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Un nouveau type d’école : Le modèle pancanadien de collège communautaire apporte un changement durable au Vietnam

Cinq images de type polaroid montrant divers étudiants et professeurs de l’université, présentées sur un fond gris. Une demi-feuille d’érable rouge est visible sur le côté gauche

Lorsque les dirigeants de la province vietnamienne de Tra Vinh ont cherché un moyen de réduire la pauvreté dans la région rurale du delta du Mékong, ils ont trouvé un modèle éducatif mis en application dans diverses régions du Canada qui permettrait de former une main-d’œuvre qualifiée, et plus encore.

Dans le cadre d’un programme d’Affaires mondiales Canada lancé en 2001, 4 collèges communautaires canadiens ont uni leurs efforts pour contribuer à la création d’une école comme le Vietnam n’en avait jamais vue.

Dans le cadre de ce programme, le Collège communautaire de Tra Vinh, situé dans la capitale provinciale de Tra Vinh, s’est adressé à des entreprises et industries locales pour élaborer des programmes d’études et de formation qui répondraient au mieux à leurs besoins. Les enseignants ont introduit, dans les salles de classe et les laboratoires, des techniques d’enseignement axées sur l’étudiant, l’apprentissage par projet et la recherche appliquée. De plus, les stages ont permis aux étudiants d’acquérir une expérience pratique dans leur domaine.

Ces caractéristiques du système canadien de collèges communautaires qui avaient déjà fait leurs preuves au Canada ont contribué à transformer ce qui était l’une des régions les plus pauvres du Vietnam. Ces éléments ont ensuite été reproduits dans les établissements d’enseignement professionnel de tout le Vietnam, à mesure que le pays devenait un pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure. De plus, ces éléments montrent les changements sociaux et économiques durables qui peuvent découler des efforts déployés par le Canada partout dans le monde en matière de développement.

David Harvey devant une affiche du campus de l’Université de Tra Vinh.
David Harvey explique que le Collège communautaire de Tra Vinh, maintenant devenu l’Université de Tra Vinh, « répondait aux besoins précis » de la région.
Crédit : Gracieuseté de David Harvey

« À tous les points de vue, le Vietnam est infiniment plus prospère qu’il ne l’était il y a 20 ans », affirme David Harvey, consultant en éducation internationale à Calgary, en Alberta, qui a dirigé le projet quinquennal de collèges communautaires Vietnam-Canada. Le projet a été soutenu par l’Association des collèges communautaires du Canada (aujourd’hui Collèges et instituts Canada – CICan), ainsi que par l’École polytechnique de la Saskatchewan, le Fisheries and Marine Institute de l’Université Memorial de Terre-Neuve-et-Labrador, l’Institut de technologie agroalimentaire du Québec, et le Malaspina University-College (aujourd’hui l’Université Vancouver Island).

Recherche de modèles internationaux

M. Harvey explique qu’avant la création du Collège communautaire de Tra Vinh, certains programmes professionnels étaient organisés dans des centres de formation au Vietnam, même si l’investissement dans la formation professionnelle n’était pas une priorité compte tenu de l’économie à bas salaires du pays. L’essor du secteur privé et la nécessité d’accroître considérablement la productivité ont amené le Vietnam à chercher des modèles internationaux pour de nouveaux types d’établissements de formation.

Le consortium pancanadien a contribué à la création d’un collège « qui répondait aux besoins précis de Tra Vinh », indique M. Harvey. Il s’agissait notamment de programmes qui ont permis aux femmes de participer à l’enseignement supérieur et qui garantissaient un accès pour les apprenants issus de minorités ethniques comme l’importante population khmère de la région. « Tra Vinh est aujourd’hui le modèle reconnu de collège communautaire au Vietnam », ajoutetil.

La première cohorte d’apprentissage du Collège comptait 200 étudiants, et le Collège proposait principalement des programmes tels que l’aquaculture et l’agriculture. L’établissement, qui est devenu l’Université de Tra Vinh en 2006, compte aujourd’hui plus de 20 000 étudiants. Cet établissement public offre des programmes à tous les niveaux dans des domaines allant des sciences de la santé, de l’ingénierie et de la technologie, aux arts, à la gestion publique et à la théorie politique.

Khanh Phạm Tiet parle dans un microphone sur un podium.
Khanh Phạm Tiet est président du conseil de l’Université de Tra Vinh et a été le premier recteur du Collège communautaire de Tra Vinh.
Crédit : Gracieuseté de l’Université de Tra Vinh

« Tra Vinh dispose désormais d’une université où la population locale peut accéder à l’enseignement supérieur à un coût abordable », affirme Khanh Phạm Tiet, président du conseil de l’Université de Tra Vinh, qui a été actif au Collège communautaire de Tra Vinh dès sa création, et qui en a été le premier recteur. Il note qu’en plus de l’élaboration de programmes d’études et de formation des enseignants, le projet Vietnam-Canada a permis la tenue d’ateliers de renforcement des capacités et de séances sur le développement international ainsi que sur les compétences en matière de leadership pour son personnel de gestion. Des programmes spécialisés ont également été mis en place, y compris des programmes axés sur les questions liées au genre, permettant entre autres aux femmes d’apprendre les techniques agricoles et de maîtriser des techniques d’artisanat pour qu’elles puissent avoir un revenu entre les récoltes.

Un changement dans le paysage

La province de Tra Vinh et les régions environnantes se sont développées parallèlement à l’établissement d’enseignement. Lors de la création du Collège, il fallait prendre 4 traversiers pour se rendre en voiture de la ville de Ho Chi Minh au Collège, soit un trajet d’environ 5 heures. Aujourd’hui, grâce aux ponts qui enjambent les voies d’eau, la durée du voyage n’est plus que de 2 heures.

Tieu Thanh Thuy, directrice du Centre d’excellence en matière de ressources pédagogiques et d’innovation à l’Université de Tra Vinh, explique que l’école a été construite sur ce qui était auparavant une rizière. Lorsqu’elle a commencé à travailler au Collège dans le domaine de la formation des enseignants en 2002, il fallait prendre un petit bateau et parfois même marcher dans l’eau jusqu’aux 2 bâtiments d’origine. « C’était très boueux pendant la saison des pluies : les enseignants et les élèves tombaient souvent, se souvient-elle. C’était un véritable défi pour se rendre dans la salle de classe. »

Tieu Thanh Thuy pose devant un bâtiment de l’Université de Tra Vinh.
Tieu Thanh Thuy est la directrice du Centre d’excellence en matière de ressources pédagogiques et d’innovation à l’Université de Tra Vinh.
Crédit : Dang Khoa

L’objectif de Mme Tieu était d’améliorer la façon dont les enseignants et les élèves interagissaient. De nombreux enseignants venaient de domaines techniques tels que l’électricité, l’agriculture et les technologies de l’information et n’avaient aucune expérience de l’environnement d’apprentissage appliqué, privilégié par le projet. L’enseignement au Vietnam était traditionnellement « un processus à sens unique, les élèves étant assis dans la classe, écoutant et recevant tout ce que le professeur leur transmettait », explique Mme Tieu.

Elle a reçu une formation au Malaspina University-College de Nanaimo, en Colombie-Britannique, et des experts canadiens ont prodigué des conseils au personnel enseignant et offert des démonstrations sur place à Tra Vinh. Les nouvelles techniques venues du Canada « nous ont permis de changer notre philosophie, se souvient Mme Tieu. Les enseignants sont maintenant aux côtés des étudiants, ce qui les a rendus plus actifs en classe. »

Nguyen Minh Trung, qui a fréquenté le Collège communautaire de Tra Vinh à ses débuts, à titre d’étudiant en administration de bureau, l’une des premières spécialités du Collège, affirme que l’établissement était essentiel pour la communauté et les étudiants qui le fréquentaient. « Le contenu de ses programmes était très pertinent par rapport à notre réalité et à l’avenir », soulignetil.

Nguyen Minh Trung se tient sur une route entre deux rangées d’arbres.
Nguyen Minh Trung est un jeune diplômé du Collège communautaire de Tra Vinh.
Crédit : Gracieuseté de Nguyen Minh Trung

M. Nguyen, qui travaille aujourd’hui au sein de l’administration de l’Université, affirme que « l’enseignement centré sur l’étudiant et l’apprenant est très approprié, en particulier compte tenu de la personnalité et des caractéristiques des étudiants vivant dans le delta du Mékong au Vietnam ».

Répercussions à long terme

Le Canadien Michael Emblem est coauteur d’un rapport récent qui examine 50 ans de relations diplomatiques entre les 2 pays ainsi que les 30 dernières années de programmes de développement menés par le Canada au Vietnam. Selon lui, la méthode d’enseignement des collèges communautaires est un élément important du système d’enseignement canadien, mais « faisait cruellement défaut au Vietnam ». Alors que l’économie du Vietnam commençait à se moderniser et à se décentraliser, le modèle canadien de formation professionnelle axé sur les collèges communautaires allait permettre de procurer une main-d’œuvre qualifiée à des secteurs allant de l’informatique aux soins infirmiers.

Selon M. Emblem, plutôt que d’offrir un financement qui aurait pu entraîner des avantages temporaires, le Canada a apporté une expertise et du mentorat qui ont eu des retombées à long terme. Ce modèle a également incité le Vietnam à développer ses propres ressources et à faire participer d’autres donateurs et le secteur privé, par exemple pour mettre en place des activités de formation dans différents domaines. « Aujourd’hui, l’économie du pays est en plein essor », soulignetil.

Des étudiants et des membres du personnel traversent une rivière boueuse à bord d’un bateau à moteur long et bas pour se rendre à l’école.
L’Université de Tra Vinh reflète les changements qu’a connus le Vietnam au cours des dernières décennies. Appelée à l’origine « Collège communautaire de Tra Vinh », l’école a été construite dans une rizière et, en 2002, les étudiants et le personnel s’y rendaient en bateau. Aujourd’hui, un pont enjambe la voie navigable.
Crédit : Gracieuseté de l’Université de Tra Vinh

M. Emblem, qui a géré un certain nombre de projets de développement pour des organisations non gouvernementales soutenues par Affaires mondiales Canada, a travaillé au Vietnam de 2005 à 2020, en observant les changements qui s’opéraient dans le pays. « Ce fut une expérience révélatrice, se souvient-il. Les projets d’infrastructure se multipliaient, des routes étaient aménagées, et Internet à haut débit était accessible partout. » Une grande partie de cette évolution s’est faite avec un certain degré d’aide ou d’investissement internationaux. Selon lui, le pays dispose d’une population, d’un gouvernement et d’établissements motivés, « et ils sont prêts à saisir toutes les ressources et tous les soutiens qui sont offerts et à en faire quelque chose qui leur permette de progresser ».

Selon M. Emblem, le Canada est l’un des nombreux partenaires du développement du Vietnam et trouve des créneaux où il peut offrir des modèles et des experts. Il note que la région de Tra Vinh a bénéficié de projets soutenus par le Canada qui ont aidé les habitants à mettre sur pied de petites entreprises et de petites industries. Par exemple, certaines entreprises se concentrent sur les cultures commerciales – comme la noix de coco – qu’elles transforment en divers produits.

Photo de Michael Emblem.
Michael Emblem est coauteur d’un rapport qui examine 50 ans de relations diplomatiques entre le Canada et le Vietnam ainsi que les 30 dernières années de programmes de développement menés par le Canada au Vietnam.
Crédit : Gracieuseté de Michael Emblem

Ainsi, le Collège communautaire de Tra Vinh et l’Université de Tra Vinh ont élaboré des programmes d’études pour ces industries, note M. Emblem. Entre-temps, les enseignements tirés des activités du Collège communautaire de Tra Vinh ont été transmis à quelque 200 établissements similaires dans le Vietnam, dit-il, et une formation spécialisée est désormais offerte dans des domaines tels que le tourisme, qui ont joué un rôle déterminant dans l’ouverture du pays.

Poursuite des liens avec le Canada

M. Khanh explique que l’Association vietnamienne des collèges communautaires a été mise sur pied en 2006 afin d’aider à reproduire ce modèle dans l’ensemble du pays, et qu’il en a été élu président. L’Association s’inspire de CICan, et elle est le seul membre affilié international de cette organisation canadienne.

Il ajoute que l’Université de Tra Vinh continue de veiller à ce que ses programmes répondent aux exigences du marché du travail et des employeurs locaux. D’autres partenariats avec des institutions canadiennes se sont développés dans des domaines tels que les échanges d’étudiants et de personnel. « Il est important de se tenir au courant des tendances en matière de développement de l’éducation au Canada. »

L’Université s’efforce d’établir des liens internationaux et entretient des partenariats avec des pays du monde entier en matière de formation, de recherche et d’enseignement. Elle continue notamment d’accueillir des stagiaires, des bénévoles, des experts techniques et d’autres personnes du Canada. « Nous souhaitons tous que la collaboration se poursuive », indique M. Khanh. En effet, l’Université de Tra Vinh célèbre chaque année la fête du Canada le 1er juillet, et elle « invite ses collaborateurs canadiens à y assister », ajoute-t-il.

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