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Un homme tient une fillette dans ses bras et sourit à la caméra.

Source de la photo : Karin Schermbrucker / CARE
Stephen Chilufya, 48 ans, chef d’un groupe d’action masculin, emmène sa petite-fille dans une clinique.

Pourquoi une politique d’aide internationale féministe ne laisse personne de côté

Le Canada est l’un des premiers pays au monde à avoir mis en place une politique d’aide internationale féministe en 2017. Mais, que signifie avoir une approche féministe à l’égard de l’aide internationale? Laisse-t-on les hommes et les garçons de côté pour accorder la priorité aux femmes? Absolument pas.

La Politique d’aide internationale féministe du Canada (PAIF) est féministe parce qu’elle s’attaque aux causes profondes de la pauvreté selon un point de vue féministe, qui tient compte des facteurs croisés et qui est axé sur les droits, ce qui signifie qu’elle tient compte de multiples formes de discrimination et de celles qui se chevauchent. Cela permet de déterminer les groupes et les personnes en situation de pauvreté extrême, de vulnérabilité et de marginalisation. La PAIF vise à donner des chances égales à tous en éliminant les principaux obstacles à l’égalité. Cela est important parce qu’on ne peut pas éliminer la pauvreté sans tenir compte des besoins des différents groupes de personnes.

Sept femmes se tiennent l’une à côté de l’autre dans un champ, souriantes pour la photo.
Source de la photo : Vu Ngoc Dung / CARE (2021)
CARE facilite le dialogue entre de petits groupes d’hommes et de femmes dans le nord du Vietnam, où ils apprennent à connaître le déséquilibre des soins non rémunérés et les moyens d’améliorer le bien-être économique des femmes.

Selon les estimations, 55 % de la population mondiale doit faire face à l’instabilité et à la pauvreté. En raison des inégalités entre les genres qui sont profondément enracinées, les femmes et les filles sont davantage touchées que les hommes et les garçons, et pas nécessairement de la même manière. C’est le cas tant au Canada qu’ailleurs dans le monde, en particulier pour les femmes et les groupes mis à l’écart de la société. Pour créer un monde plus pacifique et plus prospère pour tous, il faut s’attaquer aux inégalités afin que les personnes, peu importe leur identité ou expression de genre, leurs caractéristiques sexuelles ou d’autres facteurs identitaires, puissent jouir pleinement de leurs droits. L’objectif de la PAIF est de réduire la pauvreté dans le monde; un soutien qui cible l’égalité des genres permet de réaliser les progrès les plus importants vers l’atteinte de cet objectif.

Diminution de 45 millions du nombre de personnes qui souffrent de la faim

Une étude des Nations Unies a révélé que si les agricultrices avaient le même accès aux ressources que les hommes, cela permettrait d’augmenter le produit intérieur brut mondial de près de mille milliards de dollars américains. Cela permettrait de réduire de 45 millions le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire. Voilà l’une des nombreuses statistiques qui met en évidence l’inégalité actuelle.

Si la moitié des petits producteurs bénéficiaient d’interventions de développement axées sur le renforcement du pouvoir des femmes, cela aurait pour effet d’augmenter considérablement les revenus de 58 millions de personnes supplémentaires et d’accroître la résilience de 235 millions de personnes supplémentaires.

C’est pourquoi le Canada finance des projets comme SeedChange, qui fait en sorte que les femmes occupent 50 % des postes de direction dans les entreprises collectives et accroît la participation des femmes dans les domaines traditionnellement dominés par les hommes. Le projet SeedChange cible le couloir sec d’Amérique centrale, le Burkina Faso, l’Éthiopie et le Mali, où il a contribué à accroître la sécurité semencière, alimentaire et économique de 26 046 ménages qui pratiquent l’agriculture à petite échelle. Grâce au projet, les ménages ont cultivé plus de fruits et de légumes, ainsi que des cultures plus diversifiées, ce qui a permis aux familles pauvres de disposer de plus de nourriture. Les données recueillies sur 5 ans ont montré que le projet avait permis de procurer des régimes alimentaires plus sains, de meilleurs moyens de subsistance, une meilleure résilience climatique et une plus grande autonomie dans chaque communauté. Plus de 100 groupes de femmes et près de 40 coopératives dirigées par des jeunes ont fait tomber les obstacles auxquels ils étaient confrontés pour entrer sur le marché.

À Gaza, les ménages dirigés par des femmes sont beaucoup plus susceptibles de vivre dans la pauvreté et de connaître des inégalités prononcées dans une société où les rôles traditionnels des genres dominent. Grâce au Salalem Leadership Institute, financé par le Canada, Sarah, mère monoparentale de 2 enfants, s’est inscrite à un programme de formation en entrepreneuriat de 8 semaines et a reçu du soutien pour son entreprise agricole en démarrage.

« Je suis née et j’ai grandi comme agricultrice », a affirmé Sarah. « Depuis que je suis jeune, je cultive et m’occupe des plantes. Avec l’aide de ma mère et de mes frères, j’ai réussi à démarrer l’entreprise de mes rêves qui offrira à mes enfants un avenir sûr. »

Sarah a reçu un mentorat par l’intermédiaire de Salalem pour améliorer ses pratiques agricoles et développer son entreprise. À ce jour, Sarah a récolté des cultures pendant au moins 6 saisons agricoles consécutives. Après un an de gestion réussie de son entreprise, elle a pu louer un plus grand terrain pour diversifier et augmenter ses productions agricoles. Elle a également acheté des chèvres qui l’ont aidée à démarrer une exploitation de reproduction et de productions animales.

Une femme portant un foulard se tient dans un champ avec un bouquet de fleurs dans les mains.
Source de la photo : Haya Abu Qusa
Sarah, agricultrice et entrepreneure, défie les normes liées au genre en étant la seule à subvenir aux besoins de ses enfants.

Amélioration du bien-être et de la santé des hommes et des garçons

Partout dans le monde, les schémas de masculinité néfastes compromettent la santé des hommes en les encourageant à assimiler le fait d’être « viril » à divers comportements à risque. Il peut s’agir d’avoir de multiples partenaires sexuels, d’abuser de l’alcool et d’autres substances, de recourir à la violence et de ne pas vouloir demander des services de santé ou un soutien émotionnel par peur d’être perçu comme étant faible. En plus des conséquences évidentes pour la santé et le bien-être des hommes et des garçons, ces comportements, comme les rapports sexuels non protégés et la toxicomanie, peuvent avoir de graves conséquences sur les femmes et les enfants dans leur vie.

À l’échelle mondiale, près de 1 femme sur 3 a été victime de violence de la part de son partenaire intime, de violence sexuelle de quelqu’un qui n’est pas son partenaire ou des deux types de violence au moins une fois dans sa vie. L’investissement dans l’égalité des genres et la santé et les droits des filles et des femmes produit un effet d’entraînement, et tout le monde y gagne. Et il n’y a aucun inconvénient lorsque les hommes assument la responsabilité à l’égard de l’égalité des genres.

Comme beaucoup d’hommes dans sa communauté rurale de Mpepo dans le nord de la Zambie, il fut un temps où Stephen Chilufya, 48 ans, faisait peu de choses à la maison pour s’occuper de sa femme et de ses 7 enfants. Lorsqu’il est devenu un « champion de l’égalité » dans le cadre de l’Initiative pour la nutrition en Afrique australe (SANI), de CARE Canada, il a commencé à parler aux membres des « groupes d’action masculins » du partage équitable des responsabilités ménagères, y compris la préparation et la conservation des aliments, ainsi que de la valeur nutritive de divers aliments. Et il prêche par l’exemple : « maintenant, je cuisine, je lave des assiettes et je fais participer ma femme à la prise de décisions », a expliqué M. Chilufya, notant que grâce au projet, le couple a appris à « travailler ensemble pour une même cause : la famille ».

Les mesures pratiques prises dans le cadre du projet comprenaient la construction et la remise en état de points d’eau bien situés, ce qui réduit le temps consacré par les femmes et les filles aux travaux domestiques. Catherine Pongolani, directrice de SANI, explique que le projet vise aussi à susciter la participation des hommes et des femmes aux activités qui soutiennent la nutrition et la santé maternelle et infantile.

Mme Pongolani estime que les modèles masculins comme M. Chilufya favorisent la remise en question des stéréotypes sur les rôles domestiques. Les groupes d’action sensibilisent les hommes et les femmes sur la nécessité de répartir plus équitablement le travail domestique, tout en évitant les pratiques néfastes telles que la tradition selon laquelle les maris mangent en premier. « Cela signifie changer de comportement, et cela demande du temps », souligne Mme Pongolani.

Un groupe de personnes qui sourient regardent un homme, agenouillé sur le sol, mélanger des aliments dans une casserole.
Source la photo : Karin Schermbrucker / CARE
Les démonstrations culinaires de M. Chilufya et la distribution de graines aident les participants à acquérir des connaissances en matière de nutrition.

Les hommes qui adoptent des pratiques non violentes et équitables ont tendance à être plus heureux et en meilleure santé, ce qui se traduit par des familles plus heureusesNote de bas de page 1. Lorsque les hommes n’ont pas à s’enfermer dans une masculinité toxique rigide, ils peuvent adopter une mentalité et des comportements qui favorisent l’égalité des genres et qui remettent en question les normes et les inégalités sociales dont les effets sont néfastes.

Accroître la richesse mondiale de plus de 160 mille milliards de dollars américains

La réduction de l’écart salarial entre les genres pourrait accroître la richesse du capital humain de plus de 160 mille milliards de dollars américains Note de bas de page 2. Pour mettre les choses en contexte, cela représente environ le double de la valeur du PIB mondial. Mais, sur un plan plus personnel, lorsque les enfants voient leurs pères s’occuper des soins à domicile et des travaux ménagers de manière égalitaire, et accorder de l’importance à leur éducation, les garçons grandissent en souhaitant faire la même chose, et les filles sont amenées à travailler à l’extérieur de la maison et à aller chercher des emplois qui transcendent les stéréotypes liés au genre. Par ailleurs, lorsque les femmes ont les mêmes possibilités que les hommes, elles entrent et restent sur le marché du travail, renforçant le système économique et favorisant le développement. Ce type de changement sociétal peut permettre de briser le cycle générationnel de la pauvreté et conduire au développement durable.

Un homme, tenant une assiette, sourit à une jeune enfant et lui offre une cuillerée de nourriture.
Source de la photo : Karin Shermbrucker / CARE
Champion de l’égalité des genres, Stephen Chilufya donne l’exemple en faisant la promotion de l’égalité des genres au sein de son foyer et de sa collectivité.

Une paix plus durable et plus inclusive

Les avantages ne se limitent pas à la maison. Elles s’étendent aux communautés et même au-delà des frontières. Lorsque les individus, les communautés et les institutions traitent les personnes de tous les genres comme égales en dignité et en droits, la société dans laquelle ils vivent est plus pacifique et inclusive. Selon ONU Femmes, lorsque les femmes sont incluses dans les processus de paix, l’accord qui en résulte a 35 % plus de chances de durer au moins 15 ans. Même lorsque les groupes de femmes n’avaient qu’une influence modérée, un accord a été conclu dans la plupart des cas. Lorsque les groupes de femmes ne participaient pas du tout au processus ou avaient une faible influence sur le processus, les chances de parvenir à un accord étaient considérablement plus faibles.

Toutefois, l’égalité ne se produira pas si les normes et les attentes ne sont pas remises en question. Selon le Forum économique mondial, au rythme où les progrès sont réalisés en date de 2021, il faudra 132 ans pour atteindre la pleine parité hommes-femmes, en tenant compte de la participation et des possibilités économiques, du niveau d’instruction, de la santé, de la survie et du renforcement du pouvoir politique.

L’égalité des genres aide des communautés entières

Il est amplement prouvé qu’investir dans l’égalité des genres ne profite pas seulement aux femmes, aux filles et aux personnes de diverses identités de genre ; les hommes et les garçons et des communautés entières bénéficient des efforts visant à défaire les normes et les attitudes sexistes néfastes. On reconnaît de plus en plus qu’il s’agit là d’un facteur clé dans la réduction de la pauvreté dans le monde. Bien que les progrès puissent être lents et qu’aucun pays n’ait encore atteint l’égalité des genres, chaque étape est importante. La participation des hommes et des garçons à ce processus est primordiale pour en assurer la réussite.

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