Évaluation de la programmation de l’aide internationale canadienne en République Démocratique du Congo, de 2012‑2013 à 2018‑2019
La Direction de l’évaluation de l’aide internationale (PRA) d’Affaires mondiales Canada a effectué une évaluation de l’aide internationale canadienne en République Démocratique du Congo (RDC), pour la période 2012‑13 à 2018‑19. L’objectif de cette évaluation était de favoriser l’apprentissage, guider la prise de décision et améliorer la programmation canadienne. Les questions abordées dans cette évaluation incluent : la capacité de réponse et la souplesse de la programmation dans un état fragile, la cohérence des programmes, l’atteinte des résultats et leur durabilité, ainsi que les bonnes pratiques en matière d’égalité des genres.
Principaux constats
La programmation canadienne en développement en RDC a été relativement modeste, mais elle a ciblé des besoins importants. Cela dit, les grands axes stratégiques de la programmation en développement ont été déterminés davantage par des changements dans les priorités ministérielles que par le souci de s’adapter aux besoins des populations congolaises et l’évolution de la situation dans le pays. Le financement humanitaire du Canada a été rapidement attribué dans les zones où les besoins ont été identifiés.
La programmation en RDC ‑ tant du côté humanitaire qu'en développement ‑ n’a pas pris en compte de manière stratégique et systématique les causes et facteurs de conflits et de fragilité dans sa planification ainsi que dans sa mise en œuvre. La programmation canadienne en RDC n’a pas créé des liens systématiques au niveau stratégique entre les volets humanitaire, de développement, ainsi que de paix et stabilisation. Le Ministère pourrait renforcer les liens entre ces trois volets, et mieux intégrer la dimension fragilité et conflits dans sa programmation.
La programmation a contribué à des améliorations dans l’accessibilité et la qualité des services de santé pour les mères et les enfants et les services de prise en charge holistique des survivantes des VSBG. Des résultats positifs, mais embryonnaires, ont été notés dans le secteur de la protection des enfants et de la promotion de la démocratie. La programmation a aussi fait preuve d’une forte intégration de la dimension égalité des genres. Ces résultats, bien que positifs, restaient toutefois limités en termes de portée et d’uniformité.
Les projets ont intégré plusieurs approches pour renforcer la durabilité des résultats, tout en reconnaissant la difficulté de faire cela dans un contexte de fragilité. Cela a été fait avec un taux succès variable. En fin de compte, seuls quelques résultats ont été durables. Les défis liés à la durabilité étaient plus présents dans le secteur de la santé et, dans une moindre mesure, dans les secteurs de la protection des enfants et de la lutte contre les VSBG.
Recommandations
- Le programme de la RDC devrait mettre en place un mécanisme de planification pluriannuelle pour la programmation bilatérale en RDC. Ce mécanisme serait informé par des analyses à jour du contexte, des causes et facteurs des conflits, des intervenants impliqués, ainsi que du positionnement du Canada en RDC. Le programme de la RDC devrait aussi explorer des façons de répondre plus rapidement à des besoins émergents dans le contexte de fragilité et marqué par les conflits en RDC.
- Le programme de la RDC, en consultation avec les Enjeux mondiaux et développement (MFM), le Programme pour la stabilisation et les opérations de paix (PSOPs) et les Partenariats pour l’innovation dans le développement (KFM), devrait identifier des options afin de permettre au Canada de s’engager davantage dans le processus triple nexus présentement en cours en RDC, sous l’égide du Bureau conjoint des Nations Unies.
- Le programme de la RDC devrait mener une réflexion conjointe avec MFM et KFM sur l’orientation de l’engagement du Canada dans le secteur de la santé en RDC en tenant compte de ses différents canaux de programmation et de dialogue politique.
- Le programme de la RDC au siège et la mission devraient se doter des capacités nécessaires (ou optimiser l’utilisation des ressources existantes) pour mieux intégrer la dimension de conflit et de fragilité dans les choix de programmation et leur mise en œuvre, ainsi que pour permettre au Canada en RDC de mieux jouer son rôle de bailleur sensible aux conflits et à la fragilité et ayant un solide engagement humanitaire.
- PSOPs, en collaboration avec le programme de la RDC, devrait identifier et formaliser des modalités pour fournir un appui technique ciblé au programme de la RDC, afin de l’aider à mieux intégrer la dimension conflits et fragilité dans sa programmation. Cette approche devrait tenir compte des contraintes budgétaires et des ressources humaines de PSOPs, lorsque vient le moment d’appuyer des pays non prioritaires comme la RDC.