Des haricots qui renforcent les moyens d’agir en Afrique

L’évolution du soutien du Canada à l’Alliance africaine pour la recherche sur le haricot, de 1996 à 2028.

Imaginez un monde où un simple haricot peut changer des vies. C’est comme ça que le Canada, au moyen de son partenariat avec le GCRAI, a créé l’Alliance africaine pour la recherche sur le haricot (PABRA), qui donne les moyens aux agriculteurs africains de cultiver une plus grande quantité de haricots et des haricots de meilleure qualité tout en faisant progresser la nutrition, le commerce, l’égalité entre les hommes et les femmes et la biodiversité.

Des « haricots magiques » pour surmonter les obstacles agricoles dans les années 1990

Au début des années 1990, des scientifiques agricoles étrangers du réseau du GCRAI se sont rendu compte que les haricots – un aliment riche en protéines et en nutriments essentiels – n’étaient pas bien connus des agriculteurs africains et étaient rarement plantés. La pauvreté des sols, le manque de semences de qualité, les marchés sous-développés et les répercussions imprévisibles des changements climatiques ont été des défis majeurs qui ont limité l’intégration des haricots dans les exploitations africaines. De là est né PABRA.

Équipe internationale pour les haricots africains

Le Centre international d’agriculture tropicale (CIAT) a commencé à travailler sur les moyens d’améliorer la production et la distribution des haricots. Conscient du potentiel de cette initiative, le Canada a fourni un financement pour lancer PABRA par l’entremise de l’Agence canadienne de développement international (ACDI) en 1996, et, encore aujourd’hui, il continue d’offrir du soutien par l’entremise d’Affaires mondiales Canada (AMC). La Direction du développement et de la coopération (DDC) et l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) ont également contribué au lancement. Ce fut le début d’un processus de transformation au moyen de la coopération internationale.

Une réussite grandissante

Au fil des ans, PABRA a évolué, en orientant ses efforts sur divers aspects de la culture de haricots. Depuis sa création, elle a connu à la fois des réussites et des difficultés. « Les principales retombées comprennent une adoption plus répandue des variétés de haricots grimpants, qui sont passées de 5 % de la production de haricots au début des années 1980 à environ 45 % en 2022. Cette adoption a contribué à l’augmentation du rendement des haricots », a affirmé le directeur de PABRA, Jean Claude Rubyoho. « Cependant, les effets des changements climatiques et la rareté des terres agricoles se répercutent sur la production de haricots. »

Initialement, de 1996 à 2000, les efforts étaient axés sur l’amélioration génétique en vue de créer des variétés de haricots plus résilientes et plus productives, ce qui a mené à l’amélioration des techniques agricoles et à la mise en place d’un réseau d’agriculteurs pour que ces derniers puissent échanger leurs connaissances et leurs ressources.

En mettant l’accent sur l’agronomie de la production végétale de 2000 à 2003, PABRA a créé des réseaux régionaux de haricots tels que le Réseau de recherche sur le haricot pour l’Afrique de l’Est et du Centre (ECABREN) et le Réseau de recherche sur le haricot pour l’Afrique australe (SABRN) pour faciliter l’échange de connaissances et la collaboration entre agriculteurs. Emma Uwera, qui possède une entreprise de semences au Rwanda, attribue son succès à cet échange de connaissances : « PABRA et RAB (Office rwandais de développement de l’agriculture et des ressources animales) m’ont soutenue en me fournissant des semences de base, des renseignements sur l’agriculture et un soutien technique pendant mes études, que j’ai terminées avec succès. »

Pendant la période de 2004 à 2008, l’accent a été mis sur la nutrition et les systèmes agricoles, en intégrant des haricots dans les exploitations agricoles et en diversifiant la production des agriculteurs. Beaucoup de travail a également été fait pour lutter contre la malnutrition en intensifiant la production et la consommation de haricots enrichis en micronutriments, y compris dans les écoles. Le directeur d’école George Murage fait part de l’effet positif que cela a eu sur ses élèves : « Depuis que nous avons commencé la culture du haricot, nous avons constaté une importante transformation à l’école. Nous sommes maintenant autosuffisants en matière de production de haricots et nous avons réduit les dépenses liées à l’achat de haricots dans le cadre de notre programme d’alimentation pour les repas scolaires. Étant donné que les élèves sont assurés d’avoir quelque chose à manger, la présence à l’école et le maintien en classe des élèves se sont grandement améliorés.  »

À mesure que les changements climatiques devenaient une menace plus grande de 2009 et 2014, PABRA a élargi sa portée en aidant des agriculteurs de 28 pays à développer des pratiques agricoles résilientes au climat et en établissant le Réseau de recherche sur le haricot pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre (WECABREN [anglais seulement]). Justin Mabeya, chercheur à l’Alliance Bioversity International – CIAT, souligne que « les haricots jouent un rôle clé dans la sécurité alimentaire et la durabilité environnementale en Afrique », et insiste sur l’importance de promouvoir des variétés de haricots améliorées et résilientes au climat et de plaider en faveur de pratiques agricoles durables.

Plus récemment, de 2015 à 2023, les efforts ont été réorientés vers le commerce et le développement des marchés, permettant aux agriculteurs de vendre leurs haricots au-delà des frontières et d’améliorer leurs moyens de subsistance. Par l’entremise des initiatives telles que l’amélioration de la production et de la commercialisation de haricots en Afrique (IBPMA), PABRA a élargi sa portée à 31 pays et a favorisé les liens commerciaux transfrontaliers. PABRA a joué un rôle de premier plan pour améliorer la productivité et la rentabilité des exploitations agricoles et répondre à la demande croissante des consommateurs. M. Jakaya Kikwete, ancien président de la Tanzanie, salue le dévouement de PABRA à l’égard de la recherche et du développement du haricot, constatant ses résultats remarquables dans la lutte contre la malnutrition. Il a également annoncé que le réseau était le lauréat de 2023 du prestigieux Prix africain de l’alimentation.

L’une des initiatives ayant le plus de retombées est « Beans4Women » (des haricots pour les femmes), lancée en République démocratique du Congo. Ce programme de promotion de l’égalité entre les hommes et les femmes, en vigueur de 2024 à 2027, renforce le pouvoir économique des agricultrices en leur fournissant les outils et les connaissances nécessaires pour cultiver et vendre des haricots, ce qui leur permet d’avoir une source de revenus stable et des aliments nutritifs pour leurs familles.

De 2024 à 2028, PABRA concentre ses efforts sur la biodiversité au moyen de l’initiative BRAINS (équité et résilience au climat dans les secteurs des haricots et des insectes en Afrique), qui fait la promotion de la culture de diverses variétés de haricots pour accroître la résilience et la durabilité.

Retombées réelles

Jusqu’à présent, les résultats sont remarquables. PABRA a contribué à la culture de 6,3 millions d’hectares de haricots et à la production de 97 000 tonnes de variétés améliorées de haricots, ce qui a considérablement amélioré la sécurité alimentaire et la nutrition de millions de personnes. Les retombées économiques sont tout aussi impressionnantes, le commerce des haricots étant passé de 15 millions de dollars américains en 2003 à 300 millions de dollars américains en 2022.

Le soutien du Canada a également mené à des progrès apportant des changements importants dans les systèmes alimentaires africains en élargissant l’adoption de haricots résilients au climat et biofortifiés, riches en fer et en zinc, qui aident à lutter contre la malnutrition. « Je souhaitais particulièrement travailler avec ces variétés en raison des problèmes de malnutrition chez les petits exploitants agricoles, les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans, qui avaient grandement besoin de fer et de zinc, a signalé M^me Uwera.

Ces efforts cadrent avec l’engagement du Canada à l’égard du développement durable, de la sécurité alimentaire et de l’égalité entre les hommes et les femmes. « Les projets consécutifs qui se soutiennent mutuellement sont un excellent exemple de l’engagement à long terme du Canada visant à soutenir des partenariats solides pour la réduction de la pauvreté et l’augmentation de la prospérité dans les pays en développement », a ajouté Nikita Eriksen-Hamel, directeur adjoint des pratiques liées aux systèmes alimentaires à Affaires mondiales Canada.

Un avenir durable

Au cours des 3 dernières décennies, PABRA a transformé les communautés et renforcé la sécurité alimentaire sur le continent en s’adaptant à l’évolution des défis. M. Eriksen-Hamel a également souligné que « le PABRA est sans aucun doute l’un des investissements les plus fructueux du Canada dans le développement du système agroalimentaire au cours des 25 dernières années », illustrant la transformation durable du système alimentaire pour relever des défis complexes comme la sécurité alimentaire, la réduction de la pauvreté, l’inégalité entre les hommes et les femmes et les changements climatiques. Grâce à ce partenariat durable, le Canada et PABRA démontrent l’importante incidence qu’un soutien constant et inclusif peut avoir sur les communautés du monde entier.

De leur plantation jusqu’à leur récolte, ces haricots ne sont pas que de simples cultures : ce sont les semences du changement, qui nous permettent de cultiver un avenir durable.