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Mobiliser l’excellence : tirer parti de l’expertise canadienne pour répondre aux besoins d’assistance technique

Le Canada soutient des programmes de développement dans le monde entier, en finançant des projets destinés à améliorer les conditions de vie et les moyens de subsistance dans les pays du Sud.

Pour certains Canadiens, il s’agit d’un effort beaucoup plus concret. Dans le cadre du programme de Partenariat d’assistance technique (PAT) d’Affaires mondiales Canada, des experts de partout au pays sont déployés pour appuyer les pays en développement dans la réalisation de leurs priorités et à relever les défis. Axé sur la Politique d’assistance internationale féministe (PAIF) du Canada et visant à renforcer les relations bilatérales ainsi qu’à impliquer les Canadiens, le programme de PAT promeut le leadership du Canada dans le monde grâce au partage de notre expertise et de notre expérience.

« Nous mobilisons l’excellence de la fonction publique et de la société canadiennes », affirme Susan Pereverzoff, directrice de la Direction des citoyens du monde et de la mobilisation au sein d’Affaires mondiales Canada. Ses initiatives sont conçues pour informer et inspirer les Canadiens et les faire participer à l’aide internationale, notamment par l’entremise de programmes de bénévolat et de stages pour les jeunes, en plus du programme de PAT.

Initiatives à court terme adaptées aux besoins locaux

Le PAT a été lancé il y a un peu plus de deux ans, et il est actuellement présent dans 39 pays et ne cesse de croître, explique M. Pereverzoff. Cette initiative phare soutient la réduction de la pauvreté conformément aux objectifs de développement durable et est conçue comme un mécanisme local. Elle répond aux demandes d’assistance technique formulées par l’intermédiaire des ambassades et des hauts-commissariats canadiens à l’étranger par les gouvernements des pays admissibles à l’aide publique au développement.

Susan Pereverzoff est la directrice de la Direction des citoyens du monde et de la mobilisation d’Affaires mondiales Canada.
Source : Marta Gomes Machado

Les déploiements d’experts qui en résultent sont de courte durée, de quelques semaines à un an, et adaptés aux besoins des gouvernements nationaux. L’éventail des projets comprend la formation professionnelle, les pratiques durables dans le secteur extractif, l’investissement d’impact, les mesures de lutte contre la traite de personnes et la gestion des feux de forêt.

Mme Pereverzoff précise que le programme de PAT fait partie d’un investissement du gouvernement du Canada dans le cadre de la PAIF, qui soutient les efforts d’éradication de la pauvreté dans le monde en s’attaquant aux inégalités. Le programme de PAT se fonde sur les six domaines d’action de la PAIF : égalité des genres, dignité humaine, croissance au service de tous, environnement et action climatique, gouvernance inclusive et enfin, paix et sécurité.

L’expertise du Canada dans ces domaines est reconnue, affirme M. Pereverzoff, et relever les défis « nécessite une collaboration, une vision commune et le partage des approches. » Cela crée un « lien local-mondial » qui peut bénéficier au Canada ainsi qu’aux pays ciblés.

« Le partage d’expériences, l’apprentissage de ce que font les autres, de ce qui fonctionne et de ce qui ne fonctionne pas, est une richesse », explique-t-elle. La créativité et l’innovation qui découlent de la mise en commun des efforts pour résoudre un problème peuvent être bénéfiques pour tous. »

Déploiements dans le secteur privé et le secteur public

Christopher Yeomans est le directeur de projets du Mécanisme de déploiement d’experts du Partenariat d’assistance technique pour Alinea International.
Source : Alinea International

Le PAT comporte deux volets. Le mécanisme de déploiement d’experts (PAT-MDE), mis en œuvre par Alinea International, recrute des experts canadiens issus des secteurs privé et public (des provinces), du milieu universitaire et de la société civile dans tous les secteurs. Le mécanisme du gouvernement du Canada (PAT-GC) répond aux demandes dans les domaines où le gouvernement fédéral est actif, en aidant à établir des relations et des liens institutionnels. Jusqu’à présent, le Commissariat à la magistrature fédérale Canada, le ministère de la Justice et Ressources naturelles Canada participent à l’initiative.

Christopher Yeomans, directeur du projet PAT-MDE pour Alinea International – cabinet spécialisé d’experts-conseils qui propose des programmes de développement dans le monde entier – indique qu’il y a eu jusqu’à présent 57 initiatives PAT-MDE auxquelles ont participé 85 experts canadiens.

Yeomans, qui est également conseiller en matière de gouvernance et de droits de la personne pour PAT-MDE, explique que le programme « fonctionne comme une bibliothèque vivante de conseillers techniques ». Il met à disposition des chefs de file canadiens issus de plusieurs secteurs, professions, milieux, genres, identités culturelles et régions du Canada pour qu’ils partagent leur savoir-faire avec les pays partenaires.

Il affirme qu’il y a « un niveau de respect et d’estime pour le Canada et les Canadiens, pour le type de société que nous avons créée et que nous projetons dans le monde entier » dans des domaines comme l’intégration des questions d’égalité des genres et d’inclusion sociale dans les politiques publiques. « Il y a des gens qui veulent en savoir plus sur la façon dont nous mettons tout cela en œuvre. »

Une responsabilité en tant que citoyens du monde

Alinea recrute les meilleurs talents pour les initiatives d’assistance technique, explique M. Yeomans, qui note que beaucoup d’entre eux n’ont jamais travaillé dans le domaine du développement international auparavant. Les Canadiens sont motivés pour accepter ces missions parce que « nous avons un sens profond de la justice sociale dans notre pays et la responsabilité, en tant que citoyens du monde, de contribuer à l’amélioration des conditions de vie des gens dans le monde entier », commente-t-il.

Les participants « vivent une nouvelle expérience, ils sont engagés et motivés par le travail », explique M. Yeomans. « Nous apprenons davantage lorsque nous sommes devant une situation et un contexte qui ne nous sont pas familiers. Et cela nous donne une certaine perspective sur notre place dans le monde. »

Selon lui, fournir une assistance technique aux pays permet d’améliorer la crédibilité du Canada et ses relations avec les autres gouvernements nationaux. Les valeurs canadiennes sont mises de l’avant, mais il prévient qu’il est important que les experts évitent la « mentalité coloniale selon laquelle nous venons du Nord, nous sommes riches, nous savons comment faire les choses mieux ». Les participants au programme de PAT « reviennent assurément changés » et un suivi est assuré pour évaluer l’impact à long terme de l’initiative. « Il ne s’agit pas de jeter de l’argent par les fenêtres, mais bien de contribuer à des résultats concrets en matière de développement. »

Accroître les capacités locales

L’objectif est d’accroître les capacités locales dans les pays cibles, explique M. Yeomans, « en leur donnant les moyens de prendre des décisions qui tiennent compte de l’égalité des genres ou de leur impact sur l’environnement, ou encore d’être plus responsables. »

Pour Anju Fujioka, participante au programme de PAT-MDE, avocate et défenseure des victimes de violences sexuelles et sexistes à London (Ontario), la demande d’assistance technique est venue de la Gambie. Le ministère de la Justice de ce pays d’Afrique de l’Ouest souhaitait former les enquêteurs et les procureurs afin qu’ils puissent mieux répondre aux défis particuliers posés par les crimes de violence sexuelle et sexiste.

Anju, une participante au Partenariat d’assistance technique – Mécanisme de déploiement d’experts  et avocate et défenseure des victimes de violences sexuelles et fondées sur le genre, est photographiée assise sur un bureau.
Source : Michael Hughes

La question centrale est de renforcer les capacités du pays à enquêter sur les délits sexuels et sexistes et à déposer des accusations contre les auteurs, explique Mme Fujioka. Elle fait partie d’une équipe qui contribue à « rendre le système plus centré sur les victimes et plus respectueux des traumatismes, ce qui, souligne-t-elle, correspond en fait à une grande partie de ce que le Canada essaie de faire. »

Mme Fujioka explique que ses efforts consistent principalement à aider les enquêteurs et les avocats de la Gambie à interroger les plaignants et les témoins d’une manière plus adaptée à leurs besoins. Elle a commencé à sentir que son travail portait fruit lorsque les participants à ses séances de formation ont commencé à partager leurs propres expériences en matière de violence sexuelle et sexiste, un sujet généralement tabou dans le pays.

« Le fait que nous ayons même entamé ces conversations montre peut-être qu’il y a un léger changement d’attitude, dit-elle. Même si ce changement est le fait d’un seul enquêteur ou d’un seul procureur, qui sait où cela peut mener. »

Extension des déploiements gouvernementaux

Oleg Shakov, directeur des programmes internationaux au Commissariat à la magistrature fédérale Canada (le Commissariat), explique que le mécanisme PAT-GC comprend le déploiement de juges fédéraux du Canada pour soutenir les pays devant relever des défis judiciaires. Le Commissariat est un service gouvernemental qui protège l’indépendance judiciaire et fournit des services aux juges nommés par le gouvernement fédéral au Canada.

Oleg Shakov est le directeur de la Division des programmes internationaux au sein du Commissariat à la magistrature fédérale Canada.
Source : Photo offerte par Oleg Shakov

Shakov explique que le travail du Commissariat dans le cadre du PAT a commencé par des projets pilotes en Mongolie et en Colombie. En Mongolie, l’accent a été mis sur le renforcement de l’indépendance judiciaire et de la déontologie, tout en augmentant la confiance de la population à l’égard du système judiciaire. En Colombie, l’objectif était d’aider la Commission judiciaire pour l’égalité des genres à rendre opérationnels ses politiques, lois et pratiques en matière d’égalité des genres. Cette démarche a été simplifiée dans le cadre d’un plan stratégique général qui a permis au pays de mettre en place des éléments d’un tribunal intégré pour les violences domestiques, qui permettrait aux divisions pénales et familiales de Colombie de travailler ensemble.

Le Commissariat entend participer à trois projets de PAT par an pendant cinq ans. Lors de la première année, on prévoit la poursuite du travail entamé en Mongolie, ainsi que de nouvelles initiatives en Afrique du Sud et en Moldavie. Selon M. Shakov, de nombreuses demandes d’assistance sont à venir.

« Le système judiciaire canadien est souvent considéré par de nombreux pays dans le monde comme un modèle d’excellence », fait-il remarquer. L’engagement du Canada en faveur de l’indépendance judiciaire, de la transparence et de la gouvernance fait de nous un partenaire très intéressant pour les pays qui cherchent à réformer leur système judiciaire; ils le considèrent comme une référence. »

De nombreux juges au Canada « considèrent ce type d’assistance presque comme une obligation morale, pour soutenir les démocraties émergentes dans l’établissement d’une base solide à l’égard de la primauté du droit, mentionne-t-il. Nous ne nous contentons pas de partager les pratiques exemplaires en matière d’indépendance judiciaire ou de numérisation, par exemple. Nous partageons notre engagement envers la justice en tant que citoyens du monde. »

Sortir des sentiers battus

Le Commissariat a l’habitude d’entreprendre à l’étranger des projets s’échelonnant sur plusieurs années, explique M. Shakov, alors que les initiatives du PAT sont approuvées pour une durée maximale d’un an. Cela permet au Commissariat de répondre « presque instantanément » aux demandes d’accès à l’expertise judiciaire du Canada. « C’est un moyen pour nos missions diplomatiques d’agir rapidement et d’avoir un impact réel dans le pays où elles se trouvent. »

Il peut également être difficile d’accomplir des tâches dans des lieux éloignés dans ce laps de temps. « Vous voyez le temps qui file, et 12 mois plus tard, tout est terminé. C’est donc très différent, mais c’est extrêmement excitant et stimulant, explique M. Shakov. Pour le gouvernement, il s’agit de sortir des sentiers battus. »

Les juges qui participent au programme de PAT-GC sont inspirés « lorsqu’ils voient ce qu’ils réussissent à accomplir en tant qu’équipe de Canadiens », ajoute-t-il. Par exemple, ceux qui travaillent en Mongolie ont assisté à un congrès biennal de tous les juges à l’automne 2023, au cours duquel la première version d’un guide sur l’éthique qu’ils avaient contribué à rédiger a été adoptée. Les membres du congrès ont également voté en faveur de la création d’un conseil consultatif de déontologie judiciaire.

La juge Mary Moreau, qui a été nommée à la Cour suprême du Canada en novembre 2023 et qui a participé à l’initiative du PAT en Mongolie PAT lorsqu’elle était juge en chef de la Cour du Banc du Roi de l’Alberta, note que des « canaux de communication ont également été établis avec les médias » dans le pays.

Mary Moreau a été nommée à la Cour suprême du Canada en novembre 2023. Elle a participé à l’initiative PAT en Mongolie alors qu’elle était précédemment juge en chef de la Cour du Banc du Roi de l’Alberta.
Source : Photo offerte par la Cour suprême du Canada

Les représentants des médias en Mongolie ont rapporté que le principe de la publicité des débats judiciaires est aujourd’hui mieux respecté que par le passé. « Les médias sont les yeux et les oreilles du public et sont des acteurs importants d’un système judiciaire ouvert. »

Il est important que les participants au PAT adaptent leurs efforts au contexte d’un pays comme la Mongolie et « donnent la parole à ceux qui rencontrent des difficultés à l’échelle locale, qu’il s’agisse de juges, d’administrateurs judiciaires, de membres du barreau, d’ONG ou de médias, explique M. Moreau. Il faut éviter les solutions « universelles », toutes faites au Canada, qui risquent de ne pas tenir compte des problèmes locaux.

La patience et l’ouverture d’esprit sont des qualités nécessaires pour mener à bien ce travail et établir de bonnes relations avec les pays partenaires. Il faut donc « continuellement insister sur l’idée que les juges internationaux ne sont pas immunisés contre la réalité de la primauté du droit qui doit être constamment protégée, ajoute Mme Moreau. Aucun système judiciaire n’est parfait – nous évoluons tous et nous apprenons beaucoup des systèmes que nous étudions. Nous sommes là pour apporter notre soutien, mais aussi pour apprendre. »

« Nous sommes tous liés les uns aux autres »

Des programmes comme le PAT aident les Canadiens à comprendre que « nous sommes tous liés les uns aux autres, que nous vivons tous sur la même planète, explique M. Yeomans. Sensibiliser les Canadiens à la mondialisation est plus qu’une bonne chose à faire. C’est notre responsabilité à l’égard de ceux et celles qui nous remplaceront dans sept générations. »

Le programme de PAT montre aux Canadiens « qu’ils peuvent vraiment changer les choses », explique M. Yeomans. Lorsqu’ils sont convaincus qu’ils peuvent réellement faire bouger les choses, ils sont déterminés et vont jusqu’au bout, et parfois même, ils en font plus que ce qu’on leur demande. En effet, certains participants au programme de PAT ont continué à travailler avec les pays partenaires après leur affectation, même à titre bénévole. »

Selon Mme Pereverzoff, l’un des principaux objectifs du PAT est de sensibiliser les Canadiens à leur rôle de citoyens du monde, tout en soutenant les investissements du Canada en matière d’aide internationale par la sensibilisation et la mobilisation de la population. On invite les participants à faire connaître leur participation au programme de PAT au sein de leurs communautés et de leurs réseaux professionnels, ainsi qu’auprès de leurs familles.

« Pendant qu’ils sont en affectation, ils peuvent tenir un journal ou une chronique de ce qu’ils font, et ils peuvent publier du contenu sur les médias sociaux pour partager leur expérience », explique-t-elle. À leur retour, ils ont une belle histoire à raconter sur la collaboration, sur la demande d’expertise, d’expérience et de connaissances canadiennes, et sur la façon dont le Canada projette son leadership dans le monde entier. »

Selon Mme Pereverzoff, le programme de PAT permet à certains experts de « changer leur vie ». Ils en retirent une relation et une interaction personnelles, une véritable expérience de vie, une compréhension plus profonde des questions mondiales et du développement international, ainsi que du rôle que joue le Canada en contribuant à ne laisser personne pour compte. »

Les experts déclarent que les missions leur permettent de reconnaître les points forts des pays partenaires, le potentiel de progrès et la nécessité de poursuivre la collaboration.

« Nous ne disons pas que le Canada et les Canadiens ont toutes les réponses, ou que nous faisons les choses de la meilleure façon, mais plutôt que nous avons quelque chose à partager et à apprendre, ajoute M. Pereverzoff. Lorsque nous mettons en commun ce partage et cet esprit d’apprentissage, nous pouvons réaliser des choses vraiment impressionnantes dans le monde entier. »

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