Les sages-femmes sauvent des vies, quoiqu’il arrive
Les rues animées de Kinshasa, en République démocratique du Congo (RDC), sont devenues silencieuses lorsque la pandémie de COVID-19 a entraîné le confinement de la ville en mars, 2020.
Mais comme les mères de partout dans le monde le savent bien, s’il y a une chose qu’une pandémie ne peut pas arrêter, c’est la naissance d’un bébé prêt à venir au monde. Les restrictions de déplacement rendant plus difficile que jamais l’accès aux services de santé, les femmes enceintes de Kinshasa et dans de nombreux pays en développement sont confrontées à une incertitude accrue quant à la possibilité d’accoucher en toute sécurité.
Les sages-femmes sont en première ligne, adaptant leurs services pour que les femmes continuent de recevoir les soins dont elles ont besoin. En collaboration avec le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), les sages-femmes de l’Association des sages-femmes de la RDC se sont rendues dans les rues de Kinshasa à bord de cliniques mobiles équipées pour fournir des soins à leurs patientes.
Dans un contexte où l’eau courante est rare, l’électricité est limitée et les patients n’ont pas toujours de quoi payer pour les soins reçus, la tâche d’offrir des services de sages-femmes dans les pays en développement était déjà intimidante en soi, forçant ainsi les sages-femmes à innover et à trouver des solutions.
« Et puis, il y a le fait que la plupart de ces sages-femmes sont elles-mêmes des femmes, ajoute-t-elle. Il y a un fardeau familial et économique que de nombreuses sages-femmes doivent maintenant gérer en plus de tout le reste. » Par exemple, elles peuvent avoir un conjoint qui est sans travail et des enfants qui ne sont plus à l’école dont elles doivent s’occuper, tout en continuant à exercer ce métier salutaire.
Malgré tout, les sages-femmes sont parmi les plus ardents défenseurs de l’accès continu aux ressources permettant d’assurer la santé des femmes, et elles trouvent des moyens créatifs de rester en contact avec les communautés qu’elles servent. L’Association des infirmières et des sages-femmes du Soudan du Sud (en anglais) utilise la téléconsultation, la radio et des séances d’information pour faire passer le message. Elle a également adapté ses installations en fonction de l’éloignement physique et ses membres enseignent aux mères à se laver efficacement les mains et à utiliser des masques.
Le Canada travaille depuis des années avec des pays comme le Soudan du Sud afin de renforcer la profession de sage-femme. Par exemple, grâce au soutien du Canada et d’autres donateurs, ce pays a fait passer le nombre de sages-femmes formées d’environ 8 à 800 au cours de la dernière décennie.
Selon un rapport de l’Organisation mondiale de la Santé (en anglais), si un nombre suffisant de sages-femmes étaient formées selon les normes internationales, les taux de décès maternels, de naissances d’un enfant mort-né et de décès néonataux dans le monde chuteraient de 80 %. Les sages-femmes, qui représentent une solution efficiente et adaptée à la culture locale, fournissent également d’autres soins cruciaux allant de l’accès aux moyens contraceptifs à la prise en charge des cas de violence fondée sur le genre.
Dans le contexte actuel, de nombreuses sages-femmes vont au-delà de leur travail de veiller à la santé des femmes et font aussi la promotion d’informations vitales sur l’eau, l’hygiène, l’assainissement et la manière de prévenir la propagation de la COVID-19.
Ma Shwe Wutt Hmon communique des renseignements sur la COVID-19 auprès des membres de sa communauté au Myanmar. Mère de deux enfants, elle fait du porte-à-porte et distribue des brochures dans son village et dans les villages voisins. Elle en fait elle-même la lecture à ceux qui ne savent pas lire.
Un élément incontournable du programme de formation des sages-femmes d’AMC est le renforcement des associations de sages-femmes. Ces organisations procurent des soins de qualité et militent en faveur de la santé des femmes, des sages-femmes et de la profession de sage-femme. Grâce à l’expertise d’organisations comme Cuso International, l’Association canadienne des sages-femmes (ACS) et le Fonds des Nations Unies pour la population, le Canada a contribué à consolider ces organisations dans plusieurs pays, et l’investissement porte aujourd’hui ses fruits : les sages-femmes formées et passionnées qui composent ces organisations défendent désormais la santé des femmes et trouvent des moyens nouveaux et innovants de fournir des soins aux mères pendant la crise actuelle.
Quand on lui demande ce qui l’a le plus impressionnée dans le soutien du Canada envers les sages-femmes, Kirsty Bourret, sage-femme de l’ACS, répond que c’est la confiance.
« Ça a vraiment aidé les sages-femmes à comprendre leur valeur en tant que professionnelles de la santé, et leur capacité à avoir une incidence sur la santé sexuelle et reproductive dans leur pays, dit-elle. Quand vous avez cette confiance en vous et que vous comprenez votre valeur et votre place, vous vous mobilisez dans les circonstances les plus difficiles, parce que vous croyez non seulement en ce que vous pouvez donner, mais aussi en ce que la profession de sage-femme peut apporter. »Signaler un problème sur cette page
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