir et d’atteindre votre objectif.

LY: Vous devez tracer votre propre chemin. L’une des choses essentielles que j’ai réalisées après avoir lancé Genecis, c’est qu’on ne peut pas continuer à suivre les traces de quelqu’un d’autre. À un moment donné, il faut prendre des risques. Il y a 2 ans, nous avons été confrontés à l’un de nos plus grands défis. En effet, un accident s’est produit pendant la phase de démarrage de Genecis, et 2 de nos collègues ont été blessés. Cet incident nous a vraiment retardés. La principale leçon que nous avons tirée est la suivante : même si nous voulons aller vite et casser les codes, parfois la meilleure solution est d’avancer lentement, mais sûrement, et de nous assurer que nous ne négligeons pas ce qui est vraiment important.

Le leadership efficace

JA: J’apprends constamment à devenir un meilleur leader et une meilleure directrice générale, et à aider notre équipe à mieux travailler ensemble. En ce moment, nous travaillons selon un échéancier très serré afin de réaliser un projet pilote pour la Garde côtière canadienne, et tout le monde doit vraiment collaborer. J’apprends à encourager cette collaboration et à déterminer les compétences et les points forts des collaborateurs. J’apprends aussi que je ne peux pas tout faire. Par exemple, nous donnons, ce mois-ci, une formation sur les levés hydrographiques. Je voulais vraiment participer à cette formation pour pouvoir apprendre ce thème de fond en comble, mais, en même temps, je fais une présentation lors d’une conférence à San Diego et je ne peux évidemment pas faire les deux. Je dois reconnaître quel est mon travail et quelles sont mes priorités, puis être capable de lâcher prise et de laisser d’autres personnes jouer un rôle clé dans ces autres domaines.

S’appuyer les uns sur les autres

LY: Julie et moi sommes littéralement le premier point de contact de l’autre en cas de problème.

JA: Tout à fait! Nous nous rencontrons environ 4 fois par an. Nous parlons de nos problèmes et de nos succès communs ainsi que de la manière dont nous traitons certaines questions. Avoir un réseau de personnes qui vivent des situations semblables est très utile. Il n’y a rien de comparable au fait de pouvoir parler à quelqu’un qui a été confronté aux mêmes difficultés et d’apprendre comment il s’en est sorti.

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