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Le ministre Baird : Nous devons juger le gouvernement iranien selon ses actes

La version originale anglaise de ce texte d’opinion a été publiée dans le National Postle 7 novembre 2013.

Plus tôt cette année, l’Iran a élu un nouveau président, M. Hassan Rohani, dont le comportement, le style et le discours sont diamétralement opposés à la suffisance et au caractère belliqueux de son prédécesseur, M. Mahmoud Ahmadinejad. Il faut se réjouir de l’approche et du ton conciliants du nouveau président, notamment en ce qui concerne la diplomatie nucléaire de l’Iran. Nous constatons également avec satisfaction que ce pays a libéré un petit nombre de prisonniers politiques. Tous ceux qui, parmi nous, s’affligeaient depuis longtemps de l’influence funeste du régime iranien à l’étranger et de la répression impitoyable qu’il exerçait contre ses citoyens veulent croire que le pays est véritablement déterminé à améliorer les choses, tant à l’intérieur de ses frontières que dans ses relations extérieures.

Toutefois, nous ne pouvons nous permettre le luxe d’être naïfs. Pas plus que ne le peut le peuple iranien, qui souffre depuis trop longtemps. Il est facile de parler de changement devant les caméras ou dans les médias sociaux. Le véritable défi consiste à donner suite à ses engagements, à prendre des décisions difficiles et à apporter des changements concrets au niveau national. C’est donc par ses actes, et non par ses paroles, que nous devons juger le gouvernement iranien. Le président Rohani marquera ses 100 premiers jours en poste ce mardi, et, d’aucune façon, ses actes n’ont-ils été à la hauteur de ses paroles.

Grâce au rôle de surveillance et aux rapports du secrétaire général des Nations Unies et du rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme en Iran, nous savons que le bilan iranien en la matière est très préoccupant, et que ces violations perdurent. Les femmes continuent d’être victimes d’une grave discrimination. Les minorités ethniques et religieuses continuent également de faire l’objet de discrimination et de harcèlement disproportionnés de la part des autorités. À eux seuls, plus de 100 membres de la foi bahá’íe demeurent emprisonnés, sous prétexte qu’ils ont pratiqué leur religion ou se sont organisés pour le faire et qu’ils ont défendu leurs droits.

Ces gestes ne sont pas de nature à nous convaincre d’un vrai désir de changement de la part des dirigeants iraniens. Pour montrer sa détermination à améliorer concrètement la situation des droits de la personne, l’Iran ne devra pas se contenter de demi-mesures : il lui faudra poser un certain nombre de gestes concrets qui répondent aux préoccupations légitimes de la communauté internationale quant à la façon dont sont traités ses citoyens.

Premièrement, il doit permettre au rapporteur spécial des Nations Unies de se rendre sur son territoire et de faire enquête sur la situation, sans entraver ni restreindre ses déplacements ou le choix de ses interlocuteurs.

Deuxièmement, il doit ratifier et appliquer les dispositions de la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. Cela implique l’adoption de dispositions juridiques interdisant ces formes de mauvais traitements ou de châtiments, y compris l’isolement cellulaire prolongé, l’obtention d’aveux sous la torture, la flagellation et la lapidation ainsi que la privation de soins médicaux aux prisonniers.

Troisièmement, il doit faire enquête sur les allégations de sévices à l’endroit de prisonniers détenus dans les prisons iraniennes et veiller à ce que les responsables soient traduits en justice et punis. Quatrièmement, il doit garantir la liberté d’expression en droit et en pratique, y compris l’accès complet et sans entrave à Internet.

Enfin, les dirigeants iraniens doivent adopter des dispositions légales qui interdisent toute forme de discrimination fondée sur la religion, l’ethnie et le sexe, et voir à les faire appliquer.

Cela comprend la ratification de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et l’intégration des dispositions de cette dernière à sa législation nationale; l’adoption de politiques et de lois qui favorisent la participation des femmes à la vie publique, y compris leur candidature à la présidence; et la modification du code civil iranien, de sorte qu’un mari ne puisse plus empêcher sa femme de travailler ni de faire carrière.

Si nous restons sceptiques à l’égard de l’Iran, c’est pour avoir été témoin de décennies d’inaction sur ces questions. Les mesures concrètes énoncées précédemment montreraient au peuple iranien, et au reste du monde, que le gouvernement iranien a véritablement l’intention de respecter et de faire respecter les droits de sa population.

Il ne s’agit pas seulement d’agir dans l’intérêt du Canada : il en va de l’intérêt même de l’Iran et du peuple iranien. L’instauration d’une société libre qui respecte la dignité humaine du peuple iranien entraînera l’assouplissement des sanctions et libérera l’ingéniosité des Iraniens tout en favorisant leur prospérité. C’est leur avenir qui est en jeu.

Nous sommes prêts à apporter notre soutien à de tels changements si des mesures comme celles mentionnées précédemment se concrétisent. D’ici là, et pour le bien du peuple iranien, nous devons insister avec force auprès des dirigeants iraniens pour que l’Iran respecte ses obligations internationales en matière de droits de la personne.

C’est pourquoi, une fois de plus cette année, le Canada a présenté aux Nations Unies une résolution sur la situation des droits de l’homme en Iran. Nous cherchons ainsi à exercer des pressions sur l’Iran pour qu’il mette fin à la discrimination, aux persécutions, aux emprisonnements injustes et à la torture dont sont victimes un si grand nombre de ses citoyens. 

Le Canada est solidaire des Iraniens, à qui il souhaite dans un proche avenir que leurs droits fondamentaux et leur dignité soient respectés, ce qui, selon nous, revient de droit à tout être humain.

National Post
John Baird est le ministre des Affaires étrangères du Canada