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ARCHIVÉ - L’éducation internationale : un moteur-clé de la prospérité future du Canada
Chapitre 1 : Mandat du comité consultatif
1.1 Principes directeurs
Le budget de 2011 a consacré 10 millions de dollars sur deux ans à l’élaboration et à la mise en oeuvre d’une stratégie en matière d’éducation internationale visant à rehausser l’attrait du Canada comme pays de choix où poursuivre des études et effectuer des recherches de portée mondiale.
Pour réaliser cette vision, un comité consultatif d’experts, relevant des ministres des Finances et du Commerce international, a été formé le 13 octobre 2011. Nous, qui composons ce comité, avons été chargés de formuler des recommandations au sujet de cette stratégie et de définir l’apport de tous les partenaires. En particulier, le comité devait présenter des avis sur un éventail de questions touchant le secteur de l’éducation internationale au niveau postsecondaire. Dès le début, nous avons été conscients du besoin de consulter de façon approfondie le gouvernement fédéral ainsi que les gouvernements provinciaux et territoriaux. Nous avons pris note en particulier du plan d’action pour la promotion de l’éducation internationale du CMEC, intitulé Pour mettre l’éducation au Canada à la portée du monde, et le monde à celle du Canada : un plan d’action pour la promotion de l’éducation internationale à l’intention des provinces et des territoires, rendu public en juin 2011. Étant donné les liens étroits qui unissent les différents pans du secteur de l’éducation, nous avons également donné une perspective plus large à notre mandat et inclus les acteurs de l’ensemble du secteur de l’éducation de partout au pays. Tout au cours de ce processus, nous avions pour objectif d’ancrer nos travaux dans les valeurs de l’ouverture, de la transparence et de la collaboration, en faisant en sorte que chacun ait sa place.
Le comité consultatif avait expressément pour mandat de faire en sorte que la stratégie maximise les retombées économiques pour le Canada dans le domaine de l’éducation internationale, y compris en venant renforcer les liens avec des marchés émergents clés, favoriser l’attraction des étudiants internationaux les plus talentueux, élargir la prestation à l’étranger de services canadiens d’éducation, et stimuler la création et le resserrement des partenariats entre les établissements d’enseignement canadiens et étrangers.
1.2 Notre vision pour le Canada
Notre vision pour le Canada : devenir le chef de file du XXIe siècle en éducation internationale afin d’attirer les meilleurs talents et de préparer nos citoyens au marché mondial, de façon à établir des bases solides pour assurer notre prospérité future.
Nous, qui formons le Comité consultatif sur la Stratégie du Canada en matière d’éducation internationale, estimons que l’éducation internationale produit d’énormes effets positifs dans chaque communauté du Canada, qu’elle soit en milieu urbain ou rural, dans l’Est ou dans l’Ouest du pays, francophone ou anglophone. La stratégie a pour objectif fondamental d’attirer des gens de talent qui stimuleront la prospérité future du Canada. Ainsi, nous pourrons renforcer nos établissements d’enseignement, faire avancer la recherche et l’innovation, établir des liens importants pour l’avenir dans le monde entier et attirer des immigrants de haute qualité qui contribueront à la croissance de notre économie. Le Canada se trouve devant une occasion unique. Nous sommes d’avis que cette occasion ne pourra être saisie que si nous coordonnons nos efforts de promotion pour accroître la notoriété du Canada auprès des plus brillants éléments de la planète, une étape nécessaire pour faire augmenter la proportion des étudiants internationaux et des chercheurs qui choisissent le Canada.
Le comité est arrivé à la conclusion que l’éducation internationale constitue un important moteur non seulement pour la prospérité future du Canada, mais aussi pour l’innovation, l’esprit d’entreprise et les échanges commerciaux internationaux. Le présent rapport vise à mettre en lumière les avantages que l’éducation internationale procure au Canada. Nous avons pu constater les liens étroits qui existent entre l’éducation internationale et une foule de politiques fédérales, provinciales et territoriales touchant le capital humain, l’innovation et la croissance économique.
De façon générale, l’internationalisation de l’éducation au Canada permet aux générations futures de Canadiens d’acquérir une perspective mondiale, ce qui les aide à devenir des citoyens du monde. Dans un monde de plus en plus intégré, où le Canada joue un rôle grandissant dans le commerce, l’investissement et les affaires géopolitiques, il est d’une importance stratégique de doter les étudiants canadiens d’une perspective mondiale. Pour profiter de ces avantages, il est indispensable d’établir une stratégie ambitieuse à long terme.
Par chance, de nombreux éléments fondamentaux sont en place. Les provinces et les territoires jouent déjà un rôle de chef de file dans l’éducation internationale. Tous les niveaux de notre secteur de l’éducation, de la maternelle à la fin du secondaire, en passant par les écoles de langues, jusqu’aux établissements d’enseignement postsecondaires (collèges, écoles polytechniques, cégeps et universités), sont actifs sur la scène internationale, tout comme de nombreuses associations professionnelles.
C’est maintenant au Canada de jouer. Selon l’OCDE, la demande mondiale de services d’éducation supérieure devrait passer de près de 3,7 millions d’étudiants (en 2009) à 6,4 millions en 2025. La majeure partie de la croissance viendra des pays en développement et émergents, à mesure qu’ils constateront l’importance d’une population éduquée et interculturelle pour apporter la prospérité économique et le progrès social. Nous avons besoin d’une stratégie qui renforce nos partenariats, y compris avec le secteur privé, et assure la coordination de nos diverses initiatives et la réalisation d’investissements stratégiques. Une telle stratégie renforcera les liens du Canada avec les économies émergentes ainsi que la collaboration entre les établissements canadiens et étrangers.
1.3 Processus
1.3.1 Consultations en ligne
Au début de nos travaux, nous avons immédiatement constaté le besoin de tenir les plus vastes consultations possible. Un processus de consultation a été lancé au moyen d’un sondage en ligne. Au total, 143 communications ont été reçues. La majorité est venue des collèges et écoles polytechniques (28 p. 100) et des universités (27 p. 100), le reste ayant été soumis par des associations du secteur de l’éducation, des missions du Canada à l’étranger, des organisations privées, des écoles de langues, des commissions scolaires régissant des établissements des niveaux élémentaire et secondaire, ainsi que des collèges privés. Les communications sont venues de tout le pays, mais majoritairement de l’Ontario et de la Colombie-Britannique (50 p. 100 des communications reçues).
Il a été le plus souvent mentionné que la stratégie en matière d’éducation internationale devrait englober l’ensemble du secteur de l’éducation (de la maternelle à la fin du secondaire et jusqu’aux études doctorales). L’accent a été mis de façon importante sur le recrutement des étudiants au premier cycle universitaire, les partenariats internationaux, la collaboration internationale dans le domaine de la recherche, les politiques touchant aux visas et à l’immigration ainsi que les possibilités pour les étudiants canadiens d’aller étudier à l’étranger.
1.3.2 Tables rondes régionales
Afin de mieux cerner les idées et les questions exposées au cours des consultations en ligne, le comité a tenu une série de tables rondes pour discuter et avoir des échanges de vues en personne avec différents partenaires et intervenants, à Ottawa, à Halifax, à Montréal, à Toronto (deux tables rondes), à Edmonton et à Vancouver. À ces sept tables rondes, le comité a rencontré 138 représentants d’associations nationales et régionales du secteur de l’éducation, d’établissements d’enseignement et d’organisations privées. Citoyenneté et Immigration Canada a participé à chaque table ronde. Des représentants provinciaux et territoriaux ont également été invités étant donné la compétence des provinces et des territoires pour tout ce qui concerne l’éducation.
Dans l’ensemble, les discussions ont porté sur les principaux thèmes suivants : l’importance de la mobilité des étudiants et des professeurs, le maintien de la qualité, la prise en considération dans la stratégie des différences régionales et sectorielles, l’établissement de délais adéquats de traitement des demandes de visa et l’adéquation de la stratégie avec les pénuries sur le marché du travail et les politiques en matière d’immigration.
1.3.3 Collaboratoire national
Afin d’établir les priorités à la suite des discussions en table ronde et des consultations en ligne, le comité a invité un groupe de personnes à un collaboratoire. Lors du collaboratoire, le comité consultatif a convié tous les partenaires (représentants provinciaux) et les intervenants (associations du secteur de l’éducation, établissements d’enseignement et experts) à discuter de nouvelles idées sur la base des consultations et tables rondes antérieures. Le collaboratoire a réuni 57 représentants du gouvernement fédéral (y compris de CIC), des gouvernements provinciaux (sous-ministres ou sousministres adjoints), d’associations et d’établissements du milieu de l’éducation (présidents ou directeurs des bureaux d’échanges internationaux). Enfin, ce processus nous a aidés à dégager un ensemble de priorités pour orienter nos recommandations concernant la stratégie en matière d’éducation internationale. Ce consensus a déterminé les priorités qui forment désormais la base des recommandations présentées dans le présent rapport.
1.3.4 Discussions en petits groupes
À la suite de nos discussions avec les gouvernements des provinces et des territoires ainsi que le secteur de l’éducation, nous voulions aussi nous entretenir avec certains groupes précis susceptibles de nous fournir des avis précieux en vue de la formulation de nos recommandations. Nous avons rencontré des représentants du secteur privé pour discuter de leurs besoins de main-d’oeuvre. Ces discussions ont fait ressortir un important aspect concernant le potentiel entrepreneurial des étudiants internationaux. Nous avons sollicité l’avis d’étudiants internationaux actuellement au Canada afin de connaître leur opinion et d’apprendre de leurs expériences. Leur point de vue sur les coûts rattachés aux soins de santé (un facteur désigné à plusieurs reprises comme un inconvénient potentiel) nous a particulièrement intéressés. Les étudiants internationaux sont des consommateurs avisés; ils sont courtisés par plusieurs pays concurrents. Les opinions qu’ils ont formulées indiquent que nous devons être à la hauteur de nos promesses et leur offrir une expérience d’apprentissage de qualité ainsi que des services de soutien adéquats. À l’ère des médias sociaux, il existe un risque important que toute expérience négative soit communiquée à un plus large auditoire. Les discussions avec ces deux groupes nous ont permis de valider nos conclusions et de réajuster le tir en conséquence.
1.3.5 Mission d’analyse comparative
Notre recherche a permis d’établir que la Chine et l’Inde constituent d’importants marchés pour les fournisseurs canadiens de services d’éducation. Les membres du comité se sont rendus dans ces deux pays afin d’acquérir une meilleure compréhension des possibilités d’y étendre la présence canadienne. Nous avons visité quatre villes, Shanghai, Beijing, New Delhi et Bangalore, où nous avons pu rencontrer des partenaires internationaux et des représentants d’établissements d’enseignement et d’organismes publics. Cette mission de familiarisation nous a permis de valider nos opinions initiales à l’égard des orientations futures de la stratégie. La plus importante leçon que nous avons tirée de cette mission a été la prise de conscience collective que le monde avait évolué au-delà du mode traditionnel de prestation des services. Nous avons constaté que les moyens numériques permettraient d’utiliser les ressources plus efficacement pour rejoindre un plus vaste groupe cible, comparativement à l’établissement d’une présence physique. Par conséquent, nos recommandations ont davantage mis l’accent sur l’utilisation fructueuse des médias sociaux et des communications électroniques. Nous avons aussi constaté que chaque marché est unique, de sorte qu’il ne peut y avoir de solution universelle.
1.4 Documents de recherche
Nous avons consulté de nombreux documents de recherche pour éclairer nos délibérations. Deux rapports ont présenté une importance particulière : Impact économique du secteur de l’éducation internationale pour le Canada — Mise à jour, produit par Roslyn Kunin & Associates, et Capacité du Canada à recruter des étudiants internationaux, produit par Illuminate Consulting Group.
1.4.1 Impact économique du secteur de l’éducation internationale pour le Canada — Mise à jour
Selon ce rapport, les étudiants internationaux au Canada ont dépensé plus de 7,7 milliards de dollars en droits de scolarité, frais de logement et dépenses discrétionnaires en 2010 (comparativement à 6,5 milliards de dollars en 2008. Plus de 6,9 milliards de dollars de ces recettes ont été générés par les 218 200 étudiants internationaux à long terme au Canada, dont 37 p. 100 sont originaires de Chine et de Corée du Sud. Les étudiants recevant une formation linguistique de courte durée (séjour de moins de six mois) ont pour leur part injecté 788 millions de dollars dans l’économie canadienne. Si l’on tient compte des revenus touristiques additionnels produits par les étudiants internationaux, le rapport arrive à un total de 8 milliards de dollars en 2010 au titre des dépenses des étudiants internationaux, ce qui correspond à 86 570 emplois créés et à 455 millions de dollars en recettes fiscales pour le gouvernement.
1.4.2 Capacité du Canada à recruter des étudiants internationaux
Ce rapport arrive à la conclusion générale que le Canada ne présente pas de problème notable de capacité en ce qui concerne l’accueil des étudiants internationaux au niveau postsecondaire à l’échelle nationale. Selon les données de 2009, les étudiants internationaux composent 7,5 p. 100 de l’effectif postsecondaire au Canada (comparativement à 23,2 p. 100 en Australie) et seulement 0,7 p. 100 de l’effectif de la maternelle à la fin du secondaire. On observe une très faible variation de ces proportions d’un bout à l’autre du pays; cependant, dans certaines provinces moins populeuses, le taux d’inscription est très faible si on le compare à l’international (et aux provinces plus peuplées), ce qui ouvre la voie à des possibilités de croissance à long terme. Si l’on se fonde sur l’hypothèse d’une forte croissance (taux d’inscription des Canadiens progressant au taux moyen enregistré au cours des cinq dernières années et taux d’inscription des étudiants internationaux augmentant de 10 p. 100 une année sur l’autre), on arrive au résultat que les étudiants internationaux pourraient représenter 17,3 p. 100 des inscriptions totales au niveau postsecondaire au Canada en 2020. Le rapport en vient à la conclusion que, étant donné la forte augmentation des étudiants internationaux depuis 2008, la question qui se pose ne concerne pas la capacité en elle-même, mais bien comment cette capacité est gérée afin de maintenir la réputation de qualité du Canada.
1.5 Notre proposition de valeur : une qualité constante à un coût raisonnable
L’image de marque du Canada repose sur une offre de services d’une haute qualité constante et une réputation d’excellence dans l’ensemble du secteur de l’éducation. Le Canada propose aux étudiants internationaux un cadre d’apprentissage sûr et multiculturel, où ils peuvent choisir d’étudier en anglais ou en français. De plus, les étudiants internationaux ont la possibilité de travailler durant leurs études et peuvent aussi présenter une demande de permis de travail après l’obtention de leur diplôme et devenir des immigrants par l’intermédiaire du programme Catégorie de l’expérience canadienne (CEC), qui ouvre la voie à l’obtention du statut de résident permanent.
Étant donné la croissance de la demande mondiale dans le secteur de l’éducation internationale, le Canada occupe une position avantageuse pour tirer parti de cette occasion unique grâce à sa proposition de valeur reposant sur une qualité constante à un coût raisonnable.
Nous sommes fermement convaincus qu’il est primordial de maintenir une qualité élevée. Le gouvernement du Canada doit travailler en partenariat avec les provinces et les territoires, dans le cadre du Conseil des ministres de l’Éducation (Canada) [CMEC], afin d’arriver à une meilleure compréhension des mécanismes d’assurance de la qualité existants.
L’image de marque du Canada dans le domaine de l’éducation se caractérise par l’offre d’un vaste éventail de possibilités aux étudiants et aux chercheurs internationaux, dont la qualité constante constitue un élément central.
- Selon le Programme international pour le suivi des acquis des élèves de l’OCDE, les élèves canadiens de la maternelle à la fin du secondaire se classent systématiquement parmi les cinq premiers rangs mondiaux en lecture, en mathématiques et en sciences.
- Les écoles de langues au Canada offrent également des possibilités aux étudiants internationaux de tous les niveaux, qui peuvent bénéficier d’une foule de programmes en anglais et en français pour poursuivre leur formation, se perfectionner ou maîtriser une langue étrangère à titre de professionnels des affaires.
- Les collèges, les écoles polytechniques et les cégeps du Canada viennent compléter l’offre des universités avec leurs programmes axés sur l’accès au marché du travail et les besoins de l’industrie et en raison de leurs activités croissantes de recherche appliquée visant à résoudre les problèmes dans certains secteurs.
- Les universités canadiennes figurent parmi les meilleures du monde. En 2011, 22 universités canadiennes figuraient parmi les 500 meilleures universités du monde selon un classement établi par l’Université Jiao Tong de Shanghai (Academic Ranking of World Universities); 20 universités canadiennes figuraient dans la liste des 500 meilleures universités du monde du QS World University Rankings; 18 universités canadiennes étaient nommées dans le palmarès des 400 meilleures universités du monde du Times Higher Education. Nos universités entretiennent par ailleurs des liens avec le reste du monde grâce à plus de 5 000 accords d’échanges en vigueur avec des universités partenaires de toute la planète.
1.6 Cadre de travail du comité
Nous tenons à souligner que nos recommandations tiennent compte des contraintes économiques dans lesquelles le gouvernement du Canada évolue actuellement. Nos recommandations ont été élaborées dans une perspective à long terme, en partant du principe que des investissements de toutes les parties concernées seront requis au fil des ans pour assurer le succès durable du Canada dans le domaine de l’éducation internationale. Par conséquent, nous soumettons nos avis afin d’éclairer l’élaboration des politiques du gouvernement du Canada à l’égard de la stratégie en matière d’éducation internationale dans une optique de longue durée.
En outre, tout le long de nos travaux, nous avons gardé présente à l’esprit et respecté la compétence des provinces et des territoires dans le domaine de l’éducation. Nous espérons néanmoins que nos efforts inspireront les provinces et les territoires ainsi que les associations sectorielles et les établissements d’enseignement à poursuivre dans cet esprit de coopération que nous avons vu prendre forme au cours du processus d’engagement. Une somme de travail admirable a déjà été accomplie, et nous devons maintenant poursuivre sur cette lancée en misant sur la synergie, car nous sommes convaincus que le tout est plus grand que l’ensemble de ses parties. Ce moment est crucial pour le Canada, et nous espérons que nos recommandations aideront à mieux coordonner nos efforts collectifs pour profiter de cette occasion qui se présente.
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