Pour un meilleur équilibre en faveur des femmes en matière de travail domestique
S’occuper de la maison et de la famille est une responsabilité qui incombe à de nombreuses femmes canadiennes d’une manière disproportionnée, ce qui entraîne un stress et des disparités économiques que la pandémie de COVID‑19 n’a fait qu’accentuer.
Dans les pays à faible ou moyen revenu, la situation est encore plus dramatique en ce qui concerne la charge inégale qu’assument les femmes en matière de travail domestique, rémunéré ou non, et les conséquences qui en découlent. Aggravé par la crise de la COVID‑19, ce déséquilibre menace de freiner ou de faire reculer les progrès sociaux et économiques réalisés par les femmes au prix de tant d’efforts dans les pays en développement.
Le Canada s’attaque à ce problème au pays en prenant des mesures pour éliminer les obstacles qui empêchent les femmes de participer pleinement à la population active en raison de leurs responsabilités domestiques. Par exemple, un système pancanadien de services de garde éducatifs à la petite enfance permettrait à toutes les familles, peu importe où elles habitent, d’avoir accès à des services de haute qualité, abordables, souples et inclusifs.
Pour lutter contre les inégalités à l’échelle internationale, les programmes auxquels contribue le Canada visent à améliorer la capacité des femmes à participer à l’économie, à l’éducation et à la vie publique.
Le travail domestique est essentiel au bien‑être humain et à la croissance économique durable, mais il s’agit d’une activité souvent très genrée, négligée et sous-évaluée. Selon l’Organisation internationale du travail (OIT), 16,4 milliards d’heures sont consacrées tous les jours au travail domestique non rémunéré. Cela représente l’équivalent de 11 000 milliards de dollars US ou 9 % du PIB mondial, soit deux fois plus que le PIB du secteur agricole mondial.
Les données de l’OIT démontrent que, dans le monde, les femmes âgées de 15 ans et plus consacrent en moyenne 3,2 fois plus de temps que les hommes aux tâches ménagères, et jusqu’à 4,7 fois plus dans certaines régions. Cela restreint les possibilités des femmes et des filles en matière d’éducation, d’emploi, d’engagement politique et social, ainsi que de loisirs. Sans compter que cette situation affecte leur santé et aggrave leur vulnérabilité à la pauvreté.
Les femmes sont également surreprésentées dans le travail domestique rémunéré, une situation caractérisée par de faibles salaires, un statut inférieur, de piètres conditions de travail et des protections sociales limitées. Selon les données de l’OIT, 19,3 % des emplois occupés par des femmes dans le monde le sont dans le secteur du travail domestique rémunéré. Cela inclut plus de 75 millions de travailleurs domestiques, dont plus des trois quarts sont des femmes. Les quatre cinquièmes de ces emplois relèvent du secteur informel et sont particulièrement vulnérables à l’exploitation.
Les défis associés au travail domestique, rémunéré ou non, sont accrus dans les contextes fragiles et en périodes de crise. La pandémie de COVID‑19 a mis en évidence la nature essentielle de ce travail et a exacerbé les inégalités entre les genres qui le caractérisent. Les fermetures d’écoles et de garderies, les maladies dans la famille et l’engorgement des services de santé ont accentué la pression que le travail domestique, rémunéré ou non, exerce sur les femmes et les jeunes filles.
Le programme d’action mondial a commencé à tenir compte du besoin urgent de s’attaquer à ce problème. Le Canada appuie les programmes qui ciblent le déséquilibre touchant les femmes en matière de travail domestique partout dans le monde. Cette approche est fondée sur la Politique d’aide internationale féministe du Canada, laquelle reconnaît que promouvoir l’égalité des genres et le renforcement du pouvoir des femmes et des filles est la meilleure façon d’édifier un monde plus pacifique, plus inclusif et plus prospère.
Voici quelques exemples de projets mondiaux soutenus par Affaires mondiales Canada qui illustrent la façon dont l’investissement dans l’économie domestique favorise la réussite des femmes et des filles.
- Les projets réalisés par CARE Canada contribuent à corriger le déséquilibre touchant la répartition des tâches dans les ménages. Ces initiatives visent à améliorer la santé et la nutrition des femmes et des filles en Afrique australe et à accroître le bien-être économique des femmes issues des minorités ethniques habitant dans les régions pauvres et rurales du nord du Vietnam. Il s’agit notamment d’inciter les hommes à accepter des responsabilités en matière de travail domestique et à permettre aux femmes d’assumer un pouvoir de décision au sein du ménage et dans la sphère publique.
- Les projets de l’Agence de développement et de secours adventiste Canada (Adventist Development and Relief Agency [ADRA]) conçus pour aider les gens à se sortir de la pauvreté visent d’abord à assurer une répartition équitable du travail domestique non rémunéré. La participation des hommes et des garçons à ce genre de travail a entraîné un changement de comportement durable dans le cadre d’initiatives visant à réduire le taux de mortalité maternelle et infantile dans des régions reculées du Cambodge, du Myanmar, des Philippines et du Rwanda. Au Soudan du Sud, un meilleur accès à l’eau, aux installations sanitaires et à l’hygiène permet d’améliorer les conditions de vie et ouvre des possibilités aux femmes et aux filles, lesquelles sont en grande partie chargées des tâches ménagères.
- Au Bangladesh, Oxfam Canada a mis en œuvre un projet de sensibilisation à la nécessité d’améliorer les conditions de travail de quelque 10,5 millions de travailleurs et travailleuses domestiques rémunérés à travers le pays. Il s’agit, pour la plupart, de femmes qui ne gagnent que 15 dollars par mois et qui sont souvent maltraitées, surtout dans le contexte de la pandémie de COVID‑19. Garantir leur droit de négocier des salaires et des conditions de travail équitables aura une incidence positive sur cette main-d’œuvre et sur l’économie du pays, laquelle dépend fortement du travail domestique.
En mettant l’accent sur le travail domestique, rémunéré ou non, ces projets contribueront à améliorer la vie et les moyens de subsistance des femmes et des filles, ce qui transformera les collectivités et offrira un modèle à suivre.
Pour faire avancer l’égalité dans ce domaine crucial, le premier ministre Justin Trudeau a annoncé, lors du Forum Génération Égalité en juin 2021, que le Canada s’engageait à verser 100 millions de dollars en nouveaux fonds pour des programmes autonomes visant à résoudre les problèmes liés au travail domestique, rémunéré ou non, dans les pays à faible ou moyen revenu auxquels le Canada fournit une aide internationale.
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