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Remarques du Canada lors du débat sur l’initiative de veto de l’Assemblée générale des Nations Unies sur le groupe d’experts de la Corée du Nord

Le 11 avril 2024 - New York (New York) - Affaires mondiales Canada

L’allocution prononcée fait foi. Ce discours a été traduit conformément à la Politique sur les langues officielles du gouvernement du Canada et révisé aux fins d’affichage et de distribution conformément à sa politique sur les communications.

Lorsque le Canada a présidé le Comité des sanctions contre l’Angola en 1999, l’un de mes prédécesseurs, l’ambassadeur Robert Fowler, a travaillé avec ses homologues du Conseil de sécurité pour mettre en place le tout premier groupe d’experts pour un régime de sanctions de l’ONU.

Ce groupe a présenté aux membres du Conseil de sécurité des évaluations crédibles et indépendantes et a formulé des recommandations pour mettre fin au conflit.

Le modèle a été reproduit pour soutenir les sanctions de l’ONU en Sierra Leone et au Liberia.

Au fil du temps, le Conseil de sécurité et l'ensemble du système des Nations Unies se sont appuyés sur les groupes d’experts pour renforcer l’efficacité de ses sanctions.

Ils ont été, et restent, des outils importants non seulement pour le Conseil, pour l’ensemble des membres des Nations Unies.

Ces groupes d’experts nous fournissent des informations essentielles pour garantir le respect des sanctions du Conseil de sécurité, ce qui renforce notre capacité à respecter la section 25 de la Charte des Nations Unies, à savoir mettre en œuvre les décisions du Conseil de sécurité.

Pourtant, nous nous retrouvons aujourd'hui dans cette situation où un membre permanent du Conseil de sécurité, la Fédération de Russie, a jugé bon de saper et d’éliminer ces outils.

Le dernier exemple en date est l’utilisation abusive par la Russie de son droit de veto pour mettre fin au mandat du groupe d’experts de la Corée du Nord.

Ce veto tel qu'il a été décrit par tant de personnes, est totalement et profondément irresponsable.

Il est en contradiction avec les responsabilités qui incombent à la Russie en vertu de la Charte.

Il mérite amplement notre inquiétude et notre condamnation communes, y compris nos demandes pour que le Panel soit rétabli dans ses fonctions.

Les actions de la Russie compromettront l’efficacité des sanctions imposées par les Nations Unies à la Corée du Nord, sanctions que la Russie soutient depuis près de 20 ans.

La communauté internationale ne recevra plus les informations et les recommandations crédibles et indépendantes que le groupe fournit depuis plus de 15 ans.

Mais il y a aussi d'autres enjeux. L’architecture mondiale du désarmement et de la non-prolifération en pâtira, un élément clé du régime de sanctions des Nations Unies étant démantelé sous nos yeux.

Il est important de nous rappeler, parce qu'il y a une terrible ironie dans cette discussion aujourd'hui, que la Russie n'était pas seulement présente lors de la création des Nations Unies, mais qu'elle a également participé à la création de la fragile architecture dont nous disposons pour prévenir une catastrophe nucléaire.  Lentement mais sûrement, nous avons construit des institutions, signé des traités pour mettre fin aux tests dans l'atmosphère, pour faire face à la prolifération nucléaire et à ses terribles conséquences. Tous ces traités ont été soigneusement négociés avec l'Union soviétique et la Russie, et la Russie s'est profondément impliquée dans toutes ces négociations et conférences ici à New York et à Genève, en faisant pression sur nous depuis cette plate-forme, depuis toutes les plates-formes du monde. La Fédération de Russie a été l'architecte de cette structure.  Et maintenant, nous nous trouvons dans une situation ironique où la Russie a décidé unilatéralement de prendre des mesures pour la démanteler. La Corée du Nord sera encouragée à poursuivre l’expansion de son programme illégal d’armes de destruction massive et de ses programmes de missiles balistiques.

Nous demandons instamment à la Corée du Nord de cesser les activités qui génèrent des revenus pour ses programmes d’armement illégaux, y compris les activités cybernétiques malveillantes que le groupe d’experts lui-même a révélées.

Peut-être devons-nous comprendre  que c’est peut-être précisément le but de la décision imprudente de la Russie.

La fin des travaux du groupe d’experts intervient dans un contexte de coopération sans précédent entre la Russie et la Corée du Nord, une relation troublante signalée par le groupe d’experts et plusieurs autres sources crédibles.

Les missiles balistiques et autres matériels fournis par la Corée du Nord à la Russie, en violation des sanctions du Conseil de sécurité, soutiennent la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine, que cette Assemblée a d’ailleurs condamnée à de nombreuses reprises.

En outre, le fait que la Corée du Nord viole le droit international n’est pas contesté.

Les sanctions du Conseil de sécurité sont une réponse directe à la grave menace que les programmes d’armement de la Corée du Nord font peser sur la paix et la sécurité internationales.

Cette menace ne s’est pas dissipée, elle s'est même intensifiée, c’est pourquoi les sanctions restent en vigueur.

Qu'est-ce qui a changé ? Je vais vous dire ce qui a changé. Ce qui a changé, c’est qu’un État a désormais besoin de ces mêmes armes pour poursuivre sa propre guerre illégale, et a donc choisi d’affaiblir l’action du Conseil de sécurité et de couvrir ses propres violations.

Appelons donc ce veto pour ce qu’il est : un accord d’arrière-boutique, pur et simple.

La Russie obtient les armes dont elle a besoin pour détruire l’Ukraine, et la Corée du Nord obtient la protection de la Russie au sein du Conseil de sécurité.

Il s’agit d’un racket d’armes contre protection. Rien de plus, rien de moins.

La corruption n’a jamais été aussi cynique.

Les habitants de la péninsule coréenne et de l’Asie de l’Est qui vivent chaque jour, sous la menace d’une Corée du Nord agressive sont désormais moins en sécurité.

Les Ukrainiens qui souffrent des ambitions impérialistes de la Russie, mais qui y résistent, sont désormais moins en sécurité.

Nous sommes tous moins en sécurité.

Et je dois dire que le Canada est déçu par l’abstention de la Chine à cet égard.

Comment un pays voisin d’un proliférateur nucléaire peut-il déclarer publiquement son soutien au Comité des sanctions et au Groupe d’experts, mais ne pas se résoudre à voter en faveur d’une résolution qui aurait assuré leur bon fonctionnement ?

La Russie aurait dû s’abstenir de voter, conformément à l’article 27, paragraphe 3.

Au lieu de cela, elle a utilisé son veto pour s’opposer à un outil essentiel dont nous disposons, et a sapé notre capacité collective à faire respecter la Charte.

Ce n’est pas la première fois que la Russie agit de la sorte.

La Russie a entravé le travail du groupe d’experts en République centrafricaine.

La Russie a imposé son veto unilatéral au groupe d’experts sur le Mali.

Dans ces deux cas, ces groupes d’experts avaient fait état de violations perpétrées ou soutenues parqui? Par la Russie.

Où cela s’arrêtera-t-il?

Allons-nous continuer à permettre à un pays de nuire aux institutions et aux outils que nous avons construits ensemble? Ce n’est pas une question rhétorique. C’est pour cette assemblée.

Madame Présidente,

La Russie peut penser qu’en opposant son veto au mandat du groupe d’experts sur la Corée du Nord, elle se protégera et protégera la Corée du Nord de tout examen.

La Russie se trompe.

Le Canada continuera à respecter pleinement les sanctions de l’ONU contre la Corée du Nord, qui restent en vigueur et sont juridiquement contraignantes.

Nous appelons tous les États membres à faire exactement la même chose.

Nous continuerons à surveiller les cas de contournement des sanctions de l’ONU, à y réagir, et à demander des comptes à la Corée du Nord.

Un contrôle indépendant du respect du régime de sanctions maintenant est plus important que jamais.

Nous appelons tous les États membres à faire de même.

Le Canada est prêt à travailler avec tous ses partenaires pour répondre au veto de la Russie, y compris par une action de l’Assemblée. Et si je peux conclure, Madame la Présidente, je dirai que nous nous associons entièrement aux commentaires des deux personnes qui ont pris la parole cet après-midi - mes collègues de l'Autriche et du Brésil.  Mon collègue du Brésil a supplié le Conseil de se remettre au travail, de trouver un compromis, de faire ce qu'il faut pour que ce groupe d'experts ne soit pas sapé et qu'il puisse continuer.  Mais comme l'a dit mon collègue autrichien, l'Assemblée générale ne va pas disparaître. Au cours des dernières années, cette assemblée a pris sur elle d'agir lorsque le Conseil de sécurité est bloqué, gelé et compromis. C'est précisément ce à quoi nous assistons aujourd'hui.  Et si, après la date limite du 30 avril, nous nous retrouvons dans une situation où le Conseil n'a pas agi, nous nous joindrons certainement à l'Autriche et à beaucoup d'autres pour trouver un moyen de permettre à cette assemblée de faire son travail. Protéger la sécurité du monde, veiller à ce que l'architecture de la non-prolifération progresse et ne soit pas sapée, et nous assurer tout simplement que ces deux pays, la Russie et la RPDC, ne s'en tirent pas à si bon compte.

Merci, Madame Présidente.

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